Les élèves à besoins particuliers, ces grands oubliés

17 septembre 2025

D’entrée de jeu, mettons les choses au clair : la somme de 540 millions $ injectés en éducation en juillet est un réinvestissement partiel provenant des coupures annoncées en juin de 570 millions $ et non pas un nouvel investissement. Dans ce contexte, la pénurie de ressources spécialisées aptes à venir en aide aux élèves à besoins particuliers en juin perdurent toujours en juillet. Somme toute, c’est le retour à la case départ.

Un scénario catastrophique dans lequel Marie-Julie Lanthier, la mère d’un garçon autiste de sept ans, ayant un trouble sévère du langage et un déficit d’attention accompagnés d’une hypersensibilité sensorielle, a appris que les services d’orthophonie et d’éducation spécialisée dont bénéficiait son garçon l’an dernier ne lui seront plus offerts cette année.

De son côté, le centre de services scolaire affirme qu'il ne peut commenter de cas particulier, mais indique de manière plus générale que «l’organisation des services dans une école appartient à la direction» et «tient compte des besoins de tous ses élèves». «La réévaluation des besoins des élèves et la redistribution des services [...] se font chaque année. Il ne faut pas confondre ce processus annuel avec des coupes budgétaires», indique-t-on dans une réponse envoyée à Mme Lanthier.

À la Coalition des parents d’enfants à besoins particuliers, on rapporte d’autres cas d’élèves dont les services ont été réduits cette année. «On nous a promis qu’il n’y allait avoir aucun service direct à l’élève qui allait être coupé, malheureusement, on fait le constat qu’on s’est vraiment fait mentir en plein visage», lance sa présidente, Bianca Nugent. À l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire, sa présidente, Kathleen Legault, affirme que ces cas ne représentent que la «pointe de l’iceberg» puisque les besoins de tous les élèves ne sont pas encore identifiés en ce début d’année scolaire.

Enfin au cabinet de la nouvelle ministre de l'Éducation, Sonia Lebel, on refuse de se prononcer sur des cas particuliers tout en ajoutant que les centres de services scolaires doivent «assumer leur rôle et faire les bons choix». L’« investissement » supplémentaire annoncé en juillet sert précisément à financer les services directs aux élèves, précise-t-on dans une déclaration écrite. Et voilà…le tour est joué, et vogue la galère dans laquelle sont laissés-pour-compte les élèves à besoins particuliers!

vigile.quebec tribune libre 15 septembre 2025

Assassinat de Charley Kirk et deuxième amendement

15 septembre 2025

Le deuxième amendement de la Constitution américaine se lit comme suit : «  Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit du peuple de détenir et de porter des armes ne doit pas être transgressé. » L’assassinat de l’influenceur d’extrême droite, Charlie Kirk, fait rejaillir, pour une énième fois, le débat politique sur le port des armes à feu aux États-Unis.

Ironie du sort, Charlie Kirk répondait à une question portant sur les armes à feu lorsque le tir fatal a éclaté, tuant sur le coup le père de deux jeunes enfants. «C’est une tragédie pour tout le monde ce décès, autant pour les démocrates que les républicains. [...] Qu’on soit d’accord ou pas avec ses opinions de droite, c’est quelqu’un qui a profondément inspiré et motivé la jeune génération à s’intéresser à la chose politique. C’est un drame qui vient noircir la capacité de débattre», argue Guillaume Lavoie, membre associé à la Chaire Raoul-Dandurand.

Que l’on soit de gauche ou de droite, le meurtre de Charlie Kirk est « le reflet d’une vague de violence politique qui secoue de plus en plus la vie des Américains », affirment des experts. Dans la foulée de cet ignoble assassinat, je retiens que le débat sur le contrôle des armes à feu aux USA doit absolument refaire surface . De ce fait, le meurtre abject de Charlie Kirk n’aura pas été vain mais aura contribué de facto à ouvrir la porte sur la voie d’une saine ouverture à un discours prônant le respect des différences d’opinions sur un sujet aussi crucial.

vigile.quebec tribune libre 14 septembre 2025

Retour vers le futur

15 septembre 2025

Parmi les engagements de la CAQ de François Legault lors de la campagne électorale de 2018 figuraient notamment la réduction à 90 minutes d’ici 4 ans du temps d’attente moyen à l’urgence, la garantie d’avoir un médecin de famille dès la naissance, le dépistage systématique des troubles d’apprentissage chez les 0 à 5 ans et le gel des salaires des médecins spécialistes le temps de renégocier leur entente avec le gouvernement.

Or sept ans plus tard, les fédérations des médecins omnipraticiens et spécialistes du Québec entament des moyens de pression contre le projet de loi 106 du ministre de la Santé, Christian Dubé, dans le but de rétablir le dialogue entre les parties et d’en arriver à une entente négociée.

Tout au long de cette saga sans fin, force est de constater que le ministre Dubé a fait preuve d’une attitude intransigeante, voire provocatrice envers les médecins en persistant implacablement à imposer son projet de loi 106 comme base des négociations. Or à mon sens, il est fort malvenu de démarrer des négociations sur un texte de loi qui impose carrément les conditions de travail de l’autre partie dès le départ d’autant plus que le ministre se garde le droit de le modifier sans l’accord du corps médical, notamment au chapitre des cibles de performance. Et de surcroît, le ministre se montre sourd aux revendication des médecins à l’égard de la pénurie de personnel dans le réseau de la santé, ce qui affecte nécessairement la qualité des soins aux patients ou à ceux qui sont en attente d’un médecin de famille depuis des mois, voire des années.

La tension est à son comble entre les deux parties. Après sept années de purgatoire, les Québécois assistent sans coup férir à un retour vers le futur. Sept années durant lesquelles le gouvernement s’est braqué dans les négociation avec les médecins. L’échéance arrive rapidement. Christian Dubé ne dispose que d’une année pour signer une entente avec les médecins.. Encore faudrait-il que les parties entament autour d’une table une véritable négociation dans laquelle font nécessairement partie des compromis de la part de chacune des parties.

vigile.quebec tribune libre 14 septembre 2025

Jusqu’où ira la déroute de la CAQ?

13 septembre 2025

Que ce soit le fracas lié au fiasco SAAQclic, la fin catastrophique du projet Northvolt, le départ précipité du député d’Abitibi-Est, Pierre Dufour, pour avoir menacé de quitter le parti si un élu de sa région n'obtenait pas une place au Conseil des ministres, la décision de la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, de quitter la CAQ pour briguer la mairie de Saguenay, la lenteur de Santé Québec à produire des résultats concrets et significatifs, ou le contexte de restrictions des dépenses lié à un déficit astronomique, à un an du scrutin d’octobre 2026, la forteresse de la CAQ se fissure de partout à la veille d’un remaniement ministériel dont les retombées positives s’annoncent tout au moins incertaines.

En fait, il est bien loin le temps où le chef caquiste voguait sur une vague de sympathie durant la pandémie en 2020. Mais depuis lors, que s’est-il donc passé pour que l’image de François Legault n’exerce plus le charisme qu’il dégageait dans son premier mandat auprès des Québécois? Permettez-moi de risquer quelques éléments de réponses à cette question. À mon avis, le premier ministre s’est éloigné petit à petit de ses engagements, notamment en santé et en éducation, pour se concentrer sur les grands dossiers économiques qui sont vite devenus ses priorités, entre autres, sa rivalité quasi viscérale avec l’Ontario en lien avec le PIB, une guerre de clocher qui ne rejoignait d’aucune façon les besoins des Québécois au quotidien.

Pour ajouter à ce scénario électoraliste, la CAQ a dû faire face à trois élections partielles ravies par le PQ de Paul St-Pierre Plamondon, soit Jean-Talon, Terrebonne et Arthabaska, des résultats crève-coeur qui ont contribué à accroître davantage le désaveu des Québécois envers la CAQ, lequel pourrait s’amplifier avec une quatrième élection partielle dans Chicoutimi avec le départ d’Andrée Laforest. S’ajoute à ces performances faméliques, le sempiternel dossier du troisième lien entre Québec et Lévis qui n’en finit plus d’accoucher, et vous avez la recette idéale pour expliquer la déroute de la CAQ.

Comme tout gouvernement à la fin de son deuxième mandat, la CAQ n’échappe pas à l’usure du pouvoir. Dans un tel contexte, je suis d’avis que les carottes sont cuites dans la marmite caquiste, et que le parti de François Legault subira la pire dégelée de sa courte histoire en octobre 2026.

vigile.quebec tribune libre 8 septembre 2025

 

 

En attente du budget Carney

13 septembre 2025

Le Parti libéral dirigé par Mark Carney remporte le scrutin du 28 mai 2025 avec 169 sièges sur un total de 343 députés à la Chambre des communes du Canada. Or depuis plus de quatre mois, le gouvernement libéral minoritaire de Mark Carney navigue sans budget. Et pourtant, le 9 juin, le premier ministre a annoncé des « investissements » de 9,3 milliards de dollars dans les forces armées canadiennes et de nouveaux équipements dans l’objectif d’atteindre la cible de dépenses militaires de l’OTAN de 2% d’ici avril 2026.

Pour équilibrer tous ces investissements avec moins de revenus, Mark Carney entend s'attaquer en priorité aux dépenses du gouvernement fédéral en citant par exemple que le taux de croissance des dépenses du gouvernement fédéral pendant une décennie a été de plus de 7 % par année. « On doit cesser cette manière de gérer les finances publiques », argue Mark Carney. Quant aux journalistes qui évoquent le mot « austérité » pour décrire cette réduction des dépenses de l'État, M. Carney réplique que son gouvernement va investir simultanément dans l'économie canadienne, et que les deux approches sont réalisables.

En revanche, le gouvernement Carney s’apprête à lancer toute une série de grands projets d’infrastructures destinés à diversifier ses activités en lien notamment avec les ports, les autoroutes, les mines et les pipelines, et, pour y arriver, « notre gouvernement est en voie de débloquer 500 milliards de dollars pour investir dans des infrastructures, entre autres énergétiques et portuaires », avance M. Carney.

Or selon une estimation réalisée cet été par l'institut économique CD Howe, le prochain déficit budgétaire fédéral devrait osciller autour de 92 milliards de dollars, soit 30 milliards de plus que les 62 milliards de déficit de l'exercice financier 2023-2024. En évoquant avec certitude qu’austérité et investissement peuvent aller de pair, Mark Carney propose aux Canadiens, en l’absence des montants encourus pour leurs frais de subsistance, ni plus ni moins de s’empiffrer tout en suivant une diète sévère…

vigile.quebec tribune libre 9 septembre 2025

Des prêts pardonnables…impardonnables

13 septembre 2025

D’entrée de jeu, un « prêt pardonnable » est un prêt, avec ou sans intérêt, dont une portion ou la totalité dans certains cas n’a pas à être remboursée si l’entreprise bénéficiaire atteint les objectifs convenus avec le gouvernement. Une fois pardonnée, la totalité ou une portion d’un tel prêt se transforme donc en subvention. Or le programme de « prêts pardonnables » lancé en 2020 par le gouvernement Legault, pour venir en aide aux entreprises, a surtout profité aux entreprises étrangères. En effet, depuis sa création, Québec a versé 1,43 milliard de dollars sous cette formule, dont près des deux tiers, soit 894,6 millions ont été octroyés à des sociétés étrangères ou à leurs filiales locales.

Nonobstant le mutisme autour duquel gravitent les critères d’obtention d’un tel prêt, les données recueillies démontrent que, depuis cinq, le plus grand bénéficiaire de ce programme aura été, et de loin, le chantier maritime Davie Infrastructure, une propriété de la britannique Maritime Industries Limited, qui a profité en 2023 d’un prêt pardonnable de 325 M$ dans le cadre d’une contribution de Québec totalisant 519,2 M$. En revanche, il est impossible de connaître dans quelle proportion, ni sur quelle base, Davie remboursera ou non le «prêt pardonnable» qui lui a été octroyé. D’où la question soulevée à maintes reprises: ne devrait-on pas plutôt parler de «subvention conditionnelle»?

Parmi les autres grands bénéficiaires de ces «prêts pardonnables», on retrouve la société Volta Energy, une propriété coréenne établie au Luxembourg, spécialisée dans la fabrication de feuilles de cuivre pour batteries de véhicules électriques. Ultium Cam à Bécancour, une copropriété de l’américaine General Motors (GM), la sud-coréenne Posco, la française Alstom Transport Pocatière, la pharmaceutique espagnole Grifols et la danoise LM Wind Power.

De toute évidence, «le gouvernement aurait vraiment avantage à être plus transparent avec ses critères d’octroi de ces aides», estime le professeur de l’UQTR, Frédéric Laurin, spécialisé en économie régionale à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) à défaut de quoi les « prêts pardonnables » risquent d’entraîner des prêts impardonnables subventionnés par les contribuables québécois.

vigile.quebec tribune libre 10 septembre 2025

Remaniement ministériel, survol

13 septembre 2025

Depuis trois mois, le premier ministre François Legault nous annonce un remaniement ministériel, son premier depuis 2021, qui doit insuffler à la CAQ un élan nouveau et ressusciter la confiance de la population envers son parti qui ne récolte aujourd’hui, selon un récent sondage Pallas Data/L'actualité/Qc125, qu’un maigre 11% des intentions de vote, soit le pire score de sa courte histoire.

Le mercredi 10 septembre 14h, le voile se lève enfin sur le résultat final de ce remaniement ministériel qui avait déjà préalablement été considérablement ébruité. François Bonnardel, fier et fidèle soldat de la première cohorte caquiste, est expulsé du cabinet et devient par le fait même l’agneau sacrifié dans l’épineux dossier SAAQclic. De son côté, Geneviève Guilbault est rescapée du chaos et devient ministre des Affaires municipales à la veille d’une campagne électorale municipale qui risque d’aboutir à la réélection du maire de Québec, Bruno Marchand, avec qui la nouvelle ministre a vécu précédemment des situations conflictuelles notamment sur le chaotique dossier du tramway.

Bernard Drainville hérite du ministère de l’Environnement non sans nous rappeler sa sortie remarquée sur sa défense en faveur du troisième lien alors qu'il avait lancé: «Lâchez-moi avec les GES ». De surcroît, il reçoit comme mandat d’épurer les règles administratives ayant trait aux dossiers environnementaux pour libérer plus d’espace aux dossiers économiques. Sonia Lebel passe à l’Éducation où elle retrouvera les mêmes enseignants qu’elle a affrontés lors de la dernière négociation à titre de responsable du Conseil du trésor. En revanche, France-Élaine Duranceau, reconnue pour son franc parler et sa froideur, est nommée au Conseil du Trésor, un poste qui devrait lui seoir parfaitement.

Par ailleurs, le nouveau cabinet sera composé de 29 ministres, soit un de plus que le précédent. Parmi ceux-ci, 13 gardent le même poste, 11 changent de ministère et 5 font leur entrée au Saint des saints, soit 17% du conseil des ministres, une situation qui peut tout au moins laisser perplexe sur le renouveau promis par le premier ministre.

Enfin dans un contexte où le fondateur de la CAQ, selon un récent sondage de la firme Angus Reid, est de loin le premier ministre le plus impopulaire parmi ses homologues provinciaux, le défi est immense, notamment eu égard à la situation lourdement déficitaire des finances de l’État qui doit gérer dans un climat d’austérité. Quoi qu’il en soit, François Legault a l’intention de se battre jusqu’au bout pour sauver son « bébé » en replongeant son caucus dans son ADN de départ, soit la priorité sur l’économie, l’efficacité, la sécurité et l’identité, le plus redoutable adversaire qui se dresse devant lui étant le court laps de temps avant le déclenchement de la prochaine campagne électorale.

vigile.quebec tribune libre le 11 septembre 2025

Les conditions gagnantes

6 septembre 2025

Depuis des décennies, Lucien Bouchard nous rabâche les oreilles avec les mots qui sont devenus son leitmotiv, « les conditions gagnantes », attendre les conditions gagnantes avant de consulter la population du Québec par référendum sur son accession à l’indépendance. Mais dans les faits, quelles sont ces conditions gagnantes? Aux yeux de Lucien Bouchard,

les « conditions gagnantes » font référence à l'absence de conditions favorables pour un éventuel référendum sur la souveraineté du Québec, lequel serait déclenché lorsque le Québec aurait atteint ses objectifs de rétablissement économique, notamment le « déficit zéro », un objectif économique prioritaire de Lucien Bouchard, sa réalisation étant considérée comme une condition gagnante pour l'avenir politique du Québec. 

Dans cette foulée, lors d’une récente entrevue radiophonique, l’ex-premier ministre péquiste a invité Paul St-Pierre Plamondon à revoir son engagement de tenir un référendum dans le premier mandat d’un gouvernement du PQ. « Il n’y a pas beaucoup de partis, de formations politiques québécoises, qui ont été élus avec l’engagement de faire un référendum. Parce que ça devient un enjeu électoral », a soutenu M. Bouchard tout en ajoutant du même souffle le caractère « dramatique » d’une troisième défaite.

Dans les circonstance où le gouvernement du Québec prévoit un déficit de 7,3 milliards de dollars pour l'exercice financier 2024-2025, il devient utopique d’espérer atteindre le déficit zéro dans un avenir rapproché, tout au moins dans un contexte politique où le gouvernement du Québec se retrouve souvent empêtré dans les restrictions imposées par le gouvernement fédéral dans ses propres juridictions.

Enfin par delà les conditions gagnantes qui s’érigent tel un épouvantail référendaire, il m’apparaîtrait pertinent, voire essentiel de se tourner avec confiance et lucidité vers la pensée de Sénèque, philosophe de l'école stoïcienne, dramaturge et homme d'État romain du premier siècle : « Ce n'est pas parce que nous avons peur que nous n’osons pas, c'est parce que nous n'osons pas que nous avons peur ».

vigile.quebec tribune libre 5 septembre 2025

RIP Northvolt

6 septembre 2025

Le torchon brûle dans les hautes sphères du gouvernement Legault. En effet, le jour même où le premier ministre témoignait devant la commission Gallant sur le fiasco SAAQclic, la ministre de l’Économie, Christine Fréchette, mettait fin au projet d’usine de batteries de 7G$ de Northvolt, lequel devait être «le plus grand investissement privé de l’histoire récente du Québec», selon le premier ministre François Legault lors de la signature du contrat avec la firme suédoise.

«Non seulement c’est un gâchis, mais un gâchis évitable», argue Nicolas Gagnon, directeur Québec de la Fédération canadienne des contribuables (FCC). «Cette catastrophe est un énième rappel que l’argent des contribuables ne devrait jamais servir à financer des entreprises, peu importe leur niveau de développement et les projections qu’elles font miroiter», plaide-t-il. Montant de la facture? 510 millions $ de fonds publics, soit 240 millions $ pour l’achat du terrain et un investissement de 270 millions $ dans la maison mère en Suède.

Et pourtant, dès le départ des négociations entre Northvolt et le gouvernement du Québec, la firme suédoise montrait des signes de fragilité financière, la compagnie suédoise faisant face à une grave crise financière la conduisant à déclarer faillite en Suède en mars 2025 en raison de multiples dettes.

François Legault n’a jamais caché sa propension viscérale pour les projets à saveur économique. De ce fait, il a tendance à s’emballer devant les opportunités de rendement suscité par les projets supposément porteurs de richesses financières pour les Québécois et d’emplois bien rémunérés dans l’échelle sociale.

Or à l’aube du déclenchement d’une campagne électorale à l’automne 2026, les tuiles ne cessent de s’accumuler sur le parcours cahoteux du gouvernement Legault. Conséquemment, je suis d’avis que les militants caquistes vont tourner le dos au parti et cela, peu importe le remaniement ministériel annoncé. Car c’est bien connu, on ne fait pas du neuf avec du vieux…

vigile.quebec tribune libre 5 septembre 2025

Commission Gallant, gouvernance de l’État mise à mal

6 septembre 2025

Les témoignages d’Éric Caire, de François Bonardel et de Geneviève Guilbault devant la commission Gallant ont démontré hors de tout doute à quel point la gouvernance de l’État de la part du gouvernement Legault a été sérieusement malmenée eu égard au chaos suscité par la saga du dossier SAAQclic, révélant notamment des manques flagrants de communication entre les fonctionnaires et le cabinet des ministres. Ou l’information aux ministres ne se rendaient pas à leur cabinet ou ils ne jugeaient pas opportun de les révéler au grand jour, arguant, dans la foulée des membres du CA de la SAAQ, qu’il était « normal » qu’un projet d’une telle ampleur subisse des dépassements de coûts en cours de réalisation.

Par ailleurs, la comparution de l’ex-président du Conseil du Trésor de 2018 à 2020, Christian Dubé n’a rien révélé sinon qu’à son arrivée en poste, le projet CASA/SAAQclic ne figurait pas dans le cahier de breffage. Pour sa part, la présidente du Conseil du trésor actuelle, Sonia LeBel, aurait été informée dès 2020 que le projet SAAQclic ne livrerait pas d’économies pour l’État comme prévu en raison d’un report important tout en arguant que les pleins pouvoirs de surveillance relevaient de son collègue responsable du Numérique, Éric Caire, et qu’elle ne connaissait pas les coûts du projet ni les économies attendues. Enfin tout au long de son témoignage, la présidente du Conseil du trésor s’est déresponsabilisée du fiasco, tout en se défendant d’avoir été «passive» en plaidant que son rôle se limitait à une vue d’ensemble et «globale» des programmes.

Le témoignage du premier ministre, François Legault, était bien sûr fort attendu. D’entrée de jeu, le premier ministre s’est dissocié de toute imputabilité en lien avec le chaos SAAQclic n’étant informé des coûts et dépassements de 500 millions qu’au moment du rapport de la vérificatrice générale en février 2025, écorchant au passage le gouvernement Couillard pour son laxisme lors de la signature du contrat en 2017 eu égard à son silence sur les pénalités encourues dans le cas de dépassements de coûts, ce que M. Legault a qualifié de « pas normal ». L’interrogatoire s’est ensuite étendue sur les distinctions à apporter entre le contrat de 458 millions$ et le projet de 682 millions$, ce qui vient contrecarrer à raison une augmentation des coûts de 224 millions. Enfin François Legault a admis que les premiers imputables dans ce dossier étaient les ministres des Transports (sans les nommer), François Bonardel et Geneviève Guilbault, pour ne pas s’être informés suffisamment de la situation financière du projet, et ne pas l’avoir informé de ce fiasco à la SAAQ, une société d’État dont ils sont ou étaient responsables.

Tout au long de cette saga, le commissaire et les procureurs ont tenté d’obtenir ce que les témoins savaient qu’ils n’ont pas révélé et ce qu’ils ignoraient ce qu’on ne leur a pas révélé. Or un dénominateur commun a prédominé au fur et à mesure des témoignages des ministres ayant été appelés à témoigner à la commission, à savoir l’opacité des communications entre les fonctionnaires et les ministres ou clairement une absence de communication entre les différents intervenants sur l’état des dossiers, notamment sur les coûts de dépassements et les reports des échéances. En termes clairs, il ressort des travaux de cette commission jusqu’à maintenant que la gouvernance de l’État dans le dossier SAAQclic a été durement mise à mal. Des solutions de redressement doivent être mises de l’avant dans les meilleurs délais à l’égard des sociétés d’État. Il en va de la crédibilité et de l’imputabilité de ce gouvernement durement entachées par son laxisme, voire sa nonchalance dans le suivi du chaos SAAQclic.

vigile.quebec tribune libre 4 septembre 2025