Enseignement du français ancré dans la culture québécoise

1 septembre 2025

Je ne peux qu’applaudir au nouveau programme de français présenté par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, au primaire et au secondaire. Ce programme marque un tournant important dans l'enseignement de la langue au Québec en prenant soin de la rendre vivante et attrayante tout en puisant dans la richesse de la culture québécoise. Je salue aussi l’approche préconisée dans le programme, à savoir une approche basée sur la lecture et l’écriture qui sont présentées comme la courroie de transmission de l’apprentissage du français.

Toutefois je mets en garde le ministère contre certains facteurs d’ordre financier qui pourraient mettre à mal la démarche pédagogique, notamment l’achat de livres devenu nécessaire par l’obligation de lire dix volumes par année, et les sommes nécessaires à la réalisation d’activités culturelles dans un contexte de restrictions budgétaires.

En ce qui a trait à l’écriture systématique d’un court texte quotidiennement, nonobstant l’intention louable du ministre, je suis d’avis qu’un tel type d’exercice devrait être suivi obligatoirement d’une rétroaction de la part de l’enseignant à défaut de quoi l’apprentissage de la langue écrite raterait complètement sa cible eu égard aux règles grammaticales et syntaxiques inhérentes à la langue française.

Le nouveau programme recommande aussi de favoriser la communication orale, laquelle est indissociable de la communication écrite. À ce sujet, je verrais d’un bon œil l’extension de cette mesure à toutes les disciplines, la langue française constituant la trame de fond commune dans l’ensemble du curriculum de l’élève
Enfin le cas des élèves à besoins particuliers est absent du contenu du nouveau programme. De ce fait, il m’apparaît opportun de s’interroger sur les effets collatéraux auxquels ils seront soumis, notamment dans un contexte de pénurie de main d’oeuvre au sein du personnel spécialisé, une lacune qui persiste à contribuer grandement à la lourdeur de la tâche des enseignants.

vigile.quebec tribune libre 31 août 2025

Des balises pour encadrer la laïcité

31 août 2025

La séparation de l’Église et de l’État a dû passer de nombreux écueils au Québec avant que pointent les premières lueurs d’une ébauche de laïcité. Aussi aura-t-il fallu attendre le 16 juin 2019 pour que soit adoptée par le Parlement du Québec la Loi 21 dite la «  Loi sur la laïcité de l'État ». Par ailleurs aujourd’hui, cette loi fait l'objet de contestations judiciaires devant la Cour suprême du Canada, les opposants invoquant des atteintes à la Charte canadienne des droits et libertés, le gouvernement, pour sa part, affirmant que la loi assure la neutralité de l'État et l'égalité de tous ses citoyens. 

Or dans la foulée de ce débat, un comité d’experts mené par Christiane Pelchat, ex-présidente du Conseil du statut de la femme et Guillaume Rousseau, professeur à la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke, formule, dans un rapport, 50 recommandations visant à renforcer la laïcité au Québec en balisant les principes qui régissent la Loi 21. Inspirés par le chaos vécu à l’école Bedford, notamment l’entrisme religieux qui proliférait depuis des années, les coprésidents recommandent entre autres d’étendre l’interdiction des signes religieux au personnel des centres de la petite enfance et des garderies subventionnées, comme c’est déjà le cas pour les enseignants et les employés de l’État en position d’autorité. Dans ce mouvement, les éducatrices et autres membres du personnel devraient également garder le visage découvert en tout temps.

Au cours de leurs travaux, les deux experts ont été informés de plusieurs cas où la religion est venue interférer avec le caractère laïc de la société québécoise. À titre d’exemples, de plus en plus d’enfants jeûnent à l’école durant le ramadan, au cégep, des professeurs doivent enseigner à des étudiantes au visage couvert, des enfants sont retirés des classes lors des cours de sexualité, la pression est forte, dans les cégeps et les universités, pour convertir des locaux en salles de prières, le grand nombre d’absents lors de congés religieux crée de nombreux conflits d’horaire, etc.

La Loi 21 détermine les principes dans lesquels doit évoluer la laïcité québécoise. Le temps est maintenant venu d’y ajouter des balises claires lui permettant de parvenir à ses fins. En somme, les recommandations des deux coprésidents du comité spécial viennent apporter de l’eau au moulin en ciblant concrètement les pans de société touchés par des comportements réfractaires à une laïcité assumée… C’est une simple question de gros bon sens.

vigile.quebec tribune libre 29 août 2025

Devoirs à la maison au primaire, pour ou contre?

29 août 2025

De plus en plus de voix s’élèvent parmi les enseignants du primaire pour abolir les devoirs à la maison. Les motifs évoqués? La fatigue du jeune après une journée soumis à de nouveaux apprentissages durant la journée de classe, l’incompréhension des jeunes eu égard aux exercices proposés et, ce qui n’est pas banal, la méconnaissance des nouvelles terminologies dans certaines matières de la part des parents, notamment en français.

Dans ces conditions, de plus en plus d’enseignants planifient quotidiennement une séance d’exercices d’une trentaine de minutes en classe au début de la journée, lesquels sont immédiatement corrigés par l’enseignant en présence des élèves qui peuvent lui poser des questions sur place le cas échéant. Parallèlement à cette stratégie pédagogique, plusieurs enseignants utilisent les leçons qui permettent de réviser des notions vues en classe tels l’orthographe de certains mots ou les tables de multiplication sans que cet exercice ne mène à un travail écrit.

Par ailleurs, certains enseignants poussent encore plus loin la collaboration des parents en leur faisant parvenir par le biais de leur enfant un plan de cours hebdomadaire des notions abordées en classe durant la semaine à venir. Enfin je verrais d’un bon œil un enseignant donner un devoir le jeudi à remettre le lundi suivant, une solution qui permettrait d’éviter la course quotidienne effrénée reliée aux devoirs et à laquelle sont soumis les jeunes…et leurs parents.

Somme toute, pour quelles raisons des enfants, ayant passé des heures en silence sur un banc d’école, devraient-ils être contraints de prolonger leur temps d’apprentissage à la maison? Et de surcroît, pourquoi demander à des enfants ce dont sont exemptés la plupart des parents?

vigile.quebec tribune libre 27 août 2025

L’IA s’Invite dans les salles de classes

29 août 2025

Le système d’éducation québécois vit depuis des années une grande instabilité : pénurie de personnel qualifié en enseignement et de personnel spécialisé, lourdeur excessive de la tâche chez les enseignants causé notamment par l’augmentation croissante des élèves à besoins particuliers, violence chez le étudiants auprès du personnel et entre eux, démission prématurée d’enseignants expérimentés due à la complexité de la tâche, etc.

En revanche, dans un contexte aussi fragilisé, l’intelligence artificielle (IA) s’invite progressivement dans les salles de classes, entraînant avec elle une déstabilisation du personnel enseignant. À cet effet, les enseignants et responsables en éducation du Manitoba s’interrogent sur les façons d’intégrer ces outils de façon responsable.

Dans cette foulée, le chercheur et enseignant ontarien Myke Healy, souligne que l’usage de l’IA dans les écoles évolue, mais demeure inégal. « Il existe tout un spectre d’opinions, allant de « Je ne veux pas du tout l’utiliser. Elle devrait être interdite. Les élèves ne devraient pas y avoir accès » jusqu’à « Non, non, nous avons une responsabilité claire qui est de permettre aux élèves de comprendre ces outils, car ils les utiliseront dans le monde du travail ». Le chercheur ajoute qu’il est essentiel que « les enseignants comprennent la puissance des outils d’IA tout en précisant que « distinguer précisément le travail authentique des élèves de celui produit par l’IA revient souvent à tirer à pile ou face ». Enfin pour sa part, Chloe Heidinger, nouvelle enseignante à Winnipeg, voit dans l’IA un outil de mentorat utile pour aider les élèves à structurer leurs idées et à développer leur pensée critique, à condition d’en encadrer l’usage. « L’important, c’est de montrer aux élèves comment utiliser ces outils de façon réfléchie et responsable, pas de les interdire sans discussion », affirme-t-elle.

L’IA est là pour rester. Alors aussi bien en tirer les avantages tout en en évitant les écueils. En somme, l’école demeurera toujours un lieu d’apprentissage faisant appel à l’intelligence des élèves et de facto, l’IA se doit d’être encadrée adéquatement à défaut de quoi les activités d’apprentissage risquent d’être reléguées sans coup férir dans le tiroir aux oubliettes.

vigile.quebec tribune libre 27 août 2025

L’impasse

29 août 2025

Les négociations entre le ministre de la Santé, Christian Dubé, et les fédérations de médecins omnipraticiens et spécialistes du Québec sont au point mort, le ministre martelant que leur rémunération sera liée au projet de loi 106 qui vise à relier jusqu’à 25% de leur rémunération à des critères de performance, même s’il devait les imposer par son projet de loi. «Je n’ai rien contre les médecins, c’est pour les patients [...] Trop de Québécois attendent trop longtemps et j’ai l’intention de faire tout ce qu’il faut pour que les patients passent en premier», a déclaré M. Dubé lors d’un point de presse le 19 août.

En relations de travail, toute négociation est assise sur une base de discussion commune établie entre les parties, et est susceptible d’entraîner des concessions pour en arriver à une entente négociée. Or, dans le conflit actuel, Christian Dubé se base sur le projet de loi 106 comme base des négociations entraînant dans son sillon un refus catégorique de la part des médecins de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) qui s’objectent à négocier sous la menace d’une épée de Damoclès au-dessus de la tête.

Du côté de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), l’ancien premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, un fin négociateur expérimenté, pousse davantage sur le bouchon en traitant ouvertement le ministre de « trop autoritaire » tout en ajoutant qu’il « aime mieux décréter » que négocier. En somme, rien pour détendre l’ambiance au sein des négociations.

Au fil des derniers ministres de la Santé s’étant succédé au Québec, les gouvernements ont toujours cédé aux revendications des médecins. Or dans les négociations actuelles, Christian Dubé a fermement l’intention de tenir son bout coûte que coûte en imposant le projet de loi 106 aux médecins comme base des négociations, une stratégie qui, à mon avis, incite à la provocation plutôt qu’à une saine négociation.

De toute évidence, le ministre de la Santé et les Fédérations de médecins se doivent de trouver un terrain d’entente servant de base aux négociations et excluant le projet de loi 106 qui donne l’impression aux médecins que tout est coulé dans le béton avant même que les négociations s’amorcent. C’est une simple question de respect et de diplomatie élémentaires entre les parties en cause.

vigile.quebec tribune libre 27 août 2025

Errare humanum est

29 août 2025

En septembre 2021, Pierre E Rodrigue, ex-sous-ministre de la Cybersécurité et du Numérique, assiste à une réunion où Karl Malenfant détaille le budget du projet CASA, qui est de 682 millions de dollars, comparativement aux 458,4 millions préalablement communiqués. Une note de service transférée au bureau du premier ministre Legault à la suite de cette rencontre indique que le budget total du projet était de 458 millions de dollars. « C’était une erreur », a sans hésiter confirmé M. Rodrigue, indiquant qu’on aurait dû y lire que le budget du contrat était de 682 millions de dollars et que l’intention n’était pas de berner M. Legault.

Une erreur de 224 millions! Ce n’est quand même pas une banalité…Mais comment un sous-ministre peut-il en arriver à justifier une telle « distraction »? Or comme le dit l’adage, « l’erreur est humaine ». Et vogue la galère dans le merveilleux monde de la SAAQ, une société d’État relevant à l’époque du ministre des Transports en la personne de François Bonnardel et dont les contribuables québécois assument les dépenses de leurs propres goussets…

vigile.quebec tribune libre 27 août 2025

Qui ne dit mot consent

29 août 2025

La comparution de la vice-première ministre et ministre des Transports, Geneviève Guilbault, devant la commission Gallant a résulté en un véritable aveu de non-intervention de la part de la ministre en lien avec les dépassements des coûts estimés dans le dossier SAAQclic. D’ordinaire plutôt calme et en maîtrise de ses dossiers devant les médias, c’est une Geneviève Guilbault nerveuse et déstabilisée qui s’est présentée devant le commissaire et le procureur Vincent Ranger.

D’entrée de jeu, la ministre a dû admettre devant la commission Gallant qu’elle avait été avisée bien plus tôt qu’elle le prétendait que des dépassements de coûts de 200 millions $ avaient été ajoutés à la facture du projet SAAQclic. En effet, des documents démontrent qu’elle a été informée en 2023 de ces dépassements par le PDG de la SAAQ à l’époque, Éric Ducharme, mais qu’elle n’avait pas jugé opportun d’en aviser les médias.

« Si on se place dans le contexte où on est encore dans un mode rétablissement post-chaos après le lancement raté de la plateforme SAAQclic, on ne nous a pas alertés outre mesure », a-t-elle soulevé pour sa défense. « On est à 120 millions de plus à donner au contractant. Dans le monde d’où je viens, c’est beaucoup, beaucoup, beaucoup d’argent », lui a répliqué le commissaire Gallant. « Ça va tu coûter plus cher que ça devait coûter ? La réponse, c’est oui, c’est évident », a finalement reconnu Geneviève Guilbault. « On nous disait : sinon, on ne sera pas capable de faire la livraison, il y aura des bris de services… Il n’y avait aucune intention de dissimuler ou de retenir cette information-là. Si on nous avait posé la question, on y aurait répondu », a finalement argué la ministre pour expliquer son silence. Enfin un document résumant la « stratégie contractuelle » du virage numérique de la SAAQ envoyé au cabinet de la ministre en  2023 mentionne l’ajout de plus de trois avenants, pour un total de 120 millions, ainsi que deux autres contrats de « gré à gré » d’une valeur totale de 80 millions.

Dans toute cette saga, un fait demeure : la ministre Geneviève Guilbault a fait preuve d’une stratégie non-interventionniste pour le moins contestable, voire inacceptable dans un contexte politique où la transparence devait être priorisée compte tenu des sommes faramineuses engagées dans le projet SAAQclic et défrayées à même les poches des contribuables

vigile.quebec tribune libre 27 août 2025.

 

Conflit Russie-Ukraine, un enjeu de paix ou de pouvoir?

21 août 2025

Face à un conflit qui dure depuis plus de trois ans ayant laissé sur son passage des centaines de milliers de morts, le monde entier souhaite ardemment un cessez-le-feu permanent en Ukraine. Or les négociations actuelles menées par Vladimir Poutine et Donald Trump sont-elles fondamentalement sous-tendues par une réelle intention de paix ou par la soif du pouvoir?

Avant la guerre, les régions de DonetskLouhansk, Zaporijjia et Kherson représentaient à elles seules près de 20 % du PIB ukrainien. Le Donbass constituait, pour sa part, le cœur industriel du pays avec ses mines de charbon et ses aciéries emblématiques comme Azovstal. Au coeur des négociations, Poutine dit vouloir les « échanger » contre les terres agricoles du sud parmi les plus fertiles au monde, véritables greniers à blé et à tournesol. Sans oublier la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, qui fournissait avant la guerre 20 % de l’électricité ukrainienne.

De son côté, Donald Trump, agissant comme intermédiaire entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine, devient de facto une courroie de transmission indispensable dans le processus de paix, une position qui lui confère un pouvoir extraordinaire duquel il peut abondamment s’enorgueillir, et qui le place dans une position privilégiée pour obtenir le prix Nobel de la paix qu’il convoite à mots peu couverts.

Dans un tel contexte où prime l’attrait du pouvoir, force est de constater la fragilité des bases sur lesquelles sont assises les négociations de paix entre la Russie et l’Ukraine. Le facteur territorial est jusqu’à maintenant absent des pourparlers mais aux yeux de Zelensky, il n’est pas question de concéder des territoires actuels de l’Ukraine.

En conséquence, est-il encore possible qu’un accord de paix soit signé entre la Russie et l’Ukraine compte tenu du cul-de-sac dans lequel se dirigent les deux dirigeants? Et enfin, Donald Trump assistera-t-il impuissant à la désintégration de son beau rêve de détenteur du prix Nobel? Les réponses à ces questions appartiennent à un avenir pas si lointain!

Le Soleil (version numérique) 21 août 2025
Le Devoir 22 août 2025

François Legault en mode écoute

19 août 2025

La guigne s’acharne implacablement sur la Coalition avenir Québec (CAQ). Après les deux défaites crève-coeur dans Jean-Talon et Terrebonne, le gouvernement Legault se classe quatrième à l’élection partielle dans Arthabaska, ne récoltant qu’un maigre 7% des suffrages exprimés. La CAQ se retrouve au pied du mur, le parti de François Legault a perdu contact avec sa base. C’est le chaos à quelque quatorze mois de l’élection générale prévue pour octobre 2026. Aux grands maux les grands moyens, le premier ministre entame un processus de reconnexion avec les Québécois. Il se met en mode écoute par le biais des 86 députés de son caucus.

Le chef a écouté ses représentants des comtés caquistes. Que ressortira-t-il de cette rencontre avec les députés? Je me risque à lancer quelques hypothèses visant une possible sortie de crise. Tout d’abord, dans un contexte où le PQ est en pleine remontée, je crois que François Legault va ressortir sa carte nationaliste contre celle du souverainisme de Paul St-Pierre Plamondon.

Ensuite, il va tenter de repositionner l’éducation comme la priorité de ses priorités comme il s’y était engagé lors de son premier mandat en 2018, et je ne serais pas étonné qu’il procède à un changement de ministre en Éducation dans le but d’y apporter un nouvel élan. Pour ce qui est de la Santé, j’ai l’impression qu’il va laisser Christian Dubé terminer sa réforme tout en profitant de la popularité du ministre actuel malgré un conflit de travail qui s’éternise avec le Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ).

La saga du troisième lien Québec-Lévis se dresse encore comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête du premier ministre malgré l’ébauche d’un plan d’action proposé dernièrement par la ministre des Transports, Geneviève Guilbeault, dans ce dossier, la crédibilité du gouvernement étant fortement remise en cause.

François Legault doit maintenant passer rapidement en mode action s’il aspire regagner la confiance de sa base. Un défi titanesque se dresse devant lui. De surcroît, il est tenaillé par l’implacable usure du pouvoir. Parviendra-t-il à remonter la pente? Personnellement, j’émets certaines réserves sur ses chances de refaire surface. La performance de la CAQ durant les prochains mois s’avérera déterminante. À suivre…

Le Devoir 19 août 2025 "François Legault à l'écoute"

 

Christian Dubé est-il l’homme de la situation

18 août 2025

Le torchon brûle depuis des mois entre le ministre de la Santé, Christian Dubé, et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ). Héritier d’une longue tradition où les médecins ont toujours eu gain cause dans leurs revendications au détriment des derniers ministres de la Santé, Christian Dubé semble bien déterminé à aller de l’avant avec son projet de loi 106 qui porte notamment sur un changement majeur du mode de rémunération des médecins de famille. À cet effet, Québec souhaite lier 25% de leur rémunération à l’atteinte de cibles déterminées par le ministère, comme le fait d’offrir 18 millions de rendez-vous annuellement. Or dans une lettre ouverte parue dans Le Journal, le président de la FMOQ, le Dr Marc-André Amyot, réclame le retrait du projet de loi 106, qui imposera des pénalités liées à la performance des omnipraticiens et des médecins spécialistes.

Un remaniement ministériel majeur est actuellement en préparation, et des élections générales sont prévues pour octobre 2026. Dans ce contexte pour le moins délicat, François Legault doit-il maintenir Christian Dubé à titre de ministre de la Santé ou le remplacer et si oui, par qui? Des questions auxquelles devra répondre le premier ministre avant de prendre sa décision finale.

En toile de fond, François Legault est face aux résultats plus ou moins mitigés de la réforme majeure entreprise par Christian Dubé et qui, faut-il l’admettre, n’a pas réussi à désengorger les listes d’attente des patients nécessitant des soins d’urgence. La création de Santé Québec, qui devait rapprocher les patients du système de santé, tarde à produire les résultats annoncés lors de sa création.

En revanche, il ne reste que quelque quatorze mois avant le prochain scrutin général. Conséquemment, je suis d’avis que Christian Dubé doit aller au bout de sa réforme pour autant qu’il rétablisse de toute urgence le dialogue avec les omnipraticiens sans lequel tout espoir de quelque entente que ce soit est illusoire. En somme, François Legault doit laisser la chance au coureur. En termes clairs, la confrontation doit faire place à la collaboration… C’est une simple question de saine négociation.

vigile.quebec tribune libre 17 août 2025