Le déclin de l’empire américain 2.0

25 juillet 2024

Réalisé en 1986 par Denys Arcand, Le déclin de l’empire américain relate le fossé qui s’est creusé entre les mœurs sexuelles de quatre hommes et de quatre femmes lors d’une discussion qui s’éternisera toute la nuit, et qui apportera ses lots de réflexions qui ébranleront la vie de certains d'entre eux.

Or aujourd’hui, l’épineux dossier de l’avortement se retrouve au coeur des thèmes abordés en campagne électorale américaine, les républicains se rangeant derrière les pro-vie et les démocrates, derrière le droit à l’avortement. Et, de surcroît, la nomination de J D Vance à titre de colistier de Donald Trump vient agrandir l’écart, ce dernier étant un des défenseurs les plus radicaux du mouvement pro-vie.

Dans cette foulée, l’existence même de la démocratie, étroitement liée à la liberté d’expression, est fortement remise en question via le rôle de la femme dans la société américaine qui bascule littéralement au milieu du 20ième siècle au moment où la femme devait se limiter à procréer et à demeurer à la maison pour élever sa progéniture.

Enfin, l’hypothèse de l’élection du républicain d’extrême droite Donald Trump à titre de président des États-Unis ne fait qu’amplifier les écueils auxquels les Américains de la gauche seraient confrontés, et aviver la flamme du déclin de l’empire américain.

vigile.quebec tribune libre 24 juillet 2024
 

Biden jette l’éponge

23 juillet 2024

Sans grande surprise, le président sortant, Joe Biden, a annoncé son retrait de l’investiture à titre de représentant des démocrates à la course à la présidence des États-Unis lors du scrutin du 5 novembre. Une décision qui survient particulièrement à la suite de voix des hautes instances démocrates qui se sont élevées pour exiger son retrait de la course.

Depuis le débat contre Donald Trump, les manifestations d’inquiétudes n’ont cessé de s’accroître eu égard aux capacités intellectuelles et physiques du président lors de ses sorties publiques. La tension pesait lourdement sur les épaules du président qui n’avait d’autre choix que de jeter l’éponge et de céder la place à sa vice-présidente, Kamala Harris.

Dès lors, comment Donald Trump réagira-t-il devant le scénario d’une nouvelle adversaire? Nul doute que son plan d’attaque, fidèle à son style désobligeant, sera érigé autour d’attaques personnelles envers la vice-présidente. le dossier de l’immigration que lui avait confié expressément Joe Biden, étant un fiasco dont Trump se servira pour lancer ses flèches sur Kamala.

De son côté, Mme Harris bénéficie de ce que j’appellerais la «chance du débutant» à titre de candidate démocrate à la présidence des États-Unis, un avantage qui forcera Donald Trump à changer sa stratégie. En bref, à partir de maintenant, nous assisterons à une nouvelle campagne électorale dans laquelle tous les scénarios sont devenus possibles.

Le Devoir 23 juillet 2024
vigile.quebec tribune libre 24 juillet 2024
 

Trump récolte ce qu’il a semé

17 juillet 2024

D’entrée de jeu, il m’apparaît essentiel de condamner vertement la tentative d’assassinat perpétré contre Donald Trump. Toutefois, force est de constater que, depuis son accession sur la scène politique américaine en 2016, l’ex-président américain a multiplié les attaques violentes et haineuses, particulièrement envers le président Biden.

Fort d’une attitude de victimisation relativement aux dossiers judiciaires dont il a été trouvé coupable à la suite d’une «chasse aux sorcières», l’attentat de Butler, en Pennsylvanie vient confirmer, à mon sens, la suite logique de ses nombreuses manifestations verbales de violence, notamment sa participation à la prise d’assaut du Capitole le 6 janvier 2021.

Par ailleurs, si certains experts s’attendent à ce que Donald Trump lance un appel à l’unité nationale lors de son allocution à la convention républicaine à Milwaukee, j’ai plutôt tendance à croire que le discours de Donald Trump convergera vers ses attaques habituelles contre les démocrates qu’il a déjà accusés de complicité dans l’attentat de Milwaukee, une version utilisée par J.D. Vance, celui-là même que Trump a déjà désigné comme son colistier à la vice-présidence.

Il en a fallu de peu pour que l’attentat contre Trump tourne en assassinat. Toutefois, je demeure convaincu que cet événement ne fera qu’accroître son image de martyre et qu’il persistera avec véhémence dans ses attaques verbales contre les démocrates. Donald Trump est un guerrier dans l’âme et la haine de l’adversaire, son arme de prédilection.

vigile.quebec tribune libre 16 juillet 2024
 

Joe Biden, détermination ou entêtement?

17 juillet 2024

Depuis le débat opposant Joe Biden à Donald Trump, les yeux du monde entier sont rivés sur les apparitions publiques du président sortant, scrutant à la loupe ses moindres paroles et gestes, et ce nonobstant sa performance somme toute acceptable lors de sa conférence de presse clôturant le sommet de l’OTAN. Quoiqu’il en soit, peut-être est-il opportun de se demander si Joe Biden fait preuve de détermination ou d’entêtement.

À cet effet, mes recherches sur Google m’ont conduit à ces définitions: la détermination est «l’acte de décider définitivement et fermement» alors que l’entêtement est «le fait de persister dans un comportement volontaire sans tenir compte des circonstances».

D’entrée de jeu, on ne peut reprocher à Joe Biden de manquer de détermination dans ses propos, notamment eu égard au fait qu’il est le seul qui peut battre Donald Trump lors du scrutin de novembre. D’autre part, cette assertion ne repose sur aucune preuve tangible et, en ce sens, frise l’entêtement.

En ce qui a trait à son âge avancé, Joe Biden en fait carrément abstraction comme s’il était à l’abri des séquelles de la vieillesse, tels ses nombreux lapsus, le dernier en liste étant d’avoir confondu Volodymyr Zelensky pour Poutine.

Mais là où le bât blesse avec le plus d’acuité s’inscrit dans le fait que Joe Biden se présente à titre de président de la plus grande puissance au monde, un poste qui exige énormément de rigueur et de vivacité intellectuelles compte tenu des décisions stratégiques qu’il est appelé à prendre à tout moment.

S’il est élu, Joe Biden aura 85 ans à la fin de son mandat, et d’ici là, les signes reliés à sa vieillesse ne feront qu’augmenter, mettant les États-Unis dans des situations dangereuses, voire cruciales. En conséquence, devant une telle situation dont Biden connaît sûrement les tenants et aboutissants, je suis d’avis que sa détermination se traduit par un entêtement manifestement délibéré.

vigile.quebec tribune libre 16 juillet 2024
 

La souveraineté via les voix des artistes

14 juillet 2024

Les motifs associés aux avantages de la souveraineté du Québec sont généralement rattachés aux aspects socio-économiques dont pourraient bénéficier les Québécois. Or, le mouvement souverainiste nécessite davantage, notamment l’émotion qui lui donne vie. Et c’est là qu’entre en jeu la dynamique culturelle dont les artistes portent le flambeau.

Toutefois, elle est bien loin l’époque où les Leclerc, Vigneau, Charlebois, Séguin, Piché et bien d’autres soulevaient les foules au son de leurs paroles et de leurs musiques porteuses d’un élan nationaliste mobilisateur. En ces temps-là, les artistes affirmaient haut et fort leur allégeance politique et contribuaient de la sorte à construire un pont symbolique entre la politique et la musique.

Aujourd’hui, les temps ont changé. Nonobstant quelques chansons québécoises qui effleurent à peine le nationalisme québécois, les artistes n’osent plus prendre le bâton du pèlerin et s’affirmer comme des défenseurs de notre langue et de notre culture de peur de nuire à leur image au sein d’une société dite inclusive.

D’un autre côté, quoique le Parti Québécois (PQ) demeure en tête dans les intentions de vote, la souveraineté demeure encore loin d’une majorité absolue. C’est dire à quel point le seul facteur économique ne peut atteindre les cordes sensibles des Québécois. À cet effet, à ma connaissance, tout au cours de l’histoire des peuples qui ont acquis leur indépendance, jamais elle n’a été obtenue essentiellement pour des raisons économiques.

Conséquemment, il m’apparaît souhaitable, voire nécessaire, que le PQ et le Bloc recréent la jonction avec les artistes et, de la sorte, raniment le lien affectif des Québécois envers leur nation.

vigile.quebec tribune libre 11 juillet 2024
Le Soleil (version numérique) "Souveraineté: recréer la jonction avec les artistes" 16 juillet 2024 

Canam doit être le maître d’oeuvre du nouveau pont de l’île d‘Orléans

11 juillet 2024

La saga qui entoure le choix de l’entreprise responsable de la construction du nouveau pont de l’île d‘Orléans semble emprunter des chemins contestables par rapport à une option sécurisée proposée par Canam Ponts, à savoir une structure boulonnée plutôt que soudée.

Sans entrer dans les détails techniques gravitant autour de la construction des ponts, je suis d’avis que le gouvernement du Québec devrait se raviser et faire appel à une entreprise québécoise située à 10 kilomètres des lieux de la construction et munie d’une solide expertise dans la construction des ponts plutôt que d’opter pour une entreprise européenne.

«Présentement, il n’y a rien dans le contrat qui exige du contenu québécois ou canadien», déplore M. Enault, premier vice-président de la CSN. qui compare la situation avec d’autres pays comme les États-Unis où le Buy American Act impose l’achat de biens sur le territoire américain pour les contrats gouvernementaux.

Il ne serait pas trop tard pour modifier la conception du pont. Selon les intervenants de la CSN et le président du syndicat des travailleurs de Canam, Steve Giroux, les ponts Champlain et Gordie-Howe devaient eux aussi, à l’origine, être «des ponts soudés». «On leur a proposé une alternative boulonnée et ils ont accepté. Ils ne trouvaient que du positif à aller vers ce genre de construction», plaide M. Giroux.

Pour le moment, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, est demeurée muette à tout commentaire. À mon sens, un revirement doit être entrepris eu égard aux exigences techniques de construction du pont qui doivent répondre à l’expertise Canam et lui octroyer le contrat de la construction du nouveau pont. C’est une simple question de priorité à nos entreprises québécoises.

Le Soleil (version numérique) 11 juillet 2024
vigile.quebec tribune libre 11 juillet 2024

De l’urgence au report

4 juillet 2024

Le projet Northvolt, adopté dans un contexte d’urgence faisant même fi d’un Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) pour accélérer son acceptation, a coûté la «modique» somme de 7,3 milliards de dollars aux gouvernements canadien et québécois.

Or, son pdg a annoncé que «nous avons été un peu trop audacieux dans notre plan d'expansion et c'est ce que nous sommes en train de revoir». Dans ces circonstances, le gouvernement Legault doit profiter de cette conjecture et réfléchir à sa propre stratégie afin de favoriser l’acceptabilité sociale du projet, y compris par l’entremise d’un BAPE.

Qualifié de projet du siècle par François Legault et les ministres François- Philippe Champagne et Pierre Fitzgibbon, le projet Northvolt risque-t-il de se retrouver sur les tablettes pendant des années, voire d’être reporté aux calendes grecques?

vigile.quebec tribune libre 4 juillet 2024
 

 

Lettre à Joe Biden

4 juillet 2024

Monsieur le Président,

D’entrée de jeu, quoique convaincu que vous ne lirez pas cette lettre, j’ose espérer qu’elle attirera l’attention des lecteurs et qu’elle suscitera quelques commentaires pertinents. Dans cette optique, j’aurai atteint mon objectif prioritaire, à savoir votre avenir politique immédiat.

Sachez à prime abord que je suis un mordu de politique, notamment de la politique américaine qui, depuis l’arrivée de Donald J. Trump dans le décor, a fortement été secouée, particulièrement sur l’existence même de la démocratie. À ce chapitre, votre position sur la défense et la survie de la démocratie a été pendant toute la durée de votre mandat sans reproche.

En revanche, force est de constater qu’au fur et à mesure que les sondages sont mis à jour, votre écart derrière Donald Trump ne cesse d’augmenter. À cet effet, je suis d’accord pour affirmer que vous êtes le mieux placé pour analyser les causes profondes qui contribuent à de tels résultats.

Toutefois, force est de constater que votre état physique et mental montre des signes évidents de défaillance, tels des mots qui tardent à être exprimés, des confusions dans la structure de vos phrases, des difficultés à vous déplacer, etc. Considérant l’état avancé de votre âge, ces écarts de conduite sont des plus normaux.

En revanche, là où le bât blesse sérieusement réside dans le fait que vous briguez le poste de Président des États-Unis d’Amérique, une fonction qui porte en elle des défis extrêmement exigeants, voire surhumains. Conséquemment, considérant votre âge avancé et votre état de santé déficient, je me demande si le temps n’est pas venu pour vous de céder fièrement le flambeau.

Dans cette foulée, un vieil adage argue que personne n’est irremplaçable. Vous avez surmonté brillamment de grands défis tout au cours de vos mandats à titres de Vice-président et de Président des États-Unis. Aujourd’hui, vous pouvez quitter le tête haute et profiter d’une retraite bien méritée dans la dignité.

Avec tout mon respect

vigile.quebec tribune libre 4 juillet 2024
Le Soleil (version numérique) 5 juillet 2024

Argument «sécurité économique» d’un troisième lien

2 juillet 2024

Selon plusieurs experts consultés sur l’argument du gouvernement Legault eu égard à la «sécurité économique» d’un troisième lien Québec-Lévis, il est préférable d’investir plutôt dans la pérennité des liens déjà existants, arguant que la construction de nouveaux ponts est généralement liée à des questions de fluidité de la circulation.

Marie-Hélène Vandersmissen, vice-doyenne aux études au Département de géographie à l’UL, n’a pas en tête des exemples de ponts construits pour la sécurité économique. Si elle ne croit pas qu’on doive écarter l’économie des questions de transport et d’aménagement, elle estime que «l’idée de construire un 3e lien au cas où le pont Pierre-Laporte ferme quelques mois ou quelques années [...] paraît un peu, disons, exagérée. Cela ressemble à un scénario “catastrophe”». Pour ma part, je suis d’avis que le gouvernement s’est inspiré d’une remarque du rapport de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), à savoir la sécurité économique, pour tabler là-dessus dans sa décision finale sur le troisième lien.

La saga du troisième lien a donné lieu à des tergiversations sans fin de la part de François Legault, le défaite dans Jean-Talon étant un des éléments catalyseurs ayant contribué à un des chapitres de cette saga. De puis les débuts, la construction d’un troisième lien est passée d’un tunnel sous-fluvial à la construction d’un pont et ce, malgré le rapport de la CDPQ qui rejetait ce scénario.

La cote de popularité de François Legault a chuté lors des derniers sondages. Il lui fallait mettre l’emphase sur un dossier majeur qui rallie une bonne partie de la population des deux rives. Aussi suis-je d’avis que le scénario du troisième lien constitue la courroie politique qui pourrait revigorer la CAQ et lui donner un regain de vie auprès des électeurs de Chaudière-Appalaches dans l’esprit du premier ministre.

vigile.quebec tribune libre 1er juillet 2024

Un château fort du PLC s’écroule

28 juin 2024

Le couperet est tombé. Le parti libéral du Canada (PLC) a perdu la circonscription de Toronto-St. Paul’s aux mains des conservateurs, une forteresse libérale de longue date. Cette défaite crève-coeur dans Toronto-St. Paul’s ramène à l’avant-plan la crédibilité des électeurs eu égard au leadership de Justin Trudeau dont la popularité et la crédibilité à titre de premier ministre du Canada sont mises à l’épreuve dans les derniers sondages.

Nonobstant les résultats médiocres obtenus lors du scrutin à l’élection partielle d’une circonscription en banlieue du grand Toronto, force est de constater que Justin Trudeau est victime de l’usure du pouvoir. En revanche, je suis d’avis qu’il a l’intention de demeurer à la tête du PLC envers et contre tous jusqu’au déclenchement des élections fédérales de 2025.

Toutefois, la pente est abrupte et jonchée d’écueils, telle sa propension à tergiverser sur l’aboutissement de dossiers majeurs, telle la crise du logement à travers le pays, sur laquelle «On travaille fort» comme le répète inlassablement Justin Trudeau tel un leitmotiv» creux.

Face à un scénario aussi chaotique, la défaite dans Toronto-St. Paul’s vient confirmer le ras-le-bol des électeurs devant le laxisme systémique de Justin Trudeau eu égard aux dossiers prioritaires. Conséquemment, je ne serais nullement surpris que ce mouvement de contestation se répercute dans l’ensemble du pays et que le PLC subisse une défaite cuisante lors des prochaines élections générales fédérales.

Le Devoir 28 janvier 2024