De la Commission des débats des chefs

18 avril 2025

Organiser deux débats des chefs en campagne électorale à tous les quatre ans, tel est le mandat de la Commission des débats des chefs, financée annuellement à environ 1,7 million de dollars en moyenne par les contribuables. Et que fait la Commission en absence de débat? Elle mène des recherches sur les «meilleures pratiques liées aux débats en consultant les organisateurs de débats à travers le monde ». Elle consulte aussi des experts qui les aident à améliorer les débats à venir.

Manifestement, l’année 2025 n’aura pas été un « grand crû » pour la Commission. En effet, en plus d’avoir exclu le co-chef du Parti vert, Jonathan Pedneault, du débat le matin même de l’événement, elle a dû devancer de deux heures le débat pour permettre aux amateurs de hockey de regarder la dernière et décisive partie du calendrier régulier du Canadien. Et pourtant, à cet effet, il appert que personne de la Commission n’ait pensé consulter le calendrier de la LNH, lequel a été dévoilé le 2 juillet 2024 et dans lequel deux matchs étaient bel et bien prévus les 16 et 17 avril 2025, deux matchs cruciaux où se jouent potentiellement les dernières places en séries éliminatoires. Et, pour ajouter au chaos, la Commission, afin d’éviter une poursuite devant les tribunaux, a offert cinq accréditations aux controversés médias d’extrême droite Rebel News et True North, ce qui a eu pour effet de bouleverser le point de presse des chefs. À cet effet, il faut se rappeler qu’en 2021, une juge de la Cour fédérale avait tranché en faveur de Rebel News en ordonnant à la Commission d’accréditer une dizaine de journalistes du média de droite pour assister aux débats organisés, une décision qui a amené la Commission, cette année, à acheter la paix et céder ainsi à la pression.

De toute évidence, la crédibilité de la Commission des débats des chefs est fortement entachée, en raison notamment de la très longue période de temps dont elle dispose pour s’acquitter avec rigueur et efficacité de son mandat. En conséquence, je suis d’avis que le ministère des Institutions démocratiques envisage des pistes de réflexion ayant pour objectif d’assurer la légitimité de la Commission des débats en tout respect pour les contribuables canadiens qui en paient les frais.

vigile.quebec tribune libre 17 avril 2025

Et le gagnant est…

18 avril 2025

Il est toujours délicat de déterminer le nom du candidat qui ressort gagnant d’un débat des chefs en campagne électorale, particulièrement dans un débat où aucun candidat n’est ressorti de façon flagrante dans les échanges entre eux. Or il existe pourtant un champ d’intervention dans lequel un candidat s’est démarqué, à savoir la maîtrise de ses dossiers. Je veux parler ici du chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

D’un côté, le chef libéral Mark Carney qui, dans un français souvent laborieux et parfois inaudible, ne s’est contenté que de réponses succinctes aux questions de ses adversaires, d’un autre, Jagmeet Singh, qui est revenu sans vergogne sur le thème de la santé tout en reléguant les autres thèmes aux oubliettes, et finalement, Pierre Poilievre qui, malgré son calme et la clarté de ses interventions, n’a pas réussi à déstabiliser son principal adversaire, Mark Carney.

Quant à Yves-François Blanchet, force est d’admettre qu’il avait un avantage marqué sur les autres candidats à savoir qu’il était le seul à profiter d’un débat tenu dans sa langue maternelle. Toutefois, hormis cet avantage indéniable, le chef du Bloc a su se montrer respectueux envers tous le chefs de partis, y compris sa solidarité envers le Canada dans l’épineux épisode des tarifs de Donald Trump. Ce qui ne l’a pas empêché de défendre la pertinence d’un Québec indépendant dans le climat géo-politique actuel baignant dans l’incertitude et le chaos économique.

Au moment d’écrire cet article, il est trop tôt pour connaître les réactions des Canadiens à l’égard du débat dans les sondages. Toutefois, en ce qui a trait à l’opinion de plusieurs journalistes, Yves-François Blanchet se classe premier eu égard à la performance des chefs, ses résultats oscillant entre 7,5 et 9 sur 10. En revanche, aucun candidat n’a réussi à « sortir un lapin de son chapeau » pour infliger un « knock out » à son adversaire. Somme toute, un débat sans histoire qui aura permis aux téléspectateurs d’en connaître davantage sur les engagements des chefs de partis et ce, en tout respect les uns envers les autres.

vigile.quebec tribune libre 17 avril 2025

Le débat des chefs…

16 avril 2025

Treize jours avant le scrutin, les libéraux de Mark Carey détiennent une confortable avance dans les sondages sur les conservateurs de Pierre Poilievre. À moins d’un revirement imprévu lors du débat des chefs, le chef libéral obtiendra un gouvernement majoritaire le soir du 28 avril.

Or pour être honnête, nonobstant son expertise incontestable dans le monde des finances à titre de gouverneur des Banques centrales du Canada et d’Angleterre, j’éprouvais certaines réserves eu égard à son inexpérience en politique active. De surcroît, Mark Carney héritait d’un parti ébranlé fortement par la démission fracassante de Christia Freeland et le désaveu général de Justin Trudeau de la part de son propre caucus. Enfin, le gouvernement Trudeau enregistrait un déficit de 61,9 milliards de dollars pour l’exercice qui s’est terminé le 31 mars 2024, contre un déficit de 35,3 milliards de dollars pour l’exercice précédent. Dans un contexte aussi fragilisé, Mark Carney arriverait-il à incarner le sauveur espéré par les partisans du PLC ou ne serait-il qu’un feu de paille éphémère?

Par ailleurs, sur un autre front, un événement majeur allait se pointer sur la scène politique mondiale, à savoir le spectre de Donald Trump, notamment incarné par ses velléités d’annexer le Canada comme 51ième État des USA. Il n’en fallait pas davantage pour qu’un important pourcentage des électeurs du Bloc et du NPD migrent vers le PLC, et qu’un regain de nationalisme ne s’empare illico des Canadiens d’un océan à l’autre. Une situation géo-politique qui pava une « voie royale » devant Mark Carney qui incarna de facto le meilleur défenseur de la souveraineté du Canada contre les visées impérialistes du président américain.

Dans ces circonstances, les astres semblent désormais alignés en faveur des libéraux de Mark Carney qui incarne, jusqu’à ce jour, aux yeux d’une majorité des électeurs, le meilleur candidat pour affronter la guerre économique déclenchée par Donald Trump. En attendant, le débat des chefs pourrait-il renverser la vapeur? Peu probable mais toujours plausible, la politique nous réservant parfois d’étonnantes surprises!

vigile.quebec tribune libre 15 avril 2025
Le Devoir 16 avril 2025 

Campagne à temps partiel de Mark Carney

15 avril 2025

Pour une quatrième journée dans cette courte campagne, le futur éventuel premier ministre du Canada et ex-gouverneur des Banque du Canada et d’Angleterre a pris congé le vendredi 11 avril pour présider une réunion sur les relations entre le Canada et les États-Unis mais cette rencontre n’a finalement pas eu lieu. Et, de surcroît, aucune activité publique n’a été inscrite à l’horaire du chef libéral le 12 avril pour une deuxième journée consécutive. À cet effet, son équipe a argué qu’il se préparait actuellement en vue des débats télévisés qui auront lieu les mercredi et jeudi 16 et 17 avril à Montréal, soit dans quatre jours.

Or selon André Lamoureux, chargé de cours au département de sciences politiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) , « Mark Carney a l’obligation de participer à une campagne électorale et non pas à une présentation d’une série de points de presse où il répond à quelques questions aux journalistes et parfois difficilement en français ». Traditionnellement, ici au Canada, les chefs de partis sont appelés à prendre des bains de foule lors de rassemblements partisans, et à leur présenter leur programme électoral. Or Mark Carney est manifestement plus à l’aise au cours des points de presse.

Décidément, le premier ministre est un financier habitué à manipuler des colonnes de chiffres assis confortablement en haut d’une tour à Londres et à Ottawa. La campagne sur le « plancher des vaches » n’est pas sa « tasse de thé. » Son désistement du Face-à-Face de TVA invoquant l’absence du Part vert démontre à quel point il a tendance à fuir « comme la peste » les débats dans la langue de Molière.

Depuis le début de la campagne, Mark Carney surfe allègrement sur une vague de popularité liée exclusivement à son expertise dans le monde hermétique des finances perçue comme un bouclier face à notre voisin du Sud farfelu. Dans cette foulée, il n’est pas surprenant qu’il revête souvent son costume de premier ministre, et cela même dans les situations où il règne une accalmie du côté américain. Somme toute, Mark Carney mène une campagne à temps partiel sans coup férir auprès de ses fidèles partisans.

vigile.quebec tribune libre 14 avril 2025

Et si on parlait des CPE…

13 avril 2025

Le réseau des Centres de la petite enfance (CPE) a été mis sur pied le 23 janvier 1997 par   Pauline Marois, alors ministre de l'Éducation au sein du gouvernement péquiste de l’époque, à partir des garderies sans but lucratif et des agences de garde en milieu familial. Basé sur les recommandations du rapport Un Québec fou de ses enfants qui mettait en évidence le besoin de stimulation des tout-petits, en particulier ceux des familles plus vulnérables, le réseau défendait le principe d'un accès à la garde d'enfants pour tous. Aussi, lors de sa mise en œuvre, le projet a été surnommé « garderies à 5 $ », en raison du tarif quotidien uniforme que devaient appliquer ces centres aux utilisateurs.

Quelque vingt-huit ans plus tard, « le principe d'un accès à la garde d'enfants pour tous » est bien malmené. A titre d’exemple, en 2021-2022 seulement, 3 000 travailleuses dans les CPE ont quitté leur emploi, notamment en raison de la lourdeur de la tâche qui s’est amplifiée avec l’augmentation croissante des enfants à besoins de soutien particulier. Un phénomène qui se perpétue au primaire et au secondaire et qui se heurte à une pénurie de personnel spécialisé apte à répondre aux besoins de ces jeunes.

Je connais quelqu’un qui exerce la profession d’éducatrice en CPE depuis quelque 25 ans, et il m’est arrivé d’échanger souvent avec elle sur les multiples tâches auxquelles elle est confrontée quotidiennement, des crises de larmes aux échauffourées pour obtenir gain de cause sur un jouet en passant par les soins reliés à l’hygiène, etc. Et, au travers de ces tâches domestiques, elle a la responsabilité de contribuer étroitement à la socialisation des enfants, une tâche primordiale liée intrinsèquement à la vocation des CPE.

Les Centres de la petite enfance constituent un joyau de la société québécoise et permettent aux mères de participer étroitement à l’essor économique du Québec en s’intégrant au monde du travail. Aussi est-il primordial que le gouvernement Legault qui, dès son entrée au pouvoir en 2018, s’était engagé à placer la petite enfance au sommet de ses priorités, se doit de passer aujourd’hui des paroles aux actes et de permettre aux éducatrices d’accomplir pleinement et efficacement leur rôle de courroie de transmission dans le processus éducatif des enfants du Québec. C’est une question de responsabilité gouvernementale.

vigile.quebec tribune libre 13 avril 2025

Qui est Alexandria Ocasio-Cortez?

13 avril 2025

Depuis la défaite amère du Parti démocrate en novembre 2024, c’est le silence complet du parti sur la scène politique américaine hormis quelques rares apparitions de Bernie Sanders. Or au cours d’un voyage sur la toile, je suis tombé sur un article qualifiant Alexandria Occasio-Cortez de possible figure démocrate montante.

https://www.rtbf.be/article/qui-est-alexandria-ocasio-cortez-la-jeune-etoile-montante-du-parti-democrate-americain-11522990

Qui est Alexandria Ocasio-Cortez?

Wikipédia (résumé succinct)

En 2018, Ocasio-Cortez se présente à la primaire démocrate de la 14e circonscription de l’État de New York, un territoire s'étendant sur deux arrondissements de la ville de New York (l'est du Bronx et le nord du Queens) et dont la moitié de la population est d'origine hispanique. Le 26 juin 2018, elle remporte la primaire avec 57 % des voix, battant le sortant et principal candidat du Parti démocrate, Joseph Crowley, malgré un écart important entre leurs budgets de campagne (194 000 $ pour Ocasio-Cortez, contre 3,4 millions pour Crowley). La campagne d’Ocasio-Cort[9]ez se distingue par l’utilisation d’outils modernes tel que les réseaux sociaux et par le démarchage d'électeurs traditionnellement abstentionnistes, alors que son adversaire, certain de l'emporter adopte une attitude condescendante…

Se réclamant du socialisme démocratique, Ocasio-Cortez est soutenue par les Socialistes démocrates d'Amérique, dont elle fait partie, et par Bernie Sanders. L'establishment démocrate minimise sa victoire : Nancy Pelosi en parle ainsi comme d’un simple « phénomène local ».

En battant le candidat républicain Anthony Pappas, Ocasio-Cortez est élue représentante de la 14e circonscription de New York à la Chambre des représentants des États-Unis lors des élections midterms de novembre 2018, avec 78 % des suffrages exprimés. Elle devient ainsi la plus jeune candidate jamais élue au Congrès. La veille de sa prestation de serment devant le Congrès, une vidéo de 2010 la montrant, alors jeune étudiante à l'université de Boston, dansant sur un toit avec d'autres étudiants est diffusée sur internet pour tenter de la discréditer. Il s'agissait d'une vidéo promotionnelle d'une association étudiante à laquelle elle appartenait. Loin de lui porter préjudice, cette vidéo renforce plutôt l’image d’Ocasio-Cortez, d'autant plus qu'elle réagit en se faisant filmer esquissant quelques pas de danse devant son nouveau bureau au Congrès et en formulant le commentaire suivant : « J’entends dire que le Parti républicain pense que les femmes qui dansent sont scandaleuses. Attendez qu’ils découvrent que les femmes parlementaires dansent aussi ! ».

En octobre 2019, elle apporte son soutien à la candidature de Bernie Sanders pour les primaires démocrates de 2020. Elle déclare en janvier 2020 que dans un autre pays elle ne serait probablement pas membre du même parti politique que le favori de ces primaires, Joe Biden, souvent perçu comme un candidat trop libéral aux yeux de l’aile gauche du Parti démocrate.

Réélection en 2020

Ocasio-Cortez est opposée lors de la primaire démocrate de juin 2020 dans l’État de New York à Michelle Caruso-Cabrera, proche de l'aile droite du parti. Cette dernière bénéficie de l’aide financière de milliardaires de Wall Street. Ocasio-Cortez remporte largement la primaire avec 74,6 % des suffrages. Ainsi réinvestie par le Parti démocrate pour l'élection de 2020, elle est ensuite réélue à la Chambre des représentants avec 71,6 % des suffrages.

Le 6 janvier 2021, Ocasio-Cortez est témoin de l'assaut du Capitole, qu'elle raconte plus tard dans une vidéo diffusée sur le réseau social Instagram. Elle confie s'être cachée dans les toilettes et avoir cru qu'elle allait mourir. Elle assimile l’attitude des parlementaires qui souhaitent « passer à autre chose » après l'assaut au déni des auteurs d'agressions, elle-même ayant été victime par le passé d'une agression sexuelle.

Réélection en 2022

Aucun autre candidat démocrate ne se présente contre Ocasio-Cortez pour les primaires démocrates à l'élection de 2022. Elle fait ensuite face à la Républicaine Tina Forte, qu’elle bat le 8 novembre 2022 avec plus de 70% des suffrages.

Réélection en 2024

Elle est réélue.   

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandria_Ocasio-Cortez

vigile.quebec tribune libre 12 avril 2025

Politique énergétique à géométrie variable

12 avril 2025

C’est bien connu, les chefs de partis politiques, en campagne électorale, adaptent leurs discours à l’« humeur » des électeurs auxquels ils s’adressent. Ainsi en est-il du passage du chef libéral, Mark Carney, en Alberta, reconnue pour sa richesse pétrolière. « Comme pays, nous avons été trop prudents en nous appuyant trop sur les États-Unis. Il est temps de réaliser tout le potentiel du Canada », a-t-il déclaré lors d’un point de presse à Calgary.

Or Mark Carney, pourtant reconnu comme un ardent militant pour la lutte aux changements climatiques, se targue maintenant d’être « un pragmatiste ». Et à cet effet, à la question d’un journaliste qui lui demandait si cette position ne signifiait pas un recul sur ses valeurs, le premier ministre répliqua en affirmant que le monde opère une transition vers une économie plus faible en carbone, mais qu’en même temps il veut voir le Canada « dominer » le marché de l’énergie conventionnelle.

De là à franchir le pas vers le pétrole et le gaz, il n’y a qu’un pas, et il semble que Mark Carney, dans le contexte d’une économie mondiale qui « évolue » , soit prêt à exploiter les corridors d’énergies fossiles pour « réaliser tout le potentiel du Canada », une politique à géométrie variable à l’égard de son engagement affirmé à maintes occasions dans sa lutte contre le réchauffement climatique de la planète.

vigile.quebec tribune libre 11 avril 2025

Politique énergétique à géométrie variable

11 avril 2025

C’est bien connu, les chefs de partis politiques, en campagne électorale, adaptent leurs discours à l’« humeur » des électeurs auxquels ils s’adressent. Ainsi en est-il du passage du chef libéral, Mark Carney, en Alberta, reconnue pour sa richesse pétrolière. « Comme pays, nous avons été trop prudents en nous appuyant trop sur les États-Unis. Il est temps de réaliser tout le potentiel du Canada », a-t-il déclaré lors d’un point de presse à Calgary.

Or Mark Carney, pourtant reconnu comme un ardent militant pour la lutte aux changements climatiques, se targue maintenant d’être « un pragmatiste ». Et à cet effet, à la question d’un journaliste qui lui demandait si cette position ne signifiait pas un recul sur ses valeurs, le premier ministre répliqua en affirmant que le monde opère une transition vers une économie plus faible en carbone, mais qu’en même temps il veut voir le Canada « dominer » le marché de l’énergie conventionnelle.

De là à franchir le pas vers le pétrole et le gaz, il n’y a qu’un pas, et il semble que Mark Carney, dans le contexte d’une économie mondiale qui « évolue » , soit prêt à exploiter les corridors d’énergies fossiles pour « réaliser tout le potentiel du Canada », une politique à géométrie variable à l’égard de son engagement affirmé à maintes occasions dans sa lutte contre le réchauffement climatique de la planète.

vigile.quebec tribune libre 11 avril 2025

Un code d’éthique axé sur le « paraître »

11 avril 2025

Le ministère de l’Éducation (MEQ), dans le prolongement de la loi visant à renforcer la protection des élèves, notamment contre les actes de violence sexuelle, adoptée l’an dernier, a fait parvenir à tous les établissements scolaires un nouveau code d’éthique. Or l’article 8.2 du code d’éthique stipule que «tout membre du personnel (…) doit faire preuve de réserve et de modération dans la manifestation publique de ses opinions en s’abstenant de tenir des propos qui concernent l’Organisme scolaire ou ses établissements, ses partenaires, ses employés, ses élèves ou leurs parents et pouvant causer préjudice à leur image ou à leur réputation.»

Il n’en fallait pas davantage pour qu’une telle disposition ne suscite un tollé de contestations de la part des syndicats, notamment en raison de son caractère astreignant à l’égard de l’omerta imposé sur des situations problématiques qui pourraient survenir entre les murs de l’école. En un mot, les profs risquent d’être déchirés entre leur devoir de loyauté envers l’institution et le bien-être de leurs élèves.

À mon avis, l’article 8.2 du nouveau code d’éthique privilégie le « paraître » au détriment de l’« être », une situation paradoxale qui va de toute évidence à l’encontre des valeurs privilégiées dans un école, notamment la sauvegarde de la qualité de vie des élèves. Et de surcroît, ces dispositions portent directement atteinte aux droits fondamentaux en matière de liberté d’expression.

Le chaos dramatique suscité à l’école Bedford lié à l’instauration d’un climat d’omerta sur les dérives d’un groupe d’enseignants qui dérogeaient sans coup férir à l’application du curriculum de cours ne doit pas s’étendre pernicieusement dans les écoles du Québec. Aussi est-il primordial que l’équipe-école soit vigilante à l’égard de ces comportements déviants et qu’elle puisse les dénoncer sans contrainte pour le plus grand bien de la protection et de la qualité de vie des élèves.

vigile.quebec tribune libre 11 avril 2025

Mairie de Québec: les hostilités sont déclenchées

11 avril 2025

Un peu plus de 200 jours avant le scrutin aux élections municipales, soit le 2 novembre 2025, le maire actuel, Bruno Marchand, et le candidat à la mairie du nouveau parti, Leadership Québec, Sam Hamad, ont déjà déclenché vertement les hostilités.

D’un côté, Sam Hamad, ex-député libéral de Louis-Hébert de 2003 à 2017 dans le gouvernement de Philippe Couillard, qui reproche à Bruno Marchand de manquer de leadership, notamment en lien avec le projet de tramway qui, selon Sam Hamad, « n’est pas le bon projet pour Québec ». Or à la question des journalistes qui lui demandent ce qu’il fera des pénalités imposées si le projet n’est pas mis sur les rails, il répond qu’il n’en paierait pas une « cenne ».

De l’autre, le maire Bruno Marchand dépeint son adversaire comme un réactionnaire qui rêve d’un retour en arrière. “Make Québec great again”, lance-t-il ironiquement en référence au slogan des campagnes de Donald Trump. En ce qui a trait à l’entente signée entre la Ville de Québec et le gouvernement Legault pour la réalisation du tramway, le maire rappelle qu’elle prévoit des pénalitésde 150 millions $ ou pluspour la Ville de Québec si elle décide de se retirer du projet. Aux yeux du maire Marchand, Sam Hamad regarde vers le passé, lui, vers l’avenir. Enfin Bruno Marchand argue que son opposant à la mairie est atteint de la « pensée magique » quand il promet de laisser tomber le tramway pour livrer un autre projet de mobilité à l’intérieur d’un premier mandat.

De toute évidence, les deux candidats à la mairie de la Capitale nationale se distinguent radicalement à l’égard de leur approche sur un projet structurant de mobilité durable, ce qui, en soi, a le mérite de mettre sur la table deux hypothèses pour les électeurs. En revanche, le projet de Sam Hamad demeure encore inconnu à ce jour.

Selon son propre dire, Sam Hamad a décidé de faire le saut en politique municipale pour servir les Québécois en faisant preuve de leadership dans les dossiers qu’il mettra de l’avant. Pour ce qui est de Bruno Marchand, plusieurs dossiers inachevés sont encore à l’état embryonnaire, tels le logement à prix modique, l’itinérance, la revigoration du quartier St-Roch, etc. Le combat n’en est qu’au premier round. Que nous réserve la suite?

vigile.quebec tribune libre 10 avril 2025