Legault et sa fixation sur l’Ontario

13 janvier 2023

Tel un vieux 45 tours sorti des boules à mites, François Legault aspire à combler l’écart de richesse qui sépare le Québec de l’Ontario. Et, pour une énième fois, lors de la conférence de presse qui a suivi l’annonce du départ de Sophie Brochu de la direction d’Hydro-Québec, il a ressorti son vieux tourne-disque pour faire entendre sa chanson favorite.

À entendre notre premier ministre, on a comme l’impression qu’il participe à une course contre Doug Ford qui déterminerait la province qui réaliserait la plus lucrative richesse annuelle. Et, François Legault, pour y parvenir, a décidé de prendre le taureau par les cornes et d’y aller à fond de train sur la construction de barrages. «Il nous manque, juste si on se compare à l’Ontario, 10 G$ par année de revenus au gouvernement du Québec» pour atteindre notre objectif.

Et pendant que François Legault fabule sur les barrages, et que, par ailleurs, les goussets du gouvernement sont très bien remplis grâce notamment à l’inflation, les Québécois sont pris en otages dans un système de santé qui tombe en désuétude, et les jeunes du Québec doivent se soumettre à des suppléants non-qualifiés pour tenter tant bien que mal de jouer le rôle de professeurs.

Par ailleurs, c’est bien connu, notre premier ministre entretient depuis le début de son premier mandat en 2018 une lubie pour les emplois payants, une stratégie qui lui permettrait encore de garnir davantage le Trésor québécois. Or, dans les hôpitaux, les infirmières sont à bout de souffle faute de personnel, et les enseignants sont débordés dans des groupes qui contiennent des élèves en difficulté, faute de personnel spécialisé suffisant.

Dans ces circonstances, M. Legault, je vous invite à ranger votre vieille cassette sur l’Ontario dans un tiroir, et à concentrer vos énergies sur les besoins criants des Québécois, notamment dans les écoles et les hôpitaux.

vigile.qebec tribune libre 12 janvier 2023
 

La démission de Sophie Brochu arrive trop tôt

10 janvier 2023

Une bombe médiatique s’est abattue sur Hydro-Québec. La présidente-directrice générale, Sophie Brochu quittera ses fonctions le 11 avril, exactement trois ans après avoir accepté cette fonction.

«Je suis profondément reconnaissante d’avoir eu la chance d’œuvrer à l’avancement de notre grande société d’État, aux côtés d’une équipe compétente et engagée», a témoigné Mme Brochu par voie de communiqué.

Le cafouillis généralisé lié à la pandémie étant en bonne partie derrière, elle soutient qu’Hydro-Québec se trouve maintenant en bonne posture, munie d’un plan stratégique qui trace la voie de la transition énergétique et d’une situation financière «excellente». Dans cette foulée, le moment est venu pour elle de «passer le flambeau».

«Avec son humanisme, ses qualités de communicatrice et sa vaste expérience du secteur de l’énergie, Sophie laissera une marque qui passera l’épreuve du temps», a souligné la présidente du c.a. d’Hydro, Jacynthe Côté, qui mentionne ses qualités de rassembleuse et loue les réalisations de Sophie Brochu, notamment le plan stratégique, le dialogue engagé avec les communautés autochtones, les contrats d’exportation avec l’État de New York et l’acquisition de centrales hydroélectriques aux États-Unis.

Sophie Brochu a brillamment « défoncé le plafond de verre » en étant la première femme à occuper les plus hautes fonctions d’une société d’État considérée comme un bastion du Québec. Nonobstant le fait qu’il faut respecter sa décision, je n’ai qu’un seul regret, à savoir que sa démission arrive trop tôt.

Le Soleil (version numérique) 10 janvier 2033
vigile.quebec tribune libre "La démission de Sophie Brochu" 10 janvier 2023
Le devoir "Une bombe médiatique" le 11 janvier 2023

Les trumpistes font des petits

10 janvier 2023

Une véritable marée humaine de partisans de l'ex-président d'extrême droite, Jair Bolsonaro, vêtus de jaune et vert, a pris d’assaut et saccagé les principaux lieux de pouvoir du pays à Brasilia le 8 janvier. Des images impressionnantes qui ne sont pas sans nous rappeler l’invasion du Capitole à Washington par des partisans de l'ex-président Donald Trump en janvier 2021.

De son côté, le nouveau président élu du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, a condamné vertement l'invasion des lieux de pouvoir à Brasilia par des «vandales fascistes» et décrété une «intervention fédérale » sur les forces de l'ordre pour reprendre en main la sécurité de la capitale. « Nous allons tous les retrouver et ils seront tous punis (…) La démocratie garantit la liberté d'expression, mais elle exige aussi que les institutions soient respectées», a-t-il affirmé. «Ce qu'ont fait ces vandales, ces fascistes fanatiques est sans précédent dans l'histoire de notre pays. Ceux qui ont financé ces manifestations vont payer pour ces actes irresponsables et antidémocratiques», a insisté le chef d’État.

De toute évidence, le mouvement d’extrême-droite se propage à une vitesse inquiétante un peu partout à travers le monde. Les colonnes du temple de la démocratie sont gravement ébranlées. Les trumpistes font des petits au rythme des sautes d’humeur des manifestants chauffés à bloc qui se rebellent contre les défaites de leur candidat.

Difficile de prévoir jusqu’où ira cette tendance contestataire… Toutefois, un fait en ressort, le mouvement semble solidement enclenché, et seule la répression militaire pourra la stopper…du moins temporairement!

Le Devoir 10 janvier 2023
vigile.quebec tribune libre 10 janvier 2023


 

Aide médicale à mourir

10 janvier 2023

J’aimerais revenir sur l’opinion d’Emmanuelle Latraverse parue dans le Journal du 7 janvier 2023 sous le titre « Place à l’année du suicide assisté » Pour développer mon argumentaire, je retiendrai trois extraits du billet de l’autrice.

Primo, je rejoins la définition d’Emmanuelle Latraverse qui écrit que l’aide médicale à mourir étant un droit au Canada pour tout adulte à un consentement éclairé et étant « affecté de problèmes de santé graves et irrémédiables (y compris une affection, une maladie ou un handicap) lui causant des souffrances persistantes qui lui sont intolérables au regard de sa condition ».

Secundo, je m’objecte au sentiment de mélancolie qui semble habiter l’autrice lorsqu’elle déclare qu’« Il fut une époque où la mort était quelque chose de sacré qu’il fallait manipuler avec toute la délicatesse d’un joyau inestimable ». Or, les temps ont changé. Les rites funéraires ont été abrégées. Et la mort est souvent perçu comme une délivrance par les proches du défunt, et tout cela sans que nous perdions le caractère « sacré » de la mort.

Tertio, deux questions me font sourciller. La première, « Mais dans cette course vers une mort digne, quelle réflexion avons-nous consentie sur la valeur de la vie, la valeur de la vieillesse ? » D’abord, le fait de vouloir mourir dans la dignité et la course dont fait mention Mme Latraverse n’ont aucun rapport de cause à effet. Ensuite, pour répondre à l’autrice, je suis plutôt d’avis que ceux qui demandent l’aide médicale à mourir « ont consenti » une longue réflexion sur la valeur de leur qualité de vie et de leur âge avancé. Enfin, oui, Mme Latraverse, l’Alzheimer est une horrible maladie et qu’il ne suffit pas de « bien s’occuper de nos aînés en perte d’autonomie » pour pallier les souffrances horribles auxquelles sont soumises les personnes atteintes de l’Alzheimer.

https://www.journaldequebec.com/2023/01/07/place-a-lannee-du-suicide-assiste

vigile.quebec tribune libre 8 janvier 2023

Les potins d’Harry

9 janvier 2023

Rien ne va plus dans la famille royale. À quelques jours de la sortie le 10 janvier des mémoires d’Harry, un livre de plus de 500 pages intitulé « Le Suppléant », des extraits sont étalés dans les médias sur la rupture entre William et Harry. Selon ces extraits du livre rendus publics, le duc de Sussex témoigne, entre autres, de sa frustration à grandir en tant que « suppléant » quand son frère, « l’héritier », est préparé depuis toujours à devenir roi.

Harry semble désormais résolu à rétablir sa «vérité». Et, dans cette foulée, il a décidé de faire fi de la série-documentaire de six heures diffusée sur Netflix en décembre, selon laquelle lui et Meghan règlent leurs comptes avec les médias et la famille royale. Néanmoins, le duc de Sussex assure pourtant vouloir «renouer» avec son frère et son père. Estimant que la balle est désormais dans leur camp, il n’exclut pas de participer au couronnement de Charles III en mai. Encore faudra-t-il qu’il soit invité…

Or, aux cours des derniers jours, des fuites relatives au livre de Harry et qui ne révèlent que des potins anodins auxquels les Britanniques semblent prendre un malin plaisir ont coulé dans les médias. On y apprend, entre autres, que Harry reconnaît avoir consommé de la cocaïne, qu’il a perdu sa virginité avec une femme plus âgée dans un champ à l’arrière d’un pub fréquenté, que William et Kate l’auraient incité à porter un costume nazi lors d’une soirée costumée, que son frère William et lui ont supplié leur père, le roi Charles III, de ne pas épouser Camilla Parker Bowles, en 2005, après la mort de leur mère Diana, que Harry a tué 25 talibans lors de sa mission pour l’armée en Afghanistan alors qu’il était pilote d’hélicoptère, qu’il a été violemment projeté au sol par son frère lors d’une dispute en 2019 au cours de laquelle William aurait traité Meghan Markle de femme « difficile » et « impolie ».

Quoi qu’il en soit, il semble bien que nous devrons attendre la sortie du livre pour y découvrir les véritables tenants et aboutissants de la vie tourmentée du « suppléant ». En attendant, nous devrons nous contenter des potins d’Harry…

vigile.quebec tribune libre 8 janvier 2023
Le Soleil (version numérique) 9 janvier 2023

Pour une école où l’enseignant retrouve ses lettres de noblesse

5 janvier 2023

Réaction au texte de Robert Poupart et Jean Gadbois publié dans Le Devoir du 31 décembre 2022 sous le titre "Alerte à la complaisance organisée et à la négligence scolaire" dans la rubrique "Idées".

En lisant attentivement ce texte d'opinion, je n'ai pu que constater la pertinence des "lacunes" relevées par les auteurs eu égard à notre système d'éducation réformé, faut-il le rappeler, au début des années 2000. À ce moment-là, le Québec, via son ministère de l’Éducation, entreprend de mettre de l’avant une réforme en profondeur, donc à donner une autre forme à l’acte pédagogique. Devant certaines réticences provenant particulièrement du milieu de l’enseignement, les réformateurs brandissent la sempiternelle résistance au changement, tuant ainsi dans l’œuf toute possibilité de contestation. Dorénavant, prétendent ces réformateurs "visionnaires", l’apprenant sera le maître d’œuvre de sa formation, appuyé en cela par un professeur dont le rôle principal sera de guider l’élève vers les sources de la connaissance.

Comme l'écrivent fort à propos les auteurs, "Un courant issu des nouvelles pédagogies, le socioconstructivisme, prive les élèves d’importants savoirs de base pourtant nécessaires à leur apprentissage. Cette "démarche stratégique d’enseignement au primaire et au secondaire (DSEPS)", adoptée en accord avec le programme du ministère de l’Éducation, « ne repose pas sur la transmission de connaissances (notions), mais sur l’aide à l’apprentissage". En réalité, cette approche consacre sans vergogne le rôle d'animateur de l'enseignant.

Comme le disait Alain Finkielkraut dans son livre intitulé L’ingratitude; conversation sur notre temps, publié en 1999 chez Québec Amérique, "Instruire, c’était introduire l’élève à ce qui le dépasse. On raisonne aujourd’hui "comme si le moi avait assisté à la création du monde. Rien ne dépasse, chacun est sujet, c’est-à-dire roi. Et l’actuelle exigence de mettre l’enfant au centre du système éducatif, comme si autrefois on y mettait des lampadaires ou des pots de fleurs, vise, en réalité, à remplacer l’obligation faite à l’élève d’écouter le professeur par l’ordre d’écouter les jeunes intimé aux animateurs du primaire et du secondaire".

En conclusion, quelles que soient les stratégies d’apprentissage proposées, elles devront d’abord viser une meilleure communication des connaissances auprès des élèves, soit les "apprenants". En conséquence, j'endosse sans réserve la démarche des auteurs auprès du Potecteur du citoyen du Québec pour que les enseignants retrouvent leurs lettres de noblesse et contribue ainsi au développement des capacités intellectuelles des jeunes du Québec.

vigile.quebec tribune libre 5 janvier 2023
 

Honte au magazine « Rolling Stone »

4 janvier 2023

Céline Dion, la chanteuse ayant cumulé vingt-sept albums au compteur vendus à plus de deux cents millions d’exemplaires, récipiendaire de sept Grammy Awards, ne figure pas dans le classement du magazine américain « Rolling Stone » des 200 plus grands chanteurs et chanteuses de tous les temps.

En écartant sans vergogne Céline Dion de ce palmarès sélect, le magazine « Rolling Stone » a commis un impair inadmissible, voire éhonté. Aux yeux de l’équipe de « Rolling Stone », l’originalité, l’influence, la profondeur du catalogue et l’étendue de l’héritage musical sont les facteurs qui ont permis d’établir ce classement. Or, il semble que la « diva » ne réponde pas à ces critères. Tout à fait scandaleux!

Et pourtant, dans les années 1990, elle atteint une célébrité planétaire, produisant notamment deux albums qui figurent parmi les plus vendus de l’histoire de l’industrie musicale, « Falling into you » en1996 et « Let’s talk about love » en1997, écoulés chacun à plus de 30 millions d'exemplaires à travers le monde. Elle enregistre plusieurs grands succès internationaux qui culminent notamment « My heart will go on », chanson du film Titanic en 1997.

En 2003, la Fédération internationale de l’Industrie phonographique l'honore pour la vente de plus de 50 millions d'albums en Europe. Lors des World Music Awards de 2007, elle reçoit le Legend Award en reconnaissance de son « succès mondial et pour sa contribution exceptionnelle à l'industrie de la musique ». Dans cette foulée, elle est récipiendaire du Billboard Icon Award lors des Billboard Music Awards en 2016 afin de récompenser l'ensemble de sa carrière.

Céline Dion fait partie des icônes internationales depuis des décennies. L’« étendue de son héritage musical » est incommensurable. En toute conscience professionnelle et en toute justice envers la diva, l’équipe de « Rolling Stone » doit réparer cet impair et intégrer Céline Dion tout au moins dans les dix meilleurs chanteurs et chanteuses de tous les temps, à défaut de quoi le magazine sera gravement entaché dans sa crédibilité.

Le Soleil (version numérique) 4 janvier 2023
Le Devoir 5 janvier 2023
 

À quoi s’attendre du gouvernement en 2023?

4 janvier 2023

Il est de coutume, particulièrement dans le monde journalistique, d’y aller sur ses prédictions en politique québécoise pour la nouvelle année. Loin d’avoir l’expertise des journalistes de la scène politique, je me suis dit qu’il serait peut-être intéressant qu’un simple citoyen du Québec jette sur papier quelques questions d’intérêt public dont les réponses demeurent pour l’instant inconnues.

D’entrée de jeu, il sera intéressant de surveiller comment va se comporter le premier ministre François Legault devant les partis d’opposition avec une majorité aussi confortable. Aura-t-il tendance à pousser sur l’accélérateur pour faire adopter les projets de loi proposés par la CAQ, ou aura-t-il le minimum de décence pour prêter une oreille attentive aux questions de l’opposition? Dans cette foulée, quelle sera l’attitude du premier ministre devant les trois députés du Parti québécois?

Sur le plan de l’Éducation, quelle sera l’approche du ministre Bernard Drainville, lui qui est réputé pour être parfois bourru et cassant? Quelle sera son approche avec les syndicats à l’aube d’une négociation? Arrivera-t-il à répondre aux besoins des enseignants concernant le manque de personnel spécialisé pour venir en aide enfin à un personnel enseignant à bout de souffle?

Du côté de la Santé, nonobstant les efforts louables du ministre Christian Dubé, parviendra-t-il à offrir à chacun des Québécois un médecin de famille? Réussira-t-il à combler la pénurie de main d’oeuvre, notamment chez les infirmières et les préposés aux soins? Assisterons-nous enfin à la disparition du temps supplémentaire obligatoire (TSO) qui conduit implacablement à des quarts de travail inhumains?

En environnement, le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoît Charrette, cessera-t-il sa valse-hésitation eu égard aux 89 entreprises du Québec qui peuvent déroger à la loi sur l’environnement et qui continuent de polluer les citoyens des municipalités se situant près du périmètre de ces pollueurs?

Quoi qu’il en soit, François Legault devra sortir sa baguette de direction s’il souhaite créer l’unité dans son orchestre formée d’une coalition de musiciens provenant d’orchestres différents!

vigile.quebec tribune libre 3 janvier 2023
Le Devoiir 4 janvier 2023 
 

 

Je me souviens…

30 décembre 2022

La période des Fêtes fait toujours surgir en moi une triste mélancolie du « bon vieux temps » pendant lequel les traditions contribuaient à donner un sens à nos rencontres familiales.

Je me souviens de la soirée du 24 décembre qui était dédiée à la décoration de l’arbre de Noël, enguirlandé de courants lumineux, une boule à la fois, un glaçon à la fois, pour finalement nous asseoir et contempler notre chef-d’oeuvre, l’arbre scintillant.

Je me souviens que mon grand-père venait me réveiller après que les adultes soient revenus de la Messe de minuit. Quelques années plus tard, quand j’ai atteint l’âge d’aller à la Messe de minuit, je me souviens de la douce mélodie des chants grégoriens entonnés par les Soeurs du Saint-Sacrement.

Je me souviens de la joie de mon père lorsqu’il remettait les cadeaux à chacun des enfants un à un, et que nous attendions tous que le récipiendaire le déballe avant que mon père continue la distribution qui se terminait toujours par un cadeau spécial de mon père à ma mère.

Je me souviens des réveillons copieux qui garnissaient la table de victuailles traditionnelles, la dinde, le ragoût de boulettes, les pommes de terre pilées, la tourtière, le maïs en crème, les atocas et finalement la délicieuse recette de farce de ma mère, Enfin, la traditionnelle bûche de Noël faisait son apparition sur la table au grand plaisir de toute la joyeuse tablée.

Je me souviens avec émotion de la traditionnelle bénédiction paternelle où le « chef de famille » bénissait solennellement sa femme et ses enfants pour la nouvelle année. Et, comme à chaque année, je me souviens que ma mère laissait tomber quelques larmes.

Je me souviens des soirées du Jour de l’An en compagnie des oncles, des tantes, des cousins et cousines lors desquelles nous dansions les rigodons traditionnels. Je me souviens que, plus tard dans la soirée, nous nous rendions dans la famille de ma mère où mon oncle Paul nous chantait des chansons à répondre et mon oncle Félix, mon parrain, nous égayait avec sa musique à bouche en claquant des pieds.

Je me souviens du 6 janvier, la soirée des Rois mages, en présence de mon oncle Gérard, un frère de ma mère venu spécialement de Montréal avec ma tante Françoise pour clore la période des fêtes avec nous. Je me souviens de la galette des Rois qui couronnaient comme roi et reine de la soirée ceux qui avaient eu la chance de découvrir le pois et la fève dans leur morceau de galette.

Aujourd’hui, les traditions sont malheureusement disparues avec les souvenirs, et les nouvelles générations ne pourront plus bénéficier de cet extraordinaire privilège de…se souvenir de ces traditions familiales!

vigile.quebec tribune libre 30 décembre 2022

Jackson ou l’instinct de survie

30 décembre 2022

Il s’appelle Jackson et il a trois ans. Quand j’ai vu dans un média la photo de ce petit garçon courant autour d’un sapin de Noël, le grand sourire aux lèvres, avec sa prothèse au pied, j’ai été ébahi, et je me suis dit qu’il fallait absolument que j’écrive un mot sur son histoire invraisemblable.

Celia Rodrigues, la mère de Jackson, a d’abord pensé qu’il souffrait d’un vilain rhume, et elle est repartie d’une clinique médicale avec un remède contre la toux. Son état s’est cependant dégradé rapidement.

Jackson ne mangeait plus, il avait une toux grasse et peinait à respirer. Rapidement, une visite à l’urgence s’imposait. Déjà, dans la voiture, son fils est devenu léthargique. Incapable de se tenir debout à leur arrivée à l’hôpital, Jackson a tout de suite été pris en charge. Il a été mis sous intubation. Les médecins croyaient alors qu’en alimentant ses poumons en oxygène, en plus d’antibiotiques, son état s’améliorerait. Mais rien à faire, le corps de Jackson le lâchait. Un essaim de médecins et d’infirmières bourdonnait désormais à son chevet. Jackson avait développé le syndrome de choc toxique, à la suite d’une infection au staphylocoque doré.

Et la famille n’était pas au bout de ses peines. Dans les jours suivant son hospitalisation, son corps parvenait difficilement à faire circuler l’oxygène et le sang jusqu’aux extrémités, si bien que les orteils de Jackson prenaient une inquiétante couleur noire. Après 56 nuits aux soins intensifs, Jackson a enfin pu rentrer à la maison, où un autre défi l’attendait. Il devait réapprendre à marcher, cette fois avec une prothèse, à la suite de l’amputation de son pied droit.

Aujourd’hui, Jackson est un petit garçon enjoué qui se déplace avec sa prothèse comme si rien ne s’était passé. Il peut marcher et courir, et pour lui c’est la chose la plus importante. De toute évidence, l’enfant demeurera toujours le héros le plus authentique.

Le Devoir 30 décembre 2022