Un gazouillis compromettant

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le gazouillis de François Legault à l’effet que « le catholicisme a aussi engendré chez nous une culture de la solidarité qui nous distingue à l’échelle continentale » a suscité une levée de boucliers autant sur les médias sociaux qu’auprès de la classe politique. Or, cinq heures après sa publication, confondu à une kyrielle de critiques, le premier ministre a senti le besoin de s’expliquer en répliquant qu’« il faut distinguer la laïcité et notre patrimoine», une justification qui n’a pas eu l’heur de satisfaire la soif des critiques.

De son côté, un employé du cabinet du premier ministre, Martin Plante, a pris la défense de M. Legault en tweetant que « la laïcité n’implique aucunement l’obligation de renier notre patrimoine, ni un devoir d’effacer notre héritage religieux. On peut en être fiers, tout en défendant la laïcité de l’État ».

Pour sa part, fidèle à son sens de la pondération, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a plutôt appelé les internautes à «profiter du beau temps en famille» tout en alléguant qu’« il y a plusieurs choses à dire sur l’héritage du catholicisme au Québec, mais je vous soumets qu’une discussion sur Twitter ne nous avancera pas à grand chose ».

Enfin, en ce qui me concerne, François Legault joue un jeu dangereux quand il condamne la prière dans les écoles musulmanes arguant que cette pratique va à l’encontre de la laïcité (ce avec quoi je suis entièrement en accord), alors qu’il contourne la référence à la laïcité en associant le catholicisme à notre patrimoine. En ce sens, le gazouillis de François Legault est pour le moins malhabile, voire compromettant, et tombe dans le piège du deux poids deux mesures.

Le Devoir 13 avril 2023
vigile.quebec tribune libre 13 avril 2023

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