Porte ouverte à des anglophones unilingues

19 décembre 2020

Après avoir joué au Père Noël avec le Collège Dawson et l’Université McGill, le premier ministre François Legault s’apprête maintenant à recevoir des immigrants anglophones unilingues dans le cadre d’un projet-pilote visant les «travailleurs des secteurs de l’intelligence artificielle, des technologies de l’information et des effets visuels», permettant de la sorte à quelque 275 personnes d’obtenir leur statut d’immigrant permanent sans même pouvoir tenir une conversation soutenue en français.

Or, le fait de détenir une connaissance approfondie de la langue française est pourtant, habituellement, un prérequis indispensable pour immigrer au Québec. À titre d’exemple, dans le cadre du Programme de l’expérience québécoise (PEQ), réservé aux travailleurs et étudiants étrangers déjà au Québec, un niveau minimal de français est notamment exigé.

En cette période où la défense du français est devenue un objectif prioritaire au Québec, notamment dans la Métropole où l’anglicisation s’infiltre lentement mais surement, une telle porte ouverte aux immigrants unilingues anglophones m’apparaît inappropriée, voire incongrue.

Il est de notoriété publique que François Legault recherche de hauts salariés pour rehausser le volet ’économique du Québec, et le domaine de l’intelligence artificielle où les salaires sont élevés est tout désigné. Toutefois, il ne faudrait surtout pas qu’un tel accroc à la connaissance du français vienne amplifier davantage l’anglicisation de l’île de Montréal… Vivement, M. Legault, un changement de cap sur cette ouverture dangereusement permissive!

vigile.quebec tribune libre 18 décembre 2020

Notre système judiciaire est-il malade?

19 décembre 2020

Les jours se suivent et se ressemblent dans l’appareil judiciaire du Québec par les temps qui courent. À preuve l’acquittement de l’ancien producteur et animateur Éric Salvail durant la même semaine que celui de Gilbert Rozon.

Et, dans les deux cas, les juges n’ont pas cru les témoignages des accusés mais un doute raisonnable dans ceux des plaignants a contribué à faire pencher la balance du côté des accusés. En termes clairs, deux procès qui nous laissent pantois non seulement sur la crédibilité des plaignants et des accusés mais aussi et surtout sur les lacunes de notre système judiciaire. J’en ai pour preuve la conclusion de deux procès qui aboutissent à des acquittements en droit, mais à des versions mises en doute par les deux juges en réalité.

Mais dans quelle sorte de système judiciaire vivons-nous?  Pourquoi les avocats de la couronne et de la défense n’arrivent-ils pas à convaincre le juge de la véracité du témoignage de leur client? Pourquoi le mensonge vient-il se substituer à la vérité alors que les plaignants et les accusés ont pourtant juré de « dire toute la vérité »?

Enfin, notre système de justice est-il malade? À la limite, la notion de doute raisonnable ne contribue-t-elle pas à rendre presque impossible la condamnation de l’accusé? Ce sont là, à mon sens, des questions auxquelles des réponses doivent être apportées de la part des juristes pour la plus grande crédibilité de notre système judiciaire.

quebechebdo tribune libre 19 décembre 2020
vigile.quebec tribune tribune libre 19 décembre 2020

Agressions sexuelles et violence conjugale faites aux femmes

19 décembre 2020

Le jour même où Gilbert Rozon était acquitté des accusations de viol et d’attentat à la pudeur qui pesaient contre lui, le député péquiste Harold LeBel était accusé d’agression sexuelle et, par le fruit du hasard, le Comité d'experts sur l'accompagnement des victimes d'agressions sexuelles et de violence conjugale déposait son rapport Rebâtir la confiance.

Le mouvement #MoiAussi 

Sans l’ombre d’un doute, le mouvement #Moi Aussi [#MeToo] a contribué grandement au déferlement de dénonciations d’agressions sexuelles de la part de femmes victimes de ces comportements inacceptables dans une société dite civilisée.

Toutefois, ces dénonciations courageuses de la part des victimes ont-elles été entendues du côté des instances judiciaires ? En termes clairs, les victimes ont-elles obtenu plus souvent gain de cause contre les accusés du fait qu’elles les ont dénoncés ? Poser la question, c’est y répondre.

L’affaire Rozon

Dans cette affaire, la juge Mélanie Hébert faisait face à deux versions nettement contradictoires de la part de la plaignante Annick Charette et de l’accusé. Face à ces versions contradictoires et après analyse minutieuse de toute la preuve, la juge n’a pas estimé «hors de tout doute raisonnable» que Rozon avait commis un crime, si bien que ce dernier a été acquitté en vertu du principe de la présomption d’innocence. Même si la juge n’a pas cru le témoignage de l’accusé, elle a estimé que celui-ci soulevait tout de même un doute raisonnable, ce qui entraîne un acquittement, la magistrate prenant bien soin de préciser que ce verdict ne signifie pas pour autant que les gestes reprochés ne se sont pas produits.

En termes clairs, on ne saura jamais qui des deux, la plaignante ou l’accusé, dit la vérité. On peut même pousser notre raisonnement plus à fond, la version de la plaignante est peut-être la version officielle mais l’accusé est acquitté. Une justice pour le moins contestable, voire aberrante. Avec des balises aussi contradictoires, ce n’est pas pour demain la veille que les femmes vont obtenir justice en cour.

Rapport du Comité d'experts sur l'accompagnement des victimes d'agressions sexuelles et de violence conjugale

Ce rapport, qui contient 15 chapitres et 190 recommandations, ouvrent peut-être la voie à une meilleure préparation des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale au moment de se présenter en cour. 

Parmi ces recommandations figurent l’instauration d’un tribunal spécialisé en matière d'agressions sexuelles et de violence conjugale, une instance qui devrait bénéficier d’une écoute attentive des doléances des victimes.

Les membres du comité « estiment que la vision intégrée qu'il présente a le potentiel de changer de manière profonde et durable la relation qu'entretiennent les victimes d'agressions sexuelles et de violence conjugale avec notre système judiciaire. »

vigile.quebec tribune libre libre 16 décembre 2020

Le gouvernement doit-il imposer la vaccination?

15 décembre 2020

D’entrée de jeu, le gouvernement, en vertu de l’article 123 de la Loi sur la santé publique, a le pouvoir d’imposer la vaccination pour une partie ciblée ou pour toute la population. Cela étant, le gouvernement doit-il imposer la vaccination? Quoique nous n’en soyons qu’au tout début de la période de vaccination, la question, tôt ou tard, devra se poser.

À mon avis, si le gouvernement décide d’emprunter la voie de l’imposition du vaccin, il devra s’attendre à être confronté à des groupes ou des individus qui invoqueront la Charte québécoise des droits et libertés, auquel cas, la cause pourrait se retrouver ultimement en Cour suprême du Canada.

Par ailleurs, si nous supposons a priori qu’une majorité de la population prendra la décision d’être vaccinée, le gouvernement, dans ces circonstances, retirerait-il quelque avantage à imposer la vaccination à une minorité de personnes qui refuseraient la vaccination pour quelque raison que ce soit.

À cet effet, il m’apparaît tout à fait normal que certaines personnes ressentent un sentiment d’inquiétude face à un nouveau vaccin dont les effets secondaires à long terme sont pour l’instant inconnus, et qu’elles préfèrent attendre un certain temps avant d’être vaccinées.

Quoi qu’il en soit, je suis d’avis que la santé publique devra faire preuve de transparence sur les effets secondaires du vaccin, une attitude qui, selon moi, devrait permettre aux personnes perplexes de prendre une décision éclairée.

quebechebdo tribune libre 15 décembre 2020
Le Devoir 17 décembre 2020
vigile.net tribune libre 27 décembre 2020

Fitzgibbon sauvé par la cloche?

14 décembre 2020

Décidément, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, semble avoir le don de se placer en conflit d’intérêt dans l’exercice de ses fonctions. C’est du moins le constat de la commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale qui vient de lui attribuer un deuxième blâme en deux mois.

François Legault aura beau invoquer « qu'il n'est absolument rien arrivé entre l'entreprise [Immerversion] puis le gouvernement », la commissaire à l’éthique persiste et signe, cette entreprise détient des liens avec l’État, ce qui place le ministre en conflit d’intérêt.

À mon sens, il m’apparaît clair que M. Fitzgibbom éprouve des difficultés à couper les liens avec le monde des affaires dans lequel il a baigné pendant des années dans une vie antérieure. Il existe tout un monde entre la vie publique et celle du monde des affaires et ça, le ministre, de toute évidence, ne l’a pas encore franchi.

Quoi qu’il en soit, Pierre Fitzgibbon doit être soulagé de voir arriver la fin de la session parlementaire qui contribuera à laisser tomber la poussière d’ici le retour en Chambre. Sera-t-il sauvé par la cloche? Une histoire à suivre…

vigile.quebec tribune libre 14 décembre 2020

Où était Simon Jolin-Barrette?

14 décembre 2020


Le projet de loi 66 concernant l’accélération de certains projets d’infrastructure visant à donner le feu vert rapidement à 181 projets d’infrastructure à travers le Québec en accélérant les processus d’évaluations environnementales et d’expropriation a été adopté en soirée le 10 décembre.


Or parmi ces projets figurent les projets d'agrandissement du Collège Dawson et de l'Université McGill, deux établissements d'enseignement supérieur anglophones. Conséquemment, le projet de loi n’a pas obtenu l’appui du Parti Québécois qui « s’opposera toujours à l’anglicisation planifiée du Québec », a fait valoir le député péquiste de Jonquière Sylvain Gaudreault.


En passant, je me demande où était le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, au moment où la langue française au Québec, son supposé cheval de bataille, se faisait passer un sapin juste avant les « réjouissances » du temps des Fêtes!

vigile.quebec tribune libre 14 décembre 2020

Le coup de Jarnac d’Arruda envers Legault

14 décembre 2020

Comme si ce n’était pas assez frustrant que les restaurateurs aient eu à subir un deuxième confinement à compter du 28 septembre, la déclaration du directeur national de santé publique, le docteur Horacio Arruda, lors de sa rencontre avec les députés de l’opposition, selon laquelle il n’a jamais recommandé la fermeture des restaurants a jeté de l’huile sur le feu chez les restaurateurs.

Le chat est sorti du sac lorsque le chef parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, pressa le Dr Arruda de lui donner des recommandations de la Santé publique ignorés par le gouvernement Legault. Un véritable coup de Jarnac d’Arruda envers Legault. Inutile de vous dire que l’opposition s’est jetée sur sa proie avec voracité le lendemain à la période de questions.

Honnêtement, j’éprouve un certain malaise en ce qui a trait à la décision de fermer les salles à manger des restaurants, compte tenu que toutes les mesures de sécurité y sont respectées et qu’aucune éclosion de la COVID-19 ne s’est manifestée dans les restaurants depuis le début de la pandémie. Et, de surcroît, les restaurants génèrent des revenus pour l’État, un critère cher à notre premier ministre.

Jusqu’à maintenant, les restaurants auront été fermés la moitié de l’année en 2020, ce qui représente 5 à 6 milliards de ventes disparues en fumée. Selon une étude menée par l’Association Restaurants Canada, plus de la moitié des restaurants sont à risque de fermer au cours des six prochains mois. Huit restaurants sur dix perdent de l’argent ou survivent à peine. Et 65 % d’entre eux fonctionnent à perte, tandis que 19 % ne font qu’atteindre le seuil de rentabilité.

Et toute cette infortune pendant que les Costco et les Wall Mart de ce monde sont demeurés ouverts depuis le début de la pandémie… Mystère et boule de gomme!

vigile,net tribune libre 14 décembre 2020

Vivement le bâillon, monsieur Trudeau!

14 décembre 2020

Le débat sur l’aide médicale à mourir au Québec a probablement été l’exercice de consultation le plus civilisé jamais entendu entre les murs de l’Assemblée nationale, et tout cela, avec l’accord de la majorité de la population québécoise.

Initialement accessible qu’aux personnes dont la mort naturelle est raisonnablement prévisible, un jugement de la Cour supérieure rendu en 2019 accorde aussi l’accès à l’aide médicale à mourir aux personnes éprouvant des souffrances physiques ou psychologiques intolérables. La juge Christine Baudouin, de la Cour supérieure du Québec, a donné à Ottawa jusqu’au 18 décembre pour modifier sa loi en conséquence.

Or, pour le Parti conservateur du Canada, par la voix de son chef Erin O’Toole, « le projet de loi C-7, en retirant la notion de mort raisonnablement prévisible, ne porte pas sur l’aide à mourir, mais sur l’aide au suicide…et ouvre la porte à un régime étatique en matière de suicide ».

Le délai du 18 décembre fixé par la juge Beaudoin approche à grands pas. Ou Justin Trudeau demande une extension du délai en exigeant que la Chambre des communes siège une semaine de plus avant Noël pour boucler le débat, ou il impose le bâillon.

À mon avis, les conservateurs ont eu tout le temps nécessaire pour s’exprimer sur le sujet. Une extension du délai au-delà du 18 décembre ne ferait que bloquer indument les travaux de la Chambre… Dans ces circonstances, monsieur Trudeau, vivement le bâillon!

vigile.quebec tribune libre 9 décembre 2020

Claude Castonguay, un homme d’état au service des Québécois

13 décembre 2020

Selon Wikipédia, « le qualificatif  « homme d’état » peut avoir un aspect mélioratif, et viser à souligner la capacité du personnage d'État à s'élever au-dessus des divisions partisanes pour rechercher le seul bien commun. » Tel m’apparaît avoir incarné le personnage de Claude Castonguay au cours de sa courte carrière politique de trois ans, soit de 1970 à 1973.

Trois années au cours desquelles il aura réussi à mener à terme l’imposant défi de mettre sur pied l’Assurance-maladie pour tous les Québécois de même que la Régie des rentes du Québec et la Caisse de dépôt. Un exploit titanesque guidé par une ténacité sans borne et une conviction sans limite envers ses principes d’équité pour tous les citoyens québécois.

Claude Castonguay était aussi un homme droit et honnête qui n’hésitait jamais à dire le fond de sa pensée au risque de choquer certains membres du caucus libéral, voire le premier ministre, et cela, dans un profond respect des personnes.

Celui qui passera à l’histoire comme le « père » de l’assurance-maladie au Québec demeurera, dans la conscience collective des Québécois, un grand homme d’état qui a consacré ses trois années de carrière politique au service des Québécois.

Monsieur Castonguay, au nom de tous les Québécois, je tiens à vous remercier sincèrement pour l’ardeur indéfectible et la fidélité inlassable que vous avez manifestées pendant votre court mais fertile passage sur la scène politique québécoise… Un grand merci à vous pour votre détermination et votre courage!

quebechebdo tribune ibre 13 décembre 2020

Louis Garneau: « Ne jamais abandonner…! »

13 décembre 2020

J’ai d’abord connu Louis Garneau sur les bancs d’école comme enseignant en français en troisième secondaire où il m’est arrivé fréquemment de le prendre sur le fait en train d’esquisser des dessins dans ses notes de français. Ce n’est donc pas d’hier que Louis dispose d’une propension naturelle aux arts. C’est d’ailleurs lui qui crée tous les designs des vêtements signés de la griffe de Louis Garneau.

Au moment de prendre ma retraite en 2003, comme j’avais toujours éprouvé une passion pour l’écriture, il m’est venu à l’idée d’offrir à Louis d’écrire sa biographie. Après quelques semaines de réflexion, arguant d’abord qu’il se trouvait trop jeune pour publier sa biographie, il finit par accepter.

Puis le marathon prit son élan. Rencontres après rencontres, Louis en vint peu à peu à s’ouvrir de plus en plus sur les émotions à travers desquelles il a dû passer tout au long de son parcours, parfois houleux, mais souvent emballant. Toutefois, tout au cours de ses péripéties, un mot revenait souvent dans nos conversations, à savoir le mot « détermination ». Le titre de sa biographie émergeait de lui-même : Ne jamais abandonner…!

Puis, les années ont passé, toutes plus enivrantes les unes que les autres. Les anecdotes vécues au cours de sa carrière prirent vie d’autant plus que nous avions décidé d’écrire la biographie à la première personne, une tournure stylistique qui conféra encore plus de vécu au récit. En 2009, la biographie était finalement lancée.

En ce qui a trait à l’entreprise, les affaires ont fonctionné à vitesse grand V jusqu’en mars dernier, où Louis Garneau Sport a dû se placer sous la protection de la Loi sur les faillites et l’insolvabilité, avec une dette de 32 millions $.

Toutefois, qu’à cela ne tienne, malgré la pente extrêmement ardue à laquelle l’homme d’affaires était confronté, son désir de renaître en tant qu’entreprise québécoise de renom a contribué à sauver son entreprise grâce à un montage financier de 25 millions $, de nouveaux investisseurs se joignant à lui.   

À la quatrième de couverture de sa biographie, je termine avec ces mots : « Toute la vie de Louis Garneau s’est déroulée en une séquence ininterrompue d’événements qui l’ont prédestiné à devenir l’homme d’aujourd’hui, condamné à ne jamais abandonner. » C’est donc sans grande surprise si aujourd’hui Louis Garneau renaît parmi les grands entrepreneurs québécois. L’homme d’affaires qu’est Louis Garneau est ainsi constitué que chaque événement de sa vie, heureux ou malheureux, représente une pierre d’assise nouvelle qui contribue, à sa manière, à l’érection des murs de l’édifice.

vigile.quebec tribune libre 10 décembre 2020
Le journal Métro 12 décembre 2020 "Louis Garneau renaît"
Le Journal de Québec 13 décembre 2020