L’après-libération des otages

17 octobre 2025

La libération des otages constituait certes une phase cruciale du plan de paix du président américain. En revanche, le plan Trump prévoit notamment dans une phase ultérieure le désarmement du Hamas et son exclusion de la gouvernance du territoire dont le groupe terroriste a pris le pouvoir en 2007. Or le Hamas ne s’est pas prononcé sur sa démilitarisation et exige de plus un retrait total israélien du territoire palestinien, alors que l’armée israélienne garde pour le moment encore le contrôle de 53 % de la bande de Gaza. Et de surcroît, deux étapes névralgiques demeurent et elles s’annoncent particulièrement complexes, soit la reconstruction de Gaza et la mise en place de fondations solides pour une paix durable fondée sur la reconnaissance d’une solution à deux États, la Palestine et Israël.

En somme, il y a loin de la coupe aux lèvres. Primo, désarmer le Hamas, un groupe terroriste qui s’est solidement implanté dans la bande de Gaza depuis 18 ans, serait le dépouiller de son ADN, soit de protéger l’acquisition de son territoire par les armes. Secundo, pour l’instant, Israël n’a démontré aucune intention de quitter entièrement le territoire de Gaza. Et tertio, la reconnaissance de Gaza comme un État par Netanyahou semble bien loin de ses priorités.

Pour l’instant, Gaza gît sous les vestiges d’une guerre dévastatrice et sanguinaire qui a laissé derrière elle un décor apocalyptique. Sa reconstruction nécessitera des centaines de milliards de dollars de la part de ses alliés, notamment de l’Union européenne, des États-Unis et fort probablement du Canada. Un défi pharaonique dans un contexte économique mondial chancelant et précaire causé par la guerre tarifaire de Trump.

Dans un contexte aussi fragile, seul l’influence de Donald Trump pourrait arriver à désamorcer définitivement le conflit entre le Hamas et Israël, et à mobiliser l’aide internationale nécessaire à la reconstruction de Gaza. Enfin, je suis plutôt d’avis que les États-Unis devront utiliser les armes pour assurer la démilitarisation du Hamas, ce qui, le cas échéant, attisera à coup sûr un brasier encore chaud.

vigile.quebec tribune libre 16 octobre 2025
Le Devoir 18 octobre 2025

Qui est María Corina Machado?

14 octobre 2025

Source :  Wikipédia

Née à Caracas le 7 octobre 1967, María Corina Machado est l’aînée d’une famille de quatre enfants. Son père, Henrique Machado Zuloaga, est un homme d’affaires, héritier d’une famille ayant fondé la compagnie d’électricité Electricidad de Caracas. Sa mère, Corina Parisca, est psychologue. María Corina Machado fréquente une école catholique d'élite pour filles à Caracas et un pensionnat à Wellesley, dans le Massachusetts.

Diplômée de l'université catholique Andres-Bello en ingénierie et d'un master en finance de l'Institut d’études supérieures d’administration, María Corina Machado commence sa carrière au sein de l'entreprise familiale avant de travailler avec sa mère dans un foyer pour enfants abandonnés.

 Carrière politique

Elle devient militante politique en 2002, en contribuant à la création d'un groupe de défense des droits des électeurs, Sumate, qui mène au coup d’État de 2002 – tentative avortée de destituer le président Hugo Chavez. María Corina Machado est présente au palais présidentiel lors de l'investiture du « président par intérim », Pedro Carmona, à la suite du coup d'État. Elle est signataire du « décret Carmona », qui dissout l'Assemblée nationale et destitue les responsables politiques élus.

En 2004, elle réunit trois millions de signatures demandant le départ d'Hugo Chávez, ce qui lui vaut une interdiction de sortie du territoire. En 2005, elle est accusée avec d'autres représentants de l'association Súmate de trahison pour avoir reçu des fonds de la part du National Endowment for Democracy, une organisation américaine promouvant la démocratie libérale. Ces fonds (31 150 dollars américains) étaient destinés à favoriser la destitution du président Hugo Chavez lors du référendum de 2004. Des menaces de mort sont proférées à l'encontre de sa famille, aussi envoie-t-elle ses enfants encore très jeunes chez sa mère qui vit aux États-Unis.

En février 2010, elle quitte son poste à Súmate et annonce sa candidature à l'Assemblée nationale du Venezuela. Elle est élue députée en 2010 dans la deuxième circonscription de l'État de Miranda. Le 13 janvier 2012, à l'Assemblée nationale et en direct à la télévision nationale, María Corina Machado lance une Rendición contre Chávez et le traite directement de voleur, affirmant que « exproprier, c’est voler ». Lors des primaires de l’opposition de 2012, elle remporte 3,81 % des voix contre 64,33 % pour son adversaire Henrique Capriles. En 2012, son suppléant se retire de la Table de l’unité démocratique, coalition de partis d'opposition à Chávez, déplorant l'autoritarisme qui prévaut dans son fonctionnement interne et sa « déconnexion sociale ».

En mars 2014, elle est destituée de son mandat pour avoir figuré dans la délégation d'un autre État, le Panama, devant l'Organisation des États américains, ce qui était interdit par la constitution vénézuélienne aux élus parlementaires. Elle est interdite d'entrée à l'Assemblée nationale le 1er avril 2014, ses partisans sont dispersés par les autorités à coups de bombes lacrymogènes tandis que sa destitution est confirmée par la Cour suprême : pour elle, cela constitue « une preuve qu'il y a une dictature au Venezuela, c'est un coup brutal porté à la Constitution ».

Elle lance en 2014, avec Leopoldo Lopez, le mouvement « La Salida » pour promouvoir des manifestations contre le gouvernement de Nicolas Maduro, successeur d'Hugo Chávez, dont elle ne reconnaît pas l'élection.

Elle milite pour le boycott de l'élection présidentielle vénézuélienne de 2018, estimant que la participation aux élections tendait à légitimer un pouvoir autoritaire, et qualifie de « répugnante et indigne » la démarche de conciliation du candidat de l'opposition Henri Falcon. À partir de 2019, elle soutient activement Juan Guaido pour son accession à la présidence du Venezuela.

Le 22 octobre 2023, elle remporte avec 93,13 % des voix, les primaires organisées par l'opposition en vue de l'élection présidentielle de 2024, renforçant par ce vote sa notoriété. Cependant, le contrôleur général de la République, organe de surveillance des comptes publics, avait interdit en juin 2023 à Machado d’exercer toute fonction publique jusqu'en 2030, l'accusant de fraude fiscale et de soutenir les sanctions économiques imposées par les Etats-Unis au Venezuela. Le 27 janvier 2024, le Tribunal suprême de justice interdit sa candidature et la rend inéligible. Le 24 mars 2024, Maria Corina Machado annonce qu’elle est représentée par Corina Yoris à la présidentielle du 28 juillet, mais celle-ci est également interdite de se présenter. Finalement, Edmundo Gonzales Urrutia représente la Plateforme unitaire à cette élection, Maria Corina Machado lui apporte son soutien. Dans un sondage de l’institut Datincorp, réalisé en avril 2024, il obtient 50 % des intentions de vote, contre 18 % pour l'actuel président Nicolas Maduro. Menacée dans son pays, Maria Corina Machado décide toutefois d'y rester mais d'y vivre dans une semi-clandestinité, habitant un lieu tenu secret tout en continuant ses tournées dans le pays pour propager son message contre le pouvoir.

Le Conseil de l’Europe lui décerne le 30 septembre 2024 le prix Vaclav-Havel récompensant des défenseurs des droits de l’homme. Le 24 octobre 2024, le prix Sakarov pour la liberté de l’esprit lui est attribué par le Parlement européen, en même temps qu'à Edmundo Gonzales Urrutia, « pour leur lutte courageuse en faveur du rétablissement de la liberté et de la démocratie au Venezuela ».

María Corina Machado reçoit le prix Nobel de la paix le 10 octobre 2025, pour ses efforts « en faveur d’une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie ». Elle dédie ce prix à Donald Trump, le président américain, pour « son soutien décisif ». La Maison-Blanche a pour sa part affirmé dans un communiqué que le comité du Nobel de paix avait fait passer la « politique avant la paix » en attribuant la récompense à Maria Corina Machado plutôt qu’à Donald Trump, qui convoitait ouvertement ce prix. Le choix a en revanche été applaudi par nombre de chefs d’État, qui saluent le courage de la lauréate et voient dans cette distinction « un coup dur pour Nicolas Maduro ». Au Venezuela, sur les réseaux sociaux, les défenseurs du président ont attaqué le prix Nobel, « instrument de l’impérialisme occidental », tandis que les opposants sont divisés sur ce choix.

 Idéologie et prises de position

Elle se définit comme « centriste » lors des primaires de 2023 de l'opposition vénézuélienne, mais son programme économique libéral et son projet de privatiser la compagnie pétrolière PDVSA la situe sur l'aile droite de l’opposition selon Le Monde.

Tenante d'une ligne dure face au gouvernement vénézuélien, elle soutient les sanctions économiques prises par Washington contre le pays et plaide pour une intervention de l’armée américaine pour renverser le président Nicolás Maduro, ce que critiquent d'autres dirigeants de l'opposition. Selon un sondage de Datanalisis réalisé en 2025, seuls 3 % des Vénézuéliens soutiennent une éventuelle intervention militaire des États-Unis.

Elle apporte son soutien à Ivan Duque lors de l'élection présidentielle colombienne de 2018, que celui-ci remporte. Elle est intervenue à ses côtés lors de meetings de campagne, affirmant que l'élection du candidat de gauche, Gustavo Petro, ferait prendre à la Colombie le même chemin que le Venezuela et Cuba.

Elle est signataire de la charte de Madrid lancée en 2020 par le parti espagnol Vox afin de rassembler la droite radicale d'Espagne et d’Amérique latine contre le « narco-communisme, la gauche et le crime organisé ».

Elle félicite Javier Milei pour sa victoire à la présidentielle argentine de novembre 2023, la qualifiant de triomphe de la lutte pour le « changement » et la « liberté » en Amérique latine.

Elle soutient l'annexion par le Venezuela de l'Essequibo, une région du Guyana, mais pas par la force militaire. Elle accuse l'ancien président vénézuélien Hugo Chávez d'avoir « abandonné de manière irresponsable la récupération active de l'Essequibo pour des raisons purement politiques ».

Elle soutient le « droit d’Israël à se défendre » lors de la guerre de Gaza (2023-2025) et affirme que le terrorisme doit être vaincu quel qu'en soit le prix. Elle a des liens étroits avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, tandis que son parti, Vente Venezuela, a signé en 2020 un accord d'association avec le Likoud.

Prix et distinctions

  • 2018 : listée parmi les 100 Women par la BBC.

  • 2024 : prix Vaclav Havel.

  • 2024 : prix Sakharov avec Edmundo Gonzales Urrutial.

  • 2025 : Prix Nobel de la paix.

 

On n’arrête pas le progrès!

14 octobre 2025

« On n’arrête pas le progrès! », répond-on dans le monde technologique en lien avec l’explosion intrusive de l’intelligence artificielle (IA) dans l’univers de l’éducation. À une époque où le développement du sens de l’effort s’éclipse pernicieusement devant les avancées de la technologie, l’IA se substitue implacablement à l’effort, notamment dans les travaux écrits des élèves et étudiants du secondaire à l’université où des professeurs constatent que les devoirs faits à la maison sont d’une qualité exceptionnelle alors que ceux réalisés en classe n’ont jamais été aussi truffés d’erreurs linguistiques élémentaires.

Et pendant ce temps-là, que donne-t-on comme réponse à l’apprenant qui demande ce que ça donne d’étudier comme un forcené si une machine donne toutes les réponses par ailleurs?   « Demander à l’IA, c’est facile, le faire soi-même, c’est difficile. Or, on ne s’améliore pas, on n’acquiert pas de vraies compétences, on ne grandit pas intellectuellement, on n’éprouve aucune fierté si on prend toujours la voie facile. Je n’ai pas de meilleure réponse », argue le philosophe Luc Ferry dans un article paru dans le Figaro.

Signe des temps, envoûté par les merveilles nées de l’IA, l’être humain est en train d’oublier que la création de l’IA est le fruit du cerveau humain si bien que les « machines’ » se substituent sans coup férir à l’effort génératif des capacités innombrables de l’intelligence humaine. Dans ces circonstances, de l’école secondaire jusqu’à l’université, les productions écrites tenant lieu d’évaluations sommatives devraient être réalisées en classe à l’abri de toute forme d’interventions de l’IA.

Au concours belge d’admission dans les facultés de médecine, le taux de succès est passé de 18,9% l’an dernier à 47% cette année. Non, les questions n’étaient pas plus faciles qu’en 2024. L’examen se faisait… en ligne. Face à des situations aussi déplorables, voire anti-productives, force est de constater que le temps est venu de mettre sur pause le « progrès » généré par l’IA, et de redonner au cerveau humain toutes ses capacités d’analyse et de synthèse à défaut de quoi le cerveau humain empruntera le chemin de la facilité au détriment de l’effort inhérent au sain épanouissement de tout être humain.

Il faut rendre à César…

12 octobre 2025

À partir du moment où la première étape du plan de paix de Donald Trump a été signée par les représentants d’Israël et du Hamas, les espoirs d’une paix durable sont maintenant permis entre les deux parties. De ce fait, selon les termes de l’entente, Gaza deviendra une zone déradicalisée, exempte de terrorisme et ne représentant aucune menace pour ses voisins, la guerre prendra fin immédiatement, l'armée israélienne cessera toutes ses opérations et se retirera progressivement de la bande de Gaza, dans les 48 heures après qu’Israël accepte publiquement l’accord, tous les otages vivants et décédés seront rendus à leur famille et l'aide humanitaire entrera dans la bande de Gaza à un rythme de 600 camions d'aide par jour.

« Cela signifie que tous les otages seront très bientôt libérés et qu’Israël retirera ses troupes jusqu’à une ligne convenue, ce qui constituera les premières étapes vers une paix forte, durable et éternelle », s’est réjoui Donald Trump sur son réseau social Truth. De toute évidence, malgré toutes les tergiversations tarifaires auxquelles nous a habitués le président au cours des derniers mois, force est de constater qu’il faut rendre à César ce qui appartient à César. Le processus de paix au Moyen-Orient est clairement entamé.

Toutefois un grand absent se cache dans le plan de paix de Donald Trump, à savoir le mutisme complet sur la reconnaissance d’un État palestinien, un sujet d’une extrême délicatesse qui aurait pu mettre un frein à l’entente s’il en avait fait partie.

Benjamin Netanyahou avait juré qu’il se rendrait au bout du conflit entre Israël et le Hamas en réduisant le groupe terroriste à son anéantissement. Nonobstant la signature de la première phase du projet d’entente de Trump, Israël et le Hamas demeurent deux ennemis jurés. Dans un tel climat de tension, que nous réserve l’avenir? Difficile à prévoir mais un fait demeure, le climat explosif entre les deux belligérants n’a besoin que d’une simple étincelle pour exploser à nouveau…

vigile.quebec tribune libre 12 octobre 2025

 


 

Projet de constitution, un effort louable mais…

12 octobre 2025

Telle que générée par l’IA, « une Constitution est l'ensemble des principes et des lois fondamentales qui organisent un État, définissent les institutions (pouvoirs législatif, exécutif, judiciaire), garantissent les droits et libertés des citoyens, et régissent les relations entre les pouvoirs publics et la population. C'est la loi suprême d'un pays, placée au sommet de la hiérarchie juridique, et elle établit les règles du jeu pour la gouvernance et la vie en société ».

Or le Québec n’ayant pas le statut juridique d’un État, une Constitution québécoise n’aurait aucun statut juridique à l’intérieur de la fédération dont il est partie prenante. Et de surcroît, même si le Québec s’est abstenu de poser sa signature lors du rapatriement de la Constitution de 1982, une Constitution québécoise serait sans réel pouvoir juridique pour les raisons mentionnées plus haut.

Toutefois le projet de Constitution du Québec présenté par le ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette, a le mérite de rassembler dans une même loi les principales lois existantes, notamment sur la laïcité, l’égalité hommes-femmes, la protection du français, etc. Toutefois son « mérite » s’arrête là, une Constitution devant être soumise à la consultation populaire et non pas aux desiderata d’un parti politique.

En conséquence, une véritable Constitution québécoise ne verra le jour que lorsque que le Québec fera partie du conseil des nations et, de facto, lorsqu’il acquerra le statut de pays. En attendant, François Legault pourra toujours palabrer sur la « journée historique » du 9 octobre 2025 dans les annales politiques du Québec, ce n’est pas avec ce projet-bidon qu’il passera à l’histoire… tel qu’il le souhaite.  

Le Soleil (version numérique) 12 octobre 2025
vigile.quebec tribune libre 12 octobre 2025

Battre le fer pendant qu’il est chaud

11 octobre 2025

La rencontre tant attendue entre Mark Carney et Donald Trump dans le mythique Bureau ovale abondamment enjolivé de dorures pour l’occasion s’est déroulée somme toute dans un climat détendu, voire amical, à plusieurs reprises au cours de l’entretien, le président américain encensant le premier ministre canadien « Je peux vous dire ceci, parce que je traite avec de nombreux dirigeants dans le monde entier : c'est un leader de classe mondiale. C'est un homme qui sait ce qu'il veut et je ne suis pas surpris qu'il ait gagné les élections et qu'il les ait gagnées de manière substantielle », a lancé Donald Trump en tout début de point de presse. De toute évidence, le président s’était levé du bon pied en ce matin du 7 octobre, multipliant les plaisanteries avec un Mark Carney tout sourire.

En revanche, la belle ambiance n’a pas empêché M. Trump de maintenir que les deux pays, bien qu’amis, sont en réalité deux boxeurs dans un ring qui se livrent une concurrence féroce. « Nous voulons que le Canada se porte bien, mais vous savez, arrive un moment où nous voulons aussi les mêmes business. Nous sommes en concurrence pour les mêmes business. Il est là le problème », argue le président. Or en situation de « conflit commercial normal », il est très peu plausible qu’un règlement gagnant-gagnant mette fin au conflit.

Dans cette foulée, aux dires de Richard Ouellet, professeur de droit international économique à la Faculté de Droit de l’Université Laval, « Donald Trump a employé un vocabulaire qui, je pense, pour l'avenir, peut nous inquiéter un petit peu. Il a dit que le Canada et les États-Unis avaient un amour mutuel, mais un conflit naturel, et qu'on était en compétition. Ça, c'est un discours qui n'est pas très pro libre-échange. Bien qu'aujourd'hui le ton était convivial, je trouve que ce n’est pas annonciateur de bonnes nouvelles pour l'an prochain, quand on va renégocier l'accord ».

À mon sens, le plus grand défi auquel doit faire face Mark Carney réside dans l’imprévisibilité systémique du président. De ce fait, dans l’hypothèse où cette rencontre s’est déroulée dans un contexte respectueux des deux chefs d’État, je suis d’avis que le premier ministre profite de ce climat d’ouverture du président Trump pour garder un contact régulier avec lui et intensifier les accords sectoriels, quitte à reporter les discussions sur l'Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) en 2026 tel que prévu. Somme toute, Mark Carney aurait avantage à battre le fer pendant qu’il est chaud…selon toute apparence!

vigile.quebec tribune libre 9 octobre 2025

Les syndicats au banc des accusés

8 octobre 2025

Le droit du gouvernement de s'ingérer dans les cotisations syndicales est une question complexe. Généralement, le gouvernement ne peut pas dicter l'utilisation des cotisations, mais il peut légiférer pour encadrer leur montant ou leur versement. À ce chapitre, le ministre du Travail, Jean Boulet, ouvre la voie à la possibilité de rendre facultative la partie des cotisations servant à des activités politiques dans un projet de loi pour «moderniser le régime syndical», une avenue qui suscite la colère des organisations de travailleurs qui crient à l’ingérence.

De son côté, le ministre prétend avoir l’appui des syndiqués pour « faire le ménage dans la gestion interne des syndicats ». Or à la question d’un journaliste lui demandant s’il avait l’appui des syndiqués dans sa démarche en point de presse, il a répondu que « les abus qui ont été documentés par les médias ont soulevé une colère publique. […] On n’a pas mesuré le niveau d’appui des syndiqués ». Et d’ajouter le ministre, « On ne fait pas ça contre les syndicats, on fait ça pour les syndiqués », a-t-il plaidé, en évoquant ce qui constitue selon lui des excès et des abus de certaines organisations syndicales. Dans cette foulée, le gouvernement annonce ses velléités de rendre une partie des cotisations syndicales facultatives, notamment lorsque les organisations syndicales veulent s’en servir pour contester une loi, par exemple, ou pour des fins autres que défendre directement les droits des travailleurs.

En revanche, la présentation des états financiers aux membres lors de l'Assemblée générale annuelle est une obligation statutaire et un élément essentiel de la transparence et de la démocratie syndicale, assurant que les membres soient informés de la gestion financière de leurs commettants. Par ailleurs, les dirigeants des Centrales syndicales devraient, selon moi, être contraints de convoquer leurs membres en Assemblée générale spéciale dans les cas où le sujet n’est pas relié directement aux conditions de travail des travailleurs. En résumé, l’Assemblée générale est souveraine et, à ce titre, elle a le pouvoir, en tout temps, de présenter une motion de blâme, voire de non-confiance envers l’exécutif syndical et cela, sans l’ingérence du ministre du Travail dans les affaires courantes des syndicats.

vigile.quebec tribune libre 4 octobre 2025

Les grands oubliés du discours inaugural

2 octobre 2025

En pleine campagne électorale municipale, les candidats à la mairie, notamment le maire sortant de Québec Bruno Marchand, dans un long message publié sur Facebook, auraient bien souhaité que le discours inaugural du premier ministre François Legault aborde les épineux dossiers sur la pénurie de logements à prix abordables et la prolifération alarmante du phénomène de l’itinérance, qui ressortent pourtant comme des priorités aux yeux des citoyens comme l’a confirmé un récent sondage Léger publié la semaine dernière qui ont littéralement passé sous le radar.

En revanche, François Legault nous a servi un copier-coller de son allocution ayant suivi l’assermentation de son nouveau cabinet récemment en prenant bien soin d’y ajouter un soupçon d’élan théâtral dans le but d’exprimer toute sa détermination à réaliser ses quatre priorités, à savoir l’identité, la sécurité, l’économie et l’efficacité au sujet desquelles, soit dit en passant, aucun moyen concret n’a été mentionné pour les pallier.

Bien sûr les conditions de vie de monsieur et madame Tout-le-Monde suscitent moins d’éclat que les bras de fer entre les dirigeants syndicaux et le ministre du Travail relié à l’utilisation « excessive » des cotisations syndicales ou entre les fédérations de médecins et le ministre de la Santé sur l’instauration de critères de performance. Et pourtant, selon l'Enquête québécoise sur la santé de la population, environ 0,8 % des personnes de 50 ans et plus avaient vécu une situation d'itinérance au cours des 5 dernières années ce qui correspond à environ 28 400 personnes en 2025.

Rocky est acculé dans les câbles. Aussi doit-il tenter de se sortir de cette situation précaire en faisant preuve de stratégie s’il désire poursuivre le combat. Et, pour y parvenir, il a choisi de faire appel à son expérience de « boxeur aguerri », soit de répondre par la contre-attaque en revenant aux moyens de prédilection de ses premiers combats dans l’arène de la politique. Or depuis 2018, les stratégies ont évolué, la finesse a pris une grande place dans les arènes pugilistique et politique. En revanche, force est d’admettre que François Legault n’a pas évolué à ce chapitre, privilégiant avec acharnement la force brutale et l’affrontement au détriment de la sensibilité.

vigile.quebec tribune libre 2 octobre 2025

Rocky acculé dans les câbles

30 septembre 2025

C’est sur la chanson « Eye of the tiger » que François Legault a été accueilli comme un héros à son entrée au congrès national de la CAQ par des militants littéralement gonflés à bloc. Dans la foulée du légendaire Rocky, le chef de la CAQ a lancé d’entrée de jeu qu’un vrai boxeur est capable d’encaisser les coups mais aussi de continuer le combat. Or François Legault est acculé dans les câbles par un adversaire redoutable, une partie de ses propres militants. Le défi est pharaonique. Rocky réussira-t-il à se sortir de cette impasse ou sera-t-il mis KO? La suite au prochain épisode…

vigile.quebec tribune libre 30 septembre 2025

Retour à l’ADN de la CAQ

30 septembre 2025

Nonobstant l’appui majoritaire du caucus envers François Legault, des militants se lèvent pour manifester leur désaveu envers leur chef. C’est dans un tel climat que le chef de la CAQ lance une offensive en règle visant le retour à droite de l’ADN de son parti dans le sillon des objectifs qui lui a valu son ascension au pouvoir en 2018, notamment un régime minceur dans l’appareil de l’État et la restauration de la loi et l’ordre au sein de la société québécoise. De toute évidence, François Legault joue son va-tout, un récent sondage cantonnant la CAQ au quatrième rang des intentons de vote des Québécois derrière le Parti conservateur d’Éric Duhaime (PCQ) à 11% des intentions de vote.

La stratégie du retour en arrière de François Legault peut-elle le faire remonter dans la faveur populaire? Qu’en est-il des dossiers criants en Éducation et en Santé, les grands oubliés de M. Legault à l’occasion de son allocution lors de l’assermentation de son cabinet? Jusqu’où ira le ministre du Travail Jean Boulet dans son projet de réforme du syndicalisme qui suscite déjà un tollé de contestations de la part des dirigeants syndicaux? Les effets collatéraux catastrophiques de la montée vertigineuse de l’extrême droite chez nos voisins du Sud ne devrait-elle pas déclencher une sonnette d’alarme aux oreilles du premier ministre?

Les temps ont changé depuis huit ans, M. Legaulut, on ne refait pas le passé. Le bras de fer actuel entre le gouvernement et les fédérations des médecins, les perspectives d’avenir houleuses entre le ministre du Travail et les syndicats, le mécontentement généralisé en Santé et en Éducation, l’échec financier catastrophique de votre gouvernement dans les dossiers Northvolt et SAAQclic, les sempiternelles tergiversations à l‘égard du troisième lien Québec/Lévis font inéluctablement partie des accidents de parcours ressentis aujourd’hui par les Québécois. Dans un tel contexte, votre intention de reconquérir la confiance de l’électorat tient, à mon avis, de l’utopie. De ce fait, je suis d’avis que la seule solution raisonnable serait de quitter la scène politique québécoise immédiatement avant que vos militants vous l’imposent sans coup férir.

vigile.quebec tribune libre 30 septembre 2025