Du projet de loi 106

10 mai 2025

D’entrée de jeu, je n’ai pas l’intention dans ce billet d’analyser tous les méandres du bras de fer entre le gouvernement et les fédérations de médecins omnipraticiens et spécialistes à l’égard du projet de loi 106 destiné à changer le mode de rémunération des médecins en vue d’améliorer leur performance. Par ailleurs, j’aimerais m’attarder sur deux aspects du projet de loi du ministre de la Santé, Christian Dubé, l’un circonstanciel, l’autre factuel.

Primo, le gouvernement Legault et la Fédération des omnipraticiens du Québec (FMOQ) sont en négociation depuis août 2024. Dans ces circonstances, comment se fait-il que le ministre n’a pas présenté le projet de loi 106 avant le début des négociation de façon à ce qu’il fasse partie intégrante des dites négociations? En le déposant maintenant, le projet de loi 106 ne vient-il pas court-circuiter les négociations en cours et donner l’impression d’un projet de loi spéciale?

Secundo, le projet de loi 106 définit la tâche des médecins sur des critères de performance, à savoir le nombre de prises en charge de patients par les médecins. De ce fait, un médecin qui, pour des raisons de tout ordre, décide de diminuer sa tâche à trois jours par semaine se verra amputer d’une partie de son salaire. Or dans ce scénario, un médecin en fin de carrière ayant opté pour un temps partiel en processus de cheminement à sa pré-retraite devra assumer une baisse de salaire. Dans ces circonstances, le médecin concerné pourra décider de devancer sa retraite et de ce fait, laisser orphelins les patients dont il avait la charge.

En terminant, une question me turlupine les méninges. Pourquoi François Legault qui a déclaré aux journalistes dans le corridor le conduisant au Salon bleu que cela faisait 23 ans qu’il attendait ce moment-là n’a-t-il rien fait au cours de ses sept dernières années au pouvoir?

vigile.quebec tribune libre 10 mai 2025

Carney en pleine contradiction

9 mai 2025

Au cours de sa rencontre avec le président Trump, le premier ministre du Canada, Mark Carney, s’est érigé en ardent défenseur de la souveraineté du Canada en insistant sur la prémisse à l’effet que le Canada n’était pas à vendre, répliquant ainsi aux velléités répétées ad nauseam d’annexion du Canada en tant que 51e État américain de la part du grand Orange.

Or le même Mark Carney, ex-gouverneur de la banque centrale d’Angleterre où il a vécu quelques années, a décidé d’inviter le roi Charles III, roi du Canada selon la Constitution canadienne, pour faire la lecture du prochain discours du Trône au Sénat.

Autrement dit, aux yeux de Mark Carney, il n’y a aucune contradiction à prôner d’un côté la souveraineté du Canada et de l’autre sa dépendance en invitant le monarque et Chef d’État, le roi du Royaume-Uni dans lequel fait partie le Canada, pour procéder à l’ouverture officielle de la session parlementaire à Ottawa. Cherchez l’erreur…

vigile.quebec tribune libre 8 mai 2025

 

Interdiction du cellulaire à l’école: menace de grève chez les élèves

9 mai 2025

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la mesure imposée par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, à l’effet d’interdire le cellulaire à l’école à compter de septembre 2025, a eu l’heur de susciter la grogne d’un bon nombre d’élèves du secondaire. Dans cette foulée, de nombreuses vidéos ont fait leur apparition sur la plateforme TikTok pour inviter les élèves du secondaire du Québec à manifester leur mécontentement le 9 mai en s’absentant délibérément des cours. Dans une vidéo partagée sur un compte appelé «Québécois» sur ce même réseau social, un jeune du secondaire invite les élèves à faire la grève en soulignant que «des problèmes beaucoup plus graves devraient être abordés» par le gouvernement du Québec. Par ailleurs, plusieurs jeunes ont déjà confirmé qu’ils n’iraient pas à l’école ce vendredi 9 mai, alors que d’autres disent que cette grève est exagérée.

Or quoique la menace de grève ne fasse pas l’unanimité, force est d’admettre que la mesure décrétée par le ministre soulève l’ire d’un bon nombre des élèves du secondaire du Québec. À mon avis, bien que je sois d’accord avec l’interdiction du cellulaire à l’école, notamment dans le but de favoriser la socialisation des élèves entre eux, je suis persuadé que Bernard Drainville erre lamentablement à l’égard du moyen utilisé pour atteindre un objectif aussi criant, à savoir l’imposition unilatérale d’une mesure allant carrément à l’encontre d’une société emportée contre vents et marées par la technologie moderne.

C’est bien connu, les ados ont horreur de toute forme de réglementation qui « brime leur liberté », à plus forte raison lorsque la directive est imposée par un règlement issu de fonctionnaires juchés en haut d’une tour. A contrario, l’ado montrera une oreille plus attentive aux changements « proposés » dans la mesure où il fait partie intégrante de la discussion en lien avec la réglementation sur la table.

En somme, la saga engendrée par l’interdiction du cellulaire à l’école émane avant tout de la « forme », à savoir l’imposition unilatérale d’une telle mesure derrière un cercle fermé de penseurs. Or, sur le « fond », je demeure convaincu qu’une telle mesure aurait reçu l’aval d’une majorité d’élèves dans l’hypothèse où ces derniers auraient participé concrètement à la discussion. C’est une simple question de « civilité » envers ceux et celles qui sont directement touchés par une mesure qui vient changer drastiquement leurs habitudes au quotidien.

vigile.quebec tribune libre 8 mai 2025

Carney passe le premier test face à Trump

7 mai 2025

Les attentes étaient élevées de la part de Mark Carney à l’égard de sa rencontre avec Donald Trump au sujet de la reprise des négociations sur le libre échange entre le Canada et les États-Unis, le premier ministre s’étant engagé de facto à n’accepter aucune allusion sur l’annexion du Canada aux USA à titre de 51e État. Dans cette foulée, faut-il le rappeler, Mark Carney a passé l’essentiel de sa campagne à plaider qu’il était la meilleure personne pour gérer cette négociation tout en répétant que le «respect» de la souveraineté canadienne était une «condition» à la rencontre avec le président Trump.

Or dans une entrevue accordée à la journaliste Kristen Welker de NBC News deux jours avant sa rencontre avec Mark Carney, à la question portant sur l’annexion du Canada, le président a alors répété le message qu’il martèle ad nauseam depuis plusieurs mois, à savoir qu’il ne souhaite plus « subventionner le Canada à hauteur de 200 milliards de dollars » tout en prenant soin d’ajouter qu’il trouverait «magnifique» un pays qui intégrerait le Canada aux États-Unis. «Nous n’avons besoin de rien de leur part», a-t-il lancé. «Nous faisons très peu d’affaires avec le Canada alors qu’eux font pratiquement toutes leurs affaires avec nous. Ils ont besoin de nous et nous n’avons pas besoin d’eux.»

La table était mise pour la rencontre au sommet des deux chefs d’État voisins. Sur un ton plutôt cordial, le président américain n’en a pas pour autant manqué de revenir sur ses leitmotivs préférés à savoir l’annexion du Canada et sa ferme intention de ne rien changer sur sa politique tarifaire envers le Canada tout en prenant soin d’ajouter que son gouvernement ne voulait ni des voitures, ni de l’acier, ni de l’aluminium en provenance du Canada. Or avec calme et détermination, le premier ministre répliqua qu’il avait rencontré les « propriétaires » du Canada durant sa campagne électorale et qu’ils étaient unanimes pour confirmer que le Canada n’était pas à vendre tout en citant en exemple un projet immobilier protégé, histoire de ramener Donald Trump sur son ex-terrain de promoteur immobilier.

En somme, je suis d’avis que le match tant attendu entre les deux chefs d’État « alliés » s’est déroulé dans la civilité l’un envers l’autre malgré l’imposant fossé qui les sépare l’un de l’autre sur les tenants et aboutissants de la guerre commerciale des USA contre le Canada. Par ailleurs, il m’apparaît évident que Mark Carney ressort gagnant de son premier affrontement avec Donald Trump si tant est qu’il a défendu avec courage la souveraineté du Canada, un fait historique avéré avec lequel Donald Trump devra dorénavant inévitablement composer.

vigile.quebec tribune libre 7 mai 2025

Dilemme entre Charles III et la souveraineté du Canada

4 mai 2025

Un sondage Léger réalisé en ligne auprès de 1544 adultes en mars 2023 révèle que les Canadiens sont largement indifférents au roi Charles III, et plus de la moitié des répondants pensent que son couronnement sera le bon moment pour que le Canada reconsidère ses liens avec la monarchie, une opinion partagée par 71% des Québécois. Toujours selon ce sondage, seulement 13 % des personnes interrogées ont déclaré ressentir un attachement personnel à la monarchie, contre 81 % qui n’en ont pas.

Or nonobstant le taux d’impopularité imposant de la monarchie au Canada, le nouveau premier ministre et ex-gouverneur de la Banque centrale d’Angleterre annonce que le roi Charles III fera la lecture du discours du Trône au retour du Parlement. « J’ai demandé au roi, à Sa Majesté, et il a accepté : il va venir à l’ouverture du Parlement. C’est une décision qui souligne la souveraineté du Canada, de notre pays. […] C’est notre chef d’État, ultimement », a-t-il plaidé.

Une nouvelle qui a littéralement suscité l’indignation des péquistes et des bloquistes. « La quasi-totalité des Québécois ne veut rien savoir de la monarchie britannique » a écrit Paul St-Pierrre Plamondon sur ses réseaux sociaux. « Mark Carney, pour porter les attributs de la souveraineté canadienne, invite un monarque étranger à inaugurer la législature dont il sera premier ministre. Étrange », a renchéri Yves-François Blanchet par communiqué.

Au cours de la campagne électorale, Mark Carney a multiplié les gaffes entourant le Québec, de sa confusion entre les drames de Poly et de Concordia à son refus de participer au Face-à-face de TVA causant de facto son annulation. Cette fois-ci, malgré la très forte majorité des Québécois en faveur de l’abolition de la couronne britannique au Québec, le premier ministre persiste et signe en invitant cavalièrement « notre chef d’État » à présenter au vu et au su des Québécois le discours du Trône annonçant le retour du Parlement canadien. Encore une fois, une excellente occasion de couper les ponts avec la couronne britannique disparue en fumée… Audace ou arrogance de la part du premier ministre d’un pays dit « souverain »?

vigile.quebec tribune libre 3 mai 2025

Le vouvoiement n’est pas la panacée à l’irrespect (version actualisée)

2 mai 2025

Parmi les mesures avancées par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, pour augmenter le civisme et le respect à l’école, l’imposition du vouvoiement envers le personnel de l’école occupe une place importante aux yeux du ministre qui y voit une marque de respect envers les adultes.

À cet effet, le vouvoiement a toujours été associé à une marque de respect envers la personne à qui on s’adresse, voire la panacée aux problèmes liés au manque de respect de certains élèves envers leurs enseignants, une assertion envers laquelle, par expérience en tant qu’ex-enseignant au secondaire, j’émets certaines réserves.

Le respect ne s’impose pas par des «vous», il se gagne avec le temps, il s’acquiert dans une attitude respectueuse des personnes humaines que nous côtoyons, peu importe leur âge et leur statut. En termes clairs, l’enseignant gagnera le respect de ses élèves pour autant qu’il leur rend la pareille. En revanche, il est utopique de croire qu’un professeur qui exige le vouvoiement gagnera de facto le respect de ses élèves. En bref, si nous fabulons sur l’effet magique du vouvoiement, nous risquons de mettre un cataplasme sur la solution au problème d’irrespect de certains jeunes car force est de constater qu’on peut fort bien manquer de respect envers quelqu’un même en le vouvoyant et, vice versa, le respecter même en le tutoyant.

« Le respect ne tient pas au vouvoiement. Et je ne pense pas que les enseignants ont besoin d’une règle de plus à faire respecter dans leur classe… C’est une idée préconçue, galvaudée, que de penser que le vouvoiement est associé au civisme. C’est une règle de bienséance qui n’est pas garante du respect qu’on accorde à un professeur. On peut tutoyer et être très respectueux » , lance la professeure et chercheuse en didactique à l’UQAM, Mélanie Dumouchel.

« D’une perspective de convention sociale en français, on sait que le vouvoiement est un indicateur de respect et de reconnaissance de l’autorité. Mais les mots ont l’importance qu’on leur accorde», a souligné Alexandra Dupuy, doctorante en sociolinguistique à l’Université de Montréal. Somme toute, si le «vous» envoie un message de politesse, il installe à contrario une distance qui, de surcroît, n’incite pas nécessairement au respect…

(1) https://vigile.quebec/articles/investir-dans-le-lab-ecole-ou-la-restauration-des-ecoles  (deuxième partie)

vigile.quebec tribune libre 2 mai 2025

Déclaration anti-productive de PSPP

2 mai 2025

D’entrée de jeu, depuis son élection à la tête du Parti québécois (PQ), j’ai découvert un politicien qui faisait de la politique autrement en la personne de Paul St-Pierre Plamondon (PSPP), notamment en faisant preuve de transparence et de respect envers ses adversaires. Dans cette foulée, sa relation avec le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, s’est toujours traduite dans l’harmonie et la complicité.

Or au lendemain des résultats des élections fédérales du 28 avril qui ont confirmé que le Bloc avait perdu le tiers de ses circonscriptions, le chef du PQ y est allé d’une déclaration que je qualifierais d’anti-productive en invitant le chef du Bloc, déjà ébranlé par les résultats décevants de la veille, à remettre le cap sur ses « racines indépendantistes » en lançant en point de presse que « La stratégie adoptée par le Bloc, qui valide Mark Carney comme collaborateur, comme quelqu’un qui s’apprête à collaborer avec le Québec, fixait des limites à ce que le Parti québécois pouvait faire dans les circonstances ».

À mon avis, PSPP devra réaliser plus tôt que tard que le Bloc n’est pas une succursale du PQ qui n’existe que pour l’appuyer dans sa stratégie indépendantiste. Comme le dit à raison M. Blanchet, « On n’est pas dans le même Parlement, on est dans le Parlement qui va devoir composer avec cette négociation commerciale avec les États-Unis. Évidemment, ça nous met dans des postures différentes. »

En adoptant une attitude transcendante envers le Bloc, PSPP ne fait qu’ébranler la nécessaire complémentarité qui doit exister entre le PQ et le Bloc notamment en matière d’empiétement du fédéral dans les compétences du Québec ou de défense de la gestion de l’offre si chère aux agriculteurs du Québec.

Alors M. St-Pierre Plamondon, je vous conseille fortement de prendre une grande respiration, de faire preuve de convivialité envers votre frère du fédéral et de remiser illico dans le placard votre attitude condescendante contre-productive particulièrement à l’approche d’une campagne référendaire sur la souveraineté du Québec.

vigile.quebec tribune libre 1er mai 2025

Le paradoxe Jagmeet Singh

30 avril 2025

Parmi les quatre chefs de partis qui s’affrontaient lors de la dernière campagne électorale, nul doute que le chef du NPD, Jagmeet Singh, proposait des mesures visant à répondre aux besoins domestiques de « monsieur et madame tout l’monde ». Or dans un contexte où le thème de l’économie suscité par l’imprévisibilité viscérale du président américain, Donald Trum, Jagmeet Singh a été contraint de jouer dans le mauvais scénario.

De facto, le NPD s’est littéralement effondré ne récoltant que 7 sièges comparativement aux 22 circonscriptions qu’il représentait à la dissolution de la Chambre. En conséquence, non seulement le chef du NPD n’a pas été réélu dans sa propre circonscription, mais le parti a perdu de ce fait son statut de parti officiel.

En termes clairs, la peur liée à l’insécurité économique a eu raison de l’appui indéfectible de Jagmeet Singh envers les besoins essentiels des électeurs tels un logement abordable et l’accès à un panier d’épicerie à leur portée. Un constat qui démontre le paradoxe existentiel du chef du NPD appelé à défendre le citoyen ordinaire dans un monde guidé par sa propension indéfectible à son confort matériel en quête d’un insatiable assouvissement.

vigile.quebec tribune libre 30 avril 2025

Le Bloc sauve la face

30 avril 2025

Pendant toute la durée de la campagne électorale, le Bloc québécois a dû naviguer en eaux troubles, ballotté de toutes parts par le raz-de-marée suscité par les libéraux de Mark Carney. En revanche, après les débats des chefs, Yves-François Blanchet a réussi à calmer la tempête en admettant d’une part la victoire probable des libéraux et, d’autre part, en invitant les militants bloquistes à voter pour le Bloc pour créer une opposition forte au PLC et, de ce fait, défendre adéquatement les intérêts du Québec au sein du gouvernement fédéral. Une stratégie qui a eu l’heur tout au moins de stopper l’hémorragie sans toutefois empêcher la perte de 11 sièges en passant de 33 en 2021 à 22 au dernier scrutin soit le tiers des députés bloquistes. Par ailleurs, il n’eût pas fallu que la campagne se prolonge une ou deux autres semaines, car je suis d’avis que l’ombre de Donald Trump commençait à s’estomper et, par ricochet, que la poussée du Bloc aurait continué à progresser davantage.

Toutefois, en guise de prix de consolation, le Bloc pourrait être appelé à exercer la balance du pouvoir du fait que le parti de Mark Carney pourrait avoir à négocier avec les bloquistes pour faire adopter ses lois et rester au pouvoir parce qu’il lui manquerait une dizaine de sièges pour obtenir une majorité. Un pouvoir qu’Yves-François Blanchet à bien l’intention d’utiliser en faveur du Québec à chaque occasion où la situation se présentera.

Au cours des derniers mois, un bon nombre de personnes ont remis en question la pertinence du Bloc québécois, le qualifiant d’inutile. Or à mon sens, tant et aussi longtemps que les Québécois n’auront pas opté démocratiquement en faveur de la souveraineté du Québec, le Bloc demeure et demeurera toujours le meilleur « chien de garde » pour veiller à leurs intérêts de l’autre côté de l’Outaouais.

vigile.quebec tribune libre 30 avril 2025

Campagne dominée par la peur

30 avril 2025

Aussitôt la démission de Justin Trudeau de son poste de premier ministre du Canada confirmée officiellement, le vent tous azimuts en direction de l’ex-gouverneur des banques centrales d’Angleterre et du Canada s’est levé avant même que Mark Carney soit désigné comme premier ministre. Dès lors, le financier est apparu comme le meilleur candidat pour affronter les sautes d’humeur systémiques de son voisin du Sud. Alors les événements se sont bousculés à vitesse grand V, lancement d’une courte campagne électorale de 36 jours suivie de l’appel aux urnes pour le 28 avril.

Dès le début de la campane, il était évident que le spectre de Donald Trump allait occuper une place centrale dans la campagne. Et parallèlement à la peur envahissante envers le Grand Orange s’est déchaînée une déferlante sans précédent envers le PLC si bien qu’en l’espace de quelques jours les libéraux dirigés par Mark Carney ont réalisé une remontée fulgurante de 22 points et ont littéralement fait basculer en leur faveur les intentions de vote au Canada partant de deuxième dans les sondages loin derrière les conservateurs à une confortable avance en tête, avance qui s’est maintenue sans coup férir jusqu’à la toute fin de la campagne.

L’être humain a tendance à fuir la peur comme la peste et recherche intrinsèquement à s’en prémunir. Il est de facto prêt à beaucoup sacrifier pour y arriver jusqu’à s’exiler, dans le cas présent, de son allégeance politique, un sort fatidique qu’ont dû subir les chefs du Bloc et du NPD en assistant contre leur gré à l’exode d’une grande partie de leurs militants vers le giron libéral.

Or sur le plan financier, pour répondre au climat géo-politique instable créé par les tarifs douaniers de Donald Trump, Mark Carney a prévu dans son cadre financier des « investissements ciblés » de 130 milliards de dollars sur quatre ans, notamment au chapitre de la défense avec près de 19 milliards $ de nouveaux investissements, des mesures qui créent un déficit évalué à 62 milliards de dollars pour l’année 2025-2026, une projection déficitaire dans le sillon creusé par son prédécesseur Justin Trudeau.

Enfin, en élisant un gouvernement minoritaire libéral, le peuple a parlé en choisissant Mark Carney comme le meilleur défenseur de la souveraineté canadienne en pleine guerre économique contre les États-Unis. De toute évidence, la politique de la peur des stratèges libéraux a porté fruit auprès d’une majorité de l’électorat canadien. Reste à voir si « la peur est mauvaise conseillère » comme nous dit le vieil adage…ou si le passé de l’ex-banquier sera garant de l’avenir.

vigile.quebec tribune libre 29 avril 2025