Les participes passés…passés à la moulinette

2 novembre 2019

C’est bien connu, l’être humain en général est plutôt rébarbatif devant les situations compliquées auxquelles il est confronté dans la vie. Et souvent, plutôt que d’y faire face, il aura tendance à les éviter. Une tentation à laquelle ont succombé certains linguistes en proposant de simplifier les règles d’accord des participes passés. 

« Simplifier », tel est le mot passe-partout qui ouvre les portes (souvent closes) des nouvelles règles proposées par quelques didacticiens simplificateurs dont l’intention est d’éliminer les exceptions pour en faciliter l’application… Intention louable?

Et tout ce chambardement grammatical parce que ces règles d’accord sont trop compliquées comme si, dans la vie, l’être humain n’avait pas à faire face à des situations « compliquées ». À mon avis, il est là le véritable nœud du problème. À partir du moment où l’application d’une règle grammaticale devient trop compliquée, on la simplifie tout simplement. Autrement dit, lorsque tu rencontres un problème dans la vie, contourne-le…

C’est ce que j’appelle du nivellement par le bas. Haro sur les difficultés, place à la simplicité!… Braaavo! Et quelle sera la prochaine étape? Écrire au son? Ce serait pourtant tellement moins « compliqué »!

Commentaire (Le Devoir)

Jeannine I. Delorme – Abonnée 4 novembre 2019 14 h 27

Les participants à la guerre contre les participes

Que de mots pour tenter de faire croire qu'il est impossoble d'apprendre à conjuguer les participes passés. Je viens de lire ci-haut que seuls ceux qui font métier de la langue réussissent. Quel mensonge ! Et tout ça au nom de la paresse. Paresse intellectuelle, paresse des parents qui oublient d'inculquer à leurs enfants l'habitude de l'effort, le goût du bien et du bon et enfin le respect de cette langue qui, mieux que bien d'autres parvient à traduire les subtillités, les sensibilités et toutes choses intéressentes à comprendre et à formuler. Mais cela semble encore trop compliqué pour les nouveaux décideurs en éducation et ceux qui abdiquent devant leurs errances. Il en est ainsi pour plusieurs domaines. Prenons celui des ados qui, selon eux ont besoin de sommeil. Donc, retardons le début des classes. Pauvres petits qui veillent jusqu'à pas d'heure avec leur Ipad ou leur téléphone intelligent, qui bourlinguent sur les réseaux sociaux etc. On peut se demander comment notre société se portera plus tard avec ces mollusques comme artisans d'un nouveau monde ! Effaçons les difficultés, les obstacles qui se dressent devant notre bonheur, notre aisance et notre nonchalance. Vive la paresse !

quebechebdo 2 novembre 2019
Le Devoir 4 novembre 2019

Il est où le gros bon sens?

1 novembre 2019

De mon temps, l’âge de la majorité était fixé à 21 ans. Aujourd’hui, les jeunes peuvent se prévaloir de leur droit de vote à 18 ans. Or le gouvernement Legault vient d’adopter la Loi 2 qui interdit la consommation du cannabis aux moins de 21 ans, un recul totalement inapproprié.

Autrement dit, le gouvernement vient d’augmenter de 17 % le nombre de jeunes qui se procureront leur drogue sur le marché noir en faisant passer l’âge légal pour consommer du cannabis de 18 à 21 ans alors que, d’après Statistique Canada, 60 % de la consommation de cannabis se fait encore de manière illégale.

De surcroît, il ne faudrait pas oublier qu’un des objectifs de la légalisation du cannabis était de contrer autant que possible le marché noir. … Il est où le gros bon sens dans la Loi 2 resserrant l’encadrement du cannabis?

vigile.net tribune libre 31 octobre 2019
quebechebdo 3 novembre 2019

 

Un test des valeurs…sans valeur

1 novembre 2019

C’est maintenant officiel, tout ressortissant étranger qui souhaite s’établir au Québec à titre permanent devra être soumis à un test des valeurs québécoises à compter du 1er janvier 2020.

De l’avis du premier ministre Legault, il est normal, quand on s’installe dans une nouvelle société, qu’on connaisse les valeurs de cette société. « Si vous voulez venir vivre au Québec, il faut que vous connaissiez les valeurs au Québec. Faut que vous sachiez qu’au Québec les femmes sont égales aux hommes, que le principe de la laïcité est important, qu’il y a une séparation entre l’État et la religion… » a-t-il soutenu.

L’un des irritants majeurs qui ressort du vécu des immigrants qui viennent s’installer au Québec est la difficulté d’intégration manifeste de plusieurs de ceux-ci eu égard aux valeurs québécoises. Or, via le test des valeurs, l’intention du gouvernement est que les immigrants « connaissent » les valeurs proprement québécoises. Soit!

Toutefois, les immigrants qui réussissent le test vont-ils nécessairement « appliquer » les dites valeurs dans leur quotidien? Autrement dit, la réussite au test des valeurs est-elle de quelque façon un gage de l’intégration des immigrants aux valeurs québécoises? Poser la question, c’est y répondre!

vigile.net tribune libre 31 octobtre 2019
quebechebdo 1er novembre 2019

Enseignement: l’ancienneté remise en question

30 octobre 2019

La pénurie de nouveaux enseignants, particulièrement dans la grande région de Montréal, alliée au fait que 25 % des nouveaux enseignants quittent la profession dans les cinq premières années sur le marché du travail, entrainent une réflexion en profondeur sur les conditions de travail des enseignants alors que s’amorce une nouvelle ronde de négociations dans le secteur public.

Parmi les pistes de solutions proposées dans un document de travail du ministère de l’Éducation pour contrer le décrochage des jeunes enseignants, Québec songe à revoir l’attribution de contrats par ancienneté dans le réseau scolaire afin d’éviter que les nouveaux arrivés se retrouvent avec les groupes d’élèves les plus difficiles.

Une hypothèse bien accueillie de la part des associations qui représentent les directions d’école. Par contre, les syndicats des enseignants s’objectent en rappelant, entre autres, que les règles d’ancienneté ont été mises en place pour éviter que des décisions arbitraires ne surviennent lors de processus d’embauche ou d’affectation.

À mon sens, le débat est porteur d’une saine réflexion. Toutefois, la coutume veut que les tâches attribuées aux enseignants le soient par ordre d’ancienneté, laquelle ancienneté fait partie de la plupart des conventions collectives. Par ailleurs, ce sont les directions d’écoles qui sont responsables de former les groupes d’élèves et d’attribuer les tâches des enseignants, et non pas les syndicats…Devant une telle discordance, je suis d’avis que les directions d’écoles privilégient la solution qui sera la plus efficiente pour offrir aux élèves la meilleure qualité d’enseignement et le meilleur encadrement en classe.

vigile.net tribune libre 29 octobrre 2019

 

Les effets pervers de l’écran sur les enfants

30 octobre 2019

Michel Desmurget, chercheur émérite et docteur français spécialisé en neurosciences cognitives, a récemment publié un ouvrage au titre percutant : La fabrique du crétin digital, les dangers des écrans pour nos enfants aux Éditions du Seuil, dans lequel on apprend que les enfants occidentaux, dès 2 ans, passent près de 3 heures par jour devant un écran, ceux de 8 à 12 ans, 4h 45, et les adolescents de 13 à 18 ans, près de 6h 45.

S’ensuivent, aux dires du chercheur, des conséquences extrêmement néfastes de cette « assiduité numérique » sur la santé (obésité, développement cardio-vasculaire, espérance de vie réduite…), sur le comportement (agressivité, dépression, conduites à risque…) et sur les capacités intellectuelles (langage, concentration, mémorisation…).

Or de la télévision au smartphone, en passant par les jeux vidéo et autres tablettes, la machine publicitaire « met le paquet », allant jusqu’à ignorer délibérément les très nombreuses études qui prouvent la nuisance des écrans, en particulier chez les enfants et les jeunes, premières cibles visées par ce fléau dévastateur. De l’avis de M. Desmurget, « on voudrait fabriquer une génération de crétins qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! »

En conclusion de son ouvrage, Michel Desmurget propose sept « règles d’or » pour éviter les effets pervers de l’écran sur les enfants : pas d’écran du tout (quel qu’il soit) avant six ans ; après six ans, pas plus de trente minutes à une heure par jour; pas d’écran dans la chambre d’un enfant ; pas de contenus inadaptés ; pas le matin avant l’école ; pas le soir avant de dormir ; un seul écran à la fois (pas de tablette à la main pendant que la télé est allumée).

Et enfin, question non négligeable : que dire de toutes ces périodes d’écran qui se font au détriment de la relation parent-enfant qui est déterminante dans l’équilibre et le bien-être d’un enfant?…

vigile.net tribune libre 29 octobre 2019


 

Le cri du coeur de Pierre Lapointe

29 octobre 2019

En 1983, le parolier Luc Plamondon a transformé une séance de remerciements en esclandre alors qu’il est monté sur les planches au gala de l’ADISQ avec Robert Charlebois pour accepter le Félix de la chanson de l’année, décerné à J’t’aime comme un fou. « Les trophées, ça fait plaisir. Mais ce qui ferait encore plus plaisir aux auteurs-compositeurs, ça serait de gagner des droits d’auteur », a-t-il laissé tomber avant de s’adresser aux producteurs dans la salle. « On est la matière première de votre industrie. Votre industrie n’existerait pas s’il n’y avait pas de chansons et d’auteurs-compositeurs derrière », a-t-il rappelé lors de cette intervention enflammée. 

Trente-six ans plus tard, l’histoire se répète, Cette fois-ci, c’est l’auteur-compositeur-interprète Pierre Lapointe qui a profité de sa tribune pour lancer un cri du coeur et un appel à la solidarité en interpellant directement les élus présents dans la salle pour qu’ils forcent les grandes compagnies de communication, notamment les plateformes de diffusion telles Spotify, à payer des impôts au Canada. « La raison de ma petite montée de lait actuelle, c’est qu’on se fait voler depuis plusieurs années par des multinationales qui viennent faire de l’argent au Canada et qui sont, comme par magie, exemptes d’impôt », a lancé Pierre Lapointe.

Une lumière au bout du tunnel…Le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, qui était présent au gala de l’ADISQ, a réagi à la sortie de Pierre Lapointe : « Nos artistes et créateurs méritent d’être payés justement pour leurs œuvres et ils ont raison de se lever pour le réclamer, a déclaré le ministre par courriel. Nous sommes en 2019 et les principales lois qui régissent notre culture et nos communications datent d’avant internet. Cette situation nuit à notre économie, à nos emplois et à notre culture. [..] Tout le monde, et ça inclut les géants du web, va devoir contribuer à la création de contenu d’ici, l’offrir sur ses plateformes et le promouvoir. Fini, les passe-droits ! »… Reste à voir si les actions vont suivre les paroles!

quebechebdo 29 octobre 2019
Le Devoir 30 octobre 2019
Le Soleil 30 octobre 2019

 

Un peu d’humilité, M. Blanchet!

26 octobre 2019

Dans les derniers propos tenus par Yves-François Blanchet eu égard à une campagne « collée » sur les positions de la CAQ sur certains dossiers, notamment celui de la Loi 21, le chef du Bloc québécois souffre d’une frustration à peine voilée concernant la couverture médiatique qui a véhiculé de tels propos.

S’ajoute à cela le fait que François Legault ait décliné l’intention manifestée de M. Blanchet de le rencontrer, le premier ministre arguant qu’il désirait rencontrer d’abord le premier ministre élu du Canada, Justin Trudeau.

C’est donc la ministre des Relations canadiennes, Sonia Lebel, qui a rencontré le chef du Bloc et qui en a ajouté « une couche » en affirmant que les élus du Bloc « ne feront pas le pont entre nous et le gouvernement, on va négocier de gouvernement à gouvernement ». En termes clairs, les troupes d’Yves-François Blanchet ne serviront pas de courroie de transmission entre les gouvernements Legault et Trudeau.

À mon avis, dans toute cette mise au point concernant la procédure qu’entend mettre de l’avant François Legault avec le gouvernement fédéral, je suis d’avis que le chef du Bloc doit retenir que son rôle est d’abord de défendre les intérêts des Québécois à Ottawa… Pour le reste, M. Blanchet, je vous invite à faire preuve d’un peu d’humilité, votre crédibilité ne s’en portera que mieux!

quebechebdo 26 octobre 2019

Trans Mountain et… les énergies propres

25 octobre 2019

Le premier ministre a fait son nid : l’élargissement du pipeline Trans Mountain est non négociable. Quoi qu’il en soit, les travaux sont déjà en cours et la décision d’aller de l’avant a été prise. Toutefois, il y a un hic qui n’est pas minime : le Nouveau Parti démocratique, le Bloc québécois et le Parti vert sont tous trois d’avis que l’expansion de Trans Mountain devrait être abandonnée.

Toutefois, pour dorer la pilule, le gouvernement Trudeau, une fois les travaux d’élargissement terminés, prévoit de tirer du pipeline des revenus de 500 millions $ par année, une somme qui serait investie dans des sources d’énergie propres, notamment dans la plantation de millions d’arbres d’ici dix ans.

Le « mariage forcé » entre Trans Mountain et les énergies propres, probablement tributaire d’une forme de dédommagement envers l’Alberta et la Saskatchewan qui ont complètement balayé les libéraux de leur territoire au dernier scrutin, me paraît un deal risqué, notamment eu égard à la désaffection exprimée fortement par le NPD qui détient la balance du pouvoir de même que par le Bloc et le Parti vert.

Somme toute, Justin Trudeau utilisera les profits engendrés par une source de pollution pour lutter contre cette même pollution… Pour le moins antinomique comme stratégie, non?

quebechebdo 25 octobre 2019
Le Soleil 28 octobre 2019

« J’ai entendu votre message »

23 octobre 2019


« Mes chers Québécois, j’ai entendu votre message ce soir. Vous voulez continuer d’avancer avec nous, mais vous voulez vous assurer que la voix du Québec se porte encore plus à Ottawa… Et je vous donne ma parole: mon équipe et moi serons là pour vous. » Tels sont les mots utilisés par Justin Trudeau lors de son allocution prononcée devant ses partisans après l’annonce de l’élection du PLC.

Or les résultats du dernier scrutin fédéral démontrent clairement que le Québec est divisé entre les libéraux et les bloquistes, d’où la reprise du slogan de la campagne libérale d’une part, et l’assurance que « la voix du Québec se porte encore plus à Ottawa » d’autre part.

Pour ce qui est des Québécois spécifiquement, que faut-il comprendre des mots « j’ai entendu votre message ce soir »? Est-ce à dire que Justin Trudeau est prêt a abandonner toute forme de contestation de la Loi 21 sur la laïcité de l’État québécois? Si tel est le cas, où sont passés les mots « pour l’instant » lorsqu’il excluait le recours aux tribunaux en campagne électorale?

À mon avis, compte tenu que la Loi 21 est déjà devant les tribunaux, Justin Trudeau demeurera discret sur le sujet dans l’espoir que les contestations en cours se rendent jusqu’à la Cour suprême, auquel cas il n’aura d’autre choix que d’accepter si, aux yeux des juges, la loi sur la laïcité est inconstitutionnelle ou non…

vigile.net tribune libre 23 octobre 2019

Le #wexit prend de l’ampleur

23 octobre 2019

De l’avis du premier ministre de l'Alberta, Jason Kenney, la victoire des libéraux aux élections fédérales risque d’attiser le sentiment souverainiste qui gagne peu à peu sa province. Sur Twitter, le mot-clic #wexit s'est hissé parmi les plus populaires dans la province au cours des 24 heures qui ont suivi l’élection de Justin Trudeau.

Non seulement la frustration du premier ministre est-elle palpable, mais celle des Albertains l’est tout autant, le Parti libéral du Canada n’ayant fait élire aucun député en Alberta, les conservateurs ayant obtenu 69,2 % du vote populaire, très loin devant les libéraux à 13,7 %.

Dans une longue lettre de cinq pages adressée à Justin Trudeau décrivant les mesures que devrait prendre le chef libéral pour apaiser l'Alberta, Jason Kenney lui fait part de ses « profondes préoccupations vis-à-vis de l'état de la fédération canadienne et de la place de l'Alberta en son sein ».

Le haut taux de vote pour les conservateurs reflète « la grande frustration ressentie par les Albertains de toutes les régions et origines, par rapport au fait que nous avons contribué énormément au reste de la fédération, mais que notre province et sa principale industrie sont attaquées », écrit Jason Kenney dans sa lettre.

Le torchon brûle entre Mm Kenney et Trudeau. Le #wexit prend de plus en plus d’ampleur. Par ailleurs, le fédéral est toujours propriétaire du projet de pipeline Trans Mountain pour lequel le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau ne peut obtenir l’appui d’aucun tiers parti. D’un autre côté, le premier ministre sortant s’est présenté comme le grand défenseur de la lutte aux changements climatiques en campagne électorale… Une histoire à suivre! 

vigile.net tribune libre 23 octobre 2019
quebechebdo 27 octobre 2019