En souvenir de « Tililly »

23 octobre 2019

Les récits de vie poignants entendus à l’ouverture des audiences de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse démontrent à quel point la mort atroce de « Tillily » (prénom d’origine haïtienne), l’enfant martyre de Granby, ne représente que la pointe de l’iceberg eu égard aux sévices vécus par de jeunes adultes qui ont été placés par la DPJ.

À titre d’exemples, un jeune homme, qui a été placé par la DPJ à l'âge de 7 ans, a affirmé avoir dû changer sept fois de centre de réadaptation. En l'espace de quelques années, à l'adolescence, il a fait 33 fugues. Une femme de 33 ans, brandissant un trousseau de clés, a expliqué qu'un jeune n'entendait que ce seul bruit dans une salle aux murs capitonnés dotée d'une porte sans poignée destinée à l'isoler, parfois pendant des jours.

En septembre dernier, les directeurs de la protection de la jeunesse remettaient leur bilan annuel pour 2018-2019. Les DPJ se sont dit préoccupées par la hausse constante des signalements, qui s’est élevée à 10 % durant la dernière année, à 16 % pour les deux dernières années et à 27 % pour les cinq dernières années. Pour 2018-2019, la DPJ a reçu 105 644 signalements de situations d’enfants, franchissant ainsi la barre des 100 000 signalements pour la première fois de son histoire.

Dans son mot d’ouverture, Régine Laurent, la présidente de la Commission, a déploré qu’il était « désolant d'être obligés d'être ici aujourd'hui… Être ici aujourd'hui, c'est un constat d'échec. » Le sort tragique de la fillette de 7 ans qui est décédée fin avril à Granby a touché le Québec en entier. Les attentes et les défis auxquels font face les membres de la Commission sont gigantesques… Toutefois, ils n’ont pas le droit d’échouer, la qualité de vie de milliers d’enfants, voire leur survie, dépend d’eux!

quebechebdo 23 octobre 2019
 

Le tandem Blanchet/Legault

22 octobre 2019

L’élection de 32 députés du Bloc québécois à Ottawa et la présence d’un gouvernement caquiste majoritaire à Québec laisse présager d’une synergie nationaliste garante de la protection des droits des Québécois et de leurs aspirations légitimes.  

Dorénavant, le nouveau gouvernement fédéral libéral minoritaire n’aura d’autre choix que de tenir compte des voix des bloquistes qui constituent maintenant un poids politique incontournable sur la scène politique fédérale.

L’ascension exceptionnelle du Bloc dans les sondages populaires entre le début de la campagne électorale jusqu’au jour du scrutin témoigne, notamment, d’un appui inconditionnel des Québécois envers la Loi 21 sur la laïcité de l’État, laquelle a occupé une bonne partie des débats des chefs.

S’ajoutent à cela la position du Bloc et de la CAQ sur la lutte aux changements climatiques, particulièrement leur position commune contre la construction d’un oléoduc qui passerait sur le territoire du Québec, et l’appui du Bloc à la nouvelle politique d’immigration du gouvernement Legault.

Enfin, quoique Justin Trudeau ait tenté de discréditer le Bloc en alléguant que sa priorité était de préparer la souveraineté du Québec, Yves-François Blanchet a rétorqué que son mandat était « lié à ce que l’Assemblée nationale véhicule », et que même les militants du Bloc québécois avaient accepté le fait que cela n’incluait pas, pour le moment, l’indépendance du Québec.

quebechebdo 22 octobre 2019
vigiel.net tribune libre 22 octobre 2019
Le Devoir 23 octobre 2019

La transition énergétique

21 octobre 2019

Depuis l’arrivée de la jeune militante suédoise de 16 ans, Greta Thunberg, sur la scène environnementale, on a assisté à une mobilisation sans précédent de millions de personnes partout sur la planète eu égard à la lutte aux changements climatiques.

Récemment, Greta Thunberg s’est rendue en Alberta, le pays de l’or noir, pour participer à une marche contre les changements climatiques qui a regroupé plusieurs milliers de participants. Par ailleurs, sans grande surprise, des contre-manifestants ont voulu eux aussi parler de leurs préoccupations quotidiennes devant cette montée du combat contre l’exploitation des énergies fossiles, notamment du pétrole.

Et comme il fallait s’y attendre, nous avons assisté à un dialogue de sourds, les « bons » étant représentés par les défenseurs du climat, et les « méchants », par des travailleurs dont le gagne-pain est étroitement lié à l’exploitation du pétrole.

Et pourtant, de plus en plus de voix, y compris des scientifiques, parlent de transition énergétique. On apprend même que les compagnies pétrolières ont entamé des recherches qui pourraient, ultimement, réduire à zéro les émissions de gaz à effet de serre d’ici quelques années.

Partant de ce constat, ne serait-il pas pertinent, voire essentiel, que les deux clans cessent de manifester chacun de son côté et s’assoient ensemble pour mettre en place des pistes de solution visant une transition énergétique qui répondrait aux velléités de chacune des parties en cause? 

vigile.net tribune libre 19 octobre 2019

Carles Puidgemont, persona non grata au Canada

18 octobre 2019

Manifestement, l’autorisation de voyage (AVE) de l’ancien président catalan Carles Puigdemont au Canada auprès du ministère de l’Immigration fédérale, suite à l’invitation de la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) à faire une tournée de conférence au Québec pour parler du référendum de 2017 sur l’indépendance de la Catalogne fait l’objet de retards « administratifs » pour le moins douteux, qualifiés de « manœuvres dilatoires » par Me Stéphane Handfield, l’avocat de M. Puigdemont.

En attente depuis plus de cinq mois d’une décision du ministère fédéral de l’Immigration pour sa visite au Québec, l’ancien président de la Catalogne, Carles Puigdemont, lui a fait parvenir une mise en demeure. Dans une lettre signée par son avocat, il somme le ministre de l’Immigration, Ahmed Hussen, et son ministère de lui fournir une réponse d’ici vendredi, sans quoi il entreprendra des recours judiciaires.

« Cette mascarade a assez duré, a dénoncé le président de la SSJB, Maxime Laporte. On considère que cette obstruction, dont fait preuve Ottawa, témoigne d’une complaisance honteuse de la part des autorités canadiennes à l’égard de cet autoritarisme espagnol qui s’exprime plus que jamais ces derniers jours. »

Deux rappels effectués au début et à la fin du mois de septembre sont demeurés sans réponse. « La question que je me pose, c’est est-ce qu’il y a eu ingérence du gouvernement dans ce dossier-là pour retarder de rendre une décision, a demandé Me Handfield. Est-ce que les autorités de Madrid sont intervenues dans ce dossier-là pour faire de la pression pour ne pas que le Canada délivre l’AVE ?

À mon sens, le ministre de l’Immigration a reçu ordre du bureau du premier ministre Justin Trudeau de laisser trainer les choses, tout en espérant que le dossier ne s’essouffle…Il m’apparaît clair que Carles Puigdemont est considéré comme persona non grata et que sa venue au Canada risquerait de nuire aux relations diplomatiques entre Madrid et Ottawa!  

vigile.net tribune libre 17 octobre 2019

Intervention d’Obama dans la campagne électorale canadienne

18 octobre 2019

À quelques jours du scrutin fédéral canadien, le citoyen Barack Obama et ex-président des États-Unis d’Amérique s’est prononcé officiellement en faveur de la candidature de Justin Trudeau à titre de premier ministre du Canada. « Le monde a besoin de son leadership progressiste maintenant et j’espère que nos voisins du nord lui accorderont son appui pour un deuxième mandat. »

Une initiative qui a soulevé des interrogations auprès des divers médias. Était-ce une initiative amicale de l'ex-président américain ou un appel à l'aide de la dernière chance de la part d'un chef libéral dont la campagne est à bout de souffle? 

Selon toute vraisemblance, l’initiative est probablement venue de l’ex-président lui-même, mais il serait peu probable qu’il n’ait pas obtenu au préalable l’assentiment de Justin Trudeau et de son équipe de campagne avant de publier le tweet. Les plus cyniques pourraient même aller jusqu’à prétendre qu’il est possible que ce soit Trudeau lui-même qui ait envoyé un S.O.S. à son ami pour lui donner une bouée de sauvetage de dernière minute lui permettant d’éviter la noyade avant le jour du scrutin. 

Il est quand même étonnant aujourd’hui, alors que toute la classe politique américaine est hypersensible à l’enjeu de l’ingérence étrangère dans les élections, suscité par l’affaire ukrainienne, de voir un des démocrates les plus populaires aux États-Unis intervenir sans scrupule dans une élection étrangère.    

On peut donc se poser bien des questions sur cette incursion en apparence spontanée de Barack Obama dans les derniers milles de la campagne fédérale. S’agit-il d’un simple geste d’appui ou plutôt d’une manœuvre de désespoir de la part des responsables de la campagne du premier ministre sortant qui voient le contrôle de cette campagne leur glisser entre les doigts? On le saura peut-être un jour…

vigile.net tribune libre 17 octobre 2019

Le multiculturalisme à tout crin

15 octobre 2019

Entrevue accordée au journal Le Devoir par Gérard Bouchard (extrait)

« Quelle nation de ce coin-ci du monde sait encore le plus rêver en articulant ses mythes fondateurs, ces valeurs jugées fondamentales, pour ne pas dire sacralisées? Le Québec, le Canada anglais ou les États-Unis ? »

Le docteur Gérard Bouchard s’est penché au chevet de ces collectivités dans son livre et son diagnostic développe des constats surprenants. La nation distincte n’est finalement pas celle que l’on croit. Le grand mythe étasunien s’effondre, les rêves québécois rapetissent, mais l’idéal national du Canada, lui, tient bel et bien le coup…

« Dans mes conclusions, je crois que dans la grande majorité des cas, les mythes nationaux ne se portent pas très bien, y compris au Québec, dit le savant mythologue. Certains ont des difficultés plus graves que d’autres et certains sont carrément en crise. Il y a des exceptions parmi lesquelles je vois le Canada anglais. »

Pourquoi ? « Leurs mythes nationaux sont encore florissants, gonflés et ils rendent les Canadiens heureux de cette situation. Je ne vois pas par exemple la fin prochaine du multiculturalisme. Ça fait un demi-siècle que ça dure et ça marche bien. »

Alors que faire ? Pour le pro du mythe, Il n’y a pas mille solutions. Il faut réactiver des valeurs fondamentales, dont celle du multiculturalisme, plein de promesses de cohésion. « Il faut réinventer des équilibres, dit le professeur. Des équilibres entre l’intégration et le respect des droits, entre la survie de la majorité sans broyer les minorités. Ce n’est pas vendeur, mais ça se fait. »

De l’avis de Gérard Bouchard, au Québec, deux mythes servent d’axes centraux. D’abord la reconquête pour redresser le malheur de 1760, avec les idées connexes celles du Canada binational, du « maître chez-nous » ou de la souveraineté. Et puis, l’idée de former une minorité sur le continent, consacrée depuis la Rébellion de 1837. « Qui parle encore de tout ça, demande le professeur ? L’autonomie et le nationalisme sont devenus des coquilles vides. Le moteur qui nous a soutenus collectivement ne marche plus. C’est fondamental. »

Réaction personnelle

De ces « constats » de Gérard Bouchard, je retiens deux éléments. D’abord, son culte viscéral envers le multiculturalisme canadien, « plein de promesses de cohésion » et qui, dans la réalité, contribue grandement à des frictions constantes entre le ROC et le Québec. Ensuite, son assertion voulant que « l’autonomie et le nationalisme sont devenus des coquilles vides » alors que le gouvernement québécois de François Legault vient de faire reconnaître par une majorité de Québécois la laïcité de l’État.

Alors oui, M. Bouchard, le Québec peut encore rêver pour autant qu’on lui en fournisse les motifs qui font vibrer ses convictions profondes, son identité propre et ultimement, son cheminement vers son indépendance.

vigile.net tribune libre 13 octobre 2019

Extinction Rebellion et la désobéissance civile

14 octobre 2019

Selon Wikipédia, « Extinction Rebellion (XR) est officiellement lancé, à Londres, le 31 octobre 2018, par une déclaration de rebellion devant le palais de Westminster, en présence d'un millier de manifestants. L'événement ouvre une campagne de désobéissance civile prônant l'état d’urgence climatique. Le mois suivant, Extinction Rebellion enchaîne, durant une semaine, diverses actions militantes, dont le « rebellion day » (« jour de rebellion »), journée au cours de laquelle cinq ponts londoniens enjambant la Tamise, sont bloqués.

Depuis lors, le mouvement s’est répandu un peu partout à travers le monde, notamment à Montréal lorsque deux activistes d’Extinction Rebellion ont gravi le pont Jacques-Cartier à l’heure de pointe matinale, entrainant une congestion monstre pendant des heures. Récemment, Roger Hallam, cofondateur du groupe d’activistes contre le changement climatique, affirmait que son organisation était prête à « faire tomber » les gouvernements et que « certains pourraient en mourir au cours du processus ».

De toute évidence, on est bien loin de la marche pacifique pour le climat menée par Greta Thunberg suivie de quelque 500 000 manifestants qui s’est déroulée à Montréal le 27 septembre dernier. Les activistes d’Extinction Rebellion ont grimpé d’un cran leur contestation en promouvant la désobéissance civile, un cran, à mon avis, qui risque de conduire à des actes de violence insoupçonnés.

Je suis d’avis que le mouvement Extinction Rebellion porte en lui le germe d’une provocation explosive envers les dirigeants de la planète qui risque de dégénérer en affrontements sanglants, voire meurtriers… À cet effet, il m’apparaît opportun de se rappeler la phrase révélatrice de Martin Luther King : « La violence crée plus de problèmes sociaux qu’elle n’en résout ».

quebechebdo 14 octobre 2019
vigile.net tribune libre 19 octobre 2019

Loi 21: le discours de Trudeau monte d’un cran

12 octobre 2019

La politique est ainsi faite que le discours d’un politicien s’adapte souvent à l’auditoire auquel il s’adresse. Il en est ainsi de la Loi 21 qui reçoit l’aval d’une grande majorité de Québécois alors que, du côté anglophone, les critiques fusent de partout. Il ne fallait donc pas être surpris si, devant le public anglophone, le débat des chefs donne libre cours à Justin Trudeau d’augmenter d’un cran sa position concernant la loi sur la laïcité au Québec.

En effet, lors du Face-à-face en français à TVA, il a abordé du bout des lèvres son intention de « défendre les droits des minorités », le premier ministre sortant se contentant d’ajouter que « c’est une conversation, pour l’instant, qui se passe au Québec. » Par ailleurs, au débat en anglais, Justin Trudeau s’est montré beaucoup plus déterminé dans ses propos, arguant que « le gouvernement fédéral devra peut-être intervenir dans ce dossier, parce que le fédéral a besoin de protéger les droits des minorités, les droits linguistiques, les droits des femmes ».

À n’en pas douter, la Loi 21 heurte violemment l’ardeur multiculturaliste de Justin Trudeau et le culte qu’il voue à la Charte des droits et libertés fédérale, héritage de son père. Conséquemment, M. Trudeau aura beau emprunter tous les chemins tortueux que lui imposent les différences entre le Québec et le ROC, il ne pourra résister à la tentation de contester devant les tribunaux la constitutionnalité de la Loi 21 s’il est reporté au pouvoir.

vigile.net tribune libre 12 octobre 2019

La question d’Althia Raj

12 octobre 2019

La question de la journaliste et chef de bureau du HuffPost à Ottawa, Althia Raj, posée à Jagmeet Singh lors du débat en anglais sur le caractère « discriminatoire » de la Loi sur la laïcité de l’État québécois [Loi 21] revêt, à mon sens, un mépris éhonté envers les institutions démocratiques québécoises, notamment le fait que cette loi a été adoptée à l’Assemblée nationale du Québec.

À titre informatif, il m’apparaît pertinent de retranscrire ici l’intégralité de la question de Mme Taj : « Votre campagne porte sur le courage, mais vous n’avez pas montré le courage de lutter contre la loi discriminatoire du Québec. Elle interdit aux personnes qui, comme vous, portent des symboles religieux d’exercer certains emplois dans la province. Si vous étiez premier ministre, autoriseriez-vous une autre province à discriminer ses citoyens? [...] Ne placez-vous pas les intérêts de votre parti au Québec au-dessus de vos principes et des droits égaux de tous les citoyens? »

Dans son préambule, Althia Taj affirme clairement que la Loi 21 est « discriminatoire », une approche tendancieuse qui prépare la voie à sa question tout autant tendancieuse, à savoir « autoriseriez-vous une autre province à discriminer ses citoyens? »

Toutefois, là où le bât blesse avec le plus d’acuité réside dans le fait qu’une telle question condescendante et méprisante envers le peuple du Québec ait réussi à s’infiltrer à travers le crible des organisateurs du débat… Elle est où la belle unité canadienne?


vigle.net tribune libre 12 octobre 2019

Denise Bombardier, la dérangeante

9 octobre 2019

Rien de nouveau sous le soleil, Denise Bombardier n’a jamais eu la langue de bois. Cette fois-ci, dans le documentaire Denise au pays des francos, elle critique la francophonie en milieu minoritaire, arguant que mélanger le français et l’anglais, c’est ne parler aucune langue… Plutôt choquant pour les anglophones hors Québec qui font des efforts pour s’exprimer en français!

Invitée à l’émission Tout le monde en parle, Denise Bombardier en a ajouté une « couche » en avançant que « ce n’est pas parce qu’on parle une langue qu’on possède la culture de cette langue ». Était-ce vraiment nécessaire quand on s’adresse à des anglophones simplement désireux de parler français?

Et, comme si ce n’était pas suffisant, citant une discussion avec trois jeunes dans le documentaire lors d’un échange à Ottawa, la politologue Stéphanie Chouinard, qui a participé au documentaire, n’a pas manqué de souligner combien les propos de Denise Bombarder sont choquants et insultants pour des francophones en milieu minoritaire. À preuve cette remarque plutôt désobligeante : « Si elle croit que la langue qu’elle doit parler, c’est la langue dans laquelle elle m’a parlé, y a pas d’avenir pour elle en français, qu’elle parle tout de suite en anglais. » Des propos insultants, voire dénigrants, qui sont loin de créer un effet incitatif!

Enfin, je retiens le commentaire tout à fait pertinent de la chancelière de l’Université de Moncton, Louise Imbeault, : « Mme Bombardier ne fait pas la différence. Parler un français standard, un français correct, un français châtié est une chose. La survie des populations francophones hors Québec, c’en est une autre. »  

quebechebdo 9 octobre 2019