Lettre ouverte aux enseignants

26 octobre 2020

Pénurie, décrochage, tâches démesurément lourdes, manque de ressources auxiliaires … La profession d’enseignant, par les temps qui courent, est bien malmenée. Aussi ai-je cru opportun d’apporter ma modeste contribution à la revalorisation de la profession d’enseignant en tant qu’ex-enseignant qui n’oubliera jamais la joie de vivre de ses anciens élèves.  

Tout au cours de ma carrière de 32 ans dans le monde de l’éducation, dont 23 dans l’enseignement, j’ai toujours répondu que j’exerçais le plus beau métier du monde quand les gens me demandaient ce que je faisais dans la vie. « Pourquoi? », me demandaient certains. « Tout simplement parce que je suis continuellement en contact avec des jeunes ». En vérité, elle est là tout d’abord la richesse de la profession d’enseignant, la relation constante avec celles et ceux qui incarnent l’avenir de notre société. N’est-ce pas là un privilège extraordinaire?

Par surcroît, j’enseignais le français au secondaire, une discipline qui me permettait de m’éloigner du strict contenu du programme pour entamer des conversations avec les élèves sur différents sujets qu’ils me proposaient, un exercice de communication orale enrichissant autant pour les élèves que pour moi qui m’amenait à mieux connaître les jeunes ados que j’avais devant moi.

Bien sûr, je devais établir avec eux des règles de conduite en début d’année tout en leur expliquant le pourquoi de ces règles, notamment le respect de l’autre. J’ai aussi appris, avec les années d’expérience, qu’il fallait permettre à l’élève le droit à la première faute sans appliquer de facto la conséquence prévue pour tel manquement. En bref, j’avais une main de fer dans un gant de velours, la meilleure attitude à prendre, selon moi, avec des adolescents.

Lorsque j’entrais en classe, je me sentais bien comme un poisson dans l’eau. J’aimais l’atmosphère rafraichissante qui régnait dans le local. Mais par-dessus tout, j’aimais mes élèves et ils me le rendaient bien. À cet effet, j’aimerais vous rapporter un court extrait d’une conversation que j’ai eue avec un jeune handicapé gravement atteint du cancer lors de mon passage comme bénévole auprès des enfants malades :
Louis me regarde …
-Ça ne va pas?
Il me fixe profondément…
-Tu as mal?
Il devient triste.
-Je puis faire quelque chose?
Il me fait signe d’approcher.
-Dans trois mois, je ne serai plus!…En attendant, aime-moi!

Aujourd’hui, ma fille aînée, Catherine, est enseignante au primaire depuis une vingtaine d’années. Inutile de vous dire que nos conversations tournent souvent autour de sa relation avec ses élèves de cinquième année. Toutefois, j’ai découvert d’abord et avant avec les années, à quel point la réussite de ses élèves lui tient à cœur et toute l’énergie qu’elle déploie pour inventer de nouvelles approches pédagogiques pour leur faciliter la tâche. J’ai découvert aussi tout le professionnalisme qu’elle consacre à la préparation de ses cours et aux nombreuses rencontres avec les enseignants du même degré pour ajuster leur programme.

Par ailleurs, c’est certain, les temps ont changé. Les jeunes, notamment ceux du primaire, sont davantage ouverts au monde grâce aux nouvelles technologies de l’information. La démarche pédagogique de l’enseignant doit s’adapter aux temps modernes. Cependant, il y a quelque chose qui n’a pas changé et ma fille est en complet accord avec moi : enseignant, c’est encore le plus beau métier du monde!

vigile.quebec tribune libre 21 octobre 2020
quebechebdo 26 octobre 2020

Réflexions d’un aîné en contexte de pandémie

25 octobre 2020

J’ai 73 ans, relativement en bonne santé, retraité de l’enseignement, marié et père de deux grandes filles et grand-père d’une petite-fille. Considérant mon âge « vénérable », je fais donc partie des personnes dites « vulnérables » de la société au coronavirus.

Depuis le début de la pandémie, soit depuis la mi-mars, nous, les personnes âgées de plus de 70 ans, avons immédiatement été placées « sous haute surveillance », Des mesures strictes nous ont été imposées comme si l’État avait pris sur lui de nous « protéger » contre le virus. « Évitez les sorties qui ne sont pas nécessaires… Restez à la maison… Ne vous approchez pas de vos enfants et petits-enfants à moins de deux mètres… »

Puis, petit à petit, la vague de décès s’est mise à déferler sur le Québec, particulièrement dans les résidences pour personnes âgées. Plus le temps passait, plus le premier ministre Legault montrait des signes d’inquiétude eu égard au nombre de décès impliquant des personnes âgées. Les premières données statistiques révélaient que les personnes âgées de plus de 70 ans représentaient la majorité des cas de décès des suites de la COVID-19.

Ces chiffres, abondamment diffusés dans les médias, ont contribué, selon moi, à une forme de stigmatisation des aînés, qui déjà, selon les recherches, sont généralement associés à la fin de la vie, au déclin, à la fragilité et à la vulnérabilité. À mon sens, l’insistance sur un discours orienté sur l’âge est devenue une source d’inquiétude au fur et à mesure que la crise prenait de l’ampleur, notamment sur la valeur que l’on accorde à la vie des aînés et sur la solidarité intergénérationnelle qui, en passant, semble beaucoup moins présente lorsque nous sommes sur la ligne de front. À preuve le fait que la couverture médiatique de la pandémie a beaucoup porté sur les quelques rares victimes du virus relativement jeunes, racontant leur histoire, leur vie, alors que les aînés victimes de la COVID-19, sont présentées de façon impersonnelle et anonyme, avouons-le, comme de simples statistiques.

Tirer des leçons de la pandémie
À mon avis, une couverture plus personnalisée des victimes âgées atteintes par le virus, et surtout de celles qui y survivent, enverrait un formidable message d’espoir et de valorisation de la place et du rôle des aînés dans notre société québécoise. En réalité, la pandémie pourrait nous permettre de développer des politiques publiques qui favorisent davantage notre inclusion sociale et combattent une forme d’âgisme humiliant.

Enfin, je suis d’avis qu’il faut nous procurer un espace pour nous manifester, pour nous faire entendre avant, pendant et après une situation de crise… Or ironiquement, si nous sommes les victimes les plus nombreuses de la COVID-19, nous sommes aussi, malheureusement, les plus absents de la sphère médiatique.

quebechebdo 25 octobre 2020
vigile.quebec tribune libre 26 octobre 2020

Racisme envers les Autochtones: s’excuser ne suffit plus

24 octobre 2020

Il est un fait indéniable, le premier ministre François Legault éprouve des réactions quasi épidermiques à associer le mot « systémique » au terme « racisme ». Toutefois, là où le bât blesse avec le plus d’acuité, c’est que cette opinion du premier ministre émerge inopportunément sur la scène politique et dans les divers médias en accaparant l’avant-scène du débat sur le racisme envers les Autochtones.     

Et, pendant cette guéguerre de mots complètement oiseuse, une mère Atikamekw de 7 enfants, Joyce Echaquan, est morte dans un hôpital de Joliette dans des circonstances troubles, au vu et au su de millions de personnes qui ont pu assister à la scène injurieuse de la part d’infirmières envers Mme Echaquan via la caméra personnelle de la victime.

Et pendant ce temps, un rapport de l’observatrice indépendante nommée par Québec, Me Fannie Lafontaine, fait état de quelque 200 dossiers d’enquêtes criminelles qui ont été ouverts en cinq ans au Québec à la suite d’allégations d’Autochtones à l’endroit de policiers ayant utilisé la violence sans coup férir contre eux.

Et pendant ce temps, un autre rapport, celui de la Commission Viens, qui contient quelque 141 mesures concrètes à mettre en œuvre pour transformer les services de santé et les services sociaux, mais aussi protéger la jeunesse, réformer les services de police et de justice autant que les services correctionnels en plus de proposer des mécanismes de suivi rigoureux pour que les droits des Autochtones soient enfin respectés, dort sur les tablettes d’un placard depuis un an en attendant que le caucus du gouvernement en prenne tout au moins connaissance.

Mais quel est le cœur du problème? À mon avis, il est ancré profondément dans les comportements et les attitudes racistes inacceptables qui perdurent telle une gangrène incurable qui ne fait que proliférer au sein des corps de police et qui sèment des ravages psychologiques et physiques odieux auprès des communautés autochtones, particulièrement chez les femmes. 

Devant ce triste constat, s’excuser ne suffit plus face aux plaies qui demeurent vives malgré les excuses. Il est plus que temps de tirer le rideau sur le mot qui commence par la lettre « s » et de faire toute la place à des actes concrets dans les meilleurs délais afin qu’enfin les Autochtones soient considérés comme des êtres humains à part entière dans ce Québec que l’on qualifie de l’adjectif « inclusif »… à moins que ce ne soit qu’un « mot » qui voile depuis des lunes une discrimination retorse envers les peuples autochtones de la part des services publics, notamment des forces policières! 

quebechebdo 24 octobre 2020
vigile.quebec tribune libre 25 octobre 2020

Le lien de confiance entre François Legault et la population

23 octobre 2020

Alors qu’on aurait pu croire que la CAQ de François Legault aurait perdu des appuis au sein de l’électorat québécois compte tenu que la majeure partie du Québec se trouve en zone rouge et que près d’un millier de nouveaux cas de COVID-19 s’ajoutent au bilan quotidien, le dernier sondage Léger-Le Devoir réalisé entre le 16 et le 18 octobre auprès de 1011 répondants indique que la CAQ aurait récolté 50 % des appuis si des élections avaient eu lieu pendant cette période et que 74 % se disent satisfaits de sa gestion de crise liée au coronavirus.

Des chiffres qui présentent un paysage politique au « beau fixe » pour la CAQ alors qu’un sondage Léger accordait au parti de François Legault 51 % d’appuis et un taux de satisfaction de 76 % à la mi-juin, soit en plein déconfinement. Indépendamment des 18-34 ans, où Québec solidaire enregistre des appuis similaires à la CAQ, chez les plus de 35 ans, que ce soit à Montréal, Québec ou ailleurs en régions, le bleu caquiste envahit le territoire. Les électeurs péquistes se disent largement satisfaits du travail du gouvernement Legault par rapport à la gestion de la pandémie dans une proportion de 79 %. Même les libéraux accordent la note appréciable de 58 % au gouvernement.

Face à tous ces chiffres qui démontrent sans l’ombre d’un doute un appui constant à la CAQ dans le processus de la gestion de crise de la COVID-19, et ce, malgré le fait que le Québec détient le triste record du plus grand nombre de cas et de décès au Canada depuis le début de la pandémie, il y a lieu, à mon sens, de se demander le pourquoi d’une telle fidélité des Québécois envers leur gouvernement.

À mon avis, je ne vois qu’une raison qui explique ce phénomène, à savoir l’approche « bon père de famille » adoptée par François Legault, particulièrement lors de ses nombreux points de presse, laquelle approche a contribué à coup sûr à créer le lien de confiance avec la population en plus de lui conférer la crédibilité nécessaire pour conserver ce lien de confiance indispensable.

quebechebdo 23 octobre 2020
vigile.quebec tribune libre 25 octobre 2020

Des normes nationales pour les centres de soins de longue durée

20 octobre 2020

Même si le premier ministre canadien semble avoir adouci sa position quant à la forme d’aide qu’il souhaite apporter aux provinces eu égard aux centres de soin de longue durée, notamment par un échange réciproque des moyens utilisés pour faire face à la COVID-19 dans les CHSLD, qualifiant cette démarche de « première étape », Justin Trudeau continue de souffler le chaud et le froid en déclarant qu’[il] « respecte tout à fait les champs de compétence des provinces, mais [que] quand on parle de dignité, et santé et surtout la vie des gens, il n'y a pas de champ de compétence ».

Un changement de discours qui survient après le braquage de François Legault à la suite de l’annonce des intentions de Justin Trudeau d’établir des normes nationales pour les CHSLD, M. Legault rétorquant du tac au tac que son homologue fédéral « jouait avec le feu » en voulant s’immiscer dans un domaine de juridiction provinciale.

Or lorsqu’il a été question de l’augmentation des transferts en santé d’Ottawa vers les provinces, Justin Trudeau a plutôt choisi d’insister sur la situation dans ces centres où « il y a encore trop de cas » et cela, « malgré tous les efforts que nous avons faits au printemps pour appuyer les provinces, avec l’armée canadienne et avec la Croix-Rouge ».

Ce ne serait pas la première fois que le fédéral s’ingèrerait dans un domaine de compétence provinciale, particulièrement de la part du Parti libéral du Canada (PLC) qui semble avoir développé depuis des décennies une propension naturelle pour une telle pratique. Or, avec François Legault à la tête du gouvernement du Québec, je demeure convaincu que l’ingérence d’Ottawa, si elle devait être tentée, frapperait « le mur »… Et c’est très bien qu’il en soit ainsi!

vigile.quebec tribune libre 18 octobre 2020

L’affaire Rozon

20 octobre 2020

Dans l’affaire Rozon, chacune des deux parties est venue expliquer à la Cour sa version des faits, laquelle inverse complètement les rôles de l’accusé et de la plaignante, M. Rozon se décrivant comme la victime dans cette affaire.

Or quelque chose me chicote les méninges dans le récit des événements évoqué par Gilbert Rozon pour sa défense. En effet, pour quel motif plausible la plaignante, 40 ans plus tard, aurait-elle ressorti cette vieille affaire du placard si elle s’était servie de M. Rozon pour assouvir ses passions comme l’accusé le prétend? En termes clairs, pourquoi la plaignante se serait-elle jetée volontairement dans la « gueule du loup » au lieu de tenir secret l’incident tel que raconté par Gilbert Rozon ? Nonobstant la présomption d’innocence, je suis d’avis que ces questions feront partie des réflexions de la juge Mélanie Hébert de la Cour du Québec avant de rendre son jugement.  

La preuve est désormais close. Qui ment? Qui dit la vérité? De retour le 6 novembre pour les plaidoiries finales… Une histoire à suivre!  

vigile.quebec tribune libre 17 octobre 2020

Affaire Martin Prud’homme: l’appel téléphonique

20 octobre 2020

Toute cette affaire concernant la demande en destitution du directeur général de la Sureté du Québec (SQ), Martin Prud’homme, tire son origine d’un appel téléphonique fait à Me Annick Murphy, directrice de la Direction des poursuites criminelles et pénales (DPCP) datant du 23 octobre 2017.

Or quelque trois ans plus tard, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, met en branle le processus de destitution du haut dirigeant de la SQ, confiant le rapport d’un comité d’experts sur les fautes déontologiques et éthiques qui sont reprochées à M. Prud’homme à la Commission de la fonction publique qui fera enquête et décidera s’il y a matière à destitution, invitant même Martin Prud’homme à rendre public le rapport. Au moment d’écrire ces lignes, rien n’a été fait en ce sens.

Mais que s’est-il donc passé durant ces trois années? M. Prud’homme a été suspendu de ses fonctions en mars 2019 en raison d’une allégation relative à des infractions criminelles qui n’a jamais été expliquée publiquement. Un an plus tard, la ministre Guilbault a annoncé qu’aucune accusation criminelle ne serait déposée contre lui.

« Pendant toute la durée de l’enquête, à aucun moment, je n’ai été informé des véritables motifs de ma suspension et jamais on ne m’a rencontré pour obtenir ma version des faits, ce qui va à l’encontre des principes de justice fondamentale », avance-t-il dans une déclaration.

Selon Martin Prud’homme, la conversation téléphonique a servi de prétexte pour qu’on puisse mener une enquête à son sujet. Les véritables motifs de cette investigation, soutient-il, sont ses liens d’amitié avec le député lavallois Guy Ouellette et ses liens familiaux avec l’ex-commissaire à l’UPAC Robert Lafrenière, dont il est le gendre.

M. Prud’homme déplore la mise en branle d’une enquête administrative sur cet appel téléphonique. C’est cette enquête, menée par le Secrétariat des emplois supérieurs, que la ministre Guilbault a transmis à la Commission de la fonction publique. Celle-ci déterminera s’il y a lieu de destituer M. Prud’homme, mais ce congédiement ne pourra se réaliser qu’avec l’accord des deux tiers des députés de l’Assemblée nationale.

La ministre de la Sécurité publique détient surement des informations solides pour poursuivre dans son intention de demander la destitution de Martin Prud’homme. De son côté, le haut dirigeant de la SQ a laissé entendre qu’il songe à poursuivre Québec. « J’entends défendre mes droits et ma réputation devant une instance juste et impartiale puisque j’ai perdu toute confiance dans la capacité du sous-pouvoir politique qui a déjà décidé que ma carrière était terminée ». 

Une saga qui risque de se prolonger longtemps avant de connaître son dénouement…

vigile.quebec tribune libre 17 pctobre 2020
 

Ne touchez pas à Mahomet!

19 octobre 2020

La décapitation sordide de l’enseignant français en histoire Samuel Paty par un réfugié russe de 18 ans, d'origine tchétchène, après avoir discuté avec ses élèves des caricatures de Mahomet en classe, vient faire la preuve à la face du monde que la liberté d’expression est loin d’avoir atteint ses lettres de noblesse, notamment dans le monde de l’éducation, une triste réminiscence de l’attentat du 7 janvier 2015 qui a coûté la vie à huit personnes dans la salle de rédaction du magazine Charlie Hebdo dans la foulée de la publication de caricatures de Mahomet.

Selon un scénario envisagé, ce serait le père d’une élève de la classe de Samuel Paty qui aurait sonné l'alarme sur les médias sociaux concernant la démarche de l’enseignant qui n’avait d’autre intention que de discuter de la libre expression avec ses élèves en relation avec la tuerie de Charlie Hebdo. C’est dire à quel point Mahomet exerce une pression inouïe sur les droits fondamentaux à la libre expression.

Par ailleurs, le procureur a confirmé la création d'un compte Twitter, sous le nom Abdoulakh A, par l'auteur du meurtre. Après le crime, un gazouillis sur ce compte adressait un message au président français Emmanuel Macron dans lequel il indiquait: « J'ai exécuté un de tes chiens de l'enfer qui a osé rabaisser Mahomet ». En termes clairs, « ne touchez pas à Mahomet »!

Un vieil adage nous dit qu’une image vaut mille mots… Encore faut-il que le « mot » ne soit pas interdit de caricature sous peine de mort!

quebechebdo 19 octobre 2020
vigile.quebec tribune libre 19 octobre 2020

Tirer le rideau sur les mots, place aux actes

16 octobre 2020

Je ne sais pas si vous ressentez la même impression que moi mais j’en ai ras-le-bol d’entendre les sempiternelles réactions quasi épidermiques de François Legault eu égard à l’association du mot « systémique » avec le terme « racisme ».

Et, pendant ce temps, une mère Atikamekw de 7 enfants, Joyce Echaquan, est morte dans un hôpital de Joliette dans des circonstances troubles, agressées cruellement verbalement par du personnel de l’hôpital. Et pendant ce temps, un rapport de l’observatrice indépendante nommée par Québec, Me Fannie Lafontaine, fait état de quelque 200 dossiers d’enquêtes criminelles qui ont été ouverts en cinq ans au Québec à la suite d’allégations d’Autochtones à l’encontre de policiers.

Mais de quoi s’agit-il au fond? Il s’agit de comportements racistes [et à ce sujet, M. Legault sera d’accord avec le terme] inacceptables qui perdurent telle une gangrène incurable qui ne fait que s’accentuer au sein des corps de police et qui sème des ravages auprès des communautés autochtones, particulièrement chez les femmes.  

Et pendant ce temps, le rapport de la Commission Viens, qui contient quelque 141 mesures concrètes à mettre en œuvre pour transformer les services de santé et les services sociaux, mais aussi protéger la jeunesse, réformer les services de police et de justice autant que les services correctionnels en plus de proposer des mécanismes de suivi rigoureux pour que les droits des Autochtones soient enfin respectés, dort sur les tablettes d’un placard depuis un an.

S’excuser ne suffit plus. Il est plus que temps de tirer le rideau sur les mots et de faire toute la place aux actes concrets afin qu’enfin les Autochtones soient considérés comme des êtres humains à part entière dans ce Québec que l’on dit inclusif [à moins que ce ne soit qu’un « mot »…]. 

quebechebdo 16 octobre 2020

Les enfants martyrs de Wendake

16 octobre 2020

Il est maintenant connu que des signalements ont déjà été portés à la connaissance de la Direction de la protection de la jeunesse [DPJ] concernant les deux enfants de Wendake, en banlieue de Québec, qui ont été assassinés.

Sans présumer des conclusions de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse qui a lancé sa propre enquête pour faire la lumière sur les événements ayant mené à la mort des deux enfants, il m’apparaît pour le moins étrange que cette tragédie concernant deux autochtones se soit produite quelques jours seulement après la mort de Joyce Echaquan, une femme atikamekw, dans des circonstances troubles dans un hôpital de Joliette.

Bien sûr, dans l’hypothèse où il est prouvé que les droits des deux enfants de Wendake ont été lésés, ces deux tragédies nous confrontent implacablement au racisme systémique envers les membres des nations autochtones au Québec.

Par ailleurs, il est aussi de plus en plus reconnu que la loi fédérale sur les Indiens, adoptée en 1876, qui donne au gouvernement canadien l'autorité exclusive de légiférer sur les Indiens et les terres réservées pour les Indiens, en plus d’être désuète, contient des articles carrément ségrégationnistes.

Conséquemment, si la Commission des droits reconnaît que des torts sont attribués à la DPJ de la Capitale-Nationale, les coupables doivent être imputables et recevoir les sanctions qui s’imposent. Quant à la loi sur les Indiens, qui date de 144 ans, il est plus que temps qu’elle soit actualisée aux réalités du 21ième siècle.

vigile.quebec tribune libre 14 octobre 2020