Affaire Martin Prud’homme: l’appel téléphonique
Toute cette affaire concernant la demande en destitution du directeur général de la Sureté du Québec (SQ), Martin Prud’homme, tire son origine d’un appel téléphonique fait à Me Annick Murphy, directrice de la Direction des poursuites criminelles et pénales (DPCP) datant du 23 octobre 2017.
Or quelque trois ans plus tard, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, met en branle le processus de destitution du haut dirigeant de la SQ, confiant le rapport d’un comité d’experts sur les fautes déontologiques et éthiques qui sont reprochées à M. Prud’homme à la Commission de la fonction publique qui fera enquête et décidera s’il y a matière à destitution, invitant même Martin Prud’homme à rendre public le rapport. Au moment d’écrire ces lignes, rien n’a été fait en ce sens.
Mais que s’est-il donc passé durant ces trois années? M. Prud’homme a été suspendu de ses fonctions en mars 2019 en raison d’une allégation relative à des infractions criminelles qui n’a jamais été expliquée publiquement. Un an plus tard, la ministre Guilbault a annoncé qu’aucune accusation criminelle ne serait déposée contre lui.
« Pendant toute la durée de l’enquête, à aucun moment, je n’ai été informé des véritables motifs de ma suspension et jamais on ne m’a rencontré pour obtenir ma version des faits, ce qui va à l’encontre des principes de justice fondamentale », avance-t-il dans une déclaration.
Selon Martin Prud’homme, la conversation téléphonique a servi de prétexte pour qu’on puisse mener une enquête à son sujet. Les véritables motifs de cette investigation, soutient-il, sont ses liens d’amitié avec le député lavallois Guy Ouellette et ses liens familiaux avec l’ex-commissaire à l’UPAC Robert Lafrenière, dont il est le gendre.
M. Prud’homme déplore la mise en branle d’une enquête administrative sur cet appel téléphonique. C’est cette enquête, menée par le Secrétariat des emplois supérieurs, que la ministre Guilbault a transmis à la Commission de la fonction publique. Celle-ci déterminera s’il y a lieu de destituer M. Prud’homme, mais ce congédiement ne pourra se réaliser qu’avec l’accord des deux tiers des députés de l’Assemblée nationale.
La ministre de la Sécurité publique détient surement des informations solides pour poursuivre dans son intention de demander la destitution de Martin Prud’homme. De son côté, le haut dirigeant de la SQ a laissé entendre qu’il songe à poursuivre Québec. « J’entends défendre mes droits et ma réputation devant une instance juste et impartiale puisque j’ai perdu toute confiance dans la capacité du sous-pouvoir politique qui a déjà décidé que ma carrière était terminée ».
Une saga qui risque de se prolonger longtemps avant de connaître son dénouement…
vigile.quebec tribune libre 17 pctobre 2020
Henri Marineau

