Autopsie d’une campagne

12 novembre 2024

Dans sa chronique du 9 novembre dans Le Devoir sous le titre «Tirer sur les blessés», Jean-François Lisée tire à boulets rouges sur les pourfendeurs de Kamala Harris qui « par incompétence ou aveuglement idéologique, a laissé s’échapper la victoire». Et, dans cette foulée, il cite le journaliste américain réputé Murray Kempton: «Un critique, c’est quelqu’un qui entre sur le champ de bataille après la fin de la guerre et qui tire sur les blessés.»

Or tous les sondages pré-électoraux prédisaient une lutte serrée entre Kamala Harris et Donald Trump. Mais que s’est-il donc passé pour que le candidat républicain, en plus de remporter l’élection, ait mis la main sur le vote populaire, le Sénat et la Chambre des représentants? Pourquoi Kamala Harris a-t-elle essuyé un échec aussi cuisant malgré les sondages qui, jusqu’à la fin de la campagne, la plaçaient nez à nez avec Donald Trump? À mon sens, Kamala Harris a été une victime circonstancielle reliée notamment à une arrivée précipitée dans la course à la présidence due au départ en catastrophe de Joe Biden à la tête d’un gouvernement impopulaire dont elle faisait partie à titre de vice-présidente.

Toutefois, je suis d’avis que ses stratèges, dans la foulée des attaques personnelles contre elles de la part de Trump, ont manqué nettement de vision en lui suggérant de mordre à l’appât de Donald Trump en lui répliquant du tac au tac au lieu de l’ignorer complètement pour se concentrer sur ses politiques économiques préconisées eu égard à la classe ouvrière, une stratégie qui lui aurait permis de se rapprocher des électeurs moins nantis et, par ricochet, de se défaire de la facette élitiste des démocrates.

En revanche, malgré sa défaite, Kamala Harris aura su remonter la cote de popularité du parti démocrate dans un contexte où Joe Biden, manifestement, n’était plus en mesure de suivre le rythme d’une campagne contre le verve et le dynamisme de Donald Trump. En bref, je salue la détermination sans borne de Kamala Harris qui, somme toute, peut se retirer la tête haute avec la satisfaction du devoir accompli.

vigile.quebec tribune libre 10 novembre 2024

 

L’échec de Kamala Harris

9 novembre 2024

Le défi que s’était fixé Kamala Harris de devenir la première femme présidente des États-Unis a lamentablement échoué. Face à un tel scénario, est-il pertinent de se demander si les Américains étaient prêts ou non à élire une femme à la tête de la plus grande puissance mondiale?

Selon moi, il m’apparaît d’abord essentiel de placer la candidature de Kamala Harris dans son contexte politique avant d’aborder l’influence du genre de Kamala Harris. Primo, Mme Harris a été littéralement catapultée dans la présidentielle en remplacement tardif du président Biden à la suite d’un débat catastrophique contre Donald Trump. Secundo, elle a dû livrer bataille dans le sillon d’un gouvernement impopulaire duquel elle assumait la vice-présidence, notamment eu égard à l’économie chancelante qui affecte sans contredit le portefeuille de millions d’Américains.

Venons-en maintenant à la question posée en introduction de ma lettre à savoir le synchronisme entre le statut de femme et celui de présidente des États-Unis, une question qui s’était d’ailleurs posée en 2016 lorsque Hillary Clinton, nonobstant le fait qu’elle avait remporté le vote populaire, avait dû concéder la victoire à Donald Trump. En 2020, la victoire est allée à un homme, Joe Biden. Et aujourd’hui en 2024, Kamala Harris doit essuyer la défaite contre le même Donald Trump.

Hasard ou destin? La question mérite au moins d’être posée. Or nonobstant le fait que le contexte politique ait changé depuis 2016, il n’en demeure pas moins que le résultat final est identique, à savoir la victoire d’un homme en la personne de Donald Trump. En bref, je dois avouer bien humblement que j’éprouve une certaine perplexité sur le degré d’acceptabilité d’une femme à titre de présidente des États-Unis de la part des Américains.

vigile.quebec tribune libre 8 novembre 2024

 

À propos du service médical obligatoire

7 novembre 2024

Dans notre Québec «moderne» du 21ième, les soins de santé sont malades. Pénurie de médecins de famille, salles d’opération en manque criant d’appareils spécialisés et, pour ajouter à ces incuries, exode croissante des nouveaux médecins vers le secteur privé. Or pour pallier cette exode, le ministre de la Santé, Christian Dubé, déposera un projet de loi exigeant des nouveaux médecins formés au Québec, dont une cinquantaine passe au privé dans les premières années de leur pratique, qu’ils demeurent au public de cinq à dix ans.

À mon avis, je ne crois pas que cette mesure pour le moins drastique améliorera la qualité des soins dans les hôpitaux. Primo, cette mesure ne touche qu’un infime pourcentage des médecins fraîchement émoulus, et secundo, elle brime leur liberté de choix, un droit inaliénable selon la Charte des droits et libertés de la personne. Et dans cette foulée, j’ajouterais que toute mesure coercitive insérée dans quelque conditions de travail risque d’engendrer plus de mal que de bien.

Par ailleurs, force est de constater que les problèmes de notre système de santé émergent de l’intérieur et que, de facto, les efforts de règlements de ces écueils doivent être envisagés en amont, à savoir notamment au sein de l’abondance démesurée de paperasse administrative infligée aux médecins, et des installations vétustes dans lesquelles ils doivent pratiquer leur profession. En bref, le ministre Dubé se doit de concentrer son énergie sur les conditions de travail des médecins au lieu de les retenir malgré eux dans un système de santé boiteux et instable.

vigile.quebec tribune libre 7 novembre 2024

Trump reprend les clés de la Maison-Blanche

7 novembre 2024

Finalement, après une campagne électorale fertile en rebondissements, notamment les deux tentatives d’assassinats de Donald Trump et l’abandon du président Biden en cours de campagne remplacé en catastrophe par la vice-présidente Kamal Harris, les Américains se sont exprimés, et ils ont opté pour l’homme fort au détriment de la femme souriante. Et toute cela nonobstant les inculpations et les poursuites criminelles en cours contre le nouveau président.

Dans cette foulée, difficile de comprendre les raisons pour lesquelles la majorité des électeurs américains ont penché du côté d’un rustre personnage qui a multiplié les insultes blessantes envers les immigrants et, en particulier, envers sa rivale Kamala Harris, sinon qu’il a su toucher les Américains de la classe ouvrière pour qui le panier d’épicerie a dépassé ses limites financières. Reste à voir maintenant quelle sera la direction que prendront d’autres promesses électorales de Donald Trump, telles la déportation de quelque 20 millions d’immigrants ou le règlement du conflit entre la Russie et l’Ukraine en un claquement de doigt.

Quant à Kamala Harris, je suis plutôt d’avis qu’elle traînait dans son sillon les séquelles du gouvernement Biden, en particulier la situation économique des Américains de la classe moyenne, une tare qui, pour une majorité d’électeurs, a joué nettement en sa défaveur, le parti démocrate étant perçu comme élitiste. À cet effet, les démocrates se doivent d’entreprendre illico une sérieuse autopsie de cette campagne dont les résultats indiquent nettement que les Bleus se doivent de se reconnecter, voire de se connecter, si tant est qu’ils l’ont déjà été par le passé, avec la classe défavorisée.

«Ce sera l'âge d'or des États-Unis», a lancé Donald Trump à ses supporteurs en liesse dans son discours prononcé à son QG de Palm Beach en Floride au lendemain du scrutin… Un défi de la trempe du Grand Orange. Reste à voir si ses réalisations seront à la hauteur de ses ambitions!

vigile.quebec tribune libre 7 novemre 2024

Le jour «J»

5 novembre 2024

Nous sommes à quelques heures du dévoilement des premiers résultats fragmentaires de l’élection américaine. À cette heure, bien malin celui ou celle qui pourrait en prévoir la conclusion, tous les sondages indiquant des résultats nez à nez entre Kamala Harris et Donald Trump.

J’ai suivi avec intérêt cette campagne que l’on peut qualifier d’historique pour plusieurs raisons, en particulier les deux tentatives d’assassinat contre Donald Trump, et le retrait de Joe Biden de la course à la présidence suivi de la nomination de la vice-présidente Kamal Harris à titre de représentante du parti démocrate.

Mais au-delà de ces événements circonstanciels, se pointent deux éléments déterminants qui ont caractérisé cette course au bureau ovale. Primo, sans grande surprise, Donald Trump aura, du début à la fin de la campagne, lancé des flèches empoisonnées à son adversaire sans élaborer sur son programme électoral. Et secundo, Kamala Harris s’est montrée muette eu égard au bilan somme toute positif du mandat du gouvernement Biden, une stratégie qui aurait pu contrer les attaques de Trump sur son mandat à la vice-présidence.

À quelques heures du scrutin, les Américains sont de plus en plus «désunis». D’un côté, les pro-vie, de l’autre les pro-choix. D’un côté les partisans de l’aide militaire en Ukraine et à Israël, de l’autre, l’arrêt de l’aide militaire. Des enjeux majeurs qui pourraient fort bien faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

Quoi qu’il en soit, le sort des Américains se jouera dans l’isoloir entre les Rouges et les Bleus. Comme il se doit, la démocratie exercera ses droits légitimes eu égard à la liberté d’expression de tous les Américains, peu importe leurs convictions, leur genre et la couleur de leur peau… Vox populi vox Dei.

Le mardi 5 novembre à 8h20

vigile.quebec tribune libre 5 novembre 2024

Le «mâle alpha» ou le retour en arrière

4 novembre 2024

Nous avons assisté à l‘émergence du féminisme, place maintenant au masculinisme, un mouvement qui prend de plus en plus d’expansion dans le monde, y compris au Québec. Selon les partisans de ce mouvement, l’homme a besoin de retrouver son identité dans un monde dans lequel les rôles des hommes et des femmes sont entremêlés, d’où le retour aux valeurs traditionnelles. Le «mâle» revendique les rôles qui lui étaient dévolus historiquement dans un temps pas si lointain, notamment la domination sur sa femme, espérant de la sorte redevenir l’«alpha», l’acteur principal de la vie en couple, la femme incarnant la soumission. Et, croyez-le ou non, certains couples adhèrent librement à ce mode de vie. Pour vous donner une petite idée de l’ampleur du phénomène, le mot-clic #alphamale comptait près de 900 millions de vues sur TikTok en 2023.

Or à mon avis, l’homme et la femme jouent des rôles complémentaires dans le tissu social, et forcément dans un couple. Le mouvement féministe a certes contribué à une crise d’identité de la part de l’homme qui cherche à retrouver sa place dans la société. En revanche, je suis d’avis que la domination ne peut qu’engendrer une collision brutale et déterminante au sein d’un couple du XXIième siècle. Conséquemment, il m’apparaît essentiel que l’homme retrouve ses repères et se réapproprie son rôle à l’intérieur d’un couple, notamment celui d’accompagnateur dans un projet d’émancipation des deux partenaires.

Enfin je respecte la libre expression pour tous pour autant qu’elle soit reconnue par tous. Aussi, en vertu du principe de l’égalité des sexes reconnu officiellement par l’Organisation des Nations Unies, je m’objecte fermement au retour en arrière drastique et déshumanisant tel que prôné par les «mâles alpha».

vigile.quebec tribune libre 3 novembre 2024

L’école à rythme d’apprentissage

4 novembre 2024

D’entrée de jeu, je voudrais dissiper toute confusion sur notre système d’éducation que certains qualifient péjorativement de système à trois vitesses en faisant référence aux écoles privées, aux écoles publiques à projets particuliers et aux écoles publiques dites régulières incluant les élèves à besoins particuliers. Or, à mon sens, partant du fait établi que tous les enfants ne naissent pas avec le même rythme d’apprentissage, ce dernier critère devrait servir de base au classement des différents types d’écoles.

Ensuite, pour ce qui est du retrait des subventions versées aux écoles privées comme le préconisent plusieurs experts, il m’apparaît pertinent de spécifier que les écoles privées reçoivent du gouvernement des subventions qui correspondent à 60 % de ce qui est versé à l'école publique pour un élève régulier, ce qui implique que les parents doivent débourser 40% des frais de scolarité. Or dans l’hypothèse où les écoles privées devenaient publiques, les frais encourus par le gouvernement seraient majorés de 40% par élève, soit une augmentation substantielle des argents puisés dans les poches des contribuables québécois.

D’autre part, selon des recherches effectuées sur l’intégration des élèves à besoins particuliers à l’intérieur des groupes réguliers, il a été prouvé que ces élèves, au lieu d’être motivés par les élèves réguliers, subissaient une baisse de motivation pouvant conduire malheureusement jusqu’au décrochage scolaire.

Au début des années soixante, le Rapport Parent décrétait le principe de l’admissibilité à l’école pour tous les jeunes du Québec du primaire au secondaire. L’avènement des écoles publiques à projets particuliers, tels les sports-études et les arts-.études, vient confirmer l’importance de reconnaître le rythme d’apprentissage des élèves. Enfin, je suis d’avis que le ministère de l’Éducation devrait instaurer une demi-journée d’activités parascolaires à l’horaire des groupes réguliers, une mesure qui permettrait aux élèves de se sortir du train train quotidien et, par ricochet, d’être mieux disposés sur les bancs d’école.

vigile.quebec tribune libre 3 novembre 2024

Pleins feux sur les enseignants et les infirmières

2 novembre 2024

Les systèmes d’éducation et de santé du Québec craquent de partout. Pénurie de personnel, mobilité des effectifs, temps supplémentaire obligatoire, élèves à besoins particuliers, lourdeur excessive des tâches, harcèlement psychologique ne sont que quelques exemples de sujets qui font les manchettes presque quotidiennement.

Et pourtant, derrière ce scénario pour le moins lugubre, des milliers d’enseignants et d’infirmières se dévouent corps et âme pour la réussite des élèves et le bien-être des patients qui leur sont confiés. Malheureusement, ils ne font pas la une des manchettes, ils ne font que leur travail «normal» dans l’ombre des écueils qu’ils rencontrent sur leur chemin professionnel.

Or l’être humain est viscéralement imprégné d’une soif toujours inassouvie de sensationnalisme, de ce qui sort de l’ordinaire et, de facto, les enseignants et les infirmières qui s’évertuent dans des systèmes en manque d’amour passent inaperçus.

Aujourd’hui, je désire rendre un hommage tout particulier à toutes celles et tous ceux qui, contre vents et marées, font preuve d’humanisme et de professionnalisme dans l’accomplissement de leurs tâches au sein des écoles et des hôpitaux du Québec. Puissent leur détermination et leur courage rejaillir et se propager dans notre société en quête d’amour!

vigile.quebec tribune lire 1er novembre 2024
 

La bourde monumentale de Biden

2 novembre 2024

Suite à la performance catastrophique de Joe Biden lors du débat contre Donald Trump, lequel débat a provoqué son retrait à titre de candidat démocrate à la présidence des États-Unis, voilà qu’à quelques jours des élections américaines, le président Biden, le regard hagard et la voix quasi inaudible, a comparé les électeurs républicains à des «ordures», une gaffe monumentale qui pourrait avoir des répercussions extrêmement fâcheuses sur le sprint final de la campagne électorale de la candidate démocrate Kamala Harris, et qui a été vite récupérée par le clan trumpiste.

En lien avec cette bourde aberrante, une question me triture les méninges: Joe Biden a-t-il été conseillé par son entourage rapproché pour s’aventurer aveuglément dans cette voie dangereuse, et si non, pourquoi ne lui est-il pas venu à l’esprit les répercussions catastrophiques qu’elle engendrerait? Et qui plus est, une gaffe lancée au beau milieu du rassemblement du parti démocrate où Kamala Harris prononçait le plus important discours de sa campagne devant le Capitole à Washington.

Ce n’est pas un secret pour personne, Joe Biden est de plus en plus soumis à des écarts de langage qui le conduisent dans des sentiers tortueux et malsains, et de facto, il devrait être encadré dans un agenda politique qui le tienne éloigné des médias pour le plus grand bien de Kamala Harris. La campagne tire à sa fin. Cette erreur stratégique aura-t-elle des répercussions négatives sur le vote populaire du 5 novembre? Il est un fait indéniable, les sondages placent depuis le début de la campagne les deux candidats nez à nez et à ce titre, la moindre petite bévue peut être déterminante. À suivre…

vigile.quebec tribune libre 1er novembre 2024

La boîte à surprise

30 octobre 2024

Je ne sais pas si vous avez la même impression que moi mais, à chaque occasion où le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, nous adresse la parole en point de presse, j’ai toujours l’impression qu’il sort directement d’une boîte à surprise. Dans cet optique, il n’est donc pas surprenant d’entendre le ministre, le regard outré et dévasté, eu égard au scandale au centre jeunesse de la Cité-des-Prairies arguer que «Ça lève le coeur».

Il fallait un grand coup pour condamner un scénario aussi scandaleux à Cité-des-Prairies et il est arrivé tel un boulet de canon. C’est la directrice nationale de la DPJ, Catherine Lemay, poste créé dans le prolongement des recommandations du Rapport Laurent, qui a été contrainte de démissionner. Par ailleurs, qu’en est-il de la DPJ du Centre de réadaptation pour jeunes en difficulté Cité-des-Prairies? Aucun commentaire comme si elle n’existait pas.

Le ministre Lionel Carmant occupe ses fonctions depuis maintenant six ans, et malgré ses hausses de ton pathétiques et ses promesses de réformer la culture des Centres jeunesse, le réseau de la DPJ n’a jamais été dans un état aussi pitoyable. En conséquence, peut-être serait-il opportun qu’il fasse un petit examen de conscience en appuyant sur la touche «retour» et délaisse pour un certain temps la touche «supprimer».

vigile.quebec tribune libre 30 octobre 2024