La «trumpite» aigüe

30 octobre 2024

Je définirais la «trumpite» aigüe comme une inflammation du seuil de tolérance liée à une surexposition et une saturation de termes vulgaires, dépravés, misogynes et autres qualificatifs du mème acabit. À cet effet, depuis le début de la campagne électorale présidentielle aux États-Unis, il ne se passe pas une journée sans que les médias soient inondés des propos disgracieux du candidat républicain, Donald J. Trump, dont l’arrogance n’a d’égale que sa hargne viscérale envers la candidate démocrate, Kamala Harris. Par ailleurs, le plus surprenant dans le cas de cette maladie réside dans le fait que les partisans de Trump semblent immunisés contre ce virus destructeur, et continuent d’appuyer sans réserve leur candidat. De facto, une question se pose: comment se fait-il qu’une immense proportion d’Américains donnent d’emblée leur adhésion à ces propos acrimonieux de la part de leur candidat favori? J’ai beau chercher à comprendre les raisons de leur choix, je n’arrive pas à trouver une raison valable, sinon qu’ils sont envoûtés par l’aura que Donalld Trump dégage…

vigile.quebec tribune libre 30 octobre 2024
 

Un ordre professionnel des enseignants: pour ou contre?

28 octobre 2024

Dans la foulée des récentes révélations sur le climat toxique instauré par des enseignants à l’école primaire Bedford, à Montréal, nombreux ont été les commentaires sur la pertinence de créer un ordre professionnel des enseignants.

Jetons d’abord un coup d’oeil sur les circonstances qui ont entraîné, pendant sept ans, la situation chaotique dans laquelle sont plongés l’ensemble des intervenants liés à ce conflit. On reproche notamment à ce groupe d’enseignants d’avoir eu recours à des techniques d’intimidation et d’humiliation, ainsi qu'à de la violence physique et psychologique envers certains élèves et membres du personnel. Certains d’entre eux ne reconnaissaient pas l’existence des troubles d’apprentissage et exerçaient une pression indue sur les jeunes en difficulté, qui recevaient des punitions pour leur incapacité à suivre le rythme des autres élèves. Certains enseignants croyaient qu’ils seraient en mesure de contrer les difficultés de certains élèves par une discipline d’une rigueur excessive, arguant qu’ils parviendraient de la sorte à les «casser» et leur permettre de retrouver le «droit chemin», etc…

À la lumière de ce scénario pour le moins fort inquiétant, il m’apparaît évident que certains dirigeants oeuvrant dans ou hors de l’école, notamment la direction et la directrice générale du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) ont fait preuve d’un laxisme éhonté et manqué lamentablement à leurs responsabilités liées à leur fonction élémentaire d’une saine gestion du personnel.

Or à la suite de ce fiasco administratif, certaines voix se sont élevées pour réclamer la création d’un ordre professionnel des enseignants qui, soit dit en passant, doit être recommandé par l’Office des professions du Québec lequel,en 2002, avait refusé une telle demande alléguant que la profession enseignante était déjà amplement encadrée. Le cas de l’école Bedford relève essentiellement d’un manque de leadership de la part des personnes déjà en place, et de facto, en mesure de prendre les décisions qui s’imposaient dès les premiers signes avant-coureurs. Conséquemment, je ne vois aucune utilité à créer un ordre professionnel des enseignants. À chacun des dirigeants des instances impliquées de prendre les responsabilités qui leur incombent.

vigile.quebec tribune libre 28 octobre 2024

Le français «full chill»

27 octobre 2024

Au risque de passer pour un dinosaure et par respect pour tous les Félix Leclerc et les Gilles Vigneault de ce monde, je m’érige en défenseur de notre belle langue française devant la destruction massive de son vocabulaire et de sa syntaxe dilapidés par les jeunes adeptes de ce qu’il est convenu d’appeler le français «full chill».

Pour réaliser son Dictionnaire du chilleur, l’auteur, Jérôme 50, a fait le tour du Québec pour répertorier les mots qui façonnent la langue des francophones de 15 à 35 ans, un amalgame qui s’inspire d’internet, de l’anglais sans égard aux anglicismes, et d’autres emprunts à d’autres cultures, telles l’espagnol, l’arabe et le créole. Aux yeux de l’auteur, ce dialecte demeure du français, «style» québécois avec ses distinctions, arguant que l’important réside dans le fait que les mots doivent évoluer et les idées circuler. Justement, parlant de circulation des idées, comment un jeune «chilleur» pourra-t-il communiquer avec une personne âgée s’exprimant dans un français «normal» alors qu’un cul-de-sac linguistique s’érige en barricade, et qu’un fossé infranchissable se creuse entre les deux «interlocuteurs»?

Ce n’est pas la première fois que la langue française est bombardée de toutes parts sous prétexte qu’elle doit s’ajuster aux nouvelles réalités d’aujourd’hui. Soit! Et après? Qu’advient-il de ses racines qui l’ont nourrie? Comment une castre d’individus peut-elle s’ingérer sans pudeur dans la structure profonde d’une langue et la transformer drastiquement et unilatéralement? À mon sens, ces questions méritent d’être posées et surtout que les «chilleurs» y apportent des réponses.

La langue française transporte avec elle des millénaires d’histoire et de culture qui l’ont lentement façonnée jusqu’à aujourd’hui. Elle a évolué avec les technologies modernes en créant de nouveaux mots dépeignant de nouvelles réalités. Le français incarne une langue fièrement défendue par nos ancêtres depuis des siècles, et à ce titre, elle ne peut ni ne doit être triturée tel un vieux chiffon. Au contraire, elle mérite amplement tout notre respect et doit être protégée soigneusement contre tous les «chilleurs» de ce monde.

vigile.quebec tribune libre 27 octobre 2024

Le cas Jacques Teasdale

25 octobre 2024

En décembre 2020, lors de la visite de Jacques Teasdale à l’urgence, une tomodensitométrie thoracique (TACO) a révélé la présence d’un stade précoce de cancer. Le rapport du TACO fut notamment envoyé à sa médecin de famille, qui, quelques semaines plus tard, a suggéré à M. Teasdale d’effectuer un suivi dans un an en l’informant qu’il avait un «nodule» au poumon. Mais, ce suivi n’aura jamais lieu. Pendant ce temps, de 2020 à 2024, M. Teasdale a été hospitalisé à cinq reprises pour des problèmes respiratoires, et à chaque occasion, il en ressortait avec un diagnostic de bronchite.

Or devant ces tergiversations malencontreuses, le fils de Jacques Tesdeale, Louis, à la suite du décès de son père, a l’intention d’engager une poursuite de 960 000$, notamment contre le CHU de Québec et sa médecin de famille, pour avoir «oublié» d’effectuer les suivis médicaux appropriés.

C’est un fait bien connu, le monde de la médecine forme un cercle tissé serré, et c’est bien qu’il en soit ainsi pour le plus grand bien de la protection et de la sécurité des patients. Toutefois, il arrive parfois que cette solidarité agisse comme paravent aux tristes conséquences de l’absence de suivi auprès d’un patient. Dans le cas de Jacques Teasdale, il semble que l’irréparable se soit produit… Dans ces circonstances, Il est à espérer que justice soit faite par respect pour les membres de sa famille, et pour éviter que de tels incidents malheureux ne se répètent envers d’autres patients.

vigile.quebec tribune libre 24 octobre 2024

La liste noire

25 octobre 2024

D’entrée de jeu, je dois admettre que je ne m’érige pas en défenseur du leadership de Justin Trudeau eu égard à la crise à laquelle il est confronté depuis des semaines. D’ailleurs, je suis plutôt d’avis qu’il devrait tirer sa révérence, l’usure du pouvoir ayant assez fait de ravages sur l’image du Parti libéral du Canada.   .

Toutefois, là où le bât blesse avec le plus d’acuité réside dans le fait qu’une poignée de députés d’arrière-ban, signataires d’une lettre dont on ignore le contenu et le nom des signataires, l’exhortent à réfléchir sur son avenir à titre de chef du PLC, et à prendre une décision à cet effet d’ici le lundi 28 octobre. Par ailleurs, sur le fond, à savoir le mécontentement de certains députés au sujet du leadership de Justin Trudeau à la tête du gouvernement, c’est leur droit le plus strict dans un parti politique qui accepte le droit à la libre expression.

En revanche, il m’apparaît pertinent, voire essentiel, de se demander en vertu de quel droit les signataires de la lettre sont en droit de placer le premier ministre en position d’ultimatum eu égard à son avenir en politique. Enfin, en ce qui regarde Justin Trudeau, je ne crois pas qu’il lui faille prendre un temps de réflexion… À mon avis, sa décision de mener la bataille en tant que chef du PLC lors de la prochaine campagne électorale est déjà prise.

vigile.quebec 24 octobre 2024
Le Soleil (version numérique) 28 octobre 2024

Un choix de fin de vie

22 octobre 2024

D’avril 2022 à mars 2023, 5211 personnes ont reçu l’aide médicale à mourir (AMM) au Québec, à savoir 6,8% des décès selon la Commission sur les soins de fin de vie, ce qui fait des Québécois les plus nombreux au monde à avoir recours à l’aide médicale à mourir.

En février 2022, François, nom fictif pour préserver l’anonymat, reçoit un diagnostic de cancer incurable des poumons. Pour prolonger son espérance de vie, l’oncologue lui suggère l’immunothérapie, un traitement qui a pour effet de renforcer son système immunitaire et, de ce fait, de combattre les cellules cancéreuses. Le diagnostic est brutal et résonne tel l’effet d’une bombe dans sa tête.

En tant que chef d’entreprise tout au cours de sa vie professionnelle, François a livré plusieurs batailles et, lorsqu’il s’engageait dans une bataille, c’était parce qu’il croyait en ses chances de la gagner. Or, aujourd’hui, il est confronté à un adversaire invincible, un cancer incurable. Aussi décide-t-il de lui concéder la victoire avant de se lancer éperdument dans un combat perdu à l’avance.

Après un an sous le signe de la stabilité, François avait espoir que l’ennemi avait quitté son corps à jamais. Mais le monstre en a décidé autrement. Il récidive avec encore davantage d’agressivité. Il vient chambouler toute sa vie, sa quiétude et sa sérénité. La fatale réalité l’a soudainement rattrapé, cette réalité de la mort que nous fuyons toute notre vie fait maintenant partie de son quotidien. Sa résistance physique s’amenuise drastiquement, son poids diminue à vue d’oeil, et sa difficulté à garder son équilibre lui occasionne de nombreuses chutes malgré le support de sa canne.

Puis, la perte progressive de sa qualité de vie suscite en lui l’intention d’avoir recours à l’AMM. En prenant cette décision sain de corps et d’esprit, ses pensées se dirigent d’abord vers son épouse et ses deux enfants à qui il désire éviter des moments de tristesse et de souffrance, et leur laisser le souvenir d’un époux et d’un père qui a choisi de mourir près d’eux dans la dignité… François est décédé en paix en choisissant sa propre fin de vie en toute lucidité.

vigile.quebec tribune libre 22 octobre 2024
Le Soleil (version numérique) 24 octobre 2024

Ruba Ghazal, bougie d’allumage de la ferveur souverainiste de QS?

22 octobre 2024

«L’indépendance si nécessaire mais pas nécessairement l’indépendance», arguait l’ancien co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Amir Khadir, en 2012, une déclaration qui illustre très clairement le flou d’Amir Khadir eu égard à sa position à l’égard de la souveraineté du Québec.

Douze ans plus tard, la députée solidaire de Mercier, Ruba Ghazal, est désignée co-porte-parole de QS aux côtés de Gabriel Nadeau-Dubois (GND), une nomination bien accueillie dans les officines de QS, et au moment où le dernier sondage Léger indique que seulement 34% des solidaires se rangeraient dans le camp du «oui». Plutôt décevant pour Ruba Ghazal qui n’a jamais caché son allégeance souverainiste.

Or nonobstant les réformes au sein du parti proposées par GND, notamment la proposition de faire de QS un parti «pragmatique», le parti stagne dans les derniers sondages, se classant quatrième, et récoltant un maigre 14% des intentions de vote des Québécois. Dans les faits, QS est et a toujours été depuis sa fondation un parti social-démocrate qui se tient éloigné du spectre de la souveraineté, se contentant d’effleurer timidement à l’occasion un timide nationalisme même si officiellement, il se proclame souverainiste.

En conséquence, indépendamment de l’ardeur et de la détermination qu’accorde Ruba Ghazal à la défense de ses convictions souverainistes, je demeure perplexe sur le poids qu’elle exercera sur les militants de Qs eu égard à leur ferveur souverainiste particulièrement dans un scénario où la position officielle du parti soit si loin de leurs propres électeurs.

vigile.quebec tribune libre 22 octobre 2024

Sommes-nous en train de perdre le contrôle sur l’IA?

19 octobre 2024

L’intelligence artificielle (IA) fait couler beaucoup d’encre par les temps qui courent à tel point qu’elle est en train d’envahir notre monde industrialisé, voire notre société dans son ensemble.

Prenons par exemple le monde de l’éducation en relation avec l’arrivée du robot ChatGPT qui peut, en quelques secondes, faire le résumé d’un livre qui a été demandé par un enseignant à ses étudiants, et de surcroît, pour lequel il n’existe aucun logiciel qui pourrait permettre au professeur de démasquer le fraudeur. Pire encore, à la suite du caractère éhonté du traquenard, une personne âgée vulnérable tombe dans le piège d’un fraudeur qui se fait passer pour une de ses connaissances, en empruntant sa voix grâce à l’IA. Et je pourrais ajouter bien des exemples qui démontrent sans l’ombre d’un doute que nous sommes en train de perdre le contrôle sur l’IA.

Et pourtant, nonobstant les avancées remarquables issues de l’IA dans certaines sphères de la société, si nous remontons aux premiers balbutiements de l’IA, n’est-ce pas le cerveau humain qui l’a créée? Sommes-nous en train d’être manipulés par un système électronique? Jusqu’où ira l’évolution de l’IA avant que nous réagissions à ses ingérences perfides dans la vie privée des êtres humains?

À mon sens, l’IA a atteint son point de rupture. Il est temps que nos gouvernants exigent un moratoire sur son évolution et créent des balises qui limiteront ses champs d’intervention à défaut de quoi notre monde dit «moderne» et «civilisé» court inéluctablement à sa perte.

vigile.quebec tribune libre 18 octobre 2024
 

Branle-bas de combat à l’école Bedford

19 octobre 2024

Un rapport d’enquête accablant demandé par le ministère de l’Éducation sur un climat délétère à l’école Bedford du centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) a été rendu public le 11 octobre 2024, lequel indique notamment que des premiers drapeaux rouges ont été levés dès 2016. Onze enseignants d’origine maghrébine sont visés eu égard à leur pédagogie teintée de leurs valeurs conservatrices au détriment du contexte culturel québécois.

Or la directrice générale du CSSDM, Isabelle Gélinas, argue que plusieurs informations n’ont pas été portées à sa connaissance, ce qui l’a empêchée d’agir. Et pourtant, dans les faits, les écoles sont régies par des centres de services scolaires, dotés d’une équipe de direction et de conseils d’administration. Chaque école a sa propre direction, et ses conseils d’établissement. De surcroît, des protecteurs de l’élève existent dans chaque centre de services scolaire, et un protecteur national de l’élève s’est ajouté en 2023.

À mon avis, ce chaos émerge ou du laxisme ou de l’incompétence d’Isabelle Gélinas qui a fait fi de façon éhontée de son imputabilité en tant que directrice générale du CSSDM. En effet, dans les faits, il m’apparaît très peu plausible que Mme Gélinas n’ai pu être informée de quelque façon d’une situation aussi chaotique qui durait depuis huit ans d’autant plus que les ressources disponibles pour pallier ces incidents inacceptables étaient bien présentes autour d’elle.

Pour toutes ces raisons, je suis d’avis qu’Isabelle Gélinas soit relevée illico de ses fonctions pour sa gestion outrageusement laxiste dans ce dossier d’une extrême importance, et que les enseignants impliqués dans cette affaire soient suspendus en attendant les conclusions de l’enquête.

vigile.quuebec tribune libre 18 octobre 2024

Déshabiller Pierre pour habiller Paul

17 octobre 2024

Dans la foulée de l’intention du ministre de la Santé, Christian Dubé, les Québécois perdront leur médecin de famille au profit d’un patient vulnérable privé d’un omnipraticien dans l’hypothèse où vous ne montrez aucun symptôme de maladie sévère. En effet, dans les officines du Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), on envisagerait de «transférer jusqu’à 1,5 million de rendez-vous annuels de patients qui ont un médecin de famille à ceux qui n’en ont pas».

Imaginons le scénario suivant: lors de son rendez-vous annuel avec son médecin de famille, un patient «en santé» apprend, à la suite d’une radiographie pulmonaire, qu’il est atteint d’un cancer des poumons. Ou un autre qui, après sa rencontre avec son médecin de famille, découvre qu’il souffre d’un cancer de la prostate. Des patients qui, avant leur rendez-vous annuel avec leur médecin, ne ressentaient aucun symptôme de leur maladie, et qui auraient perdu leur médecin de famille dans le scénario envisagé par le MSSS, risquant de la sorte d’être atteint d’un cancer faute de mesure préventive.

Au Québec, on le sait, le système de santé est malade. Or les omnipraticiens incarnent la première ligne vers laquelle peuvent se diriger les patients, y compris ceux qui désirent un examen de contrôle complet par mesure de sécurité et de prudence. Conséquemment, l’intention de Christian Dubé déroge outrageusement du principe d’équité eu égard à la santé de tous les Québécois(es). En bref, déshabiller Pierre pour habiller Paul ne fait que déplacer le problème au détriment d’une saine gestion de la justice élémentaire.

vigile.quebec tribune libre 15 octobre 2024