Les drag queens et les enfants

25 novembre 2024

Dans son livre intitulé «Où sont les femmes?», paru aux Éditions du Journal en 2024, l’écrivaine et chroniqueuse Sophie Durocher tire à boulets rouges au chapitre 3 sur le phénomène des drag queens qui étend ses auditoires jusque dans l’univers fragile des enfants. En ce qui me concerne, j’ai toujours éprouvé un certain malaise face à ces créatures qui présentent une image caricaturale des femmes en les affublant d’un maquillage halloweenesque, d’une poitrine plantureuse et de souliers à talons hauts finement taillés.

Que les drag queens se produisent dans une salle de spectacles devant un auditoire adulte, grand bien leur fasse! Toutefois, qu’elles soient les vedettes d’un spectacle devant des enfants en pleine croissance sur les plans physique, psychologique, social et intellectuel, dépasse outrancièrement les limites du raisonnable. À titre d’exemple, en 2023, Bibliothèque et Archives nationales du Québec a présenté son «Heure du conte drag» pour enfants au cours de laquelle «les enfants peuvent y entendre des histoires axées…et sur la déconstruction de stéréotypes de genre ». Et, de répliquer Sophie Durocher: «…en quoi participe-t-on à la «déconstruction des stéréotypes de genre» lorsqu’on invite un artiste qui, au contraire, renforce les stéréotypes liés à la représentation de la femme?»

Un peu plus loin, l’auteure cite le livre de Dana Blue intitulé «Papa est une princesse» destiné aux enfants de 3 à 6 ans. «C’est l’histoire d’une petite fille qui a «deux papas» dont l’un se maquille les paupières, peint ses lèvres en rouge et enfile une robe somptueuse…La petite s’extasie devant la métamorphose de papa numéro 1… Elle le trouve magnifique…«Moi aussi je veux faire la même chose plus tard», s’exclame la fillette.

Dans un contexte où la femme s’efface de plus en plus en plus de la scène médiatique et où en revanche le résurgence de la virilité omniprésente de l’homme incarné par le mâle alpha occupe de plus en plus d’espace dans les médias sociaux, il m’apparaît impératif de redonner à la femme ses lettres de noblesse en la repositionnant, aux yeux des enfants, sur la saine égalité complémentarité qu’elle exerce avec l’homme, à défaut de quoi les stéréotypes caricaturaux de la femme risquent de contribuer à des situations conflictuelles, voire déchirantes,entre la mère et le père et, par ricochet, à l’intérieur de la famille.

vigile.quebec tribune libre 24 novembre 2024

Cégep, pour la liberté académique

22 novembre 2024

En 2022, l’Assemblée nationale adoptait la loi 32 protégeant la liberté académique dans les universités dans le prolongement du Rapport Cloutier. Or cette loi ne protège en rien les enseignants des cégeps qui sont pourtant confrontés aux mêmes défis que leurs collègues universitaires eu égard à la liberté académique.

Dans cette foulée, là où le bât blesse outrancièrement se manifeste dans le fait que ce sont les étudiants qui critiquent vertement les choix des lectures obligatoires par les enseignants de français. À titre d’exemple, un étudiant s’est objecté à la lecture du roman Le vent en parle encore de Michel Jean, sur les pensionnats autochtones où il est question d’un viol et d’un suicide. Le jeune contestataire considérait que les problèmes sociaux n’avaient pas à être abordés en classe au cégep.

Entre autres commentaires recueillis par la Fédération de l'enseignement collégial (FEC-CSQ) auprès de ses membres, lors d’un récent sondage sur la liberté académique, on peut lire qu’un enseignant de cégep a été accusé de racisme par un étudiant après avoir affirmé en classe «que certains pays d’Afrique sont plus pauvres que ceux de l’Amérique du Nord» ou que des cégépiens s’opposent à la lecture d’œuvres féministes, d’un roman sur les pensionnats autochtones ou au visionnement d’un film sur l’esclavage.

La liberté académique des enseignants des cégeps est dangereusement compromise si bien qu’on est en droit de se demander si les enseignants de français ne devraient pas demander l’avis de leurs étudiants eu égard au choix de lectures imposées. C’est le monde à l’envers. Vivement une extension de la loi 32 au collégial, madame Déry!

vigile.quebec tribune libre 21 novembre 2024

Québec solidaire, un mouvement social-démocrate

22 novembre 2024

Pour la petite histoire, l’Encyclopédie canadienne précise que «Québec solidaire voit le jour officiellement le 4 février 2006 au terme d’un congrès ayant eu lieu à L’Université de Montréal. Ce parti politique provincial naît de la fusion entre l’Union des forces progressistes (UFP) et Option citoyenne (un mouvement politique créé en 2004 par Françoise David. L’UFP est née en 2002 suite à la fusion du Rassemblement pour une alternative progressiste (RAP), du Parti de la démocratie socialiste (PDS) et du Parti communiste du Québec (PCQ)».

La dernière saga impliquant les déclarations controversées du député Haroun Bouazzi eu égard au racisme à l’Assemblée nationale ont provoqué une onde de choc à l’intérieur de Qs et auprès des partis d’opposition. D’entrée de jeu, il m’apparaît essentiel de jeter notre regard sur le déroulement interne qu’a pris le débat.

À partir du début de cette histoire, on a assisté à la polarisation des membres de QS qui se sont rapidement ralliés sans équivoque derrière le député de Maurice-Richard et cela, nonobstant les positions mitigées de Gabriel Nadeau-Dubois et Ruba Ghazal. Partant du constat que les statuts de QS attachent une importance prioritaire aux membres du parti, se sont multipliées alors les rencontres entre les deux co-porte-parole du parti et le caucus des députés solidaires. Enfin l’éléphant a accouché d’un œuf de mouche. En tête de l’accord entre les partis, QS nie toute adhérence des membres de l’Assemblée nationale au racisme, et aucunes représailles ne sont adressées à Haroun Bouazzi, tel que recommandé par les membres.

De toute évidence, QS diffère des partis traditionnels à l’effet que les co-porte-parole et les membres du caucus sont étroitement liés aux doléances des militants. De ce fait, QS s’apparente davantage à un mouvement d’idéologie sociale-démocrate associé à un groupe d’influence auprès des Québécois et dont l'action de ses adhérents vise à convaincre les citoyens et les acteurs politiques de la justesse de leurs prises de position.

vigile.quebec tribune libre 21 novembre 2024

 

 

 

Aplaventrisme de QS

21 novembre 2024

Après une saga qui aura galvanisé les échanges tenus lors du congrès de Québec solidaire eu égard aux propos tenus par le député Haroun Bouazzi sur le racisme à l’Assemblée nationale, les élus et les militants présents au congrès se sont finalement rangés derrière le député de Maurice-Richard. Selon le texte adopté à huis clos, le parti «condamne fermement les menaces, la violence et la campagne de diffamation dirigée contre le député Haroun Bouazzi et lui offre son soutien face à ces circonstances» tout en prenant bien soin d’ajouter que les membres de l’Assemblée nationale ne sont pas racistes. Une façon cavalière de sauver la chèvre et le chou. Enfin bref, un aplaventrisme éhonté étalé dans le seul but inavoué de préserver coûte que coûte l’unité du parti.

vigile.quebec tribune libre 19 novembre 2024

 

Le long chemin vers l’indépendance

21 novembre 2024

Lors de la dernière campagne électorale de 2022, le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon (PSPP), s’est engagé à tenir un référendum sur la souveraineté du Québec dès son premier mandat s’il est élu à la tête d’un gouvernement majoritaire, un discours qu’il tient toujours aujourd’hui en 2024. Or nonobstant le fait que le dernier sondage place le PQ confortablement installé en tête eu égard aux intentions de vote des Québécois à 33% , l’appui à la souveraineté du Québec piétine depuis plusieurs années, se situant aux alentours de 35%. En bref, un futur gouvernement péquiste en 2026, qu’il soit minoritaire ou majoritaire, sera confronté à un long et périlleux chemin qui le conduirait à l’indépendance du Québec.

De passage dans la métropole, où il était invité récemment par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Paul St-Pierre Plamondon refuse d'envisager la possibilité d'un troisième référendum perdant s'il prend le pouvoir. En aucun moment, le doute n'effleure l'esprit de PSPP. «On est prêts à tenir un référendum gagnant et on va le faire, c'est notre programme. Et c'est le même message qu'on a constamment», argue le chef péquiste.

À la suite du référendum crève-coeur de 1995, les premiers ministres péquistes qui se sont succédé, notamment Lucien Bouchard s’entêtant à marteler sans relâche son leitmotiv sur les «conditions gagnantes», le processus d’accession du Québec à sa souveraineté a été reléguée dans le placard. Il aura fallu attendre presque 30 ans pour que la raison d’être du PQ refasse surface avec PSPP.

À mon avis, PSPP incarne le type de politicien qui s’affirme en faisant sans contredit de la politique autrement, ne serait-ce que par sa transparence, sa force de caractère et sa propension à bâtir ses argumentations à partir des faits. À partir d’une infime équipe de trois députés, il a réussi à hisser le PQ en tête des intentions de vote.

C’est le philosophe stoïcien Sénèque qui disait que «ce n'est pas parce que nous avons peur que nous n’osons pas, c'est parce que nous n'osons pas que nous avons peur». Dans la foulée de cette pensée, le chef du PQ arrivera-t-il à extirper cette peur systémique d’une majorité de Québécois et à les amener à «oser»?

vigile.quebec tribune libre 19 novembre 2024

L’affaire Bouazzi

17 novembre 2024

«Nous voyons malheureusement – et Dieu sait que je vois ça à l’Assemblée nationale tous les jours – la construction de cet Autre. De cet Autre, qui est maghrébin, qui est musulman, qui est Noir, qui est autochtone, et de sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure», a déclaré vertement le député de Québec solidaire (QS), Haroun Bouazzi, devant les membres d’un organisme visant l’intégration harmonieuse des communautés maghrébines. Dans son argumentaire, M. Bouazzi visait notamment François Legault pour sa position devant les effets collatéraux de l’afflux d’immigrants eu égard à la pénurie de logements abordables, et Lionel Carmant pour son argumentaire sur la nécessité d’établir une approche différente concernant l’arrivée d’immigrants dans les DPJ. En bref, rien dans ces propos qui laisse supposer quelque forme de racisme, et qu’on assiste à la «construction de cet Autre».

Par ailleurs, je présume qu’en utilisant le pronom «nous» au début de son intervention, le député de QS incluait les autres membres de son parti. Or ses deux co-porte-parole ont rejeté sans réserve l’argumentaire du député d’origines tunisienne et française sans pour autant manifester quelque représailles envers lui lors du congrès de QS qui s’est tenu au lendemain de l’incident suscité par Haroun Bouazzi.

De ce fait, je suis d’avis que Gabriel Nadeau-Dubois a perdu une belle occasion de faire preuve de leadership en excluant illico Haroun Bouazzi de QS, une décision qui aurait démontré sans équivoque toute la bassesse de ses propos explosifs, voire lapidaires envers les députés de l’Assemblée nationale du Québec.

Enfin, en ce qui a trait aux militants présents au congrès de QS, ils se sont montrés divisés sur le sort à réserver au député de Maurice-Richard, certains se montrant conciliants, d’autres plus drastiques, à savoir allant jusqu’à se prononcer en faveur de l’exclusion de M. Bouazzi du parti. En revanche, la nomination de Ruba Ghazal à titre de co-porte-parole féminine du parti est passée malheureusement presque inaperçue devant l’ampleur médiatique suscitée par l’affaire Bouazzi.

vigile.quebec tribune libre 17 novembre 2024

Le «mâle alpha», un cri de détresse?

16 novembre 2024

Dans la foulée du masculinisme vindicatif qui se répand à vitesse grand V sur les médias sociaux et traditionnels, n’y aurait-il pas lieu de remonter dans un temps pas si lointain où l’homme incarnait le bon pourvoyeur et occupait les postes-clés dans la société, et la femme était cantonnée à la maison dans son rôle de mère reproductrice ou travaillait à des tâches considérées socialement comme de moindre importance?

Puis, dans la montée du mouvement féministe qui a vu les femmes entreprendre des études supérieures, elles ont peu à peu, sous le regard stupéfait des hommes, gravi progressivement l’échelle sociale en s’accaparant de postes traditionnellement réservés aux hommes. Il n’en fallait pas davantage pour que des hommes perdent leurs repères traditionnels, notamment les représentants de l’autorité au travail comme à la maison.

À mon avis, la montée du masculinisme «alpha» représente le retour du balancier. Dans un monde où il a perdu sa «virilité», sa domination sur la femme, l’homme s’est replié implacablement sur sa force physique et son attrait pour la richesse matérielle, si bien que l’homme «alpha» lui a permis de récupérer les atouts qui l’ont toujours caractérisé par le passé, notamment son emprise sur la gente féminine.

Dans un tel contexte, je suis d’avis que la montée de ce type de masculinisme laisse entrevoir, sous des apparences de virilité, un cri de détresse de la part de l’homme alpha…à son propre insu.Tant et aussi longtemps que des hommes ne reconnaîtront pas l’égalité des sexes, remonteront en surface des comportements transcendants envers la femme. Pour l’instant, nous devons prendre acte de ce mouvement «alpha», et établir le dialogue avec ces hommes dans une perspective mettant de l’avant la saine complémentarité des sexes.

vigile.quebec tribune libre 15 novembre 2024

Le charisme de Donald Trump

16 novembre 2024

Lors de l’élection du 5 novembre aux États-Unis, Donald J Trump a recueilli les suffrages de 76 057 063 électeurs, soit 50,2% du vote populaire. Des chiffres révélateurs qui démontrent sans l’ombre d’un doute la popularité du Républicain, et cela nonobstant ses condamnations au criminel, ses nombreuses allusions misogynes durant la campagne et ses flèches empoisonnées envers les immigrants qualifiés d’«ennemis intérieurs».

Le Robert définit le charisme comme étant la «qualité d'une personnalité qui a le don de plaire, de s'imposer, dans la vie publique». Partant de cette définition et des résultats sans équivoque de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, force est de constater que le Grand orange dégage un charisme exceptionnel. Le corps droit, le pas quasi militaire, toujours bien mis, l’éternelle cravate rouge, le poing fermé vers le haut en guise de combat, il suscite, à toutes ces arrivées sur scène lors des rassemblements, l’exaltation de ses milliers de partisans qui se sont déplacés pour l’acclamer et vibrer au message d’espoir qu’il livre avec force à ses admirateurs qui le considèrent comme leur sauveur. Que l’on soit pour ou contre le discours vindicatif, voire acerbe de Trump, un fait est certain, il ne laisse personne indifférent, l’important étant que l’on parle de lui en bien ou en mal. Et, contre vents et marées, cela fonctionne.

À sa façon, Donald Trump incarne un phénomène médiatique hors norme, un homme politique souvent hargneux mais toujours populiste, de là son appui inconditionnel de la classe ouvrière en opposition au parti démocrate de réputation davantage élitiste. Le 5 novembre 2024, le peuple a non seulement voté pour le changement mais surtout pour le charisme de Donald Trump qui a su, envers et contre tous, se mériter la confiance d’une majorité d’Américains.

vigile.quebec tribune libre 15 novembre 2024

Le français, talon d’Achille du PLQ

15 novembre 2024

La réforme de la Charte de la langue française, communément appelée « loi 96 », a été adoptée par l'Assemblée nationale en mai 2022. Elle impose notamment un gel des inscriptions dans les cégeps anglophones. À cet effet, c’est sans grande surprise que tous les aspirants à la chefferie du Parti libéral du Québec réunis en Congrès se sont prononcés en faveur d’un adoucissement de la loi 96 eu égard au gel des inscriptions dans les cégeps anglophones.

Une tendance qui risque d’apporter son lot de conséquences négatives de la part de l’électorat déjà fragilisé des francophones au sein du PLQ qui cherche désespérément à rapatrier une partie de cet électorat. Traditionnellement, le dossier de la langue française s’est toujours manifesté comme le talon d’Achille du PLQ qui a toujours soufflé le chaud et le froid eu égard à la défense de la langue française au Québec d’un côté, et le libre choix en éducation de l’autre. En conséquence, il est fort à parier que la patate chaude se retrouvera dans la marmite des déboires du PLQ lors du prochain appel aux urnes en 2026.

https://www.journaldequebec.com/2024/11/12/le-plq-contre-le-quebec-francais

vigile,quebec tribune libre 12 novembre 2024

 

Deux pubs, deux mondes

15 novembre 2024

Dans son effort de créer l’attractivité pour la profession d’enseignant au primaire, le ministère de l’Éducation, via son ministre Bernard Drainvile, a lancé une campagne publicitaire sur le thème «Deviens prof!». Dans l’une des capsules publicitaires, on peut voir une influenceuse interroger une vraie enseignante, Sandrine, sur son quotidien en compagnie de ses élèves. On y apprend qu’elle a des chouchous, qu’elle accepte les cadeaux de ses élèves, et qu’elle a déjà triché à l’école. En revanche, dans une autre publicité, une enseignante demande à ses élèves de sortir leur cahier de mathématiques. Les enfants lèvent alors la table de leur pupitre puis la redescendent, métamorphosés en adultes vêtus des costumes de métiers qu’ils exercent aujourd’hui.

À mon sens, la première pub incarne une approche infantilisante de l’enseignement qui passe complètement à côté d’une démarche réaliste de la relation entre le prof et des élèves du primaire. Quant à la deuxième capsule, son approche valorisante suscite indéniablement l’attractivité pour la profession d’enseignante dans un contexte positif. Dans cette foulée, plusieurs publicités pourraient être exploitées, notamment des commentaires de parents qui focalisent sur l’apport positif de l’enseignante sur leur enfant, l’influence culturelle d’une visite au musée ou la projection d’un reportage sur les changements climatiques.

Enseigner au primaire, c’est d’abord éveiller l’enfant à son monde où l’émerveillement foisonne de toutes parts. Dans ce contexte, si le MEQ souhaite valoriser la carrière d’enseignant au primaire, et inciter les étudiants en sciences de l’éducation à choisir cette profession, il devra s’appliquer à leur présenter des pubs qui mettent la lumière sur le plus beau métier du monde.

vigile.quebec tribune libre 12 novembre 2024