Projet de loi 17 sur le taxi: le monde à l’envers

31 mars 2019

Le moins qu’on puisse dire, c’est que le dépôt du projet de loi 17 par le ministre des Transports, François Bonnardel, a eu l’heur de susciter une onde de choc chez les propriétaires de taxis.

En réalité, là où le bât blesse avec le plus d’incongruité, c’est que le ministre est parti du modèle « délinquant » de la multinationale américaine Uber pour asseoir son projet de loi sur la dérèglementation du taxi et y assujettir les propriétaires de taxis « légalement qualifiés » qui ont dû payer des prix faramineux pour obtenir leur permis qui, du jour au lendemain, se retrouvent soudainement dans une précarité alarmante. En fait, c’est le monde à l’envers…

Depuis qu’Uber est arrivé, c’est 1,3 milliard qu’il manque dans les poches des propriétaires de taxis. Au lieu de forcer Uber à se conformer aux règles déjà en place, le ministre Bonnardel déroule le tapis rouge pour une multinationale qui crache sur ses obligations.

M. Bonnardel, vous ne pouvez pas tout foutre en l’air et recommencer à neuf sans laisser derrière vous des séquelles profondément traumatisantes. Il est temps de vous asseoir à la table de négociation et d’écouter la détresse des propriétaires de taxis d’une oreille attentive, à défaut de quoi vous risquez d’être confronté à une autre tentative de suicide.

quebechebdo 31 mars 2019
 

Vivement une enquête publique!

30 mars 2019

L’archevêque de Montréal, Christian Lépine, lance un « audit » des diocèses de Saint-Jérôme, Montréal, Saint-Jean–Longueuil, Joliette et Valleyfield dont le mandat est de dénombrer les prêtres visés par des allégations de pédophilie, une recherche qui sera pilotée par l’ex-juge Anne-Marie Trahan, réputée catholique pratiquante. En bref, l’archevêché de Montréal enquêtera sur ses propres commettants.

Or, c’est maintenant devenu de notoriété publique, la pédophilie dans le clergé est, depuis longtemps, érigé en système clos derrière un omerta institutionnalisé jusqu’au plus haut sommet de la hiérarchie de l’Église qui a agi comme complice d’un système destiné à protéger ses ouailles pédophiles.

Face à un tel constat, il m’apparaît essentiel qu’une commission d’enquête publique soit créée dans le but d’apporter un regard objectif sur les centaines de dénonciations d’agressions sexuelles de la part des victimes de ces actes immondes.

L’omerta a assez duré, vivement une enquête publique indépendante pour révéler au grand jour toute la vérité sur cette face de l’Église catholique cachée depuis trop longtemps.

quebechebdo 30 mars 2019
Le Devoir 1er avril 2019
 

Le crucifix comme monnaie d’échange

28 mars 2019

Le gouvernement Legault est prêt à déposer une motion en faveur du retrait du crucifix du Salon bleu de l'Assemblée nationale, mais après l'adoption de son projet de Loi 21 sur la laïcité de l’État, un virement de cap complet sur sa position antérieure à l’effet que ce « symbole patrimonial » devait demeurer en place.

Le libellé de la motion se lit comme suit : « Que l’Assemblée nationale mandate le Bureau de l’Assemblée nationale, suivant l’adoption du projet de loi n°21 "Loi sur la laïcité de l’État", afin que ce dernier déplace le crucifix du Salon bleu pour le mettre en valeur dans l’enceinte du Parlement. » Seuls resteront donc en place les symboles anglicans de la monarchie britannique.

Autrement dit, le ministre Jolin-Barrette accepte de retirer le crucifix de l’Assemblée nationale à la condition que son projet de loi 21 soit adopté. Le crucifix devient, par le fait même, une monnaie d’échange…Un bien triste sort!

vigile.net tribune libre 26 mars 2019
quebechebdo 29 mars 2019
 

Des voix s’élèvent!

28 mars 2019

Depuis un certain temps, des voix s’élèvent en Alberta pour réclamer son indépendance du reste du Canada, un mouvement qui s’était résorbé depuis les années ’80 quand le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau avait mis en place le programme énergétique national, mais qui refait surface devant une crise du pétrole liée à un manque de pipelines pour transporter puis exporter son bitume. Se sentant incompris par le reste du pays, particulièrement les provinces de l'Est et Ottawa, de plus en plus d'Albertains semblent souscrire à l'idée d'une Alberta indépendante.

Aux yeux de Frédéric Boily, politologue du campus St-Jean, de l’Université de l'Alberta, « On a toujours un peu parlé en Alberta de séparatisme. On pouvait trouver des petites formations politiques très marginales et des groupes, même dans les années 2000. Mais là, ce qui est nouveau, c'est que ça semble être une idée qui est soulevée par plusieurs acteurs politiques. Pas les principaux, mais on entend parler davantage et ça s’accompagne de manifestations pro-pipelines. C'est ça qui a de nouveau aussi, ce n’est plus simplement un mouvement confiné aux marges ».

Deux irritants font régulièrement surface dans les revendications des séparatistes albertains, soit, d’une part, le pipeline Trans Mountain qui fait du surplace depuis que le gouvernement Trudeau en est devenu l’acquéreur, et d’autre part et surtout, le système de péréquation fédéral qui concède davantage d’argent dans l’Est, notamment au Québec, ce qui fait dire au comptable retraité du secteur pétrolier René Beaumier , « Oui, on est très fâché. Ça fait des années que l'Alberta envoie des paiements dans l'Est et maintenant nous autres on a besoin d'aide et l'aide ne vient pas, alors on est très frustré… Ils ne nous écoutent pas dans l'Est [...] On a beaucoup plus en commun avec les États-Unis dans le sud… Le sud-nord, plutôt que l'est-ouest ».

Selon Frédéric Boily,  « [Il] ne pense pas que ça durera. La situation peut s’améliorer du côté des pipelines, des finances du gouvernement si la différence de prix [du pétrole] s’estompe et il y a aussi le fait qu’on s'en va en élections… À l'aube des élections du printemps, aucun parti n'a avantage à voir grossir le mouvement indépendantiste ».

Et pourtant, sans nouveau pipeline à l'horizon, les quelques indépendantistes de l'Alberta continueront probablement de rêver d’un pays… fait d'or noir qu’ils pourraient gérer seuls sans attendre d’argent d’Ottawa!

vigile.net tribune libre 27 mars 2019
 

Itinérance, investir en amont

28 mars 2019

Je suis toujours abasourdi par le nombre effarant d’itinérants qui passent leurs nuits à l’extérieur au Québec en 2019 alors que le gouvernement réussit à puiser des millions dans ses surplus pour instaurer le programme des maternelles 4 ans, arguant qu’il est urgent de pallier en amont le problème des jeunes en difficulté d’apprentissage au primaire et au secondaire.

Or, sans connaître le chemin qu’ont dû emprunter les itinérants pour aboutir à une telle situation d’errance, je soupçonne un trajet jonché d’embûches, notamment eu égard à une enfance malheureuse. En avril 2018, 5789 itinérants « visibles » ont été dénombrés dans 11 régions du Québec.

Devant une situation aussi alarmante, ne serait-il pas pertinent, voire urgent, que le gouvernement se penche sérieusement en amont sur l’itinérance, à savoir sur la misère et la désolation qui règnent à grande échelle dans les milieux défavorisés?

quebechebdo 28 mars 2019
 

Les droits acquis, une clause discriminatoire

27 mars 2019

Si la tendance se maintient, quelque 500 employés de l’État seraient exemptés de l’interdiction de porter un signe religieux comte tenu qu’ils en portent déjà un avant l’adoption de la loi sur la laïcité. En termes clairs, la loi inclurait une clause de droits acquis, communément appelée la « clause grand-père ».

Or, quelqu’un peut-il me dire en quoi un employé de l’État qui porte déjà un signe religieux est différent d’un autre qui n’en porte pas ou qui serait tenté d’en porter si la loi le lui permettait? À mes yeux, cette clause grand-père est tout à fait discriminatoire et crée de façon inappropriée deux catégories d’employés de l’État.

D’ailleurs, est-il utile de se rappeler que la position traditionnelle de la Coalition avenir Québec ne faisait aucunement référence à une clause de droits acquis. Je suis d’avis que ce virement de cap est purement politique, François Legault, par cet « assouplissement », tentant de ratisser plus large avant le vote sur le projet de loi.

vigile.net tribune libre 26 mars 2019
quebechebdo 27 mars 2017
 

Interdisciplinarité en santé, un atout

26 mars 2019

Ce n’est pas d’hier que notre système de santé éprouve de sérieuses difficultés, notamment eu égard au temps d’attente démesurément long dans les cliniques d’urgence. À cet effet, la ministre de la santé, Danielle McCann, forte de son expérience à titre de directrice du Centre de santé et des services sociaux (CSSS) de Verdun, entre 2004 et 2012, période pendant laquelle elle a mis sur pied une équipe multidisciplinaire, désire implanter un modèle semblable sur tout le territoire du Québec.

De l’avis de plusieurs de ses collègues de travail, Danielle McCann « cherche à établir des consensus pour qu'on arrive à un objectif commun… Ce n'est pas une femme de pouvoir, mais une leader qui est capable de rallier ses troupes… On va avoir une excellente gestionnaire qui va permettre au réseau de se stabiliser ». À cet effet, la ministre a d’ailleurs déjà franchi un pas dans son intention d’instaurer l’interdisciplinarité du fait que le Collège des médecins a accepté de permettre aux infirmières praticiennes spécialisées de faire six diagnostics pour des maladies chroniques.

Toutefois, le véritable test sur le leadership de Mme McCann se jouera sur le changement du mode de rémunération des médecins, les deux corporations médicales ayant toujours résisté aux tentatives de changement du mode de leur rémunération… Un dossier à suivre!

quebechebdo 26 mars 2019
vigile.net tribune libre 26 mars 2019
 

Jane Philpott en remet

25 mars 2019

Avec la dissolution des travaux du Comité de la Justice des Communes sur l’affaire SNC-Lavalin, on aurait pu penser que la poussière retomberait au profit de la présentation du budget Morneau.

Or, un autre événement est revenu attiser le feu. En effet, Jane Philpott a accordé une longue entrevue au magazine Maclean’s dans lequel elle affirme qu'il y a encore beaucoup de choses à raconter sur ce qui s'est passé dans l'affaire SNC-Lavalin. « Je crois que l'ancienne procureure générale a des éléments à ajouter. Il y a des enjeux qui me tracassent moi aussi et que je ne suis pas libre de partager. »

La publication de l'article du "Maclean's" a provoqué l'effet d'une bombe à Ottawa. Inutile de vous dire que les conservateurs ont sauté sur l’occasion pour mettre encore plus de pression sur le premier ministre.

Quant à Justin Trudeau, il a argué que le fait de lever le secret professionnel qui liait le gouvernement à l'ancienne ministre de la Justice pour la période où celle-ci a dit avoir subi des pressions était suffisait car, aux dires de Trudeau, les faits allégués ne concernent pas la période ayant suivi la rétrogradation de Jody Wilson-Raybould au ministère des Anciens Combattants. "L'enjeu, c'est la pression. Et elle a pu parler librement de cela", a-t-il déclaré.

Enfin, pour ajouter un peu de glaçage sur le gâteau, Justin Trudeau a par ailleurs insisté sur le fait que la présence de ses ministres démissionnaires au sein du caucus libéral démontre à quel point le parti est ouvert à la "diversité" et que, sur le plan des grands enjeux, les libéraux demeuraient solidaires.

Si on ajoute à cette nouvelle tuile la gestion lamentable avec laquelle Justin Trudeau a géré la crise au PLC, et les attaques incessantes des conservateurs eu égard au dossier SNC-Lavalin, il est fort à parier que le premier ministre n’aura d’autre choix que de laisser comparaître à nouveau Jody Wilson-Raibould au comité de la justice des Communes, à défaut de quoi il risque de trainer le fardeau de cette saga jusqu’au jour du scrutin.

vigile.net tribune libre 23 mars 2019
 

Une fin de carrière époustouflante

25 mars 2019

Dorénavant, l’as fondeur Alex Harvey fera partie du groupe sélect des meilleurs athlètes du Québec aux côtés des Maurice Richard, Jacques Amyot, Jean-Luc Brassard, Chantal Petitclerc, Gilles Villeneuve et bien d’autres.

Non seulement l’athlète de Saint-Ferréol-les-Neiges a-t-il terminé deuxième au 15 km classique aux finales de la Coupe du monde, mais il a répété son exploit le lendemain lors de son chant du cygne à l'épreuve de poursuite en style libre. Une fin de carrière époustouflante devant une foule en liesse rassemblée sur les plaines d’Abraham.

C’est le 18 janvier 2009 que le jeune fondeur de 20 ans monte sur un podium de la Coupe du Monde pour la première fois en sprint par équipe à Whistler. Janvier 2011, il devient champion du monde des moins de 23 ans au 30 km. Le 2 mars de la même année, en compagnie de son coéquipier Devon Kershaw, ils triomphent au sprint par équipe des mondiaux de ski de fond à Oslo, en Norvège. Le 16 mars 2012, Alex Harvey, sous les regards de son père, remporte la première de ses six victoires individuelles sur le circuit de la Coupe du monde. Enfin, le 5 mars 2017, c’est la consécration. Le fondeur québécois remporte le 50 km des Championnats du monde. À 28 ans, il est au sommet du monde.

Mission accomplie, Alex! Ton courage et ta détermination sans borne resteront gravés à jamais dans la mémoire collective des Québécois.

quebechebdo 25 mars 2019
vigile.net tribune libre 27 mars 2019 

Le PQ peut-il se relever?

24 mars 2019

Pour employer une expression du monde de la boxe, le Parti québécois (PQ) a été durement « sonné » lors du scrutin d’octobre 2018, assez sonné pour se retrouver « au tapis ». La question est maintenant de savoir s’il pourra se relever avant le « compte de 10 de l’arbitre », à défaut de quoi il sera mis « hors de combat ». À mes yeux, dans les mois à venir, et ce jusqu’au congrès extraordinaire de refondation de novembre 2019, une réponse à cette question vitale devrait nous informer sur le sort qui sera réservé au parti de son fondateur, René Lévesque.

Toutefois, le chemin risque d’être long et ardu si on se fie aux durs constats qu’ont dressés les militants, notamment les jeunes, lors du Conseil national du parti qui s’est tenu récemment. Incohérence dans les décisions, louvoiements dans les orientations, choix contestables sur divers dossiers, notamment sur la politique environnementale, sont autant de sujets que les politiciens se sont fait reprocher, particulièrement par l’aile jeunesse du parti.

Néanmoins, à la fin du Conseil national, les 350 délégués présents ont adopté à l’unanimité un plan d’action pour la refondation du parti. Un défi monumental qui risque d’ébranler sérieusement les assises mêmes du parti. Tout sera sur la table sauf l’indépendance du Québec qui demeurera le pivot de ce « nouveau parti ».

De l’avis du chef du PQ, Pascal Bérubé, la direction du parti veut « créer de l’adhésion et du désir pour le projet d’indépendance. » Le PQ part de loin. Reste à voir s’il réussira à se relever de sa cuisante défaite du 1er octobre 2018, et à redonner un second souffle au « désir pour le projet d’indépendance » …

vigile.net tribune libre 23 mars 2019
quebechebdo 24 mars 2019