Lettre ouverte à Denise Bombardier

6 janvier 2020

Mon article fait suite au billet écrit par Denise Bombardier dans Le Journal du 4 janvier sous le titre « La mal baisée ».

 

Madame Bombardier,

D’entrée de jeu, je tiens à vous exprimer toute mon admiration pour le cran et la droiture que vous avez manifestés lors de votre sortie contre l’écrivain pédophile sans scrupule Gabriel Matzneff lors de l’émission Apostrophes en 1990 animée par Bernard Pivot.

Sachez que je compatis sincèrement à la solitude que vous exprimez dans votre billet eu égard à la complaisance laxiste autant de l’animateur que des invités sur le plateau qui se sont contentés d’esquisser des sourires complices et d’une vacuité béate… une solitude qui tient grandement, comme vous l’exprimez à raison, à votre statut de femme.

À cet effet, vous avez parfaitement raison d’affirmer « qu’aucun homme qui affronte les pédophiles ne se fait qualifier de « pas de couilles et qu’au pire, on l’accusera d’être un moralisateur. » À preuve que l’égalité homme-femme n’est pas pour demain la veille!

Par ailleurs, là où vous mettez le doigt sur le point le plus sensible de toute cette saga, c’est lorsque vous prenez avec ardeur la défense des enfants agressés sexuellement, de « tous ces enfants victimes à qui on a volé leur enfance en s’emparant de leur corps et de leur esprit au nom du droit au désir », un désir « morbide » qui fait des pédophiles des « tueurs » d’enfants et d’adolescents. 

Merci Mme Bombardier pour avoir su trouver les « mots qu’il fallait » pour condamner vertement sur la place publique cet auteur fondamentalement pervers et pourtant tant adulé sur le parquet littéraire. Persévérez dans vos efforts de protection des enfants avec vos « seules armes : des mots », des armes que vous manipulez à la perfection!

vigile.net tribune libre 4 janvier 2020

Changements climatiques: l’après-Greta

6 janvier 2020

Nul doute que le phénomène Greta Thunberg aura contribué à créer un mouvement de sensibilisation sans précédent autour de la lutte aux changements climatiques, la manifestation monstre de quelque 500 000 personnes à Montréal le 27 septembre, notamment des jeunes, en faisant foi sans équivoque.

Toutefois, même si des efforts timides émergent de différents pays, force est de constater que l’élan de mobilisation a tendance à s’estomper petit à petit pour céder la place à des vœux pieux qui ne franchissent pas la barrière des belles intentions, sans compter qu’elles sont souvent projetées sur des échéances lointaines.

Et pourtant, l’ensemble de la classe scientifique ne cesse de clamer l’urgence d’agir dans la lutte aux changements climatiques, notre planète donnant de plus en plus des signes visibles de bouleversements climatiques, tels les inondations, les ouragans, les feux de forêts, les tornades, les sécheresses, etc…

Bref, il appartient maintenant aux dirigeants de la planète de passer des paroles aux actes, de donner suite aux nombreuses manifestations qui, de toute évidence, n’ont pas réussi à créer le momentum nécessaire à la mise sur pied d’une véritable transition énergétique.

Il ne faudrait surtout pas que l’image hautement médiatisée de Greta Thunberg se dissipe dans la nuée des temps sans que le message d’urgence de la jeune militante suédoise ne donne les fruits nécessaires à la survie de notre planète!…

quebechebdo 6 janvier 2020
Le Devoir 8 décembre 2020 "L'après-Greta"

Affaire Matzneff: les « regrets » de Pivot

3 janvier 2020

Accusé de complaisance avec l'écrivain Gabriel Matzneff, l'ex-animateur de télévision Bernard Pivot a exprimé ses "regrets" et estimé n'avoir pas eu « les mots qu'il fallait » envers les propos libertins de l’écrivain pédophile eu égard à ses nombreuses relations sexuelles avec des mineurs lors d’une émission d’Apostrophes en 1990. 

Or, dans son autobiographie intitulée Les mots de ma vie publiée chez Albin Michel en 2011, Bernard Pivot s’exprime en ces termes : « Mais les mots de ma vie, c'est aussi ma vie avec les mots. J'ai aimé les mots avant de lire des romans. J'ai vagabondé dans le vocabulaire avant de me promener dans la littérature. » Face à une telle assertion sur l’importance capitale des mots aux yeux de Bernard Pivot, est-il raisonnable de croire qu’il n’a « pas eu les mots qu’il fallait » face à Gabriel Matzneff? Permettez-moi d’en douter!…

Par contre, je suis plutôt d’avis que les regrets de Bernard Pivot s’articulent davantage autour de ces mots : « Il m'aurait fallu beaucoup de lucidité et une grande force de caractère pour me soustraire aux dérives d'une liberté dont s'accommodaient tout autant mes confrères de la presse écrite et des radios…Ces qualités, je ne les ai pas eues… Je le regrette évidemment. » En termes clairs, Bernard Pivot n’a pas pu démontrer la « grande force de caractère » pour oser affronter la galerie au risque de ternir son image médiatique.

quebechebdo 3 janvier 2020
Le Devoir 4 janvier 2020

Un test des valeurs de quatre sous

3 janvier 2020


L’examen portant sur le test des valeurs québécoises, conditionnel à l’obtention du certificat de sélection du Québec pour les immigrants économiques qui désirent s’installer dans la province, est entré en vigueur le 1er janvier.

Or, pour avoir pris connaissance de certaines des questions pour le moins d’une facilité déconcertante qu’il contient, du temps alloué pour y répondre, soit trois heures, et des trois possibilités de reprises, sans compter qu’un un guide pratique d’une trentaine de pages publié sur le site du ministère québécois de l’Immigration est disponible, je me demande sérieusement qui pourrait échouer cet examen.

Toutefois, là où le bât blesse avec le plus d’acuité, c’est que même si le ministère attribuera un identifiant unique à chaque personne qui désire passer le test en ligne, le ministère de l’Immigration n’aura aucune preuve pour certifier si c’est bien cette personne qui aura répondu au questionnaire…

En bref, le gouvernement Legault utilise, à mes yeux, ce test à des fins purement électoralistes et nationalistes dans ce test des valeurs de quatre sous!

quebechebdo 3 janvier 2020

Les féminicides, un fléau grandissant

31 décembre 2019

S’il y a un fléau qui n’a cessé de croître en 2019, c’est bien les féminicides. À ce sujet, un rapport publié le 6 décembre 2019, soit trente ans après la tuerie de Polytechnique qui a causé la mort de 14 jeunes femmes, par l’Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilisation révèle que 118 femmes et filles avaient été tuées cette année par la violence au Canada, ce qui signifie qu’il y a eu un meurtre de femme à chaque trois jours, en moyenne. Au Québec, 605 femmes et filles ont été assassinées de 1997 à 2015. Depuis le 25 novembre 2018, 15 femmes et trois enfants ont été tués au Québec.

Pour la très grande majorité de ces femmes, la violence conjugale est à l’origine de ces meurtres. Certaines d’entre elles ont signalé ces violences aux forces policières. La plupart des agresseurs s’en sont tirés avec des conditions de libération, notamment la défense de prendre contact avec leur conjointe, conditions qui, la plupart du temps, ne sont pas respectées. Résultat? L’irréparable se produit…

Mais, que faire alors pour radier le phénomène croissant des féminicides? Le système judiciaire fait partie de la solution. À cet effet, les tribunaux imposent désormais des sentences plus sévères dans les cas de violence conjugale extrême quoique cette forme de violence ne fasse pas partie du code criminel… La voie est ouverte. La prochaine étape serait d’intégrer la violence conjugale dans le code criminel à titre d’infraction criminelle aux yeux de la loi!

quebechebdo 31 décembre 2019

L’affaire Matzneff

31 décembre 2019

 

Sur le plateau d’Apostrophes, l’émission littéraire de Bernard Pivot diffusée sur Antenne 2 le 2 mars 1990, Denise Bombardier dénonce vertement les propos de l’auteur de Mes amours décomposés, Gabriel Matzneff, qui se vante d’avoir eu de multiples relations sexuelles avec des mineurs. « Les vieux messieurs attirent les petits enfants avec des bonbons. M. Matzneff, lui, les attire avec sa réputation! », lance-t-elle-elle froidement au sujet de l’auteur assis à ses côtés, médusé.

Trente ans plus tard, une semaine avant la parution du livre-choc Le consentement, publié chez Grasset, un roman autobiographique de l’éditrice Vanessa Springora vient hanter les couloirs des lettres françaises. Pour la première fois, une victime de Matzneff révèle sa relation avec le pédophile alors qu’elle n’avait que 14 ans. Le retour du pendule se manifeste sans fioriture au grand jour.

Dans son livre, Vanessa Springora évoque le « consentement » d’une jeune fille de 14 ans manifesté lors de l’opération-charme de son prédateur sexuel. Le consentement relance ainsi le débat entre les défenseurs de l’écrivain et ses détracteurs, dans un contexte de dénonciation des violences sexuelles en France.

Trente ans ont passé depuis ce face à face entre Denise Bombardier et Gabriel Matzneff… Pour le journaliste Pierre Maisonneuve, ce passage à Antenne 2 en 1990 a eu une influence indéniable. « Ce jour-là, Denise Bombardier a fait tourner le vent. Elle avait l’expérience du direct et un propos à tenir. Elle n’a pas reculé. » … Et grand bien nous fasse!

quebechebdo 31 décembre 2019
vigile.net tribune libre 4 janvier 2020

En rétrospective, décès de la fillette de Granby

29 décembre 2019

L’histoire bouleversante de la fillette de 7 ans de Granby ayant subi de nombreux sévices au cours de sa courte vie a bouleversé le Québec. Elle a été découverte ligotée dans un état critique à l’intérieur de la résidence familiale le 29 avril avant de succomber à ses blessures le lendemain. 

« Le filet de protection sociale n’aura pas été suffisamment efficace pour prévenir le décès de cette enfant et une succession d’événements qui n’auraient pas dû se produire l’ont placée dans une situation à haut risque avant son décès », stipule le rapport de l’enquête interne déclenchée dans les jours qui ont suivi le décès de la fillette. 

Du côté du président et directeur général du CIUSSS de l’Estrie-CHUS, Stéphane Tremblay, « notre système a failli à plusieurs reprises parce que nos intervenants n’ont pas été à même d’utiliser les bonnes pratiques [...] afin d’assurer la meilleure décision possible et d’aviser un partenaire qui aurait pu intervenir d’une différente façon ».

Une fillette de 7 ans est morte dans des circonstances bouleversantes et nébuleuses. Une enquête révèle que ce n’est ni une personne ni un service en particulier qui peut être blâmé dans la mort de l’enfant martyre de Granby, mais bien tout un système. La fillette aurait donc été victime d’un « système défaillant ». Autrement dit, l’imputabilité de cette mort atroce d’une fillette de 7 ans, sans nom et sans visage, n’incombe à aucun intervenant. Nous voguons en plein obscurantisme… Tout simplement pathétique!

quebechebdo 29 décembre 2019 

La loi 21, un événement politique marquant en 2019

29 décembre 2019

Force est de constater que les réactions, parfois vives et émotives, autour de la Loi sur la laïcité de l’État, autant de l’Assemblée nationale que de la population en général, auront monopolisé l’ensemble des tribunes médiatiques, y compris et surtout les médias sociaux, pendant une bonne partie de cette session parlementaire.

Comme il fallait s’y attendre, cette loi, qualifiée de « modérée » par le premier ministre François Legault, n’a pas eu l’heur d’avoir le même effet chez les personnes de communauté musulmane qui y ont perçu un obstacle flagrant contre l’exercice de leurs droits individuels, et cela même si l’interdiction de signes religieux sur les lieux de travail ne touchent que certains travailleurs en ligne d’autorité.

L’un après l’autre, les groupes s’opposant à la loi 21 sont venus exprimer leurs doléances en commission parlementaire sans que cela ne fasse broncher d’un iota le gouvernement Legault qui a finalement adopté le projet de loi sous bâillon, le premier ministre évoquant, entre autres, que la grande majorité des Québécois appuyaient cette loi.

Une saga qui est loin d’être terminée, la loi 21 étant déjà contestée devant les tribunaux par la Commission scolaire English-Montréal (CSEM) et risquant de se retrouver éventuellement devant la cour Suprême du Canada, là où le débat tournera, à mon sens, autour des juridictions provinciales ou fédérales visées par la loi 21, notamment la dichotomie entre les droits collectifs et les droits individuels… Un dossier chaud à suivre en 2020!

quebechebdo 29 décembre 2019
Le Soleil 31 décembre 2019 "La loi 21: l'événemment politique de l'année au Québec" (version modifiée)
Le Devoir 31 décembre 2019 "La loi de l'année" (version modifiée)

La reconnaissance envers les enseignants: cette grande absente

27 décembre 2019

Ce n’est pas d’hier que nous entendons fréquemment certains commentaires mettant l’accent sur la situation « privilégiée » des enseignantes et des enseignants choyés de pouvoir bénéficier de deux mois de vacances estivales, d’une semaine de relâche et de deux semaines de vacances durant la période des Fêtes.

Or, derrière ce scénario en apparence idéal, se cachent des heures et des heures de corrections et de préparations de cours qui se font souvent à l’école, notamment au primaire, où les enseignantes élaborent leur plan de cours en équipe. C’est sans compter les nombreuses réunions de l’équipe-école qui se tiennent après les heures régulières.

De plus, l’arrivée de plus en plus massive d’élèves en difficulté d’apprentissage et/ou de comportement alliée à la pénurie de spécialistes, et l’augmentation croissante du nombre d’élèves par groupe, ajoutent à la complexité de la tâche d’enseignant. Or, malgré ces embûches vécues au quotidien, la profession d’enseignant demeure mal perçue par une bonne partie de la population.

De toute évidence, force est de constater que la « vocation » d’enseignant souffre d’une carence ancrée dans les mœurs de la société québécoise eu égard à la reconnaissance à laquelle elle a pleinement droit… Et pourtant, n’est-ce pas aux enseignantes et aux enseignants qu’incombe l’énorme responsabilité de former les hommes et les femmes québécois de demain?

quebechebdo 27 décembre 2019

Meilleurs voeux à la majorité silencieuse!

26 décembre 2019

En cette fin d’année 2019 au cours de laquelle une poignée d’acteurs ont monopolisé toute la scène de la couverture médiatique, j’aimerais diriger l’éclairage sur toutes celles et tous ceux qui ont oeuvré silencieusement dans l’ombre…

À tous ces parents qui, aux prises avec un enfant en difficulté d’apprentissage, se dévouent sans relâche au plein épanouissement de leur enfant…

À tous les policiers qui, au risque de leur vie, accomplissent leur métier avec courage et professionnalisme confrontés dans un monde où la violence ne cesse de s’accroître…

À tous ces jeunes qui, à l’encontre de toutes les critiques qu’on leur impute, se mobilisent par milliers pour la lutte aux changements climatiques…  

À toutes ces éducatrices dans les garderies et les CPE qui accompagnent les tout-petits dans leur cheminement personnel avec patience et dévouement…

À toutes ces personnes qui ont donné généreusement de leur temps aux sinistrés à l’occasion des inondations monstres du printemps 2019…

À toutes ces femmes battues et agressées sexuellement qui ont osé franchir le mur de la peur et dénoncer leurs agresseurs avec courage…

À tous ces intervenants qui, devant le phénomène croissant de la maltraitance des enfants, persistent à leur apporter toute l’attention nécessaire à leur survie…

Enfin, à tout le personnel qui œuvre avec compassion et générosité dans les résidences pour personnes âgées et les CHSLD auprès des aînés en perte d’autonomie…

J’offre mes meilleurs vœux de bonheur pour cette période du temps des Fêtes et de santé pour la nouvelle année!

quebechebdo 26 décembre 2019