Conflit Russie/Ukraine, 139 jours après l’assermentation de Donald Trump

3 juin 2025

Sans grande surprise, la version 2.0 du président américain, Donald Trump, aura échoué son pari de mettre fin au conflit entre la Russie et l’Ukraine « en 24 heures », 139 jours (bien comptés) s’étant déjà écoulés depuis son assermentation le 20 janvier 2025. Pire encore, la relation ne cesse de s’envenimer entre Vladimir Poutine et le maître de la Maison-Blanche.

Dans ce dossier comme dans tous ceux où est impliqué Donald Trump, se profile une série de montagnes russes passant du calme au chaos en l’espace souvent de quelques heures. Ainsi après un appel téléphonique « constructif » de près de deux heures avec Vladimir Poutine, les bombardements meurtriers se sont intensifiés sur l’Ukraine malgré les appels au cessez-le-feu si bien que le président américain a lancé sur son réseau social que Poutine était « devenu complètement fou ».

Depuis le début de son invasion à grande échelle en février 2022, le Kremlin de Vladimir Poutine ne cesse de souffler le chaud et le froid dans ses relations « diplomatiques » avec le président américain. À la suite de l’attaque de 355 drones sur l’Ukraine le 25 mai, Volodymyr Zelensky a dénoncé « l’impunité » russe tandis qu’Emmanuel Macron a appelé Donald Trump à convertir sa colère en actes. Et de surcroît, aux yeux du chancelier allemand Friedrich Merz, le président russe Vladimir Poutine considère les offres de discussions comme une « faiblesse ». 

Donald Trump est issu du monde des affaires dans lequel les transactions font office de loi. Or dans un contexte de négociation exigeant des compromis de la part de chacune des parties, le businessman est catapulté en terrain qui lui est complètement inconnu où les paroles réconciliatrices sont substituées aux tractations de millions de dollars. Dans ce contexte pour le moins antinomique, force est d’admettre que Donald Trump ne peut incarner l’artisan de paix indispensable à la résolution du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Penser le contraire relève tout simplement de l’illusion.

vigile.quebec tribune libre 2 juin 2025

Jacques Parizeau, un nom qui inspire l’amour du Québec

2 juin 2025

Le 1er juin 2015 s’éteignait Jacques Parizeau, le compagnon de vie de Lisette Lapointe avec qui il aura vécu les 23 dernières années de sa vie. Dix ans après son départ, elle publie sa propre biographie De combats et d’amour qui paraîtra cet automne aux Éditions de l’Homme. « En revivant ce moment douloureux, je suis encore profondément remuée par les témoignages de reconnaissance et d’admiration qui ont entouré son départ. Un concert d’éloges, sans la moindre fausse note, comme si les différends passés étaient oubliés pour ne voir que le legs de l’homme d’État », raconte-t-elle.

Avec René Lévesque, Jacques Parizeau incarne sans contredit une icône incontournable dans le paysage souverainiste du Québec. De personnage froid et distant à son arrivée à titre de ministre des Finances lors de son entrée à l’Assemblée nationale, il est rapidement passé à un personnage chaleureux et charismatique particulièrement lorsqu’il entreprit sa croisade menant au référendum de 1995 qu’il perdit de justesse par quelques milliers de voix.

Comme il fallait s’y attendre, le retrait de la politique active de Jacques Parizeau n’allait pas pour autant l’empêcher d’exprimer ses opinions si bien qu’il fut affublé rapidement du sobriquet peu flatteur de « belle-mère ». « Ce n'est pas parce que j'ai été chef du Parti québécois que je suis condamné à ne plus parler… Quelle sorte de société sommes-nous où les gens ne devraient plus parler!», répliquait-il à ses détracteurs. Dans cette foulée, en avril 2015, Jacques Parizeau jette un regard amer sur le Parti québécois (PQ) en comparant son ancienne formation politique à un véritable « champ de ruines », dans une longue entrevue accordée à Radio-Canada. « On a démoli graduellement ce parti-là, et surtout, on lui a fait perdre son âme, on l'a égaré dans des discussions byzantines » argue-t-il. « Les péquistes n'ont pas l'air de croire en eux. Comment voulez-vous que les autres croient en eux? »

Aux yeux de Lisette Lapointe, il n’y a rien de plus beau et de plus précieux que la liberté, rien de plus normal pour un peuple que d’avoir son pays. « Il n’y a rien de plus beau que les commencements », se rappelle-t-elle avec émotion ces mots chargés de fougue prononcés avec vigueur à maintes reprises par son amoureux. Dix ans après sa mort, le nom de Jacques Parizeau inspire encore l’amour du Québec, et il restera gravé indéfiniment dans la mémoire collective des Québécois.

vigile.quebec tribune libre 1er juin 2025

Garder le cap sur la mission première de l’école

1 juin 2025

Il fut un temps pas si lointain où la profession d’enseignant jouissait d’un rayonnement social incontestable. Les enseignantes et les enseignants étaient perçus comme des courroies de transmission des connaissances à des apprenants indispensables à l’évolution de la société.

Mais que s’est-il donc passé pour que nous assistions aujourd’hui à la dévalorisation croissante de la carrière d’enseignant alors que, dans les faits, leur rôle de transmetteurs de connaissances soit toujours le même que celui de mon temps? À mon sens, la réponse se résume en un mot: évolution. Au cours des dernières décennies, la société s’est transformée considérablement. L’éclatement de la famille traditionnelle et son prolongement dans l’avènement de la pluriparentalité, la mise à l’écart de valeurs telles le respect, l’autorité, le sens de l’effort, la dépendance hallucinante des jeunes envers les médias sociaux et leurs conséquences désastreuses sur la violence sous toutes ses formes ont grandement contribué à la situation chaotique dans laquelle sont appelés à évoluer les enseignantes et enseignants d’aujourd’hui.

Dans ces conditions, est-il possible, encore en 2025, de retrouver la dynamique essentielle à la création d’un climat sain favorisant l’apprentissage des connaissances aux adultes de demain? Ma réponse est oui. Mais comment? D’emblée, l’éducation commence à la maison et, de facto, les parents jouent un rôle déterminant dans l’éducation de leurs enfants. En termes clairs, l’implication des parents constitue un passage obligé auquel les enseignants n’ont pas à suppléer. De son côté, l’école se doit de favoriser un modus vivendi répondant expressément aux valeurs humaines, particulièrement le respect des uns envers les autres.

Les défis à relever en ces temps de profonds bouleversements sont immenses, et l’école ne peut y échapper.Toutefois, je demeure convaincu que l’école, contre vents et marées, doit garder le cap sur sa mission première, à savoir incarner le temple du savoir dans lequel l’ensemble du personnel scolaire est voué à transmettre aux élèves les valeurs profondes et les connaissances nécessaires à les guider dans le monde pluridimensionnel et déstabilisant d’aujourd’hui.

vigile.quebec tribune libre 31 mai 2025

La médiation au service des conflits de travail

31 mai 2025

En 2023, 691 grèves ont été recensées au Québec, un sommet sans précédent. En 2024 et 2025, une succession de grèves ont déferlé particulièrement dans le secteur public et notamment en éducation, en santé et dans les services sociaux allant des éducatrices de la petite enfance aux ingénieurs de l’État. Récemment les travailleurs en construction résidentielle ont déclenché une grève. Or parallèlement à cette épidémie de conflits de travail, le ministre du Travail, Jean Boulet, a déposé le projet de loi 89 qui vise à limiter le droit de grève et de lock-out en cas de conflit de travail affectant les services essentiels à la population, un projet de loi qui a suscité de vives réactions de la part des syndicats qui le perçoivent comme une attaque contre le droit de grève et une entrave à la négociation collective. 

En bref, c’est le bras de fer permanent entre les parties qui demeurent chacune sur leur position sans espoir de compromis à court terme. Et pourtant, il existe un mécanisme qui permet de régler un différend à l'amiable avec l'aide d'un tiers neutre et impartial, à savoir la médiation. À cet effet, la CNESST offre un service de médiation gratuit pour les conflits liés aux normes du travail, à l'équité salariale, à la santé et sécurité, aux accidents et maladies professionnelles. 

Le bourbier démobilisateur dans lequel les employés et les employeurs s’enlisent au Québec actuellement conduit irrévocablement à des situations conflictuelles anti-productives qui risquent de freiner toute possibilité d’entente entre les parties. Dans ces circonstances, je suis d’avis que la grève devrait constituer le dernier recours, prenant pour acquis que la présence d’une tierce partie incarnant une nécessaire neutralité incarne une route sur laquelle les deux parties peuvent en arriver à un terrain d’entente à leur satisfaction pleine et entière.

vigile.quebec tribune libre 30 mai 2025

Douce vengeance de Denis Coderre?

31 mai 2025

Lors du point de presse tenu conjointement par le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, et l’ex-maire de Montréal, Denis Coderre, ce dernier a invoqué les possibles avantages de son attractivité auprès des libéraux du comté d’Arthabaska à l’occasion de l’élection partielle. Or à l’élection générale de 2022, le Parti libéral du Québec (PLQ) a récolté 1702 voix pour un maigre 3,76% des votes dans le comté d’Arthabaska. Dans ces conditions, le pouvoir d’attraction de Denis Coderre ne risque pas trop d’influencer les résultats de l’élection partielle. Et, de surcroît, l’ancien ministre libéral fédéral demande au PLQ de ne pas présenter de candidat pour faciliter l’élection d’Éric Duhaime, mais aussi, pour «sauver de l’argent».

Par ailleurs, faut-il le rappeler, Denis Coderre a manifesté son intention de poser sa candidature à la chefferie du PLQ. Toutefois, ses démêlés avec le fisc ont poussé les libéraux à rejeter sa candidature, une décision contre laquelle le principal intéressé s’est dit «dégoûté». Or par ailleurs, Denis Coderre affirme dur comme fer que son appui aux conservateurs n’est aucunement motivé par une volonté de se venger des libéraux.

«Un chef de parti, quel qu’il soit – si ça avait été un autre, j’aurais fait la même maudite affaire – a le droit de siéger à l’Assemblée nationale», argue l’ancien maire de la Métropole. Soit! En revanche, les récents sondages placent le chef du PCQ parmi les favoris dans la course à l’élection partielle dans Arthabaska. N’est-ce pas là une excellente raison pour Denis Coderre d’assouvir sa douce vengeance contre le PLQ?

vigile.quebec teibune libre 30 mai 2025

Critères de performance: miser sur la quantité ou la qualité?

29 mai 2025

Pour l’avoir répété à outrance, le ministre de la Santé, Christian Dubé, juge que les médecins ne travaillent pas suffisamment. Un argument qui, disons-le, constitue un bien mauvais départ visant une négociation efficiente, et suscitant de facto un braquage des fédérations de médecins contre les velléités du ministre Dubé.

Avec son projet de loi 106, le ministre Dubé veut que 25 % de la rémunération totale des médecins soit établie en fonction de la performance, donc de l'atteinte de certaines cibles. Dans cette formule mathématique, le 0,25 représente 25 %, alors que le 0,1 représente 10 %. Le taux de 25 % est associé au nombre d'objectifs atteints et celui de 10 % au nombre d'objectifs ratés. En bref, si tous les objectifs sont atteints, les médecins reçoivent les 25 % liés à la performance. Si aucun objectif n'est atteint, les médecins reçoivent un minimum de 10 %.

Aux yeux de la Fédération des médecins omnipraticiens (FMOQ), «  la formule mathématique développée par le gouvernement pour évaluer la performance de la première ligne ne mesure pas la qualité des soins reçus, la satisfaction des patients et les bienfaits sur leur santé globale. Bref, cette équation déshumanise les soins et passe à côté de l’essentiel. »

Or dans l’hypothèse où chacune des parties vise comme objectif prioritaire que chaque Québécois ait un médecin de famille, je suis d’avis qu’elles doivent retourner illico à la table des négociations et trouvent un terrain d’entente à la satisfaction des trop nombreux patients orphelins au Québec. En termes clairs, finies les guerres de clocher et place à une concertation entre adultes responsables et imputables à un service de santé universel pour le plus grand bien de la santé de tous les Québécois qui sont pleinement en droit de recevoir les services de santé qu’ils paient de leurs poches en tant que contribuables.

vigile.quebec tribune libre le 28 mai 2025

Message hors-cible de Carney à Trump

29 mai 2025

Dans l’esprit du premier ministre, Mark Carney, la participation du monarque britannique, Charles III, à la lecture du Trône devait notamment laisser voir à Donald Trump que le Canada était un pays souverain. Or la réalité a été toute autre, le président déclarant sur son réseau social quelques heures après le passage du roi au Sénat : « J’ai dit au Canada, qui souhaite ardemment faire partie de notre fabuleux système du dôme Doré, que cela lui coûterait 61 milliards de dollars s’il restait une nation séparée, mais inégale, mais que cela lui coûterait ZÉRO DOLLAR s’il devenait notre cher 51e État. Ils envisagent l’offre! » De toute façon, il aurait été fort surprenant que Donald Trump réagisse autrement du haut de sa narcissique mégalomanie.

Quant à la stratégie de Mark Carney, maintenant que le faste de Charles III est derrière lui, il doit retourner sur le plancher des vaches et s’attaquer aux nombreux défis qu’il s’est fixé notamment de faire du Canada la « superpuissance énergétique mondiale, tant dans l’énergie propre que dans l’énergie traditionnelle » et tout cela en demeurant un allié fidèle du représentant de la terre de l’oncle Sam. Tout un challenge pour un profane de la scène politique!

vigile.quebec tribune libre 28 mai 2025
Le Soleil (versuion numérique) 29 mai 2025

Argument antinomique

27 mai 2025

À mon sens, la participation du roi Charles III à la lecture du discours du Trône à la Chambre du Sénat en guise d’ouverture d’une nouvelle session parlementaire est basée sur un argument antinomique. En effet aux yeux du premier ministre fraîchement élu, Mark Carney, l’invitation adressée au roi s’inscrit dans une volonté de « souligner la souveraineté du Canada ». Or constitutionnellement, Charles III est le souverain roi du Canada. Alors conséquemment, comment l’argument du premier ministre à l’effet d’inviter le roi du Canada peut-il être considéré comme un geste de souveraineté de la part du Canada? J’avoue que j’en perds mon latin…et vous?

vigile.quebec tribune libre 26 mai 2025

 

Le faux pas de PSPP

27 mai 2025

Depuis son élection à titre de chef du Parti québécois (PQ). Paul St-Pierre Plamondon (PSPP) a toujours montré patte blanche dans ses positions à l’égard des divers dossiers sur lesquels il a pris position en tenant en tout temps des propos francs, honnêtes et circonspects.

Or l’épineux dossier sur l’abolition ou non de la bourse du carbone aura démontré de toute évidence que PSPP peut aussi être victime de dérapages dans la foulée de la majorité des politiciens. En effet, faisant fi de la position traditionnelle du PQ dans la lutte aux changements climatiques en favorisant les énergies propres, le chef du PQ a proposé d’harmoniser la taxe sur le carbone sur les autres provinces canadiennes tout en maintenant la bourse du carbone, une mesure financière qui pourrait atteindre la somme faramineuse de 1,5 milliard $.

Par ailleurs sur une autre scène, les derniers sondages en lien avec l’élection partielle dans Arthabaska démontre que le chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime, est en bonne position dans les intentions de vote, un scénario qui laisse entrevoir que PSPP joue le jeu de la petite politique partisane. En termes clairs, le chef du PQl a troqué son image de la fidèle brebis blanche pour celle du finaud renard gris… un faux pas malheureux pour tous ses partisans qui le définissaient jusqu’à maintenant comme celui qui faisait de la politique autrement!

vigile.quebec tribune libre 26 mai 2025

Francisation à rabais

25 mai 2025

Une page publicitaire parue dans le Journal du 23 mai sous le titre « Pour que le français continue de nous unir » a particulièrement attiré mon attention en raison de mon expérience passée en tant que professeur de français langue seconde. On y fait mention des craintes des quelque 900 professeurs de francisation du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), représentés par le Syndicat des professeurs de l’État du Québec (SPEQ), que les conditions favorisant la francisation des Québécois d’adoption ne se révèlent qu’une façade politique.

Le gouvernement Legaut clame haut et fort sur toutes les tribunes l’importance pour les nouveaux arrivants d’apprendre la langue de leur terre d’accueil. Or, la réalité en classe est toute autre. Les professeurs ne sont pas soutenus dans l’exercice de leur travail. Ils ont le sentiment que la priorité de leur ministère est de vider la liste d’attente rapidement, quitte à mettre en péril la qualité de la francisation. De plus, ils doivent conjuguer avec des sessions trop courtes en regard du programme, sans recevoir aucune aide spécialisée pour les élèves en difficulté d’apprentissage ou victimes de traumatismes dans leur pays d’origine. Et, comble de malheur, le gouvernement leur propose une augmentation du nombre d’élèves par classe.

Une francisation efficace est primordiale pour assurer une intégration harmonieuse des nouveaux arrivants à la société québécoise. Tant et aussi longtemps que la sous-ministre Karine Dumont s’évertuera à offrir une « francisation à rabais », les belles paroles de François Legaut sur l’importance reliée à l’apprentissage du français de la part des nouveaux arrivants demeurera une petite politique clinquante de bas étage.

vigile.quebec tribune libre 24 mai 2025