Le fossé s’agrandit entre Jolin-Barrette et Legault

29 novembre 2020

Si on compare l’aura dont disposait Simon Jolin-Barrette au début du mandat du gouvernement caquiste avec l’attitude transcendante, voire méprisante, que lui manifeste le premier ministre Legault aujourd’hui, notamment dans le dossier des modifications qui seront apportées à la loi 101, force est de constater que la relation entre les deux hommes s’est pour le moins détériorée. 

Dans la foulée de la révision de la loi 101, le ministre responsable de la Langue française a à peine effleuré la possibilité d’allonger l’obligation d’étudier en français jusqu’au cégep pour les immigrants et les francophones tout en spécifiant qu’il n’a pas encore le mandat de l’annoncer officiellement. Or quelques heures plus tard, le ministre se faisait rabrouer par le premier ministre qui refuse catégoriquement, lui, d’interdire l’accès des cégeps anglophones aux étudiants francophones. Comme gifle, on ne peut faire mieux!

D’une part, jusqu’où le ministre Jolin-Barrette pourra-t-il calmer ses ardeurs? Et d’autre part, comment François Legault peut-il concilier son « nationalisme » avec son ouverture à livrer en pâture toute une génération de jeunes francophones au réseau d’éducation anglophone?

Je suis d’avis que le couvercle de la marmite de Simon Jolin-Barrette s’apprête à sauter sous peu et qu’il lui sera fort difficile de demeurer docilement dans le rang… à moins que François Legault soit saisi d’un élan soudain de nationalisme!

quebechebdo tribune libre 29 novembre 2020
vigile.quebec tribune libre 2 décembre 2020

Paroles, des paroles, des paroles…

28 novembre 2020

Les yeux sont tournés, par les temps qui courent, vers la Chambre des communes et l’Assemblée nationale, où des débats sur le recul du français au Québec, particulièrement à Montréal, débordent parfois de bonnes intentions qui malheureusement demeurent souvent de vaines paroles. Or, les chiffres sont sans équivoque, toutes les études et les avis confirment le recul du français au Québec.

https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/589992/recul-du-francais-reagir

https://www.ledevoir.com/opinion/idees/590444/point-de-vue-le-francais-a-besoin-d-un-redressement-radical


Du côté fédéral

Récemment, soit le 25 novembre, les élus fédéraux de toutes allégeances politiques confondues y sont allés, aux Communes, de déclarations d’amour pour le français se voulant toutes plus émotives les unes que les autres pour prouver qu’ils sont les plus sincères dans leur volonté de freiner le recul du français au Québec. Un «débat exploratoire» qui survient à la suite de la controverse déclenchée par la députée libérale de Saint-Laurent Emmanuella Lambropoulos, qui a remis en doute le fait que le français recule à Montréal et au Québec.

Dans cette effervescence de louanges envers le français, les libéraux ont réitéré qu’ils moderniseront bientôt la Loi sur les langues officielles et ont vanté leur réforme sur la radiodiffusion comme une façon de faire rayonner la culture francophone dans l’univers numérique.

Ils n’ont toutefois offert aucun détail sur le moment où ils déposeront leur nouvelle mouture de la Loi sur les langues officielles promise depuis 2015 ni envoyé de signal qu'ils acquiesceront à la volonté de Québec que les entreprises à charte fédérale, comme les banques, soient assujetties à la Loi 101 en sol québécois.

À la fin de cette démonstration partisane, les bloquistes, par la voix de leur chef, Yves-François Blanchet, ont déploré que ces belles paroles ne s’accompagnent pas de gestes concrets en soulignant que les libéraux excellaient dans l’art de faire les louanges de la loi 101 mais s’obstinaient à lui mettre des bâtons dans les roues.  

 Du côté provincial

Alors qu’on pourrait s’attendre à ce que le discours soit beaucoup plus étoffé du côté du gouvernement du Québec, le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette a annoncé lors d’une conférence de presse le 24 novembre qu’une annonce devrait venir lors de la prochaine session parlementaire, à la faveur du dépôt d’un projet de loi visant à présenter une nouvelle version de la Charte de la langue française (loi 101). Promise et annoncée à plusieurs reprises depuis deux ans, la refonte globale de la loi 101 est reportée une fois de plus.

Lorsque le ministre déposera finalement son projet de loi, le gouvernement sera dans la troisième année de son mandat, Pourtant, depuis son élection, le gouvernement promet d’adopter une politique «costaude» en matière de défense du français dans plusieurs domaines, surtout pour la langue de travail, avec une refonte globale de la loi 101, adoptée en 1977. Or l’échéance est constamment reportée. À titre d’exemple, en août dernier, le ministre affirmait que c’était une question de «quelques semaines» avant qu’elle soit rendue publique.

En ce qui a trait au recul important de l’utilisation du français dans les commerces de Montréal, le premier ministre François Legault juge «totalement inacceptable» que des consommateurs aient parfois de la difficulté à être servis en français dans des commerces au Québec alors que la loi 101 stipule clairement que le français est la langue du commerce au Québec.

C’est une enquête du Journal de Montréal, publiée la semaine dernière, qui avait laissé voir que dans un commerce sur deux du centre-ville de Montréal, la journaliste qui s’était fait passer pour une cliente avait été accueillie en anglais. Elle avait visité une soixantaine d’établissements. Parfois, même après avoir demandé à être servie en français, la cliente-journaliste n’avait pu l’être, parce que l’employée qui la servait ne parlait carrément pas le français.

Conclusion

Une prise de conscience unanime sur le déclin du français au Québec est en train de se manifester chez les gouvernants. Le glas de la lucidité vient de sonner. Reste cependant à entendre celui de l’action. Pour l’instant, les grandes manifestations d’amour pour le français ne sont que belles paroles, des paroles, des paroles…

vigile.quebec tribune libre 27 novembre 2020

La loi 99 devant les tribunaux

28 novembre 2020

À titre de rappel, la loi 99, Loi sur l’exercice des droits fondamentaux et des prérogatives du peuple québécois et de l’État du Québec, a été adoptée en décembre 2000 sous le gouvernement péquiste de Lucien Bouchard en réaction à l'adoption par Ottawa de la Loi sur la clarté référendaire en juin de la même année.

Rappelons aussi que la Loi sur la clarté référendaire des libéraux de Jean Chrétien stipule que le gouvernement canadien doit s’assurer de la clarté de la question posée lors d’un référendum sur la souveraineté de même que de l’expression d’une « majorité claire » un concept flou qui n’a encore jamais été quantifié.

Quant à la loi 99, elle accorde aux Québécois le droit de décider seuls s'ils veulent se séparer du Canada pour autant qu’une majorité simple, soit 50 % des voix + 1 vote, en faveur de l’indépendance du Québec soit obtenue lors d’un référendum sur la question.

Aujourd’hui, l'ancien chef du Parti égalité Keith Henderson conteste la légitimité de la loi 99 devant la Cour d’appel, alléguant que cette loi met la table à une éventuelle déclaration unilatérale d’indépendance, en violation de la procédure de modification constitutionnelle.

À mon avis, la loi 99 est là pour rester. L’accession d’un État à son statut d’indépendance est un droit inaliénable contre lequel aucune tierce partie ne peut s’objecter devant les tribunaux.

vigile.quebec tribune libre 25 novembre 2020

La crèche de Noël

28 novembre 2020

Je me rappelle qu’étant enfant, la crèche de Noël occupait toute la place sous le sapin et que mon père prenait grand soin d’y déposer le petit Jésus dans la paille à minuit exactement tel un rituel qui se répétait d’année en année.

Aujourd’hui, la crèche de Noël a malheureusement cédé sa place aux cadeaux sous le sapin, signe des temps où la Nativité s’est lentement effritée avec le patrimoine religieux d’une autre époque. « Mais voyons, papa, il faut évoluer! », me disent mes enfants. Mais de quelle évolution s’agit-il? De celle où le Noël-cadeaux s’est substitué au Noël-nativité? Je regrette, mais je préfère demeurer dans mon monde de has been!

En ces temps « évolués » où nous vivons, l’achat d’une crèche de Noël se complique alors que de moins en moins de marchands tiennent la «Nativité» en inventaire. Ce n’est plus in. Un rapide coup d’œil sur les sites web des grands détaillants du Québec permet de voir que les scènes de nativité sont de plus en plus rares. Les lois du marché auront tranquillement eu raison des crèches de Noël.

Eh bien, n'en déplaise à la sacrosainte évolution, cette année encore, je remettrai ma crèche de Noël sous mon sapin et, comme à chaque Noël, le petit Jésus sera réchauffé par le souffle de l’âne, au grand soulagement de Marie et Joseph!

quebechebdo tribune libre 28 novembre 2020

La coupe déborde, monsieur Legault

27 novembre 2020

Les mesures sanitaires annoncées par le premier ministre François Legault pour la période des Fêtes, « accordées » par la Santé publique, obligeront plusieurs travailleuses et travailleurs à se limiter à célébrer Noël sans invités. En effet, pour plusieurs de ceux-ci, il est tout à fait impossible de se mettre en quarantaine à partir du 17 décembre compte tenu que certains d’entre eux sont obligés de travailler jusqu’au 24 décembre.   


La vice-première ministre, Geneviève Guilbault, aura beau invoquer les dangers d’infection, et le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, qu’il s’agit d’un «sacrifice» nécessaire pour protéger la population, il n’en reste pas moins qu’à l’impossible, nul n’est tenu… La coupe déborde, monsieur Legault, il faut donc vous attendre à ce que plusieurs Québécois succombent à la « délinquance » pour remettre leur coupe à flot!

quebechebdo tribune libre 27 novembre 2020

Une avancée importante de Trump

24 novembre 2020

Il aura fallu plus de deux semaines après l’annonce de sa défaite à la présidentielle américaine pour que le président républicain sortant Donald J. Trump donne son accord à l’ouverture du processus de transition vers une administration démocrate dirigée par le président élu Joe Biden. À mon avis, la validation de la victoire de Joe Biden dans l’État-clé du Michigan a surement été un élément déclencheur dans la décision de Donald Trump.

Toutefois, le président sortant refuse toujours de reconnaître la victoire de Joe Biden, s’engageant à poursuivre un « juste combat », multipliant les recours en justice, sans succès jusqu’à maintenant, pour essayer de faire la preuve que des fraudes ont été commises lors du scrutin du 3 novembre.

Or, quoique l’administration Trump ne reconnaisse pas officiellement Joe Biden à titre de président élu, la GSA (General Services Administration), via la patronne de l’agence, Emily Murphy, avait préalablement donné le feu vert pour que l’équipe de transition du démocrate puisse commencer à recevoir des informations classées top-secret et s’entretenir avec les équipes en place dans les différents ministères.

Selon moi, la grande victoire de l’avancée de Trump réside dans le fait que la coordination entre les équipes de Trump et de Biden sur la gestion de la pandémie de COVID-19, qui a fait plus de 257 000 morts aux États-Unis, peut maintenant prendre effet autour d’une équipe de scientifiques chevronnés, notamment le réputé Anthony Fauci.

quebechebdo tribune libre 24 novembre 2020

Notre cadeau de Noël

23 novembre 2020


Dans l’éventualité où le plateau des cas contaminés se maintient d’ici le 17 décembre, les Québécois pourront bénéficier de 4 jours de permission, entre le 24 et le 27 décembre, pour recevoir des groupes de 10 personnes au maximum comme cadeau de Noël de notre gouvernement et de la Santé publique. Toutefois, dans le cas contraire, « ça va être just too bad », comme dirait notre directeur national de santé publique Horacio Arruda.

En passant, comme notre premier ministre semble voguer dans une période de largesse, pourquoi ne permettrait-il pas aux restaurateurs d’ouvrir leurs portes entre les 24 et 27 décembre, et ainsi permettre aux Québécois qui désirent célébrer dans un restaurant de pouvoir réaliser leur souhait? En fait, je ne vois pas pourquoi M. Legault ne se montrerait pas ouvert à cette possibilité, d’autant plus que les foules se ruent quotidiennement aux portes des Costco et Walmart demeurées ouvertes en permanence depuis le début de la pandémie!…

Et si, par malheur, les jours de grâce des Québécois devaient être retirés, il leur restera toujours la possibilité d’aller magasiner dans les centres commerciaux pour profiter des rabais des Fêtes comme consolation. Enfin, pour ce qui est du Jour de l’An, les Québécois peuvent toujours se consoler en regardant le Bye Bye, comme dirait le premier ministre.

vigile.quebec tribune libre 22 novembre 2020

Les péquistes, des indépendantistes pressés?

23 novembre 2020

Le nouveau chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a présenté le 21 novembre un nouveau «projet national» aux militants du Parti québécois (PQ), réunis en conseil national virtuel. Un éventuel gouvernement péquiste élu en 2022 tiendrait un référendum sur l'indépendance dans un premier mandat… Et ce n'est «pas farfelu», a-t-il assuré. 

«Je vois bel et bien un nouveau cycle» vers l'indépendance, a déclaré le nouveau chef dans son discours de clôture, en commentant un sondage suggérant que 40 % des Québécois diraient oui à la souveraineté s'il y avait un référendum. Il n'y a «aucune nostalgie», à relancer ce débat 25 ans après la tenue du dernier référendum, a-t-il plaidé.  . «Tout est devant nous».

Ce qui me plaît particulièrement dans le discours de PSPP, c’est la clarté avec laquelle il expose ses idées. À titre d’exemples, la « démondialisation » et la « décanadianisation » du Québec font partie du moteur de son action politique qui conduira à l’indépendance du Québec. En termes clairs, un gouvernement péquiste s'engagerait à «démondialiser» le Québec, c'est-à-dire notamment à accroître la production industrielle locale pour moins dépendre des biens importés d'ailleurs, et à le « décanadianiser » en légiférant dans les champs de compétence d'Ottawa quand il jugerait que l'inaction du fédéral nuirait aux intérêts du Québec.

 En termes clairs, un gouvernement péquiste sous PSPP non seulement sortirai le Québec du Canada mais aussi le Canada du Québec. Enfin, un autre volet de son programme porte sur la lutte aux paradis fiscaux : le chef du PQ s'engage à ce que son gouvernement cesse de faire affaire avec les entreprises ayant recours à ce stratagème d'évitement fiscal.

Le «projet national» de PSPP ne fait pas mention d'une union économique avec le Canada,  ce qui était pourtant un des pivots pour rassurer l'électorat au dernier référendum de 1995. Mais le nouveau chef estime que le contexte a changé et que les entreprises québécoises continueront à pouvoir faire affaire partout sans l’aide du fédéral.

Enfin, en ce qui a trait à la tenue d’une consultation populaire sur l’indépendance du Québec dans un premier mandat, je vois mal comment PSPP pourrait être traité de « séparatiste pressé » compte tenu qu’il s’est écoulé pas moins de 25 ans depuis la tenue du dernier référendum en 1995… ce qui, en soit, à mon point de vue, constitue un écart plus que raisonnable!

vigile.quebec tribune libre 22 novembre 2020

L’occasion manquée

23 novembre 2020

Sans grande surprise, les libéraux fédéraux ont l’intention de voter contre le projet de loi C-223 du Bloc québécois qui vise à exiger une « connaissance suffisante » du français pour les candidats à la citoyenneté canadienne au Québec.

Pourtant, les dernières déclarations de Justin Trudeau sur l’importance « que le Québec soit avant tout francophone » et sur son appui à la loi 101 « dans ce qu’elle fait au Québec » auraient pu laisser présager d’une plus grande ouverture du premier ministre sur son appui à la promotion et la défense du français au Québec.

Toutefois, les libéraux ont voté en faveur d’une motion du député fédéral néo-démocrate de Rosemont–La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice, reconnaissant que « la situation du français est toujours fragile, que l’usage du français est en déclin au Québec et au Canada » et demandant à Ottawa de mettre sur pied un plan d’action pour « mieux protéger et mieux promouvoir le français, au Québec et au Canada »… Une motion pour le moins timide et sans grand engagement concret de la part du gouvernement!  

On reconnaît bien là qu’il y a loin de la coupe aux lèvres eu égard aux belles paroles de Justin Trudeau sur l’importance du fait français au Québec et que le sacrosaint bilinguisme trudeauiste viscéral de Trudeau fils perpétue la tradition du père. Une autre occasion manquée de passer de la parole aux actes et de reconnaître concrètement le Québec comme société distincte…

vigile.quebec tribune libre 19 novembre 2020

L’âgisme systémique

23 novembre 2020

Un billet écrit conjointement par le Dr. Réjean Hébert, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, et Yves Couturier, professeur à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Sherbrooke, paru dans Le Soleil sous le titre «Les vieux allaient mourir de toute façon», un âgisme systémique révélé par la pandémie, m’a profondément touché.

En tant que septuagénaire relativement en santé, j’attribuerais cette empathie naturelle envers les aînés en raison de la cruelle réalité que 90 % des décès liés à la pandémie étaient âgés de 70 ans et plus, mais plus encore qu’une telle hécatombe n’ait suscité aucune sympathie de la population ni celle de nos dirigeants, ni même des médias sociaux. Dans cette triste réalité, qui s’émeut devant la mort de résidents âgés privés de soins et de compassion dans les derniers moments de leur vie sur terre?

Pourtant, certaines décisions prises pendant la pandémie étaient carrément teintées d’âgisme. Pourquoi interdire, par exemple, aux personnes proches aidantes de visiter les résidents des CHSLD? Comment justifier la séquestration indue des aînés en résidences pour aînés? Comment expliquer l’interdiction absolue de sorties des aînés? «À quoi bon se préoccuper des vieux, ils ont fait leur temps». La vie d’une personne aînée dans notre société utilitariste vaut-elle moins que celle d’un jeune ou d’un travailleur ? Poser la question, c’est y répondre…

Le Québec compte maintenant plus de 20% de personnes de plus de 65 ans et, dans une décennie, nous dépasserons les 25%. Quand enfin reconnaîtrons-nous la contribution inestimable des aînés à la société dite civilisée dans laquelle nous vivons, et les traiterons-nous avec toute la dignité accordée à un être humain à part entière?

quebechebdo tribune libre 23 novembre 2020
vigile.quebec tribune libre 25 novembre 2020