L’État-major des forces canadiennes fortement ébranlé

17 juin 2021

Décidément, les allégations d’inconduites et d’agressions sexuelles auprès de hauts gradés des forces armées canadiennes ne cessent de faire les manchettes depuis quelques mois.

Or dès 2015, une ex-juge de la Cour suprême, Marie Deschamps, publiait pourtant un rapport dévastateur sur des affaires d’inconduite et d’agression sexuelle au sein des forces canadiennes et sur la culture machiste qui entachait l’institution. Le rapport préconisait notamment la mise en place de mécanisme de plainte totalement indépendant et externe pour les victimes. Mais ce mécanisme n’a jamais été mis en place, à cause, dit-on, de la résistance à l’interne et parce que le gouvernement canadien n’aurait pas osé aller à l’encontre de cette résistance.

De son côté, le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, allègue qu’il n’a pas eu le temps de mettre cette proposition à exécution même si cela fait pourtant six ans qu’il est en poste. Et Justin Trudeau, qui ne cesse de se dire féministe et qui promettait pourtant de nettoyer l’armée canadienne de cette gangrène, n’a pas cru bon d’insister auprès de son ministre pour qu’il procède à la mise en place de ce mécanisme

Six ans plus tard, devant la tourmente, Justin Trudeau a décidé de confier à Louise Arbour, ex-juge de la Cour suprême du Canada et ancienne haut-commissaire des Nations unies aux droits de la personne, la mission d’examiner l’ensemble des procédures et politiques actuellement en place au sein des Forces canadiennes et du ministère de la défense pour traiter les cas de harcèlement, inconduite et agression de nature sexuelle.

Le rapport de Louise Arbour est attendu dans 15 à 18 mois. Les attentes sont élevées. La gangrène a déjà fait des ravages dévastateurs, notamment chez des femmes œuvrant dans l’armée. À mon avis, tant et aussi longtemps qu’un organisme externe ne sera pas responsable d’examiner les plaintes, les forces armées canadiennes ne pourront jamais retrouver leurs lettres de noblesse

vigile.quebec tribune libre 15 juin 2021

Je rêve depuis plus de cinquante ans

17 juin 2021

Un demi-siècle à rêver d’un Québec souverain…C’est un périple extrêmement long! Or quand je jette un regard sur le passé et sur le présent, je ressens une profonde amertume comme si les dirigeants indépendantistes m’avaient abandonné. Peu à peu, mon rêve s’est transformé en désillusion.

Aussi, ai-je cru opportun de vous offrir ce petit poème en guise d’espoir, un espoir fragilisé par toutes ces années perdues à entretenir un rêve! 

Je rêve depuis plus de cinquante ans

D’un pays en terre d’Amérique

Qui se libère des sorts maléfiques

Qui le harcèlent depuis tant de temps

Je rêve depuis plus de cinquante ans

D’un peuple qui ose s’affirmer

Et clamer sa soif de liberté

Par delà les carcans étouffants

Je rêve depuis plus de cinquante ans

D’une voix qui proclame ses convictions

Au-delà des stériles ambitions

D’un pouvoir bêtement avilissant

Je rêve depuis plus de cinquante ans

D’une nation québécoise française

Qui arrête de filer à l’anglaise

Devant un adversaire dénigrant

Je rêve depuis plus de cinquante ans

De reprendre fièrement mes cours d’eau

Mes forêts, mes mines, mes animaux

Et d’en disposer comme je l’entends

Je rêve depuis plus de cinquante ans

D’un Québec libre et souverain

Qui aspire à se prendre en main

Et à s’assumer toutes voiles au vent


vigile.quebec tribune libre 13 juin 2021
 

Les Espaces bleus, générateurs de la fierté québécoise

12 juin 2021

La fibre nationaliste de François Legault s’est manifestée à plusieurs occasions depuis le début de son mandat à titre de premier ministre, la dernière manifestation surgissant de la réforme de la loi 101 dans le projet de loi 21.

Aujourd’hui, en annonçant la création des Espaces bleus, c’est à la fierté des Québécoises et des Québécois que M. Legault s’adresse en leur offrant un vaste réseau interprovincial qui mettra en lumière les réalisations patrimoniales de nos ancêtres.

Qu’on le veuille ou non, l’histoire du Québec est peu connue, voire méconnue par plusieurs Québécois, Or l’histoire d’un peuple est le filon qui conduit aux bâtisseurs qui ont été les artisans du Québec d’aujourd’hui.

De surcroît, les Espaces bleus paveront la voie à un prolongement des cours d’histoire offerts dans les écoles, et permettront de la sorte aux jeunes québécois d’approfondir leurs connaissances sur le territoire qui les ont vu naître et sur le courage et la fierté de leurs ancêtres.

La fierté est un sentiment qui honore tous ceux qui la ressentent et permet de créer un engouement contagieux autour d’eux. En ce sens, je ne peux que souscrire à cette heureuse initiative du gouvernement caquiste…Bienvenue aux Espaces bleus, générateurs de la fierté québécoise!

vigile.quebec tribune libre 11 juin 2021
quebechebdo tribune libre 12 juin 2021 
Le Soleil 19 juin 2021
 

Un amalgame inapproprié

11 juin 2021

Une sortie enflammée du chef du deuxième groupe d’opposition à la Chambre des communes, Yves-François Blanchet, a mis le feu aux poudres à la suite des propos du premier ministre Justin Trudeau qui est allé jusqu’à créer un amalgame tout à fait inapproprié entre le drame de London et la loi sur la laïcité de l’État du Québec.

Le lendemain, le Bloc québécois est revenu à la charge en invitant le premier ministre à éviter toute forme d’amalgames, son chef Yves-François Blanchet l’ayant même exhorté à s’excuser pour sa déclaration de la veille qu'il a qualifiée d' « imbécilité ». Loin de retirer ses propos, le premier ministre a plutôt invité les députés « à écouter et à comprendre les inquiétudes et les préoccupations des musulmans, qui maintenant admettent une anxiété de plus quand ils sortent dehors avec leur hijab ou quand ils vont se promener en famille ».

Cette saga s’est étendue jusque dans la presse anglophone qui a martelé sur tous les tons que l'adoption de la loi québécoise sur la laïcité avait contribué à l'émergence d'un climat islamophobe au Canada, une loi, faut-il le rappeler, qui défend le port des signes religieux pour les personnes se trouvant en ligne d’autorité dans l’exercice de leurs fonctions.

À mon humble avis, il n’existe aucune corrélation entre la tuerie de London qui a fauché la vie de toute une famille musulmane et la loi 21 sur la laïcité de l’État québécois. En réalité, l’islamophobie faisait des ravages bien avant l’adoption de la loi 21 et se perpétuera tant et aussi longtemps que des influenceurs, notamment sur les réseaux sociaux, persisteront à la nourrir… 

vigile.quebec tribune libre 9 juin 2021
Le Soleil (version internet) 12 juin 2021 

Terrorisme solitaire et imprévisibilité

10 juin 2021

Le drame horrible qui a décimé quatre personnes d’une famille musulmane  à London en Ontario aurait-il pu être prévisible? Le chauffard fou qui a procédé à cette hécatombe a-t-il montré quelque signe qui aurait pu attirer les soupçons sur lui? Les autorités policières ont -ils les moyens de s’assurer qu’en telle tuerie ne se reproduira « plus jamais » comme certains le manifestaient lors de la veillée en l’honneur des personnes décédées dans une situation dramatique?

Sans me camper dans une position pessimiste, force est de constater que je ferais preuve d’angélisme si je répondais par l’affirmative à l’une de ces questions. Dans le cas qui nous concerne, l’assassin a probablement été sous l’influence des réseaux sociaux qui foisonnent de commentaires anti-islamistes jusqu’au jour il décide de passer à l’acte sans donner aucun signe préalable.

Le tueur avait certes planifié son geste ignoble tel un loup solitaire sans que personne de son entourage ne se doute de quoi que ce soit. Sa haine avait atteint des proportions fantasmagoriques si bien que rien ni personne ne pouvait l’empêcher de réaliser son crime abominable.

Notre société regorge de mouvements racistes qui ne cessent de gangréner le climat social. Les autorités policières sont débordées. De toute évidence le terrorisme est là pour rester. Au mieux, pouvons-nous démonter une solidarité envers les familles éprouvées… Elles en ont grandement besoin!

vigile.quebec tribune libre 9 juin 2021

Drame de Kamloops: l’Église catholique est imputable

6 juin 2021

J’écoutais le représentant des évêques du Canada lors d’une entrevue réalisée sur les ondes de RDI à l’émission 24/60 du 4 juin, et je n’ai pu m’empêcher de réaliser à quel point il a dû faire des entourloupettes pour se soustraire au devoir de l’Église de s’excuser pour le drame du pensionnat de Kamloops où 215 enfants autochtones ont trouvé la mort dans des circonstances pour le moins nébuleuses.

Nonobstant le fait que l’Église ait entrepris des discussions avec les nations autochtones, je suis d’avis que ces démarches, quoique essentielles, ne compensent en rien pour des excuses tout aussi essentielles, voire incontournables.

Faut-il le rappeler, ce pensionnat était sous la direction de communautés religieuses catholiques qui osaient porter la croix au cou et la malice dans leur cœur. Des êtres cruels dont la mission était d’extirper de ces enfants toute trace de leur origine autochtone.

L’Église catholique s’est toujours montrée rébarbative aux excuses eu égard aux comportements de plusieurs de leurs membres, notamment les sévices sexuels envers des enfants. Encore une fois, l’histoire se répète, et encore une fois, elle se faufile à travers de belles paroles qui ne feront que voiler son imputabilité…La parole appartient maintenant au chef de l’Église, le pape François. Aura-t-il l’humilité de s’excuser au nom de certains membres de son Église?

vigile.quebec tribune libre 6 juin 2021
Le Soleil (version internet) 7 juin 2021

Oui au bal des finissants

4 juin 2021

Il y a quelques jours, le directeur de la santé publique, Horacio Arruda, annonçait que les finissants du secondaire n’auront pas de bal cette année pour souligner l’obtention de leur diplôme, alléguant que c’était « par souci d’équité », compte tenu de l’interdiction des rassemblements intérieurs dans les domiciles, que la décision concernant les bals a été prise. Un argument plutôt faible dans la mesure où un souper familial peut toujours être reporté alors qu’un bal des finissants n’arrivent qu’une fois en cinq ans.

Le bal des finissants de cinquième secondaire représente une tradition bien établie au Québec, Pour ces milliers de jeunes, c’est l’aboutissement d’un long chemin où ils sont passés de l’enfance à l’adolescence à travers les échecs et les succès.

La vaccination est en cours chez les jeunes. Alors pourquoi ne pourrait-on pas encourager les finissants à se faire vacciner rapidement pour leur permettre d’avoir un bal à la fin juin, quand la majorité des régions seront en zone verte, d’autant plus qu’à ce moment-là, des festivals pourront accueillir un maximum de 2500 personnes réparties dans des sections de 250 spectateurs?

Or, il semblerait que, devant la grogne manifeste des parents et des élèves, le Dr Arruda envisage une façon de réévaluer la situation. Toutefois, le temps presse, il doit faire vite. Des milliers d’adolescents n’attendent que son signal pour mettre les préparatifs en marche… et vivre le conte de fée auquel ils aspirent depuis cinq ans!

quebechebdo tribune libre 4 juin 2021

Pierre Fitzgibbon, le mouton noir du cabinet

3 juin 2021

C’était écrit dans le ciel, le quatrième rapport de la commissaire à l’éthique à l’encontre de Pierre Fitzgibbon aura eu raison de son poste de ministre de l’Économie. En termes clairs, M. Fitzgibbon était devenu le « mouton noir » du cabinet de François Legault.

Pourtant, Pierre Fitzgibbon aurait dû incarner un excellent ministre de l’Économie compte tenu de ses nombreux contacts dans le monde des affaires. Mais, et il y a un gros « mais », l’ex-homme d’affaires maintenait des placements dans deux compagnies qui recevaient des subventions du gouvernement, Ça sent l’apparence de conflit d’intérêt. Et, le moins qu’on puisse dire, l’éthique en prend pour son rhume

Qui joue avec le feu risque de se brûler, nous rappelle un vieux proverbe. Habitué à traiter de grosses affaires dans sa vie antérieure, il est un habitué des petits jeux avec le feu, et c’est très bien ainsi. Toutefois, en faisant le saut en politique, il s’engageait à respecter le code d’éthique qui lui, ne fait pas de quartier à ceux qui osent y déroger. En fait, il est impitoyable.

En démissionnant, Pierre Fitzgibbon a fait le bon choix, celui du gros bon sens. En effet il ne pouvait pas garder la chèvre et le chou, Les affaires ne font pas bon ménage avec la politique. Néanmoins, l’ex-ministre assure qu’il demeurera député jusqu’à la fin de son mandat en 2022 et peut-être même au-delà. « Je suis venu en politique pour aider, je voulais aider le gouvernement »

En bien, M. Fitzgibbon, il n’en tient qu’à vous de respecter le code d’éthique en toutes lettres à défaut de quoi je vous suggère de retourner dans le monde des affaires!

Le Soleil (version internet) 3 juin 2021
vigile.quebec tribune libre 4 juin 2021

Deux langues officielles, vous dites?

2 juin 2021

Décidément, ce n’est pas pour demain que les communications provenant du fédéral se feront systématiquement dans les deux langues officielles, À titre de preuve, le rapport annuel du Commissaire aux langues officielles constate que pour l’année 2020-2021, le gouvernement fédéral a fracassé à nouveau son record du nombre de plaintes pour non-respect de la Loi sur les langues officielles, soit 1870 plaintes, une hausse significative par rapport à l’année précédente,soit1361 plaintes, et plus de trois fois plus de plaintes qu’en 2011-2012, soit 518.

Soyons clairs, le bilinguisme tel que pratiqué à Ottawa est une utopie, et il apparaît clairement que la situation ne tend pas à s’améliorer. Dans les faits, il semble s’être immiscé au cours des dernières décennies une culture de travail favorisant l’anglais chez les fonctionnaires, ce qui a eu pour conséquence de nuire à la prestation de services essentiels en français, notamment dans les communications d’urgence.

Aux yeux du Commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, « c’est la dualité linguistique de notre pays qui ne peut s’exprimer ou s’épanouir dans la fonction publique, ce qui a indéniablement un effet sur la qualité du service offert au public. La source du problème vient, selon moi, du manque de leadership en langues officielles au sein de nos institutions fédérales ».

La refonte promise de la Loi sur les langues officielles ne s’est toujours pas concrétisée par un projet de loi du gouvernement Trudeau, mais un « document de réforme » a été déposé par la ministre Mélanie Joly. Nonobstant les belles intentions qui se dégageront de cette loi sur la refonte des langues officielles, je demeure sceptique sur les moyens concrets qui seront proposés pour pallier la maltraitance du français au sein de certaines institutions fédérales… Une histoire à suivre!

quebechebdo tribune libre 2 juin 2021
vigile.quebec tribune libre 2 juin 2021
Le Soleil 5 juin 2021

Les enfants martyrs de Kamloops

31 mai 2021

Encore une fois, une nation autochtone est éprouvée par un événement horrible dont les gestes meurtriers dépassent l’entendement humain : la découverte macabre de 215 dépouilles d’enfants enterrés, dont certains avaient à peine trois ans. sur le site d’un ancien pensionnat autochtone.dans la communauté de Kamloops en Colombie-Britannique.

L’ancien pensionnat de Kamloops, dont la gestion avait été confiée à l’Église catholique au nom du gouvernement canadien, était autrefois l’un des plus imposants pensionnats parmi les 139 établissements du genre mis en place dans le pays à la fin du XIXe siècle. Il avait ouvert ses portes en 1890 et avait accueilli jusqu’à 500 élèves dans les années 1950, lesquels ont été coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture, plusieurs d’entre eux ayant été soumis à de mauvais traitements ou à des abus sexuels.

À cet effet, la Commission de vérité et réconciliation du Canada a recensé au moins 51 enfants morts au pensionnat autochtone de Kamloops entre les années 1914 et 1963. Dans son rapport final, publié en 2015, la commission écrit que d’après des responsables en poste en 1918, les enfants du pensionnat n’étaient pas adéquatement nourris, ce qui entraînait leur malnutrition.

Mais d’où provient cette malédiction qui plane au-dessus des nations autochtones au Canada? Pourquoi sont-elles considérées et traitées comme des peuples de « second ordre »? Comment se fait-il qu’il soit répandu que rien de ce qui est autochtone n’a de valeur pour quiconque?

La découverte des enfants martyrs de Kamloops nous replace devant la macabre réalité d’une nation dont les droits reconnus par l’ONU ont constamment été bafoués… même le droit à la vie. Un bien triste constat!

vigile.quebec tribune libre 31 mai 2021
Le Soleil (version internet) 1er juin 2021
Le Devoir 2 juin 2021