Un boys club à la CAQ?

28 septembre 2021

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la députée libérale de Saint-Laurent, Marwah Rizqy, n’y va pas avec le dos de la cuillère dans son attaque à bras raccourcis sur le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge.

«Si ça avait été une femme, Roberge aurait été dégommé. Si ce n'était pas Jean-François Roberge, mais plutôt Marie-France Roberge, il n'aurait plus occupé ses fonctions. On a vu des femmes ministres perdre leur job pour bien moins que ça!» a lancé la députée à l’Assemblée nationale., faisant sans doute allusion à Marie-Chantal Chassé, Sylvie D’Amours et Marie-Ève Proulx qui ont toutes les trois été écartées du cabinet de François Legault depuis l’élection du gouvernement de la CAQ. Pour sa part, le ministre Roberge estime que sa vis-à-vis libérale va trop loin, arguant que « c’est une attaque personnelle inutile, basse ».
Or l’argumentaire de Marwah Rizqy eu égard aux critiques envers le ministre Roberge est pour le moins assez assez accablant, notamment le décrochage scolaire à la hausse, la pénurie d’enseignants, la lenteur à déployer les tests de dépistage rapide de la COVID-19 dans les écoles et la controverse entourant la qualité de l’air dans les classes.

Un vieux proverbe nous rappelle qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Certains faits ne trompent pas, notamment l’exclusion des trois ministres féminines du caucus caquiste. Existe-t-il un boys club à la CAQ? Dans la foulée de certains faits assez r.vélateurs, la question m’apparaît pour le moins pertinente.

vigile.quebec tribune libre 28 septembre 2021
 

Les réseaux sociaux et les élus municipaux

28 septembre 2021

Aux élections de 2017, près de la moitié des maires et mairesses du Québec, soit 534, ont été élus sans opposition dans 1100 municipalités. Encore cette année, limpressionnante vague de départs d’élus municipaux en cette année électorale est attribuable en grande partie aux insultes et au climat nocif qui règnent sur les réseaux sociaux. De plus, les maires sont devenus, depuis l’arrivée du coronavirus, les boucs émissaires de toutes les frustrations des complotistes qui font leurs choux gras des élus municipaux eu égard aux mesures sanitaires.

À titre d’exemple, le maire de Québec, Régis Labeaume, a maintes fois dû composer avec le harcèlement et les menaces durant sa carrière politique et a dû porter plainte à la police quelques fois. « J’espère que tu vas crever mon osti de sale [...] J’ai hâte d’aller pisser sur ta tombe », lui avait notamment souhaité un troll.

Or les maires sont coincés dans un cercle vicieux. D’un côté, ils se doivent d’être présents sur les réseaux sociaux s’ils désirent rejoindre le plus d’électeurs possibles, de l’autre côté, ils se font assaillir par les « pleutres qui se cachent derrière leur écran » et les « morons en bobettes », pour employer le langage coloré de Régis Labeaume.

Enfin, sur le plan légal, selon Me Charles B. Côté, criminaliste, face au nombre croissant de cas de menaces vécus par les élus sur les réseaux sociaux, la question de leur protection se soulève, et cette dernière se situe au moment du jugement. Les élus ont une considération particulière dans le cas de harcèlement, car leur statut rend les circonstances aggravantes, notamment eu égard à l’entrave à la démocratie causée par l’intimidation à laquelle sont confrontés certains élus municipaux.

Le Devoir 28 septembre 2021
Le Soleil 2 octobre 2021

Louis Garneau, une leçon d’humilité

26 septembre 2021

Retour en arrière

Au moment où j’ai écrit la biographie de Louis Garneau « Ne jamais abandonner …! », entre 2003 et 2006, l’essor de l’entreprise de l’homme d’affaires inépuisable était fulgurant et tous les espoirs étaient permis et, parmi ceux-ci, figurait la future relève de l’entreprise qu’il prévoyait déjà voir incarnée par ses trois enfants.

Rencontre avec l’échec

Quinze ans plus tard, maintenant âgé de 63 ans, c’est un Louis Garneau transformé que l’on découvre dans le livre « Je suis tombé deux fois : la course la plus ardue de Louis Garneau », écrite par l’auteure Valérie Lesage, dans lequel l’homme d’affaires ose s’ouvrir avec humilité sur la période noire qu’il a dû surmonter au cours des trois dernières années.  

Sans coup férir, Louis Garneau a été subitement confronté à l‘échec et, en affaires, l’échec est inacceptable. « En affaires, on n’a pas le droit de perdre d’argent, car la banque va tout de suite s’énerver. Aussitôt que tu perds, tu es un pas bon… Un homme d’affaires qui fait un burnout, c’est un trou de cul… Je le cachais…J’avais honte… Je devais représenter le chef, le président, le surhomme. Et ça, la notion de surhomme, j’en ai ras-le-bol, parce que j’ai toujours été dans le mode de la performance ».Un ras-le bol qui l’aura conduit vers les chemins de la sagesse où il a découvert toute l’importance des valeurs humaines, telle l’écoute et l’ouverture.

La vulnérabilité, créatrice de confiance

Pour reprendre les paroles de l’auteure, « la vulnérabilité en leadership est aussi quelque chose qui est en train de prendre une place. On se rend compte qu’on crée de la confiance en osant montrer davantage de vulnérabilité parce que les gens peuvent s’associer à un être humain beaucoup plus facilement qu’à un super héros où tout va bien.» Et ça, Louis Garneau l’a ressenti au plus profond de son être lorsqu’il est ressorti de la grande noirceur.

Les enfants quittent l’entreprise

Aujourd’hui, ses trois enfants, William, Édouard et Victoria, se sont dispersés sous d’autres cieux, Le rêve de leur père de les voir prendre la relève de l’entreprise s’est évanoui. Qu’à cela ne tienne, « le meilleur conseil que je peux donner, c’est de permettre aux enfants de voyager, de voir ailleurs et d’aller faire leur expérience. Après ça, ils feront leur choix, à savoir s’ils veulent travailler pour leur père ou non ».

Un patrimoine industriel à léguer

« J’ai 36 ans de bonheur et 36 mois de malheur. 36 ans de bonheur, ça veut dire que de l’an un à l’an 36, c’est zéro perte financière, des profits et beaucoup d’argent. En revanche, je suis plus amoureux du patrimoine industriel que je pourrais laisser à la société québécoise que de l’argent. » Dès l’âge de 13 ans, sur son vélo, Louis Garneau est entré dans le monde de la compétition, Depuis lors, toute la vie de Louis Garneau s’est déroulée en une séquence ininterrompue d’événements tantôt heureux tantôt malheureux qui l’ont prédestiné à devenir l’homme d’aujourd’hui, condamné à ne jamais abandonner.

quebechebdo tribune libre 26 septembre 2021
vigile.quebec tribune libre 26 septembre 2021

Une « petite révolution » axée autour de 1 milliard $ en primes

24 septembre 2021

Le premier ministre François Legault, accompagné des ministres Sonia Lebel et Christian Dubé, ont présenté leur plan pour redresser le problème de pénurie d’infirmières dans les hôpitaux du Québec. Aux yeux de M. Legault, c’est le début d’une «petite révolution» dans la gestion du système de santé.

Pour créer un incitatif à demeurer en fonction, à retourner au travail ou à quitter le privé pour joindre le public, le gouvernement versera des primes s’échelonnant de 12 000$ à 18 000$ dans le cadre d’un plan de 1 milliard de dollars pour contrer la pénurie. Les infirmières participantes recevront le tiers de leur boni dès maintenant, et la balance dans un an, ce qui les incitera à demeurer dans le réseau minimalement pour un an, estime M. Legault. De plus, 3000 agents administratifs d’ici le printemps 2022 seront embauchés pour libérer les infirmières de la «paperasse», qui représenterait 30% de leur travail.

Toutefois, rien de concret sur les conditions de travail des infirmières, notamment sur le temps supplémentaire obligatoire, n’a été annoncé hormis une remarque de François Legault à l’effet que le retour au travail de certaines infirmières devrait contribuer à diminuer le temps supplémentaire obligatoire. Aucune mention non plus sur le nombre d’infirmières qui seront suspendues sans solde le 15 octobre si elles ne consentent pas à se faire vacciner d’ici là. 

À mes yeux, le premier ministre mise beaucoup trop sur l’attrait des primes et pas suffisamment sur des échéanciers concrets en matière de conditions de travail des infirmières. Ce n’est pas avec de l’argent dans leur poche que les infirmières récupéreront la satisfaction à leur travail mais plutôt avec des conditions de travail qui leur permettront d’accomplir leur tâche avec entrain et professionnalisme.

quebechebdo tribune libre 24 septembre 2021
vigile.quebec tribune libre 24 septembre 2021

Le Parti vert du Canada est-il encore pertinent?

23 septembre 2021

D’entrée de jeu, lors du dernier scrutin, le Parti vert d’Annamie Paul a fait élire 2 députés et récolté 2,3 % des voix comparativement au Parti populaire du Canada (PPC) de Maxime Bernier qui a récolté 5,0 % des voix.

Et pourtant, en 2004, le Parti vert a recueilli plus de 582 000 voix, soit 4,3 % de l’ensemble des voix. En 2006, le parti recueillait plus de 664 000, 4,5 % des voix. Deux ans plus tard, aux élections de 2008, le parti connut un regain considérable, obtenant plus de 937 000 voix, soit 6,8 % de l’ensemble des voix.

Pendant ces années « fastes », le Parti vert était pratiquement le seul parti à placer la protection de l‘environnement en priorité dans son programme. Aujourd’hui, tous les principaux partis fédéraux offrent une place essentielle à la réduction des GES dans leur programme, si bien qu’il m’apparaît pertinent de se demander si le Parti vert a toujours sa place sur l’échiquier politique fédéral…

quebechebdo tribune libre 23 septembre 2021
vigile.quebec tribune libre 28 septembre 2021

Visa la majorité, récolta la minorité

22 septembre 2021

Dans la foulée de nombreux analystes de la scène politique fédérale, je suis d’avis que Justin Trudeau, en prenant la décision de déclencher des élections précipitées en pleine pandémie, visait l’élection d’un gouvernement libéral majoritaire. Toutefois, les électeurs canadiens sont venus brouiller les cartes, et le chef du Parti libéral du Canada (PLC) doit se contenter de récolter un gouvernement minoritaire.

Quoi qu’il en soit, lors de son discours prononcé devant ses partisans à la fin de la soirée électorale, le premier ministre réélu, malgré le fait que le PLC n’ait récolté qu’un siège supplémentaire au pays, que le taux de participation de l’électorat canadien n’ait atteint qu’un faible 58,7 %, et que le Parti conservateur ait recueilli le plus fort pourcentage des voix au pays, estime avoir reçu un « mandat clair » de la population canadienne. «Vous avez fait un choix, vous avez donné aux parlementaires un mandat clair pour qu’on en finisse une bonne fois pour toutes avec cette pandémie», a déclaré Justin Trudeau. Soit dit en passant, c’est la première fois que j’entends un premier ministre d’un gouvernement minoritaire se targuer d’avoir reçu un « mandat clair », un tel mandat étant réservé d’ordinaire aux chefs d’État élus avec une majorité de sièges.

De toute évidence, nonobstant le fait que Justin Trudeau était tout sourire en fin de soirée devant ses partisans, je demeure convaincu que, dans sa tête, il aurait souhaité « avoir les deux mains sur le volant » .plutôt que d’avoir à négocier avec les oppositions pour faire adopter ses projets de loi.

Justin Trudeau avait fait le pari, en août dernier, de déclencher une campagne électorale éclair, espérant ainsi obtenir une majorité, tout en offrant aux Canadiens la possibilité de choisir l’orientation des politiques du pays en cette sortie de crise de la COVID-19.

Une question demeure toutefois en suspens : Justin Trudeau aura-t-il la patience, voire la résilience, de naviguer une deuxième fois consécutive dans les eaux troubles d’un gouvernement minoritaire ou prendra-t-il la décision de se retirer de la vie politique avant la fin de son mandat? Une histoire à suivre…

vigile.quebec tribune libre 22 septembre 2021

36 jours et 612 M $ plus tard

21 septembre 2021

Trente-six jours plus tard, l’élection fédérale aura coûté la somme astronomique de 612 M $.puisée dans les poches des contribuables pour revenir en bout de course à la case départ.

Le premier ministre sortant Justin Trudeau, en décrétant des élections précipitées, espérait obtenir un gouvernement majoritaire. Les Canadiens en ont décidé autrement. Il devra retourner s’asseoir dans le siège d’un gouvernement minoritaire et Erin O’Toole devra récupérer son siège de chef de l’opposition officielle.

De son côté, au Québec, le premier ministre François Legault devra encore composer avec un premier ministre « centralisateur » à Ottawa tout en exerçant une surveillance constante sur la propension de Justin Trudeau à s’immiscer dans les compétences du Québec, notamment en Santé.

En terme cinématographique, nous assistons en réalité à un remake du Jour de la marmotte… Bienvenue dans le merveilleux monde du fédéralisme canadien!

quebechebdo tribune libre 21 septembre 2021

Le jour de la marmotte

21 septembre 2021

Depuis des mois, les médias n’en finissent plus de décrire les situations inhumaines auxquelles sont confrontés les infirmières et les préposés aux bénéficiaires (PAB) dans les Centres hospitaliers pour soins de longue durée (CHSLD).  À cet effet, un article publié dans Le Journal du dimanche 19 décembre remet en lumière la situation catastrophique dans laquelle baigne quotidiennement le personnel soignant des CHSLD.

À titre d’exemples, la pénurie de personnel frappe de plein fouet les CHSLD, alors que des employés se retrouvent avec des ratios « inhumains » de patients, pouvant atteindre jusqu’à 155 résidents pour une seule infirmière en Estrie. Une vingtaine de résidences ont une seule infirmière de nuit pour plus de 100 patients. Des préposés aux bénéficiaires de nuit ont plus de 50 usagers à leur charge. 

De son propre aveu, Christian Dubé s’est dit surpris de l’ampleur actuel du phénomène relié au manque de personnel et au nombre croissant de patients aux soins intensifs, un constat plutôt surprenant venant de la bouche du ministre responsable de la Santé au Québec.

Et pourtant, depuis des mois, le phénomène se répète inlassablement au quotidien à tel point que nous avons l’impression d’assister à un remake du jour de la marmotte. Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, nous promet un projet mammouth pour l’automne… Espérons que ce projet privilégiera un ratio viable pour les infirmières et les PAB, et surtout qu’il reconnaîtra une fois pour toutes l’expertise et le professionnalisme du personnel de la santé.

vigile.net tribune libre 21 septembre 2021
Le journal Métro 21 septembre 2021

Le retour des belles-mères

19 septembre 2021

Il fut un temps pas si lointain où Jacques Parizeau s’était mérité le sobriquet de « belle-mère », en s’octroyant le droit de mettre son grain de sel dans les campagnes électorales provinciales quand ce n’était pas du sable dans l’engrenage lorsqu’il qualifia le Parti québécois de « vaste champ de ruines » en 2015.

Eh bien ceux qui croyaient que ce temps était révolu constate aujourd’hui que le retour des belles-mères, incarnées par Jean Chrétien et Brian Mulroney, a refait surface à quelques jours de la fin de la campagne électorale fédérale.

Ces deux sorties publiques d’anciens premiers ministres du Canada en campagne électorale favoriseront-elles les conservateurs et/ou les libéraux? Je n’en suis pas certain. Mm Chrétien et Mulroney auront beau avoir marqué la scène politique canadienne, ils n’arriveront pas à influencer le vote pour Erin O’Toole ni Justin Trudeau qui n’ont tout simplement pas la prestance ni le charisme des deux ex-premiers ministres. De toute évidence, dans le cas présent, le passé n’est pas garant de l’avenir!

vigile.quebec tribune libre 18 septembre 2021

 

« Rebâtir la confiance »

17 septembre 2021

Nonobstant le fait que le mouvement #Moi Aussi a contribué grandement aux dénonciations de violences sexuelles par les victimes, force est de constater que le processus judiciaire à travers lequel lesdites victimes sont confrontées demeure parsemé d’embûches auxquelles elles sont encore aujourd’hui confrontées.

Dans cette foulée, nous ne pouvons qu’applaudir au dépôt du projet de loi 92 sur la création d’un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et conjugale par le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, pour donner suite au rapport de 190 recommandations « Rebâtir la confiance » et dévoilé en décembre 2020.

Je m’en voudrais de ne pas mentionner un article du projet de loi qui, selon moi, est crucial pour « rebâtir la confiance » envers le système de justice eu égard aux violences sexuelles et conjugales, à savoir que tous les nouveaux juges devront suivre une formation en matière de violence conjugale et sexuelle, de même que ceux qui siègent déjà.  

Autre apport important, des mesures de sécurité seront prises afin que les victimes n’aient pas de contacts avec leurs agresseurs. En ce sens, les partis pourraient témoigner via visioconférence, dans des salles séparées, ou des paravents spéciaux pourraient être installés dans les salles d’audience. 

Les victimes de violence sexuelle et conjugale ont trop longtemps été laissées à elles-mêmes dans les méandres du processus judiciaire. Le projet de loi 92 vient remettre les pendules à l’air, à savoir que les victimes bénéficieront de juges et d’avocats formés pour ce type de cause, et par conséquent, plus attentifs et plus empathiques aux doléances des victimes.

 

quebechebdo tribune libre 17 septembre 2021
vigile.quebec tribune libre 18 septembre 2021