Vieillir

J’ai maintenant atteint l’âge vénérable de 75 ans, trois quarts de siècle sont maintenant derrière moi. Plus j’avance en âge, plus les années s’écoulent trop rapidement. C’est probablement le peu de temps qu’il me reste qui crée cette illusion.

J’ai mené ma vie là où elle m’a conduit. J’a eu la chance de faire ce que j’appelle le plus beau métier du monde, l’enseignement. J’ai aimé ces jeunes et je crois qu’ils me l’ont bien rendu.

Or arrive un jour la retraite. C’est à ce moment que je fais la connaissance du lâcher-prise, cet état d’esprit qui nous oblige peu à peu à abandonner le contrôle pour plonger dans un monde inconnu. La résilience m’a rejoint.

Et avec elle, l’incertitude, le doute qui m’obligent à revenir sur mon passé et à constater à quel point mes certitudes d’antan ne font plus partie de ma vie de tous les jours. L’homme sûr de lui hésite de plus en plus souvent. Le béton dans lequel étaient cimentées mes valeurs s’effrite petit à petit.

Sans m’en rendre compte, ma vie s’est enveloppée dans la fragilité, dans l’éphémère. Toutes les références autour desquelles je vivais ma sécurité se sont affaissées.

Toutefois, vieillir, c’est aussi prendre le temps d’observer le vol d’un oiseau, d’écouter le vent caresser les feuilles des arbres, d’observer le lever de soleil à l’horizon, de s’émerveiller devant un magnifique coucher de soleil, de prendre un enfant dans ses bras et de l’embrasser tendrement sur le front… Des petits gestes qui donnent tout son sens à la vie et qui créent en-dedans une oasis de joie et de sérénité.

vigile.quebec tribune libre 22 novembre 2021

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