Pipelines, François Legault entrouvre les vannes
Il n’y a pas si longtemps, le premier ministre François Legault, interrogé sur la possibilité de construire des pipelines au Québec, laissait entendre que, même si les conditions pouvaient changer à l’avenir, il n’y aurait peut-être pas encore d’« acceptabilité sociale » pour de tels projets actuellement. Au même moment, un sondage commandé par l’Institut économique de Montréal (IEDM) démontrait qu’une pluralité, sinon une majorité absolue de Québécois étaient en faveur de tels projets.
Or la situation géo-politique instable mondiale suscitée par les tarifs douaniers semés à tout vent par le président Donald Trump a eu l’heur d’éveiller la construction de pipelines au Canada. Il n’en fallait pas davantage pour que l’Ontario, l’Alberta et la Saskatchewan signent un mémorandum d’entente visant à faciliter la construction de pipelines, de voies ferrées et d’autres infrastructures énergétiques ou commerciales permettant d’« acheminer les minéraux critiques de l’Ontario et le pétrole et le gaz de l’Ouest canadien vers de nouveaux marchés ». Pour sa part, François Legault s’est dit «ouvert à analyser» un tel projet, pour autant qu’il y ait des retombées économiques pour le Québec.
Un virage à 180 degrés qui rejoint de ce fait la position de Mark Carney et qui vient contrecarrer la position du Canada sur ses objectifs d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. En termes clairs, le Québec se dit prêt à entrouvrir les vannes nonobstant sa position ferme de lutter contre toutes formes d’énergies fossiles en privilégiant les énergies vertes telles l’hydroélectricité, les éoliennes et la promotion des voitures électriques.
En réalité, le dilemme entre l’économie et l’environnement prend ici tout son sens particulièrement dans un contexte où les feux de forêt et les inondations ne cessent d’entraîner dans leur sillon des dégâts gigantesques liés aux changements climatiques. En conséquence, la question de la pertinence d’investir dans des pipelines à ce moment-ci se pose indubitablement. Enfin le « Canada fort » de Mark Carney ne risque-t-il pas de freiner significativement des décennies d’efforts des Canadiens à lutter contre l’envahissement pervers des énergies polluantes? v
Le Sleil (version numérique) 27 juillet 2027
vigile.quebec tribune libre 11 août 2025
Henri Marineau

