Les autochtones, talon d’Achille de Carney
Mettons les choses au clair. La loi C-5 sur les grands projets nationaux a été adoptée sans aucune consultation auprès des chefs des premières nations. C’est d’ailleurs dans ce contexte que le premier ministre Mark Carney a rencontré quelque 250 leaders et représentants de communautés autochtones pour faire le point sur la loi C-5 et éviter autant que possible que ne déraille sa vaste réforme économique.
Or aux yeux de Robert Falcon Ouellette, anthropologue originaire de la nation crie Red Pheasant en Saskatchewan, la loi C-5 a été adoptée à « une vitesse incroyable » sans qu’aucun dialogue avec les peuples autochtones n’ait eu lieu préalablement. « On la présente comme un outil pour éliminer les barrières commerciales interprovinciales. Mais pour les Premières Nations, elle ressemble à une toute autre chose : la Loi sur les Indiens 2.0 », argue l’anthropologue.
Dans les faits, il est incontestable que la loi C-5 accorde d’importants pouvoirs au gouvernement fédéral dans le processus d’approbation de grands projets d’infrastructure, énergétiques ou autres. À l’inverse, elle enlève du poids décisionnel aux consultations avec les Premières Nations, le fédéral détenant aujourd’hui une plus grande marge de manœuvre pour autoriser des projets, même ceux qui rencontrent de la résistance au sein des communautés autochtones.
Nonobstant les efforts louables de premier ministre pour les sécuriser à l’égard de projets qui passeraient sur les terres des autochtones, Mark Carney devra un jour ou l’autre, et le plus tôt sera le mieux, s’asseoir avec les chefs des premières nations et cesser ses allusions à peine voilées de les considérer comme des « empêcheurs de tourner en rond ». Les autochtones incarnent des citoyens canadiens à part entière et leurs terres leur appartiennent de plein droit. Alors M. Carney, tenez-vous le pour dit, et discutez d’égal à égal avec les chefs autochtones. Sinon, gare à votre super-réforme économique…elle risque de frapper le mur de façon fracassante!
vigile.quebec tribune libre 20 juillet 2025
Henri Marineau

