L’épouvantail de l’indépendance
Dans mon dernier article paru sur la tribune libre de Vigile en date du 28 juillet sous le titre « Vaincre la peur », j’ai tenté d’illustrer les effets pervers de cette peur viscérale dont souffrent bon nombre de Québécois face à notre accession à l’indépendance. Parallèlement, je faisais allusion à cette même peur utilisée à outrance par nos adversaires politiques, particulièrement quand surviennent des événements cruciaux de notre histoire, tels les deux référendums.
Je terminais mon article en invitant tous ceux qui se sentent capables d’atténuer cette peur sclérosante par de solides arguments à se lever et à le crier sur toutes les tribunes qui leur sont offertes. En lançant cette invitation, je pensais, bien sûr, aux citoyens ordinaires, mais aussi aux militants et aux politiciens qui arborent la cause de l’indépendance.
En ce qui a trait aux politiciens, mon premier réflexe se tourne vers la députation du PQ. Toutefois, force nous est de constater que nous ne risquons pas d’obtenir un appui important des élus péquistes tant et aussi longtemps que le mot « indépendance » sera exhibé comme un « épouvantail », en d’autres termes, comme un mot qui fait peur aux Québécois et, pire encore, qui leur fait peur à eux-mêmes !
À titre d’exemples, on n’a qu’à lire l’article 1 du programme du PQ pour réaliser l’absence de mention à l’indépendance du Québec, le terme « souveraineté » faisant foi de leitmotiv. Encore aujourd’hui, les députés péquistes utilisent à l’occasion, du bout des lèvres, le mot « indépendance », comme s’ils risquaient de se faire taper sur les doigts par les hautes instances du parti, en particulier par leur chef qui, avouons-le, est loin d’avoir intégrer le « mot épouvantable » dans son vocabulaire !
Enfin, il m’apparaît évident que la souveraineté de l’État québécois ne pourra être reconnue que le jour où l’indépendance du peuple aura été acquise par voie démocratique. Pour ce faire, les ténors doivent mettre sur la table les avantages de l’accession à notre indépendance en commençant par cesser d’avoir peur et d’avoir peur de faire peur en appelant les choses par leurs noms, au lieu de se cacher sous le costume d’un épouvantail !
vigile.net tribune libre 31 juillet 2011
Henri Marineau

