L’énigme Khadir (prise 2)

D’entrée de jeu, je vous cite un extrait d’un article du journal français Libération en date du 3 juillet 2008 :
« Peut-on être de gauche en Amérique du Nord, à la fois immigrant et souverainiste québécois, de tradition musulmane et militant de la cause féministe? Médecin d'origine iranienne, activiste de longue date, Amir Khadir est tout cela à la fois. S'il n'est pas l'unique politicien québécois issu de l'immigration dans la province, il est sans doute le seul à réunir toutes ces caractéristiques…. » (1)
Rien pour résoudre l’énigme Khadir, vous allez me dire…non, mais peut-être des éléments qui peuvent expliquer les paradoxes dans lesquels semblent baigner parfois le député de QS. Entre autres, l’appui d’un chef de parti souverainiste au NPD lors des dernières élections fédérales, invoquant le vote « utile » pour justifier ses calculs politiques au détriment de ses convictions.
On pourrait citer aussi sa démarche en dents de scie dans le dossier de l’amphithéâtre de Québec, s’objectant d’abord au dépôt du projet de loi 204 pour ensuite l’accepter, alléguant qu’une commission parlementaire permettrait à tous les intervenants de s’exprimer sur le sujet, y compris lui, et qu’une fois les audiences terminées sans qu’aucune anomalie sur l’entente entre la Ville de Québec et Quebecor ne soit ressortie, il persiste à dire qu’il votera contre l’entente, et cela, avant même que la Cour supérieure ne donne son verdict concernant la contestation de Denis de Belleval.
Et, pour ajouter un peu de piquant à l’énigme qui entoure le personnage, je crois opportun de vous rapporter certains faits historiques qui se dégagent du même article cité plus haut :
« En 1995, le Parti québécois (PQ) digère très mal l'échec du référendum d'indépendance. Son rêve lui échappe à 1 % des voix près. Il vire alors à droite, adoptant une stratégie néolibérale. Les déçus, parmi lesquels Amir Khadir, fondent alors le Rassemblement pour une alternative politique (RAP), avec le but de créer une force à la gauche du PQ. En 2002, l'initiative débouche sur la formation de l'Union des forces progressistes (UFP), un parti qui rassemble tous les groupuscules de gauche, y compris le Parti communiste. »(1)
Considérant d'une part, que QS est nés de la fusion de l'UFP et d'Opition citoyenne, et que d'autre part, l'une des raisons d’être de sa formation était de « créer une force à la gauche du PQ », je ne crois pas qu’il soit dans les intentions d’Amir Khadir de conclure quelque alliance avec le PQ alors que plusieurs intervenants persistent à croire à cette possible coalition.
Enfin, une chose est certaine, on ne peut l’accuser d’utiliser la langue de bois, souvent reprochée aux politiciens comme porteuse d’un discours creux. Pourtant, aux qualificatifs élusif et de nébuleux attribués aux utilisateurs de la langue de bois, sont souvent substitués ceux de despotes et de manipulateurs aux politiciens ayant leur franc parler. Porteur d’un discours ouvert, empreint d’une dialectique implacable, et sans détour, recourant même souvent à l’insulte envers ses adversaires, Amir Khadir subit néanmoins souvent les doléances de plusieurs de ses auditeurs tout en en ralliant un bon nombre. À preuve que l’énigme Khadir est loin d’être résolue!
 
(1)   http://www.quebecsolidaire.net/actualite-nationale/portrait-damir-dans-liberation 

vigile.net tribune libre 6 mai 2011

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