L’éléphant blanc fédéral

« Nous sommes profondément convaincus que le Sénat doit changer. Et s’il ne peut être réformé, je crois que la plupart des Britanno-colombiens, comme d’ailleurs la plupart des Canadiennes et des Canadiens, en viendront finalement à la conclusion qu’il doit être aboli. » Extrait d’un discours de Stephen Harper devant le Vancouver Board of Trade en 2007.

Le Sénat canadien, c’est 105 personnes à la chambre haute du Parlement qui coûtent aux Canadiens 100 millions $ chaque année, 1 milliard $ sur 10 ans, de l’argent chèrement versé par des contribuables surtaxés qu’on diabolise pour une erreur de quelques dizaines de dollars dans leur déclaration de revenus.

C’est ce même Sénat que Harper devait réformer depuis son élection à la tête du pays en 2006. Un Sénat qui devait à terme être élu et non nommé par le premier ministre. Toutes ces promesses sont restées lettres mortes. Au contraire, le chef conservateur s’est plutôt lancé dans la valse des nominations partisanes, tant et si bien qu’aujourd’hui, 60 des 105 sénateurs sont d’allégeance conservatrice, 58 d’entre eux, tous des amis du régime conservateur, ayant été désignés par Stephen Harper.

De plus, les événements des derniers mois ne cessent de fournir des arguments et des munitions à ceux qui réclament son abolition pure et simple. Si le sénateur Mike Duffy et ses 90 000 $ de la discorde ont fait la manchette au cours des derniers jours, il importe de mentionner qu’il est loin d’être le seul. Ainsi, ses collègues Mac Harb, libéral, et Patrick Brazeau, conservateur devenu indépendant, sont également sur la sellette pour de frauduleuses réclamations d’allocations de logement. À cela s’ajoutent le cas de la sénatrice conservatrice Pamela Wallin et ses 321 000 $ de douteuses dépenses de voyage depuis septembre 2010.

Comble de l’embarras pour le gouvernement Harper, la controverse Duffy a forcé la démission de Nigel Wright, le bras droit du premier ministre, le parapluie qui lui sert de couverture dans la tourmente, l’homme qui dicte la stratégie, après qu’il eut tout simplement épongé la dette du sénateur conservateur.

Pourtant, depuis 1874, à peine sept ans après la Confédération, le Sénat a fait l’objet de critiques et d’appels en faveur d’une réforme. En fait, le 12 avril 1874, la Chambre des communes étudiait une motion recommandant « que notre constitution devrait être changée de manière à conférer à chaque province le pouvoir de nommer ses propres sénateurs et de définir leur mode de nomination. » Quelque 140 ans plus tard, le parlement canadian en est encore à débattre de cette question !

À mon sens, cette institution désuète, archaïque, illégitime et non démocratique qu’est le Sénat doit disparaître le plus rapidement possible. Non élus et quasiment irrévocables malgré leurs pires frasques, les sénateurs actuels sont censés représenter les régions du Canada et ont le pouvoir de bloquer les mesures adoptées par la Chambre des communes élue. Le Sénat canadien…un éléphant blanc démocratiquement inadmissible !

vigile.net tribune libre 23 mai 2013



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