L’effet boomerang du déficit zéro
Inutile d’être expert en finances, l’objectif du déficit zéro que s’est fixé le gouvernement Marois occasionne comme conséquences ultimes des augmentations de taxes aux contribuables québécois.
Le dernier exemple de cet effet boomerang auprès des contribuables est parfaitement illustré par les coupures de quelque 80 millions $ imposées aux commissions scolaires en avril dernier, lesquelles s’ajoutaient à la coupe de 200 millions $ décrétée en novembre 2012.
Il n’y aura donc pas de surprise si des hausses de taxes scolaires sont annoncées par les commissions scolaires pour la période d’août 2013 à août 2014. À sa défense, le réseau affirme qu’il ne peut comprimer davantage ses dépenses administratives qui sont déjà « sur l’os » tout en soutenant que ses frais administratifs de 5 % sont parmi les plus bas de toute la fonction publique québécoise.
Du côté du ministre des Finances, Nicolas Marceau, la réplique se présente en deux volets, rappelant d’une part qu’il a invité les commissions scolaires à réduire leurs coûts avant de taxer davantage, et d’autre part, que les décisions que prennent les commissions scolaires leur appartiennent puisqu’elles sont des « gouvernements autonomes ».
Et pourtant, sans entrer dans les astuces comptables que seuls les experts sont en mesure de déchiffrer, je suis enclin à me poser la question suivante : les versements annuels au Fonds des générations, créé en 2006 par le gouvernement libéral « dans le but de réduire le fardeau de la dette du Québec », ne sont-ils pas en train de produire un effet boomerang sur les coupures annoncées par le gouvernement péquiste dans les services publics pour atteindre à la date prévue le déficit zéro ?
Selon des sources officielles du ministère des Finances et de l’Économie, le Fonds des générations a atteint en mars 2013 la somme de 5,5 milliards de dollars. En tenant compte des versements effectués depuis sa création et de ceux prévus au cours des prochaines années ainsi que de l’utilisation du Fonds des générations pour rembourser des emprunts venant à échéance, le Fonds des générations devrait atteindre 13,5 milliards de dollars au 31 mars 2018.
Conséquemment, pourquoi ne pas puiser dans le versement annuel à ce Fonds pour réduire le déficit au lieu de marteler les contribuables de coupures dans les services publics qu’ils se paient à gros prix à même leurs impôts ?
vigile.net tribune libre 9 juin 2013
Henri Marineau

