Le pouvoir inaliénable du Québec en éducation
Décidément, le gouvernement Harper est en train de développer une habitude qui frise l’ingérence cavalière dans les compétences provinciales. Sa dernière trouvaille réside dans la création d’un comité permanent du ministère du Patrimoine canadien qui a pour mandat de se pencher sur l’enseignement de l’histoire dans les établissements primaires, secondaires et postsecondaires même si l’éducation est un champ de compétences qui relève des provinces, une décision qui a été prise « à huis clos » par le Comité permanent du patrimoine canadien, formé majoritairement de députés du Parti conservateur.
Ce comité investiguera sur les contenus des différents programmes d’histoire à travers le pays en mettant l’accent principalement sur l’histoire du Canada, entre autres, les débuts de la Confédération et les fondements de la fédération canadienne, les première et seconde guerres mondiales, l’évolution constitutionnelle ainsi que le débat constitutionnel.
Évidemment, les partis d’opposition à Ottawa ont crié à l’ingérence du fédéral dans les champs de compétence des provinces, alléguant, avec raison, que les conservateurs au pouvoir en profitent pour imposer leur vision de l’histoire canadienne.
En ce qui a trait à Québec, cette nouvelle ingérence d’Ottawa est vivement critiquée. Selon le ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, Alexandre Cloutier, le comité fédéral sur l’enseignement de l’histoire outrepasse ses champs de compétences :
« Non seulement c’est piétiner dans les champs de compétences de Québec, mais ça arrive au même moment où le gouvernement fédéral refuse d’ouvrir ses livres pour que lumière soit faite sur le comportement qu’aurait eu l’ancien juge en chef de la Cour Suprême, Bora Laskin, lors du rapatriement de la Constitution. Si Ottawa veut parler d’histoire, qu’il commence par accepter de parler du débat constitutionnel, un des moments les plus importants de l’histoire du pays ».
Quant à notre premier ministre canadian, fidèle à son habitude, à savoir de noyer habilement le poisson dans l’aquarium, il s’est montré rassurant. « Notre gouvernement n’a aucune intention de dire comment enseigner l’histoire par les provinces. Nous n’avons pas le pouvoir, nous n’avons pas la volonté de le faire. Évidemment, comme parlementaires fédéraux, nous avons un intérêt à promouvoir une connaissance de l’histoire canadienne ».
Si M. Harper désire promouvoir l’histoire du Canada, libre à lui. Par contre, le canal qu’il utilisera ne doit pas empiéter sur le pouvoir inaliénable des provinces en éducation, un droit qui leur appartient en toute légitimité. En ce sens, le contenu du cours d’histoire nationale se doit d’être édicté par le Québec qui seul, détient cette prérogative.
vigile.net tribune libre 4 mai 2013
Henri Marineau

