La visite paroissiale de Harper
Je me rappelle, lorsque j’étais enfant, avec quel décorum toute la famille accueillait le curé de la paroisse le jour où sa visite était annoncée en grandes pompes pour bénir ses paroissiens et leur prodiguer ses grâces.
C’est un peu la même image qui m’est revenue en tête en voyant Stephen Harper, accompagné de la moitié de son cabinet ministériel, débarquer à Saint-Narcisse-de-Beaurivage dans Lotbinière dans le cadre de notre fête nationale pour un rassemblement éclair visant à « assurer les Québécois que le parti au pouvoir n’entend pas abandonner la province ».
Une visite, comme il se doit, soigneusement préparée par une rencontre tenue en compagnie de l'ancien premier ministre du Canada Brian Mulroney au cours de laquelle le curé, avant sa visite paroissiale, aurait demandé conseil à son « évêque » sur la manière d’améliorer ses relations avec ses « paroissiens » québécois et ce, malgré ses démêlées avec l’ancien locataire du 24 Sussex concernant ses douteuses relations d'affaires avec le controversé lobbyiste allemand Karlheinz Schreiber.
Et, de renchérir son fidèle ministre fédéral de l’Industrie et député de Mégantic-l’Érable, Christian Paradis : «Le fait qu'il y ait une présence aussi massive des membres du cabinet, des ministres anglophones, ça démontre que franchement on veut que les choses fonctionnent au Québec… On est à la fin d'une session qui a été intensive, les gens sont fatigués. Mais ils viennent de partout à travers le Canada pour démontrer qu'il y a un attachement envers le Québec ».
Quant aux rumeurs d’élections au Québec et la possibilité d’un gouvernement souverainiste, le ministre y va de cette « apaisante » déclaration: « Pour n'importe quel gouvernement qui sera élu, nous, ce qu'on va faire, c'est de travailler avec le gouvernement du Québec ».
Et voilà…la bénédiction a été donnée et les grâces distribuées…Le curé peut maintenant regagner son presbytère le long du canal Rideau et continuer de célébrer ses messes basses et ses requiem pour ses paroissiens francophones exilés dans ses terres étrangères tout en ouvrant généreusement ses goussets à ses fidèles paroissiens anglophones au cours de fastueuses cérémonies patriotiques royalistes au son du carillon fédéraliste.
quebechebdo 25 juin 2012
vigile.net tribune libre 25 juin 2012
Henri Marineau

