La longue agonie de Justin Trudeau
Bien au-delà de l’annonce du départ de Chrystia Freeland de son poste de ministre des Finances du Canada, le Parti libéral du Canada (PLC) traînaient loin derrière les Conservateurs de Pierre Poilievre depuis des mois au chapitre des intentions de vote des Canadiens, un dernier sondage lui accordant un maigre 16% de la faveur populaire, le plus bas résultat du PLC depuis 2014. Or, pour compliquer davantage le bourbier dans lequel se retrouve Justin Trudeau, le président du caucus québécois, Stéphane Lauzon, a informé le premier ministre que le groupe libéral en était venu au consensus qu’il devait céder sa place. ajoutant ainsi sa voix aux caucus des députés de l'Ontario et des provinces de l’Atlantique.
Par ailleurs, le candidat pressenti par le premier ministre pour remplacer la ministre des Finances Chrystia Freeland, Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada, a signé récemment une lettre d’opinion dans laquelle il qualifie l'année 2025 de «moment crucial de notre histoire» et dans laquelle il enjoint aux Canadiens d'«accepter le changement».
À mon sens, la longue agonie de Justin Trudeau a atteint son point de non-retour au même titre qu’un haut gradé des forces armées ne peut espérer conduire ses troupes à la victoire s’il ne dispose pas de leur entière confiance. De surcroît, l’usure du pouvoir joue nettement en sa défaveur, les quelque dix années où il a occupé le siège de premier ministre venant amplifier le ras-le-bol des Canadiens à son égard.
Justin Trudeau profite de la période des vacances des Fêtes pour poursuivre sa réflexion sur son avenir politique. Des questions fondamentales s’imposent à lui de facto, notamment s’il a toujours l’appui de son caucus, et s’il est encore le candidat propice à conduire son parti à la victoire lors du prochain scrutin. Par ailleurs, son ami proche Mark Carney est-il en train de se positionner pour se lancer dans une éventuelle course à la chefferie du PLC?
Des questions qui entretiennent un flou extrêmement malsain au sein des officines du parti. Reste à voir si Justin Trudeau puisera dans son for intérieur toute la sagesse et l’humilité nécessaires pour mettre fin à sa réflexion avec lucidité. Il en va de sa dignité et de sa crédibilité, et de l’avenir, voire de la survie du PLC.
vigile.quebec tribune libre 1er janvier 2025
Henri Marineau

