La farce d’un maître patelin
Le grand patron de l’Unité anti-collusion, Jacques Duchesneau, a suggéré la tenue d’une commission présidée par trois juges qui recueilleraient des témoignages à huis clos. Selon lui, un tel scénario n’exclut pas pour autant une enquête publique en bonne et due forme mais aurait l’avantage d’inciter des témoins réticents à se mettre à table à l’abri des médias.
Pourquoi pas ? Quelle idée lumineuse ! Les fripouilles, enfermées derrière des portes closes, vont tout à coup devenir de gentils garçons et vont cracher le morceau aux gentils juges qui, eux, vont s’empresser de divulguer les révélations des convertis lors d’une enquête publique subséquente ! Vous y croyez, vous ? Il ne faudrait pas prendre les magouilleurs pour des caves !
À moins de faire preuve de naïveté, ce dont je doute de la part d’un fin limier comme Jacques Duchesneau, la patron de l’UAC essaie de nous passer un sapin. En termes plus clairs, il désire gagner du temps pour son grand ami Jean Charest qui, pendant que nos « amis », aux dires de Duchesneau, se « mettront à table à l’abri des médias », en profitera probablement pour déclencher des élections sous le couvert d’une probité protégée par les travaux d’une commission d’enquête « sérieuse » présidée par trois juges.
Et, pour ajouter l’odieux à l’insolence, pendant que ces messieurs discutent « sérieusement » sur la pertinence de tenir une commission d’enquête à huis clos, nos fripouilles ont tout le loisir de faire le ménage dans leurs papiers et d’arriver « blancs comme neige » à la barre des témoins, après avoir camouflé des coûts de corruption de l’ordre de 4,5 milliards par année, ce qui représente 570$ par Québécois.
Mais là où le bât blesse outrageusement, c’est que la population du Québec, celle-là même qui continue de payer des taxes qui profitent à ces renégats, se voit prise en otage dans les filets d’un système corrompu qui l’extirpe de ses droits fondamentaux de justice et de redditions de comptes de la part de ses dirigeants auxquelles elle aurait droit par le biais d’une commission d’enquête publique.
En réalité, la suggestion de Jacques Duchesneau revêt toutes les apparences de la farce d’un maître patelin (1) en train d’enrober dans du velours un cadeau de grec !
(1) Adjectif : doucereux, hypocrite, enjôleur.
vigile.net tribune libre 28 septembre 2011
Henri Marineau

