La division des « gens d’en BAS »

D’entrée de jeu, je suis absolument en accord avec l’argumentaire de Bruno Deshaies dans sa chronique parue sur la tribune libre de Vigile en date du 4 juin sous le titre « Viol démocratique », particulièrement lorsqu’il aborde les notions de « viol » et de « terreur ».

Toutefois, un passage du texte de M. Deshaies a retenu mon attention et surtout suscité chez moi des interrogations et des réflexions que je vous soumets :

« Afin de satisfaire leur pouvoir, les gens d’en HAUT parient sur la notion de « majorité silencieuse » après avoir échoué durant dix semaines à ne pas vouloir honnêtement résoudre la contestation étudiante. Comment, aujourd’hui, monsieur Charest peut-il opposer un déni des réalités sociales au point de prétendre détenir la légitimité sur l’idée qu’il voit, tout d’un coup, dans sa boule de cristal une majorité silencieuse? Si cette majorité est silencieuse, comment peut-il vraiment le savoir? Appelons les choses par leur nom : la démagogie. »

À ce commentaire, je me permets d’ajouter quelques interrogations. Comment se fait-il qu’une partie importante de cette « majorité silencieuse » semble appuyer, du moins dans certains médias, les gestes posés par Jean Charest depuis ces trois mois que dure cette crise dégénérescente ? Une telle attitude de ces « gens d’en BAS » n’indique-t-elle pas qu’il existe une division entre eux et ceux qui sont présentement dans la rue et qui dénoncent haut et fort les mesures abjectes utilisées par le gouvernement Charest pour museler le mouvement de la rue ?

Pourtant, ces deux groupes de citoyens représentent tous des « gens d’en BAS »…Et soyez assurés que Charest et ses conseillers savent très bien les distinguer et utiliser les armes appropriées pour chacun d’eux, à savoir la répression pour ceux de la rue et la terreur pour la majorité silencieuse.

Une majorité silencieuse qui nous colle à la peau depuis des siècles telle une tare viscérale se traduisant par une soumission aveugle aux gens d’en haut comme s’ils détenaient la possession tranquille de la vérité.

En réalité, tant et aussi longtemps que cette majorité silencieuse acceptera la présence bienfaisante de la poule couveuse d’en HAUT réchauffant sa coquille protectrice en la protégeant des intempéries, les gens de la rue serviront de boucs émissaires idéaux aux gens d’en HAUT.

À mon sens, la nécessaire unification des gens d’en BAS dans le but de créer un véritable changement dans les mœurs politiques et sociales du Québec se réalisera à deux conditions : d’abord, le parlement de la rue entrepris par le mouvement étudiant doit continuer de se manifester sans relâche, ensuite, les Québécois doivent se donner des représentants à l’Assemblée nationale qui ont à cœur les intérêts de « tous » les gens d’en BAS, contrecarrant de la sorte cette vieille partisanerie rétrograde et scandaleuse qui favorise depuis des décennies les intérêts exclusifs des gens d’en HAUT .

vigile.net tribune libre 6 juin 2012 

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