Justin Trudeau, comment réussir sa sortie
Le 17 octobre 2024, quatre ministres du cabinet Trudeau annoncent qu’ils ne se représenteront pas aux prochaines élections. Le 23 octobre, un groupe de 24 députés libéraux signent une lettre demandant le départ de Justin Trudeau comme chef du PLC. De surcroît, en démissionnant le jour même de son énoncé économique en décembre 2024, la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, plonge le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau dans une crise politique sans précédent avec, en toile de fond, un déficit monstre de 62 milliards$, et un chef plus vulnérable que jamais. Enfin, le 6 janvier 2025, Justin Trudeau annonce sa démission de sa fonction de chef du Parti libéral, effective au moment où son parti aura trouvé un remplaçant. Entre temps, Il demeure premier ministre du Canada. C’est le début de la fin pour Justin Trudeau.
Pendant ce temps, l’arrivée fracassante de Donald Trump dans le Bureau ovale sème la consternation et l’incertitude sur la scène politique canadienne, en raison notamment des tarifs douaniers de 25% qu’il se propose d’impose aux exportations provenant du Canada. Il n’en fallait pas davantage pour que Justin Trudeau retrouve son instinct de bagarreur, propulsé notamment par les insultes de Donald Trump qui se complaît à le qualifier sans relâche de «gouverneur» du 51e État américain. Jusqu’au jour où Trudeau, le bagarreur, lance une attaque musclée contre le président américain, en l’interpelant par son prénom sur ses mesures «stupides» de tarifs envers le Canada. Une flèche ostensiblement venimeuse qui fait rapidement le tour des médias américains et canadiens.
Enfin, l’aplomb manifesté par le premier ministre démissionnaire lors de son discours d’adieu devant les partisans libéraux réunis à l’occasion de la proclamation du nouveau chef du Parti libéral du Canada a su indéniablement attiser la fibre nationaliste des membres présents. «La démocratie n’est pas acquise. La liberté n’est pas acquise. Même le Canada n’est pas un acquis. Rien de tout cela n’est le fruit du hasard. Aucun d’entre eux ne se poursuivra sans effort», a lancé Justin Trudeau dans un discours nourri d’applaudissements chaleureux. Ainsi donc, des bas-fonds du chaos de décembre 2024 à son discours d’adieu de la vie politique, Justin Trudeau a su se relever de sa chute et esquiver les contrecoups d’un knock out. En termes clairs, il a réussi sa sortie.
Par ailleurs, que retiendra l’histoire des derniers mois de Justin Trudeau à titre de premier ministre du Canada? Sa sortie remarquable ou les derniers mois orageux précédant sa démission? Ou les deux? La réponse appartient aux historiens…
vigile.quebec tribune libre 11 mars 2025
Le Soleil 12 mars 2025
Henri Marineau

