Francisation à rabais
Une page publicitaire parue dans le Journal du 23 mai sous le titre « Pour que le français continue de nous unir » a particulièrement attiré mon attention en raison de mon expérience passée en tant que professeur de français langue seconde. On y fait mention des craintes des quelque 900 professeurs de francisation du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI), représentés par le Syndicat des professeurs de l’État du Québec (SPEQ), que les conditions favorisant la francisation des Québécois d’adoption ne se révèlent qu’une façade politique.
Le gouvernement Legaut clame haut et fort sur toutes les tribunes l’importance pour les nouveaux arrivants d’apprendre la langue de leur terre d’accueil. Or, la réalité en classe est toute autre. Les professeurs ne sont pas soutenus dans l’exercice de leur travail. Ils ont le sentiment que la priorité de leur ministère est de vider la liste d’attente rapidement, quitte à mettre en péril la qualité de la francisation. De plus, ils doivent conjuguer avec des sessions trop courtes en regard du programme, sans recevoir aucune aide spécialisée pour les élèves en difficulté d’apprentissage ou victimes de traumatismes dans leur pays d’origine. Et, comble de malheur, le gouvernement leur propose une augmentation du nombre d’élèves par classe.
Une francisation efficace est primordiale pour assurer une intégration harmonieuse des nouveaux arrivants à la société québécoise. Tant et aussi longtemps que la sous-ministre Karine Dumont s’évertuera à offrir une « francisation à rabais », les belles paroles de François Legaut sur l’importance reliée à l’apprentissage du français de la part des nouveaux arrivants demeurera une petite politique clinquante de bas étage.
vigile.quebec tribune libre 24 mai 2025
Henri Marineau

