Des victimes d’un système de libération laxiste
La violence conjugale est devenue un fléau entraînant souvent avec elle les meurtres crapuleux d’innocentes victimes. Gabie Renaud fait partie de celles-ci. L’accusé dans cette affaire, Johnathan Blanchet, a accumulé une trentaine d’accusations pour des crimes violents, le plus souvent commis dans un contexte conjugal. Et de surcroît, il a contrevenu aux conditions imposées par le tribunal à 16 reprises, comme celle, notamment, de ne pas contacter la plaignante. Or comment, avec un passé aussi lourd, l’accusé a-t-il pu se faufiler aussi aisément entre les mailles du système de libération? Et pourtant, « un être comme Johnathan Blanchet n’avait pas le droit à la liberté. C’est incompréhensible : combien de femmes ont porté plainte, pour revoir leur bourreau revenir, encore, et encore ? », lance avec colère Rachel Renaud, la sœur de la victime.
En 2024, 25 féminicides ont été enregistrés au Québec, dont 13 issus de situations conjugales. À l'heure actuelle, en 2025, le Québec dénombre 10 féminicides, dont 6 en contexte de violence conjugale. Johnathan Blanchet était un récidiviste notoire et, pourtant, il bénéficiait d’une liberté pleine et entière. Nancy Boucher a partagé sa vie avec Johnathan Blanchet pendant quatre ans. Depuis 2021, elle dénonce la violence qu’il lui a fait subir. Selon elle, il demeure trop difficile de porter plainte pour les victimes de violence conjugale. « C’est le jour de la marmotte. Moi, j’avais plusieurs preuves contre Johnathan, et rien n’a changé. Vous imaginez les pauvres femmes qui n’en ont pas suffisamment ? Elles abandonnent. Elles n’ont plus confiance au système. Pourquoi se battre si ça ne donne rien, au bout de la ligne ? », lance-t-elle. De son côté, la sœur de Gabie Renaud, Rachel, réclame que les libérations conditionnelles soient mieux surveillées, qu’un registre public des auteurs de violence conjugale soit mis sur pied et que les bracelets antirapprochements fassent l’objet de suivis plus étroits.
À mon avis, il apparaît évident que le système de libérations conditionnelles soufre d’un laxisme éhonté. Les femmes prisonnières d’un conjoint violent sont laissées à elles-mêmes. Conséquemment, le législateur doit de toute urgence resserrer les conditions de libération. Il est tout simplement inconcevable qu’en 2025, une violence aussi condamnable puisse se perpétuer à un rythme effarant… Un constat sociétal dégradant empreint d’une barbarie innommable envers les femmes.
vigile.quebec tribune libre 22 octobre 2025
Henri Marineau

