Dans l’étau du pouvoir « provincial »
L’article qui suit ne se veut nullement une étude approfondie de l’histoire du mouvement souverainiste au Québec mais plutôt l’étalage d’une modeste réflexion sur les raisons qui le contraignent depuis des décennies à stagner, telle une « mare à grenouilles » sans issue dans laquelle je vous invite à plonger avec moi…
Historiquement, les événements, depuis 1837 jusqu’à nos jours, qui ont marqué les étapes du mouvement d’affirmation nationale québécoise sont nombreux. Toutefois, politiquement, c’est le début des années ’60, avec le « maître chez nous » de Lesage, qui donne naissance à un véritable éveil du nationalisme québécois.
Fin des années ’60, soit le 14 octobre 1968, le Parti québécois naît de la fusion du Mouvement Souveraineté Association, du Ralliement national et, à la suite d’intenses négociations entre René Lévesque et Pierre Bourgault, du Rassemblement pour l’indépendance nationale.
Dès lors, le mouvement souverainiste prend son essor, un élan nationaliste qui aboutit aux événements d’octobre ’70 et à l’élection d’un premier gouvernement souverainiste aux élections du 15 novembre 1976, à savoir le Parti québécois, qui obtient 41% des voix et fait élire 71 députés.
À mon avis, c’est à partir de ce moment-là que le mouvement souverainiste commence à battre de l’aile, particulièrement avec la stratégie de l’étapisme qui conduit au premier référendum de 1980 et à la question pour le moins alambiquée à laquelle les Québécois sont invités à répondre…on connaît les résultats !
Par la suite, les gouvernements libéral et péquiste se succèdent au gré des fluctuations politiques entre le fédéralisme et le souverainisme jusqu’au référendum de 1995 où, grâce à la détermination de Jacques Parizeau, le Québec passe à un cheveu de la majorité. Arrive alors la période des timides stratégies des conditions gagnantes jusqu’au dernier-né, la gouvernance souverainiste.
Toutefois, à la décharge de tous les chefs péquistes qui se sont succédés à titre de premier ministre du Québec, on se doit d’admettre que « l’étau du pouvoir provincial » dans lequel ils étaient, et sont encore, cantonnés, ne leur laisse pas beaucoup d’espace pour manœuvrer une véritable stratégie d’accession à notre indépendance, compte tenu particulièrement des contraintes de gestion des affaires courantes de la « province » et des limites des pouvoirs qui leur sont « consentis » dans un État fédéral.
Il ne faut donc pas se surprendre si, dans cette conjoncture en spirale, certains « purs et durs » se sont dissociés du PQ pour créer leur propre parti et tenter leur chance dans une voie qui les conduirait enfin à l’accession du Québec à son indépendance, une situation qui, il faut bien l’admettre, a pour effet de diviser les forces souverainistes.
Alors, me direz-vous, quelle est la solution ? Sans prétendre avoir une réponse certaine à cette question, j’oserai quand même vous la soumettre. À mon sens, la réponse tient à quatre conditions qui s’imbriquent l’une dans l’autre : d’abord, procéder dans les meilleurs délais à l’unification des partis d’allégeance souverainiste, ensuite mettre sur pied une campagne de promotion articulée de l’indépendance auprès de l’électorat québécois, rédiger une constitution québécoise une fois au pouvoir, et finalement consulter les Québécois par voie référendaire sur une question claire, à savoir pour ou contre l’indépendance du Québec.
Dans l’hypothèse où nous obtenons un « oui », le Québec sera enfin libéré de « l’étau du pouvoir provincial »…sinon, le nouveau parti indépendantisme devra retourner faire ses devoirs et marteler sans répit, auprès de la population, à la fois les avantages de l’indépendance et les inconvénients d’un fédéralisme outrancier et avilissant.
vigile.net tribune libre 17 avril 2013
quebechebdo 18 avril 2013
Henri Marineau

