Dans la p’tite poche de Trudeau
Si Québec solidaire (QS) avait l’intention de se particulariser dans l’épineux dossier sur la laïcité, on peut affirmer hors de tout doute que ses membres ont atteint leur objectif, à l'occasion de leur Conseil national, en votant, à la quasi-unanimité, pour qu’aucune règle particulière ne régisse le port des signes religieux, un recul sur la position du rapport Bouchard-Taylor qu’il défend depuis six ans, laquelle prônait l’interdiction de signes religieux pour les employés de l’État en autorité, à savoir les juges, les procureurs, les policiers et les gardiens de prison.
«Considérant que le devoir de réserve s’applique aux actions et aux décisions des personnes et non à leur apparence ; Aucune règle particulière sur les signes religieux ne devrait s’appliquer à certaines professions plutôt qu’à d’autres, incluant celles qui exercent un pouvoir de coercition», stipule notamment l’option adoptée à la majorité par les quelque 300 militants présents.
Plus question donc pour les députés de QS de défendre l’interdiction des signes religieux chez les juges, policiers et gardiens de prison, comme le faisait pourtant un projet de loi déposé en 2013 par l’ancienne coporte-parole solidaire Françoise David. Et, qui plus est, les solidaires ouvrent également la porte à la prestation et la réception de services publics à visage couvert
Conséquemment, les membres présents se sont nettement prononcés en faveur du respect des libertés individuelles en matière de religion tel que prescrit dans la Charte des droits et libertés fédérale, une position qui place QS en complète opposition avec le projet de loi 21 de la Coalition avenir Québec déposée par le ministre Simon Jolin-Barrette.
De cette façon, QS aboutit dans la p’tite poche du premier ministre du Canada, Justin Trudeau, qui se retrouve avec un défenseur du multiculturalisme à l’Assemblée nationale du Québec, un accroc flagrant à une laïcité dont la mission première est de séparer l’Église de l’État qui doit d’abord être laïc pour pouvoir être ouvert à tous, ce que, à n’en pas douter, les membres de QS n’ont pas du tout compris.
Enfin, je vous laisse sur cette « profonde » réflexion de la députée solidaire Catherine Dorion : «On est en train à QS de redessiner un indépendantisme qui assume profondément son antiracisme. Il va falloir le dire partout que ce qui menace notre culture et notre territoire, ce n’est pas l’islam, et lâchez-nous avec l’islam ! Ce n’est pas les musulmans qui sont partout dans les couloirs à mettre du gros cash pour influencer le gouvernement, c’est le capitalisme qui couche dans le lit de nos gouvernements. Lâchez nous avec l’islam et les chartes des valeurs !»
vigile.net tribune libre 29 mars 2019
Henri Marineau

