Congrès de la Convergence nationale – L’appel au dialogue est maintenant lancé
Organisé par le Nouveau mouvement pour le Québec (NMQ), le congrès de la Convergence nationale, qui s’est tenu à Montréal les 25 et 26 mai, se voulait «le plus important rassemblement indépendantiste non partisan depuis 1995» tout en espérant répondre à la question «est-il possible de travailler ensemble pour faire du Québec un pays?
Plusieurs panélistes y ont pris la parole pour tenter d’enrichir l’argumentaire autour des enjeux de convergence nationale et de convergence électorale. En ce qui a trait à la convergence nationale, Danic Parenteau, commissaire aux États généraux sur l’indépendance, et Jocelyn Caron, auteur de « Choisir le progrès national », ont présenté des plaidoyers semblables pour une démarche constituante, c’est-à-dire la mise sur pied d’une constitution québécoise émanant d’une consultation populaire. Aux dires de M. Parenteau, «la démarche constituante et le référendum sont deux choses complémentaires. Sur un plan plus stratégique, la démarche constituante pourrait remettre en valeur le projet souverainiste».
Pour ce qui est de la convergence électorale, l’union des partis politiques souverainistes représente une démarche essentielle, à défaut de quoi, selon Philippe Brisson, conseiller à la firme de conseil stratégique Strategeum, le statu quo entraînera des défaites électorales du camp souverainiste «à court, moyen et long terme».
Conséquemment, le Parti québécois, Québec solidaire et Option nationale devraient en venir à réaliser des pactes électoraux dans certaines circonscriptions pour s’assurer que soient élus des candidats souverainistes. Une telle alliance électorale « éphémère » viendrait limiter l'effet négatif de la division des forces souverainistes au moment des élections et par conséquent, éviter le retour au pouvoir des forces fédéralistes de droite.
Toutefois, des antagonismes bien réels existent entre les partis indépendantistes et cela depuis la naissance même de Québec solidaire et d'Option nationale. En fait, ces antagonismes sont, pour les principaux d'entre eux, à l'origine même de la fondation de ces nouveaux partis.
Québec solidaire a été créé par des progressistes déçus des politiques centristes ou trop à droite du Parti québécois qui incarne, à leurs yeux, la dérive néolibérale , bien plus que par des indépendantistes dissidents qui auraient voulu remettre la question nationale au-devant de la scène. En ce qui a trait à Option nationale, pour qui la question nationale subordonne toute autre priorité, le parti de Mme Marois représente la démission nationale.
QS réussit à rassembler des militants issus du milieu communautaire et d’autres d’anciens partis d’extrême gauche. ON attire une certaine jeunesse idéaliste et dynamique, indépendantiste d’abord, de gauche ensuite.
Dans son allocution de clôture, Bernard Landry a invité les forces souverainistes à mettre fin aux divisions et à faire de la souveraineté « le seul objectif à poursuivre », en termes clairs, à « mettre le pays devant les partis ». En point de presse, l’ancien premier ministre a expliqué les timides avancées qui ont émané du congrès en ces termes :« Personne ne s’est avancé sur ce qui pourrait converger dans les plateformes, c’est vrai. On a commencé par les grands principes et par admettre que les indépendantistes ont le devoir de travailler ensemble pour la cause qui les unit. C’était le principal, et les moyens techniques par la suite seront précisés. »
Et, de poursuivre M. Landry, « il y a urgence à faire un pays du Québec, et celui-ci n’a plus le droit à l’erreur…l’indépendance n’est ni à gauche ni à droite, elle est en avant ». Il a même laissé entendre que la souveraineté n’était plus l’apanage du Parti québécois.
« [L’indépendance], ça passe par la solidarité de tous ces millions d’indépendantistes qui, à travers un parti ou l’autre, font avancer cette cause… Il y a d’autres partis indépendantistes que le PQ. Ce qui compte, c’est qu’il y ait convergence pour que les indépendantistes se soutiennent les uns les autres sur la mission fondamentale qu’est l’indépendance. »
L’appel au dialogue est maintenant lancé…À mon sens, le dialogue entre le PQ, ON et QS incarne le pari de la dernière chance. Toutefois, bien que je serais ravi que ces partis puissent établir des ententes sur des pistes de convergence, je doute que cela puisse se produire, considérant les écarts substantiels entre chacun de leur programme concernant les stratégies pour accéder à notre indépendance.
Tout dépendra de la réponse à la question «est-il possible de travailler ensemble pour faire du Québec un pays?» En ce qui me concerne, la meilleure réponse à cette question appartient à Jean-Martin Aussant qui a tenté un léger rapprochement en appelant à mettre la cause souverainiste avant les intérêts du parti lui-même. « Et il faut que cette collaboration se fasse entre partis clairement souverainistes, sinon c’est donner un chèque en blanc à ce qui résultera de ces élections-là comme gouvernement ».
quebechebdo 27 mai 2013
Henri Marineau

