Bozo-les-culottes mur à mur
Au contraire de plusieurs artistes dont les mérites et les talents ne sont loués qu’après leur décès, Raymond Lévesque aura eu cette chance de se voir reconnu de son vivant. En effet, après qu’une bibliothèque de Longueil ait été désignée en son nom en février 2011, voilà que l’artiste de 83 ans voit son visage immortalisé par l’artiste muraliste Laurent Gascon sur une murale de 160 pieds carrés (48 mètres carrés) dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.
Artiste multidisciplinaire, Raymond Lévesque a été chanteur, compositeur, animateur radiophonique, monologuiste, poète, auteur et acteur. À la fin des années ‘40, alors qu’il était garçon de table dans des cabarets, il lui arrivait de s’installer au piano entre les spectacles. C’est en 1956, avec la sortie de sa chanson « Quand les hommes vivront d’amour », que la carrière de Raymond Lévesque prend littéralement son envol.
À partir de 1965, ses chansons deviennent de plus en plus nationalistes. Sa chanson « Bozo-les-culottes », composée en 1967, sera utilisée lors des manifestations syndicales et politiques de plus en plus souvent. Les paroles prennent un sens encore plus aigu avec les tragiques événements d’octobre 1970, suite auxquels des centaines de citoyens sont emprisonnés sans mandat pour délit d’opinion.
Chapeau à toi, Bozo-les-culottes, pour avoir contribué à éveiller la conscience nationaliste des Québécois, et, sois sans crainte…même si tu es de la race des pionniers, on ne t’oubliera pas !
« Y flottait dans son pantalon
De là lui venait son surnom
Bozo-les-culottes
Y’avait qu’une cinquième année
Y savait à peine compter
Bozo-les-culottes
Comme il baragouinait l’anglais
Comme gardien de nuit il travaillait
Bozo-les-culottes
Même s’il était un peu dingue
Y’avait compris qu’faut être bilingue
Bozo-les-culottes
Un jour quelqu’un lui avait dit
Qu’on l’exploitait dans son pays
Bozo-les-culottes
Que les Anglais avaient les bonnes places
Et qu’ils lui riaient en pleine face
Bozo-les-culottes
Il a pas cherché à connaître
Le vrai fond de toute cette affaire
Bozo-les-culottes
Si son élite, si son clergé
Depuis toujours l’avaient trompé
Bozo-les-culottes
Y’a volé de la dynamite
Puis dans un quartier plein d’hypocrites
Bozo-les-culottes
Y’a fait sauter un monument
À la mémoire des conquérants
Bozo-les-culottes
Tout le pays s’est réveillé
Et puis la police l’a pogné
Bozo-les-culottes
On l’a vite entré en dedans
On l’a oublié depuis ce temps
Bozo-les-culottes
Mais depuis que tu t’es fâché
Dans le pays ça a ben changé
Bozo-les-culottes
Nos politiciens à gogo
Font les braves, font les farauds
Bozo-les-culottes
Ils réclament enfin nos droits
Et puis les autres ne refusent pas
Bozo-les-culottes
De peur qu’il y en ait d’autres comme toé
Qui aient le goût de recommencer
Bozo-les-culottes
Quand tu sortiras de prison
Personne voudra savoir ton nom
Bozo-les-culottes
Quand on est d’la race des pionniers
On est fait pour être oublié
Bozo-les-culottes »
vigile.net tribune libre 16 août 2011
quebechebdo le 17 août 2011 (version abrégée)
Henri Marineau

