Abus de pouvoir en santé
La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ, qui représente 76 000 professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires, estime que le temps supplémentaire obligatoire « est devenu un réel mode de gestion qui porte atteinte aux droits des professionnelles en soins et a un impact direct sur la qualité et la sécurité des soins ».
À cet effet, le 8 avril, journée de manifestations, et tel que stipulé par une juge du Tribunal administratif du travail qui a rendu une décision obligeant les infirmières à accepter, durant leur journée nationale sans heures supplémentaires obligatoires, toute demande d’heures supplémentaires obligatoires « lors de situations urgentes et exceptionnelles », « les professionnelles en soins ont voulu pouvoir choisir leur santé physique et mentale, leur vie personnelle et familiale. Elles ont voulu, comme la grande majorité de la population, vivre une journée normale de travail. Une journée où elles ne risquent pas d'être prises en otage », a expliqué la présidente de la FIQ Nancy Bédard dans un communiqué.
En ce 8 avril, les infirmières ont tenu bon et refusé d’effectuer les heures supplémentaires obligatoires, trop souvent invoquées selon elles. Une journée qui a permis de «donner un électrochoc» aux gestionnaires de la santé, d’après la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ). De fait, les gestionnaires ont dû optimiser la planification des horaires en conséquence.
«S’ils ont été capables de le faire une fois, ils sont capables de le faire tout le temps», croit la présidente de la Fédération, Nancy Bédard. La FIQ avait ordonné à ses 76 000 membres — infirmières, infirmières auxiliaires et autres professionnelles en soins — de refuser les heures supplémentaires obligatoires, à moins qu’il ne s’agisse de situations urgentes.
De son côté, la ministre de la Santé, Danielle McCann, a rappelé en point de presse que le gouvernement a pris l’engagement d’abolir le temps supplémentaire obligatoire en campagne électorale, tout en prenant soin d’ajouter qu’ « en même temps, il faut se rappeler qu’il y a une obligation éthique, déontologique des infirmières de voir à la sécurité des patients ».
À mon avis, il y urgence d’agir sur ce qui m’apparaît clairement un abus de pouvoir inacceptable de la part des gestionnaires des hôpitaux qui tiennent de façon outrancière leur personnel littéralement en otage … Dans ces circonstances, Mme la ministre, il est plus que temps de vous atteler à régler, dans les meilleurs délais, ce type de gestion inhumaine auquel sont confrontées quotidiennement les infirmières et les autres professionnelles en soins!
vigile.net tribune libre 9 avril 2019
Le Devoir 13 avril 2019 (version abrégée)
Henri Marineau

