À la recherche d’une sortie de secours pour le PQ

D’entrée de jeu, avant que quelqu’un puisse penser que je m’acharne sur Bernard Landry, le politicien, compte tenu de ses propos sur certaines de ses positions sur lesquels j’ai exposé mon point de vue dans deux de mes derniers articles, je tiens à vous confirmer mon admiration pour celui que Michel Vastel a qualifié de « grand dérangeant » dans le titre de sa biographie.

Toutefois, il faut bien admettre que le parcours qu’il a utilisé depuis quelques mois est souvent soumis à des méandres difficilement explicables. Regardons les faits.

Le 24 janvier 2012, Bernard Landry publie dans les médias une lettre acerbe dans les grands quotidiens québécois, critiquant vertement la gouvernance souverainiste prônée par Pauline Marois, alléguant, entre autres, que cette stratégie envoie un message « très néfaste » à la population. En voici quelques extraits :

« On ne peut faire comme si on était souverain quand on est une simple province, ni agir comme si on était aux Nations unies quand on siège tout bêtement au Conseil de la fédération », assène M. Landry dans sa lettre. « Une telle doctrine envoie le message que si l’on peut agir en État souverain sans l’être, la souveraineté n’est donc pas indispensable… Si on peut gouverner souverainiste sans l’être, pourquoi se battre pour la souveraineté ?… En tout respect pour ceux et celles qui, de bonne foi, ont concocté ce contenu inapproprié dénommé « gouvernance souverainiste », celui-ci, à l’examen, paraît largement à l’origine de nos difficultés ».

Quinze mois plus tard, alléguant le sacro-saint argument du gouvernement minoritaire péquiste, M. Landry sacrifie son enthousiasme au profit du pragmatisme en se ralliant à la gouvernance souverainiste. Pour expliquer son revirement, il invoque le fait qu’il avait espoir de voir le PQ prendre le pouvoir de façon majoritaire.

Enfin, le 6 avril dernier, en clôture des États généraux sur la souveraineté du Québec, Bernard Landry se fait le porte-étendard de la notion d’indépendance en clamant haut et fort : « Regardons les choses en face, utilisons les bons mots, nous voulons l’indépendance ! »

Comment, en toute logique, M. Landry peut-il se rallier à la gouvernance souverainiste du PQ-Marois qui lui paraît largement à l’origine des difficultés du Parti québécois tout en se faisant un fier défenseur du concept d’indépendance alors qu’il y a un peu plus d’un an, il décriait cette même gouvernance souverainiste en la qualifiant de stratégie qui envoie un message très néfaste à la population en ce sens « qu’une telle doctrine envoie le message que si l’on peut agir en État souverain sans l’être,[que] la souveraineté n’est donc pas indispensable ».

À mon avis, Bernard Landry, sans présumer d’aucune mauvaise intention de sa part, cherche une sortie de secours pour le PQ, un parti pour lequel il s’est battu pendant toute sa carrière politique, une sortie de secours qui, malheureusement, risque de ne pas profiter au PQ mais plutôt de le cantonner dans le repère de sa gouvernance souverainiste.

vigile.net tribune libre 10 avril 2013



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