Cellule de crise…en crise

6 janvier 2022

Si je me fie à certains articles d’experts publiés récemment dans certains médias, le dernier train de mesures prescrites par la cellule de crise semble avoir ébranlé la crédibilité des Québécois, particulièrement l’imposition, pour une deuxième fois, du couvre-feu, certains allant même jusqu’à remettre en question sa légitimité constitutionnelle.

À mon avis, la cellule de crise nage en pleine crise, le contrôle sur la prolifération excessivement rapide des cas contaminés par le variant Omicron semble, pour l’instant, hors de portée. Mm Legault, Arruda et Dubé ont plongé les Québécois, deux jours avant le Nouvel An, dans un confinement ayant des airs de déjà-vu.

Or, le contexte a changé. Lors du premier confinement, 85 % des Québécois n’étaient pas doublement vaccinés comme c’est le cas aujourd’hui, ces fameux vaccins qui devaient nous apporter la « liberté ». Deux ans plus tard, les personnes doublement vaccinées comptent pour 50 % des hospitalisations.

Toutefois, là où le bât blesse le plus réside dans l’imposition du couvre-feu en même temps que les rassemblements dans les résidences privées réduit à une bulle familiale. Quelqu’un peut-il me dire où est l’utilité du couvre-feu qui, en principe, devrait empêcher les grands rassemblements, alors que ces mêmes « rassemblements » sont limités à la bulle familiale.

De surcroît, existe-t-il un lien scientifique entre le couvre-feu et la contamination galopante d’Omicron? Je laisse la réponse au Dr Arruda : « Le couvre-feu passe un signal et permet de diminuer les possibilités de contact. Si vous me demandez s’il y a une étude contrôlée qui démontre ça, la réponse est non. »…En bref, nous voguons en pleine improvisation!

Le Soleil (version internet) 6 janvier 2022
vigile.quebec tribune libre 6 janvier 2022

Diversifier la cellule de crise

4 janvier 2022

Je ne sais plus combien de points de presse avec François Legault, Horacio Arruda et Christian Dubé, depuis juin 2020 en remplacement de Danièle McCann, ont été tenus depuis bientôt deux ans. Toutefois, je sais une chose, il serait temps que la cellule de crise se diversifie et qu’apparaissent de nouveaux visages lors des rencontres avec la presse.

J’en ai ras-le- bol que le maître après Dieu dans la gestion de la crise du coronavirus soit la sacrosainte présence des scientifiques pour qui le premier ministre voue un culte quasi religieux. J’en ai marre des interventions alambiquées du Dr Arruda qui semblent souvent empêtré dans ses données si bien qu’il donne parfois l’impression d’improviser.

J’en n’ai rien à cirer de m’être fait vacciner deux fois pour obtenir un passeport vaccinal qui, depuis les dernières mesures sanitaires, ne sert pratiquement plus à rien, et de me faire dire que je dois recevoir une troisième dose pour continuer d’être immunisé. Soit dit en passant, à quoi peut bien servir un couvre-feu si les « rassemblements » dans les résidences privées sont limités à une bulle familiale?

Mais par-dessus tout, j’enrage de constater que 10 % des québécois qui représentent les non-vaccinés occupent 50 % des hospitalisations alors que la cellule de crise ne lève pas le petit doigt pour serrer la vis à ces récalcitrants.

À mon sens, il est plus que temps que la cellule de crise accepte d’autres membres, notamment des hommes et des femmes d’affaires, du personnel de l’enseignement, y compris des CPE, des membres des forces de l’ordre, des personnes âgées, des représentants des salles de spectacle et de cinéma, etc… Enfin, tenir compte des opinions des gens sur le terrain et non pas seulement des scientifiques enveloppés tout là-haut dans leur bulle!

vigile.quebec tribune libre 4 janvier 2022

Vieillir à la maison

4 janvier 2022

À l’aube de mes 75 ans, je réalise de plus en plus que mes forces physiques et ma capacité de concentration s’amenuisent petit à petit. Par ailleurs, je regarde autour de moi et je me sens choyé de pouvoir vivre dans un décor qui m’est familier et dans lequel je peux encore jouir de la vie. Mais jusqu’à quand pourrai-je en bénéficier? Une question qui me turlupine les méninges. Qu’arrivera-t-il de moi lorsque mon corps et mon esprit ne pourront plus suivre le rythme de la vie moderne? Dans ces moments-là, j’ai peine à imaginer que je terminerai ma vie dans un CHSLD.

Or, dans sa croisade entamée depuis maintenant 35 ans, l’ancien ministre de la Santé et des Services sociaux sous le gouvernement de Pauline Marois, le Dr Réjean Hébert, le crie et le répète sur tous les toits, le gouvernement du Québec doit revoir complément le financement de ses établissements de santé et prioriser les soins à domicile devant la réalité d’une population de plus en plus vieillissante. À titre d’illustration, seulement 14 % du budget consacré aux soins de longue durée est consacré aux soins à domicile et 86 % aux CHSLD, alors que dans des pays comme le Danemark, par exemple, c’est presque l’inverse avec 75 % du budget pour les soins à domicile et 25 % pour l’hébergement.

Aujourd’hui, la plupart des personnes âgées qui se dirigent vers les résidences pour personnes âgées (RPA) le font parce qu’ils craignent de manquer de soins s’ils demeurent à la maison. Je devrai un jour être confronté à une situation aussi déchirante. Je souhaite de tout cœur que, d’ici là, les ressources nécessaires seront investies par le gouvernement pour des soins à domicile de qualité, et que je pourrai vieillir paisiblement mes dernières années à la maison dans un climat sécuritaire et serein.

vigile.quebe tribune libre 4 janvier 2021
Le Soleil "Point de vue" 8 janvier 2022
Le Journal "Faites la différence" 9 janvier 2022
Le journal Métro 10 janvier 2022

Sérieux doutes sur les effets positifs du couvre-feu

3 janvier 2022

On apprend, par le biais de certains médias, que le couvre-feu comme mesure sanitaire laisse planer certains doutes sérieux sur son efficacité réelle. À titre d’exemple, l’une des études citées par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) comme démontrant l’efficacité du couvre-feu a été publiée chez un éditeur aux pratiques douteuses.

De son côté, lors de la conférence de presse du 30 décembre, le premier ministre François Legault a mentionné des indications selon lesquelles le couvre-feu pourrait avoir un effet sur la situation épidémiologique. Il a aussi invoqué une question de « gros bon sens » bien que le Québec soit actuellement le seul endroit en Amérique du Nord et l’un des rares endroits dans le monde à avoir recours à une telle mesure devant la montée généralisée du variant Omicron.
Quant au MSSS, il a admis, à l’époque, ne jamais avoir mené d’étude sur l’effet réel de ladite mesure imposée au Québec de janvier à mai 2021.

Parmi les études citées le 30 décembre par le MSSS, deux ont été menées en France, une en Ontario, et une autre en Jordanie. Cette dernière a été publiée dans la revue Frontiers in Public Health, dont l’éditeur, Frontiers, est inclus dans la liste des revues et éditeurs prédateurs, ces derniers prétendant publier des revues en accès libre de manière légitime, alors que leurs pratiques d'évaluation par les pairs sont douteuses et le contrôle de la qualité, inadéquat, Questionné à ce sujet par courriel, le MSSS n’a pas répondu aux demandes de Radio-Canada concernant la fiabilité de l’étude.

En ce qui concerne l’étude ontarienne, elle souffrirait, selon deux chercheurs québécois, de plusieurs faiblesses méthodologiques, notamment en ce qui concerne la transparence des données et les postulats de base. Enfin, pour ce qui est des deux études françaises, elles montrent effectivement une diminution du nombre de cas suivant l’instauration du couvre-feu. Toutefois, les chercheurs ont constaté qu’au Québec, lors du premier couvre-feu, la baisse de cas s’est produite avant même l’imposition du couvre-feu, et une absence d’effet après.

Fort de ces constats pour le moins inquiétants, force est de constater que l’imposition du couvre-feu comme mesure sanitaire est loin de faire l’unanimité, et que la cellule de crise devrait retourner faire ses devoirs consciencieusement!

vigile.quebec tribune libre 2 janvier 2022
Le Soleil (version internet) 3 janvier 2022

Les restaurateurs dans le broyeur

1 janvier 2022

Pour la troisième fois en deux ans depuis le début de la pandémie, les restaurateurs doivent fermer leur porte, et cette fois, la veille du Jour de l’An, alors que toutes les mesures sanitaires exigées par la Santé publique (passeport vaccinal, distanciation, lavage des mains, diminution de la clientèle de 50 %) étaient respectées scrupuleusement.

Or, dans les hôpitaux, le personnel soignant asymptomatique et testé positif est invité à se présenter au travail pour combler le manque de personnel. En termes clairs, des soignants infectés vont pouvoir traiter des patients.

Deux situations, deux scénarios pour le moins paradoxaux. D’un côté, des restaurateurs qui se plient à toutes les mesures sanitaires et qui se voient obliger de plier bagage, de l’autre, du personnel de la santé testé positif qui est appelé par François Legault à soigner des malades.

C’est le monde à l’envers. On nage littéralement en pleine incohérence. La cellule de crise est en pleine crise. Omicron a pris le contrôle de la situation, et son côté pervers est en train de bousculer la pertinence des dernières mesures sanitaires.

M. Legault, reprenez vos esprits et permettez tout au moins l’ouverture des restaurants jusqu’à minuit le 1er janvier 2022. Ce n’est pas 24 heures d’ouverture de plus qui va changer quoi que ce soit dans les statistiques actuelles!  

vigile.quebec tribune libre 31 décembre 2021

Mon prix orange à Géhane Kamel

30 décembre 2021

Si je devais attribuer une qualité dominante chez la coroner Géhane Kamel, ce serait sans aucune hésitation son humanisme. Géhane Kamel ne se laisse pas distraire par les procédures, seule la vérité sur les circonstances de son enquête prévalent à ses yeux, peu importe le chemin qu’il faut emprunter pour y parvenir.

D’entrée de jeu, dans le dossier délicat de l’hécatombe dans les CHSLD lors de la première vague de la pandémie en mars 2020, elle a rappelé que la moitié des décès attribués à la COVID-19 étaient survenus dans ce type d’établissement, et qu’ils s’étaient produits « dans des conditions parfois déplorables, négligentes, voire inhumaines ». Aux yeux de Géhane Kamel, « une enquête du coroner n’est pas une recherche de coupables, mais de la vérité. Et cette vérité-là, on doit la sortir de la bureaucratie, de l’indifférence, de la déresponsabilisation. »

Depuis les tout débuts de son enquête, les milliers de familles éplorées par l’hécatombe dans les CHSLD en ont toujours constitué la trame conductrice. Aujourd’hui, même si l’enquête demeure inachevée, les proches qui ont perdu un être cher dans des circonstances souvent atroces peuvent ressentir un certain sentiment de soulagement au fur et à mesure où les révélations confirment les circonstances inhumaines dans lesquelles ces personnes âgées ont été confrontées.

Avant de retourner aux études pour faire son droit, Géhane Kamel a œuvré pendant 17 ans à titre d’éducatrice spécialisée dans des centres jeunesse. Cette expérience de vie lui aura sans doute préparé le chemin pour parvenir aujourd’hui là où l’humanité est l’assise de toute démarche, et non pas un choix.

vigile.quebec tribune libre 30 décembre 2021

Mes voeux pour 2022

28 décembre 2021

Que le gouvernement affiche clairement ses convictions envers la promotion et la sauvegarde de la langue française au Québec;

Que l’écart de revenus entre les petits salariés et les mieux nantis soit réduit pour un partage mieux réparti de la richesse collective;

Que le personnel de la santé œuvre dans un climat où règnent la sérénité et la satisfaction du travail accompli;

Que les itinérants reçoivent l’aide nécessaire pour leur permettre de retrouver leur dignité humaine;

Que les femmes au travail soient rémunérées à salaire égal aux hommes pour des tâches similaires;

Que les enseignants puissent bénéficier des ressources nécessaires à l’appui des élèves en difficultés d’apprentissage;

Que les aînés bénéficient des services d’appoint leur permettant de vivre dignement le crépuscule de leur vie;

Que les garçons et les filles puissent cohabiter dans un monde où prévaut le respect entre chacun d’eux;

Que les familles québécoises vivent des moments où la chaleur humaine remplit les foyers de ses bienfaits;

Que les enfants de la pandémie arrivent à conserver leur joie de vivre communicative et leur belle innocence;

Que les politiciens s’érigent en défenseurs des droits et libertés de la collectivité québécoise;

Que les femmes victimes de violence conjugale bénéficient d’un système judiciaire où elles peuvent obtenir une défense pleine et entière; 

Enfin, que les Québécoises et les Québécois se souviennent de leurs ancêtres qui leur ont permis de vivre sur une terre riche et féconde.

Le Journal "Faites la différence" 28 décembre 2021
vigile.quebec tribune libre 30 décembre 2021

Le rendez-vous manqué

28 décembre 2021

L’élection générale québécoise de 2014 mène à la défaite du Parti québécois (PQ) au profit du Parti libéral du Québec (PLQ), Le scrutin conduit à l’élection de 70 députés libéraux, 30 députés péquistes, 22 députés caquistes et 3 députés solidaires. Au moment de la dissolution de la Chambre, celle-ci était plutôt composée de 54 députés péquistes, 49 libéraux,18 caquistes, 2 solidaires et 2 indépendants.

Or, un an avant le scrutin, en avril 2013, le chef du PQ, Bernard Landry, avait pourtant lancé un appel au ralliement des forces souverainistes en évoquant sa phrase désormais devenue célèbre, à savoir « La patrie avant les partis ». Et, pour ajouter encore plus de poids, il avait ajoute : « L'indépendance n'est ni à droite ni à gauche, mais en avant ».

Malheureusement, à la lumière des résultats du scrutin de 2014, force est de constater que le message de Bernard Landry n’a pas été entendu. La partisanerie a repris sa place devant le bien de la patrie. l’alternance quasi traditionnelle entre le PQ et le PLQ s’est à nouveau invitée sur le terrain de l’électorat québécois.

Le rendez-vous des forces souverainistes lancé par Bernard Landry a été manqué. On connaît la suite, en 2018, la vague caquiste déferle sur le Québec. Seule consolation depuis lors, la loi 21 sur la laïcité de l’État québécois représente sans contredit une étape essentielle dans la marche du Québec vers son autonomie.

Toutefois, le seul parti qui peut répondre à l’appel de Bernard Landry, c’est le PQ. Or, huit ans après le message de l’ex-chef du PQ, le parti de René Lévesque n’est plus que l’ombre de lui-même… Tout simplement désolant!

vigile.quebec tribune libre 28 décembre 2021

Scission entre vaccinés et non-vaccinés

27 décembre 2021

La campagne de vaccination a créé une onde de choc entre les vaccinés et les non-vaccinés, notamment au sein des familles. Des tensions, voire des rejets sont apparus, si bien que, souvent, la communication s’est effritée jusqu’à ce qu’elle devienne complètement brisée. Malheureusement…

Je vis présentement une telle situation avec ma fille, et je ne vous cache pas que les tensions apparaissent lorsque nous abordons le sujet de la COVID-19. Aussi avons-nous pris la résolution d’éviter le plus possible ledit sujet. D’autre part, jamais il ne m’est arrivé de juger la décision de ma fille. C’est son choix et je le respecte sans nécessairement être en accord avec elle. La pire attitude à adopter est d’atterrir sur le plancher de la confrontation en lui faisant sentir qu’elle est dans le clan des « méchants » et moi dans celui des « bons ». Ni l’un ni l’autre n’a totalement tort ou entièrement raison. De toute façon, quelle que soit la situation conflictuelle dans laquelle nous nous trouvons, aucun ne peut affirmer avec certitude qu’il détient la possession tranquille de la vérité.

À cet effet, la professeure titulaire au Département d’histoire de l’Université de Montréal, Laurence Monnais, estime qu’il est essentiel d’éviter les discours stéréotypés en associant systématiquement la non-vaccination à « un refus explicite, égoïste et ignorant, ce qui a pour conséquence que les gens vaccinés sont les détenteurs absolus de la morale, de la vertu, enfin les bons citoyens ».

À mon sens, il m’apparaît essentiel de susciter le dialogue et de s’assurer que les personnes en conflit, qu’ils soient dans un clan ou l’autre, évitent toute forme de confrontation en respectant le choix de l’autre, tenant pour acquis que, dans toute famille, il y aura toujours des sujets plus fragiles qu’il faut aborder avec tact et respect.

vigile.quebec tribune libre 26 décembre 2021

De quoi je me mêle?

24 décembre 2021

Dans la foulée du maire de Brampton, Patrick Brown, eu égard à la contestation de la loi sur la laïcité de l’État du Québec, se sont ajoutées les villes de London, de Toronto et fort possiblement les villes de Calgary et de Winnipeg qui ont accepté de financer des organismes à but non lucratif qui contestent la Loi 21 du Québec.

En guise de rappel, cette épidémie de villes contestataires est née du congédiement d’une enseignante de Chelsea pour avoir porté le hijab en classe devant ses élèves, la loi 21, adoptée en 2019, interdisant clairement le port de signes religieux ostentatoires dans l’exercice de leurs fonctions, notamment aux enseignants.

Imaginons le scénario suivant. Le gouvernement de l’Ontario fait adopter une loi réduisant de 50% le financement des établissements post-secondaires francophones de la province. Face à cette décision qu’elles jugent injustes, plusieurs municipalités du Québec offrent en appui financier aux organismes d’appui à ces établissements scolaires pour contester cette loi devant les tribunaux. Il est fort à parier que le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, exhorterait ces municipalités québécoises à se mêler de leurs affaires, et ce serait tout à fait à propos.

Alors pourquoi une situation similaire d’ingérence municipale hors Québec serait-elle acceptable? Depuis quand les maires de certaines villes du ROC interviennent-elles contre une loi québécoise adoptée majoritairement depuis deux ans à l’Assemblée nationale du Québec?  De quoi je me mêle?

vigile.quebec tribune libre 24 décembre 2021