Le cul-de-sac

3 février 2023

La nomination d’Amira Elghawaby à titre de représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie a soulevé l’ire du premier ministre François Legault qui voit dans cette décision une attitude méprisante de Justin Trudeau contre les Québécois, notamment en raison de certains propos de Mme Elghawaby qualifiant les Québécois de racistes et d’anti-musulmans.Dans cette foulée, aucun doute dans mon esprit que la loi 21 sur la laïcité de l’État québécois est le premier déclencheur.

Toutefois, si nous poussons plus à fond cette analyse et que nous regardons en amont de cette saga, nous retrouvons deux paradigmes diamétralement opposés, à savoir la défense des droits individuels invoqués par le premier ministre canadien, en l’occurrence ici, la liberté religieuse, et les droits collectifs défendus par François Legault, à savoir la laïcité de l’État.

Dans ces circonstances, je suis d’avis qu’aucun compromis ne pourra ressortir des éventuelles discussions qui auront ou auraient lieu dans un avenir plus ou moins rapproché, d’autant plus que Justin Trudeau a jeté son dévolu sur une militante voilée qui a déjà à son crédit plusieurs déclarations acerbes contre les Québécois alors que son rôle comporte une fonction de médiatrice entre les partis.

En bref, qu’Amira Elghawaby demeure ou non en fonction, le véritable débat va se jouer devant les tribunaux autour de la loi 21, notamment sur la validité de la clause dérogatoire qu’elle contient. Tout le reste n’est que politicaillerie qui n’a d’autre alternative que de se terminer dans un cul-de-sac.

vigile.quebec tribune libre le 2 février 2023

Effets de ChatGPT en éducation

1 février 2023

L’arrivée de ChatGPT dans le réseau scolaire suscite une véritable révolution, eu égard notamment aux modes d’évaluation à distance des élèves. De toute évidence, ces évaluations devront disparaître des grilles traditionnelles puisque les travaux à la maison, dans quelque discipline que ce soit, peuvent être réalisés par l’intelligence artificielle du robot, ce qui, à n’en pas douter, est assimilé à une forme de plagiat.

Par ailleurs, Alexandre Gagné, enseignant et modérateur du groupe Facebook Chat GPT et IA (intelligence artificielle) en éducation, écrit que le robot, et plus largement l’intelligence artificielle, menacent l’école traditionnelle Pourquoi aller à l’école si l’IA peut répondre à mes questions et me former? Pourquoi produire des écrits si l’IA le fait déjà mieux que la majorité des étudiants?, fait-il remarquer avec à propos, il faut bien l’admettre.

Des questions pour le moins inquiétantes qui m’amènent à m’interroger sérieusement sur le développement de l’intelligence et du sens de l’effort de l’élève, deux objectifs fondamentaux de l’école. Qu’advient-il aux développements du sens critique, de l’esprit de synthèse et d’analyse, du potentiel d’argumentation?

Bien sûr, à une époque où la technologie évolue à une vitesse vertigineuse, les enseignants devront ajuster leur approche pédagogique au « progrès » omniprésent, notamment dans leurs stratégies évaluatives. À mon sens (et je ne crois pas être le seul), l’école doit demeurer un lieu d’apprentissage où l’élève est un « apprenant » et, pour apprendre, il doit mettre à profit ses capacités intellectuelles dans un contexte où le sens de l’effort est valorisé.

L’école québécoise d’aujourd’hui est malade. Elle souffre d’une pénurie d’enseignants, de personnels spécialisés pour prendre en charge les élèves à besoins particuliers, la qualité du français ne cesse de décliner, les groupes sont surchargés, etc…En réalité, notre société automatisée ne devrait-elle pas prendre conscience que c’est le cerveau humain qui l’a conçue et non le contraire? En termes clairs, le ChatGPT doit être perçue comme un moyen à notre disposition et non pas une fin en soi.

vigile.quebec tribune libre 31 janvier 2023

Marc Tanguay, le renégat

30 janvier 2023

Marc Tanguay, le chef de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale et chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ), a déclaré qu’il appuyait Justin Trudeau dans son intention d’aller de l’avant eu égard à un renvoi devant la Cour suprême pour restreindre l’utilisation de la clause dérogatoire.

En bref, Marc Tanguay, lui qui occupe une haute fonction politique au sein de sa nation, en vertu d’une charte qui nous a été imposée, travaille ouvertement avec les fédéraux pour réduire l’autonomie de son propre peuple.

Avouons que nous sommes à des années-lumière du slogan « Maître chez nous » du premier ministre libéral des années 60, Jean Lesage, et de la révolution tranquille qui s’ensuivit au Québec.

Et ce n’est sûrement pas avec des déclarations aplaventristes comme cette sortie inopportune du chef intérimaire du PLQ que le parti va se sortir du maelström dans lequel il s’enlise et qu’il va pouvoir rejaillir de sa défaite cuisante des dernières élections.

Vivement un congrès au leadership avant que Marc Tanguay n’enfonce le dernier clou dans le cercueil du PLQ…

vigile.quebec tibyne libre 30 janvier 2023

Trudeau part en guerre contre l’islamophobie

30 janvier 2023

On aura tout vu! Justin Trudeau vient de nommer, pour un mandat de quatre ans, une représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie. Amira Elghawaby sera « porte-parole, conseillère, experte et représentante dans les efforts du gouvernement fédéral pour lutter contre l’islamophobie, le racisme systémique, la discrimination raciale et l’intolérance religieuse », indique le communiqué émis par le bureau du premier ministre.

Par les fruits du « hasard », les termes utilisés par le bureau du premier ministre, tel que « islamophobie » ou « racisme systémique » réfèrent mutatis mutandis au vocabulaire appliqué aux Québécois francophones dans les médias anglophones du Canada et chez une pléiade d’anglophones du Québec qui se plaignent d’être traités comme une minorité victimisée vivant à l’ouest de l’île de Montréal.

Wikipédia souligne qu’Amira Elghawaby est une militante des droits de la personne et journaliste. Elle a agi comme employée responsable des communications pour la Fondation canadienne des relations raciales (FCRR), et est une journaliste indépendante qui contribue aux chroniques du Toronto Star. Elle a auparavant travaillé à CBC News, et en tant que coordonnatrice des droits de la personne pour le Conseil national des musulmans canadiens. Elle a été l'un des membres fondateurs du conseil d'administration du Réseau canadien anti-haine. 

À la lumière de ces informations, on ne peut que constater qu’Amira Elghawaby est une militante aguerrie contre l’islamophobie. Comme « par hasard » encore une fois, sa nomination arrive au même moment où la loi 21 sur la laïcité de l’État québécois est contestée devant les tribunaux… À n’en pas douter, le hasard fait bien les choses au pays du multiculturalisme de Justin Trudeau.

vigile.quebec tribune libre 30 janvier 2023

Considérations sur le plan du ministre Drainville

28 janvier 2023

Dans la foulée des résultats désastreux des élèves de cinquième secondaire aux examens finaux du MEQ de juin 2022, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a présenté une liste de sept priorités visant à améliorer l’école québécoise.

Parmi ses sept priorités, le ministre a fait savoir qu'il souhaite, entre autres, ajouter un deuxième adulte en classe, soit des éducatrices en services de garde, afin d'assister les enseignants qui doivent gérer des classes avec de plus en plus d'élèves en besoins particuliers. Le ministre Drainville a l’intention de raccourcir la formation des enseignants afin de combler la rareté de la main-d'œuvre. Il veut de plus susciter une véritable réflexion sur la valorisation du français.

Nonobstant l’intention louable d’ajouter une éducatrice en service de garde en milieu scolaire dans les classes ayant des élèves en besoins particuliers dans le but de prêter main forte à l’enseignant, je ne crois pas que cette éducatrice ait les compétences nécessaires pour répondre à des cas aussi compliqués, et par ailleurs, il y a déjà une pénurie de main d’oeuvre dans les services de garde. En réalité, je suis d’avis que la solution se trouve dans la formation et l’engagement de personnel spécialisé.

En ce qui a trait à l’intention du ministre de raccourcir le temps de formation des enseignants et revenir ainsi à l’époque du certificat, je crains que cette avenue conduise à un nivellement par le bas et qu’elle produise un effet boomerang sur la qualité de l’enseignement. C’est sans compter la performance désastreuse en français des étudiants en sciences de l’Éducation au dernier test d’admission en français.

Enfin, en ce qui concerne la valorisation du français dans les écoles du Québec, le ministre Drainville s’est dit fort préoccupé par cet objectif et qu’il mijotait, sans les nommer, quelques pistes de solutions.Toutefois, il s’est tout de même prononcé sur l’exigence d’accorder une partie de la note finale dans un test dans les disciplines autres que le français, ce avec quoi je suis pleinement en accord.vigile.

vigile.quebec tribune libre 28 janvier 2023
Le Soleil (version numérique) 29 janvier 2023

Examen de français écrit en cinquième secondaire

27 janvier 2023

Pour des raisons d’informations eu égard au taux d’échecs élevé à l’examen de français écrit du ministère de l’Éducation de juin 2022, je me suis astreint à lire une dizaine d’articles parmi les médias les plus populaires au Québec. Et, parmi ces articles, tous les médias ont soulevé la pandémie pour justifier en partie ces résultats, disons-le, catastrophiques.

Ma première réaction a été de constater que la pandémie a le dos large. Ma seconde réaction fut de me demander s’il n’y aurait pas d’autres causes justifiant des résultats aussi désastreux. La réponse est oui, et il faut remonter en amont pour mettre le doigt sur le bobo.

Je m’explique. Dans la plupart des curriculum des écoles secondaires, les notions linguistiques, notamment la syntaxe, la grammaire et le lexique, sont au programme des trois premières années du secondaire, et sont à toutes fins pratiques, reléguées sur les tablettes au profit de cours axés sur la littérature en quatrième et cinquième secondaires. Si bien que les élèves de cinquième secondaire sont littéralement perdus lorsque arrive le temps d’écrire un texte en français.

Autre facteur important, je suis d’avis que les professeurs des autres matières où les élèves sont soumis à l’écriture d’un texte, une recherche en histoire ou en géographie par exemple, devraient accorder un pourcentage des points à la qualité du français.

De plus, les enseignants de français auraient avantage à intégrer à une partie de leurs cours la rédaction d’un court texte sur un sujet libre. Et pourquoi pas, pendant cette courte période d’écriture, ranger les tablettes et ressortir des boules à mites les les bonnes vieilles grammaires et les bons vieux dictionnaires? Et enfin, au risque de passer pour un dinosaure, une bonne vieille dictée ferait aussi la job à l’occasion… Après tout, n’est-ce pas en écrivant qu’on apprend à écrire?

vigile.quebec tribune libre 26 janvier 2023
 

Mieux vaut prévenir que guérir

27 janvier 2023

Le débat est relancé sur la validité de la clause dérogatoire préventive à la suite de la déclaration de Justin Trudeau à l’effet que son gouvernement pourrait demander à la Cour suprême de se pencher sur la question de l’utilisation préventive de la clause dérogatoire par le biais d’un renvoi. Piqué au vif, le premier ministre François Legault a déclaré qu’« en voulant affaiblir les capacités de l’Assemblée nationale du Québec, Justin Trudeau veut s’attaquer à la démocratie et au peuple québécois tout entier ».

Rappelons que le gouvernement Legault s’est servi de manière préventive de la clause dérogatoire à deux reprises récemment, une première fois avec la Loi 21 sur la laïcité de l’État, et une deuxième avec la loi 96, soit la réforme de la loi 101 sur la langue française.

En réalité, nous assistons pour une énième fois à une collision frontale entre les droits individuels si chers à Justin Trudeau et à la charte fédérale, et les droits collectifs prônés dans la charte québécoise sur la laïcité de l’État.

En ce qui a trait plus spécifiquement à la clause dérogatoire préventive, c’est le professeur émérite de l’Université Laval depuis 2004, Henri Brun, dans un article publié dans La Presse du 19 janvier 1989 sous le titre « La clause dérogatoire et la paix sociale » qui argue que le recours au « pouvoir de déroger » soustrait simplement une disposition législative à l’interprétation des tribunaux pour lui substituer celle d’un Parlement dans un contexte particulier. Cette disposition fait donc partie de l’équilibre des pouvoirs dans une saine démocratie et assure la suprématie du Parlement sur la cour dans certaines circonstances.

Un argumentaire auquel je me rallie sans réserve. D’ailleurs, n’y-a-t-il pas un vieux proverbe qui dit que « Mieux vaut prévenir que guérir »?

vigile.quebec tribune libre 26 janvier 2023

Le PCQ, tourné vers l’avenir

25 janvier 2023

C’est sous le signe de l’avenir du parti que le Parti conservateur du Québec (PCQ), autour de son chef Éric Duhaime, a tenu une réunion de planification stratégique à huis clos à Drummondville du 20 au 22 janvier.

M. Duhaime concède que « tout s’est fait à la hâte, que notre parti a poussé rapidement » et qu’il faut maintenant « apprendre de ces erreurs et mettre les bonnes personnes aux bonnes places ».Dans cette foulée, fort des performances de certains éléments forts du parti qui ont émergé lors de la dernière campagne électorale, le PCQ a placé ces militants au sein des postes-clés du parti, notamment la directrice exécutive, le président de la commission organisation, le président du parti et le président de la commission politique.

« C’est sûr que ça a brassé un peu », concède M. Duhaime. « C’est normal qu’après une élection, il y ait des gens qui soient déçus, ajoute-t-il. Mais on a fait des post mortem aux niveaux régional et national et on a analysé ça. […] Maintenant, c’est le temps de tourner la page et de regarder vers l’avenir. »

À l’occasion de la fin de semaine à Drummondville, le parti a également jeté son choix sur cinq thèmes sur lesquels il mettra l’accent jusqu’à son congrès national à l’automne, à savoir la réforme démocratique, les ressources naturelles, l’inflation, la santé et l’autonomie du Québec au sein du Canada.

Par ailleurs, l’invitation faite au chef du PCQ de participer aux rencontres de François avec les chefs de l’opposition, quoique le parti n’ai fait élire aucun député, a sans doute stimulé Éric Duhaime et ses proches collaborateurs à donner au PCQ le crédibilité dont il avait besoin pour offrir à la population l’image d’un parti politique qui a pris sa place sur l’échiquier politique du Québec.

vigile.quebec tribune libre 24 janvier 2023

La saga des bulletins

25 janvier 2023

La saga sur le mode d’évaluation des bulletins a repris de plus belle. Une saga qui a pour origine le début des années 2000 au moment où le ministère de l’Éducation a entrepris une vaste réforme, notamment sur l’évaluation des compétences qui dorénavant remplacera les bulletins chiffrés. Or, aujourd’hui, certains idéologues de l’évaluation des compétences reviennent à la charge en arguant le caractère discriminatoire de l’évaluation chiffrée par opposition à l’évaluation des compétences qui, elle, élude toute forme de compétition « malsaine » entre les élèves.

Toutefois, à mon sens, là où le bât blesse, c’est sur le caractère nébuleux de l’évaluation des compétences. En effet, comment peut-on attribuer à un élève une évaluation liée à une compétence? En vertu de quel critère tel élève a atteint tel objectif par rapport à un autre qui l’a plus ou mois atteint ou à un autre qui ne l’a pas atteint? Et, d’un autre côté, quelle information concrète le parent peut-il tirer de cette évaluation non-décodable?

De son côté, le nouveau ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, faisant fi de l’opinion de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement et de l’Association québécoise du personnel de direction des écoles pour qui les bulletins chiffrés sont injustes, s’est prononcé ouvertement en faveur des bulletins chiffrés.

Depuis plus de deux décennies, de fervents défenseurs d’un égalitarisme à tout crin souhaitent abolir toute forme d’évaluation chiffrée au profit d’une évaluation des compétences, un argumentaire qui ne tient pas la route et qui divague dans l’utopie illusoire.de l’égalité des chances pour chaque élève.


vigile.quebec tribune libre 24 janvier 2023
Le Soleil (version numérique) 26 janvier 2023

Ces Français qui se plaignent le ventre plein

23 janvier 2023

Plus d’un million de Français ont manifesté dans les rues contre le report de l’âge de la retraite de 62 ans à 64 ans en 2030 craignant d’être « usés » ou « cassés » à 64 ans, comme Nathalie Etchegaray, 48 ans, assistante maternelle à Orléans. « Ça fait 25 ans que je travaille, je n’avais encore jamais fait grève. Le déclencheur c’est de voir nos collègues plus âgées qui ont mal partout ». Et, de clamer cette autre manifestante de 52 ans « 64 ans, je trouve ça débile, à cet âge, on n’a plus les mêmes réflexes qu’à 20 ans ». Et un manifestant de brandir une pancarte sur laquelle était écrit le slogan : « Métro, boulot, caveau ».

Depuis Barcelone où il participait à un sommet franco-espagnol, le président Emmanuel Macron a assuré de la « détermination » de l’exécutif pour faire aboutir une réforme « juste et responsable ». De son côté, la première ministre Elisabeth Borne a salué les « bonnes conditions » dans lesquelles se sont déroulées les manifestations. « Permettre que les opinions s’expriment est essentiel pour la démocratie. Continuons à débattre et à convaincre », a-t-elle affirmé.

Or, au Québec, l’âge de la retraite est de 65 ans avec possibilité de la devancer jusqu’à 60 ans moyennant des pénalités monétaires, et certaines rumeurs, dans les officines du pouvoir, parlent même de la retarder à 67 ans. Dans cette optique, je préfère ne pas m’imaginer comment réagiraient nos cousins gâtés s’ils devaient être soumis à un régime de retraite aussi « super-débile »!

vigile.quebec tribune libre 22 janvier 2023