Amanda Simard, la rebelle

30 novembre 2018

La députée de Glengarry-Prescott-Russell, une circonscription francophone à 70 %, Amanda Simard, persiste et signe : sabrer dans les services francophones est inadmissible, une position faisant référence à l’abolition du poste de commissaire aux services en français et à l’abandon du projet de l’Université de l’Ontario français par le gouvernement de Doug Ford.

Comme seule députée franco-ontarienne du caucus conservateur, Mme Simard argue, à raison, qu’elle aurait dû être consultée sur des décisions qui gravitent autour d’enjeux francophones.

Quoique consciente de l’imbroglio causée au sein du caucus par ses positions contre la majorité, Amanda Simard s’est attelée à la tâche de convaincre les autres membres de la députation de modifier l’énoncé économique automnal dans lequel le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford a discrètement annoncé les deux mesures qui ont suscité la colère des communautés francophones du pays tout entier.

De maintenir une dissidence avec autant de détermination relève, à mes yeux, d’un exploit qui mérite d’être souligné avec force auprès de tous les franco-canadiens pour qui Amanda Simard devrait se révéler un modèle de courage hors du commun!

Dernière nouvelle :
La députée Simard a claqué la porte du caucus progressiste-conservateur et siégera dorénavant comme indépendante.

vigile.net tribune libre 28 novembre 2018

Si tu veux construire un bateau…

29 novembre 2018

« Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose… Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le coeur de tes hommes et femmes le désir de la mer. » Antoine de Saint-Exupéry

Une réflexion qui nous conduit tout naturellement à la construction du pays du Québec. En fait, aucun projet n’est réalisable sans le feu sacré imprégné au cœur de ceux qui désirent le réaliser, à défaut de quoi nous voguons en pleine utopie.

Ainsi en est-il du projet d’indépendance du Québec qui ne se réalisera qu’avec la mobilisation d’une majorité de Québécois désireux d’y parvenir contre vents et marées. Et, pour y parvenir, les « officiers de bord » doivent inculquer à leur « équipage » le désir de faire l’indépendance du Québec. Car telle est la destination ultime qui permettra à l’équipage de mettre pied à terre et de prendre enfin possession de ses terres.

Au fil des dernières décennies, les Québécois ont été ballottés par des vents provenant de toutes azimuthes si bien qu’ils ont perdu confiance en leur projet. Il faut maintenant les mobiliser à nouveau en leur faisant miroiter toutes les richesses de leur territoire.

Les officiers péquistes n’ont d’autre choix que de relancer l’appel à l’indépendance du Québec auprès de leur équipage… Finie la valse-hésitation et cap sur le Québec nation!

vigile.net tribune libre 27 novembre 2018 

Considérations sur l’autorité

28 novembre 2018

Selon un sondage réalisé par la maison CROP pour le compte de Radio-Canada, l'interdiction du port de signes religieux visibles par les employés de l'État recevrait l’appui de la population, 72 % se montrant en faveur de la proposition de la Coalition avenir Québec (CAQ) chez les représentants de l'autorité coercitive de l'État, et 65 % donnant leur aval chez les enseignants.

Par ailleurs, 49 % des Québécois sont d'accord avec l'idée que les employés qui ne respecteraient pas cette loi soient renvoyés, contre 42 % qui sont en désaccord avec cette proposition. Les répondants rejettent aussi l'idée d'une clause de droits acquis, alors que seuls 35 % d'entre eux croient que la loi devrait s'appliquer seulement aux nouveaux employés.

Or, selon la plupart des manuels de références, l’autorité se définit comme le « pouvoir de décider ou de commander, d'imposer ses volontés à autrui ». Dans ce contexte, il m’apparaît clair que l’autorité d’un juge dépasse de loin celle d’un enseignant, ce dernier, à titre d’exemple, n’ayant aucunement le droit de condamner un élève à une peine d’emprisonnement.

Toutefois, l’enseignant demeure la personne en autorité pour « imposer ses volontés à autrui » via les règlements à observer en classe sous peine de sanctions prévues si l’élève y déroge.

Conséquemment, l’interdiction du port des signes religieux étant chapeautée par le concept de la laïcité de l’État, il m’apparaît tout à fait pertinent que les enseignants, étant des employés de l’État en position d’autorité eu égard à leurs élèves, se soumettent à l’interdiction du port de signes religieux visibles.

vigile.net tribune libre 26 novembre 2018
 

Le discours d’ouverture de la session parlementaire: à quoi s’attendre?

27 novembre 2018

Selon des informations obtenues par Le Devoir, le nouveau chef de gouvernement, lors de son discours d’ouverture de la session parlementaire, dévoilera le « plan de match » de son équipe ministérielle en matière d’éducation, de santé et d’économie, ses trois grandes priorités, et plaidera pour un développement économique, qui « doit se faire dans le respect de l’environnement ».

Un programme qui embrasse large et qui ne manquera pas de susciter les premières attaques des trois partis d’opposition adressées au nouveau gouvernement caquiste, particulièrement à ses ministres qui, pour le presque totalité, en seront à leurs premières armes eu égard aux dossiers dont ils ont hérité, sans manquer une occasion de relever chacune des contradictions entre les promesses électorales de la CAQ et les décisions de son gouvernement.

Sur le front environnemental (l’enfant pauvre de la plate-forme de la CAQ en campagne électorale), François Legault opposera le « réalisme » à l’« idéalisme » de Québec solidaire. Dans cet esprit, le gouvernement caquiste demandera un nouvel inventaire québécois des émissions de GES, après quoi il se dotera de « cibles de réduction réalistes » et conviendra des « meilleurs moyens » pour les atteindre.

En ce qui a trait aux enfants aux prises avec des difficultés d’apprentissage, le dépistage des troubles de développement et d’apprentissage des tout-petits, que ce soit dans des maternelles 4 ans, des CPE ou encore des CLSC, constituera la priorité du gouvernement Legault.

Enfin, les débats à l’Assemblée nationale risquent d’être « chauds ». Toutefois, je crois que l’équipe de François Legault arrive « en scène » avec de bonnes intentions… Reste à espérer que le climat permettra de susciter des débats civilisés et surtout constructifs pour le plus grand bien de notre système parlementaire! 

vigile.net tribune libre 25 novembre 2018
 

L’éléphant accouche d’un oeuf de mouche

25 novembre 2018

Sous des apparences de réconciliation et de bonne volonté envers les Franco-Ontariens, le premier ministre Doug Ford, dans un communiqué, a fait l’annonce de deux décisions eu égard à l’épineux dossier qui a soulevé un tollé de protestation, à savoir l'abolition du Commissariat aux services français et le projet d'université francophone en Ontario.

D’une part, le poste de commissaire aux services en français continuera d'exister, mais sous la direction de l'ombudsman et, d’autre part, l'Office des affaires francophones deviendra un ministère des Affaires francophones, lequel sera confié à Caroline Mulroney.

Pour ce qui est du projet de construction d’une Université de l’Ontario francophone, Caroline Mulroney laisse discrètement la porte entrouverte à sa réalisation : « Je resterai une ardente défenseure de cette université ». Il faudra toutefois attendre le jour où « l'état des finances publiques » permettra de mener le projet à terme.

Nonobstant la réapparition du ministère des Affaires francophones qui peut être considéré comme un acquis, les irritants majeurs demeurent sur la table, le commissaire des services en français perdant son autonomie en étant placé sous la direction de l’ombudsman, et le projet de construction d’une université francophone demeurant sur la glace… En réalité, l’éléphant a accouché d’un œuf de mouche!

vigile.net tribune libre 23 novembre 2018
quebechebdo 25 novembre 2018
 

La revanche du Rouge et Or

25 novembre 2018

Après la conquête de la Coupe Vanier par les Mustangs de l’Université Western en novembre 2017 contre le Rouge et Or de l’Université Laval, un des joueurs des Mustangs déclarait : « Personne ne peut vraiment stopper notre attaque, a insisté le demi défensif des Mustangs Alex Salytchev. Notre défense est aussi très rapide. Nous formons vraiment la meilleure équipe du pays. J'espère que tout le monde réalise qu'on se souviendra de cette équipe comme une des meilleures de l'histoire. »

Or, un an plus tard, malgré le fait que les Mustangs présentaient sensiblement la même équipe que l’an dernier, le Rouge et Or de l’Université Laval a pris une douce revanche et prouvé qu’il représente la meilleure équipe de football universitaire canadien de l’histoire en récoltant sa dixième coupe Vanier par la marque de 34-20.

Nul doute qu’avec un tel palmarès, les hommes de l’entraineur Glen Constantin ont bien mérité leurs lettres de noblesse au sein du football universitaire canadien. Un honneur qui se reflète non seulement dans la grande région de Québec mais partout au Canada…

Chapeau à toute les équipes d’instructeurs et de joueurs qui ont fait preuve d’une détermination et d’un courage à toute épreuve dans cette éclatante victoire!

quebechebdo 25 novembre 2013

Le « deal » de Legault

24 novembre 2018

J’ai parfois la curieuse impression, malgré sa bonne foi, que notre premier ministre François Legault gère le Québec comme une entreprise privée, probablement un vestige de sa vie antérieure d’homme d’affaires.  À preuve cette assertion eu égard à l’embauche de travailleurs ontariens à la construction de futurs barrages au Québec : « Je pense que ce serait, comme on dit en anglais, un “win-win”, si on arrivait à faire une entente avec l’Ontario pour qu’au lieu de rénover des centrales nucléaires, on construise des barrages au Québec, en partie avec des employés du Québec, en partie avec des employés de l’Ontario ».

Une proposition « d’affaires » on ne peut plus déconnectée de la réalité syndicale bien ancrée au Québec et qui a fait sursauter, à juste titre, la FTQ Construction. Et, de poursuivre le premier ministre du Québec : « Il y a deux possibilités: il n’y a pas de barrages, puis il n’y a pas d’emplois ni au Québec, ni en Ontario, ou il y a des nouveaux barrages, on sert l’Ontario, puis il y a des emplois au Québec, puis des emplois en Ontario. »

Eh bien, M. Legault, vous n’êtes pas sans savoir qu’il existe un critère fondamental en politique concernant les nouveaux projets, c’est celui de l’acceptabilité sociale… Je vous invite à y réfléchir sérieusement avant d’aller de l’avant avec votre « deal » proposé à votre homologue ontarien, Doug Ford.

Une acceptabilité sociale avec laquelle, soit dit en passant, vous allez devoir composer à coup sûr si vous mettez de l’avant vos projets de barrages hydroélectriques au Québec!

vigile.net tribune libre 22 novembre 2018
 

Les Conservateurs d’Andrew Scheer, une « gang de pissous »

21 novembre 2018

Dans la saga qui a suivi l’annonce de la fin du projet d’université de langue française et l’abolition du Commissariat aux services en français par le premier ministre conservateur de l’Ontario, Doug Ford, les Conservateurs d’Andrew Scheer ont refusé d’appuyer une motion libérale stipulant qu’Ottawa « dénonce, sans équivoque, la décision du gouvernement de l’Ontario », la jugeant « trop partisane. »

Et pourtant, en coulisses, certains indices de discorde sont palpables. À preuve, un sénateur conservateur, qui a préféré garder l’anonymat afin de pouvoir s’exprimer librement, croit que M. Scheer doit songer à prendre ses distances avec le premier ministre ontarien tout en ajoutant que « c’est le fun d’avoir des gouvernements conservateurs dans d’autres provinces, mais ça peut aussi faire mal à la marque conservatrice. »

De son côté, le député conservateur de la circonscription de Charlesbourg—Haute-Saint-Charles, Pierre Paul-Hus, admet que l’enjeu linguistique est « délicat » et « complexe à gérer » pour son parti, notamment au Québec, où le Parti conservateur du Canada souhaite faire des gains en 2019. Enfin, M. Paul-Hus ajoute que la députation d’Andrew Scheer n’a pas à faire les frais des décisions de son cousin ontarien, un avis partagé, semble-t-il, par l’ensemble de ses collègues… évidemment!

vigile.net tribune libre 20 novembre 2018
 

Le PQ doit se remettre en mode indépendance

21 novembre 2018

Ce n’est peut-être pas la trouvaille du siècle, mais pour plusieurs des militants présents à la Conférence des présidents du Parti québécois, au Collège de Maisonneuve à Montréal, la question de l’indépendance du Québec devrait être remise de l’avant après avoir été presque totalement laissée de côté durant la dernière campagne électorale, Jean-François Lisée souhaitant attendre un deuxième mandat pour proposer un référendum.

Pour employer un leitmotiv cher à Bernard Landry, « la patrie avant le parti », et la patrie du Québec ne s’obtiendra que par son indépendance, la raison d’être du parti de René Lévesque qui célèbre cette année le 50ième anniversaire de sa création.

Hormis les deux référendums de 1980 et de 1995, on peut dire que le PQ en a empruntées des voies sinueuses, de l’étapisme aux conditions gagnantes en passant par la gouvernance souverainiste et le report d’un référendum dans un deuxième mandat. Or, toutes ces tergiversations ont mené à un résultat catastrophique le 1er octobre 2018, le PQ ne récoltant que 17 % des suffrages et l’élection d’un minime 10 députés.

Pour s’appuyer sur une citation de Winston Churchill reprise par le chef parlementaire du parti, Pascal Bérubé : « Le succès n’est pas final, l’échec n’est pas fatal : c’est le courage de continuer qui compte ». Oui, le PQ doit vite se remettre en mode indépendance… Il en va de sa survie sur l’échiquier politique québécois!

vigile.net tribune libre 19 novembre 2018
 

Lisée, le politicien téflon

19 novembre 2018

Dans le cadre de la Conférence des présidents du Parti québécois (PQ) qui visait à réfléchir sur le bilan du parti aux élections du 1er octobre dernier, l’ex-chef du PQ, Jean-François Lisée, s’est dégagé de toute responsabilité eu égard à l’écrasante défaite de son parti.

À titre d’exemple, même si les critiques de plusieurs participants ont été nombreuses relativement à sa confrontation avec la co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Manon Massé, sur la gouvernance du parti, lors du troisième débat des chefs, M. Lisée persiste et signe : «C'était nécessaire, parce que si rien n'était fait, ça aurait été pire».

Jean-François Lisée estime que le Parti québécois (PQ) a «gagné la campagne» et ne croit pas avoir personnellement commis d'erreur, même si le parti a encaissé l'une des pires défaites de son histoire en n’obtenant que 17 % des suffrages et ne faisant élire que 10 députés, Jean-François Lisée ayant lui-même perdu sa circonscription de Rosemont aux mains de Québec solidaire.

En bref, il m’apparaît évident que Jean-François Lisée est le politicien téflon idéal et sans reproche. Et pourtant, même s’il est généralement convenu que les électeurs québécois voulaient se débarrasser des libéraux, n’est-il pas réaliste de penser que le chef du PQ est un des responsables du fait que les électeurs n’aient pas choisi le PQ?

vigile.net tribune libre 18 novembre 2018