Le projet de réforme de Drainville en éducation devra se rapprocher de la base

Dernièrement, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a présenté aux médias les sept priorités qu’il entend mettre de l’avant : former plus rapidement des enseignants, valoriser la formation professionnelle, améliorer l’enseignement du français écrit, procurer du renfort en classe, un réseau scolaire plus efficace, des programmes particuliers dans toutes les écoles, rénover et construire des nouvelles écoles.

Aujourd’hui, le ministre présente son projet de loi 23 sur la réforme en éducation qui permettrait au ministre notamment de nommer les dirigeants des centres scolaires mais également d'annuler leurs décisions si elles ne respectent pas les objectifs et orientations du gouvernement. En termes clairs, une gestion centralisatrice entre les mains du ministre qui possède, à toutes fins pratiques, tous les pouvoirs.

Avantages et inconvénients

L’avantage? Tous les centres scolaires vont ramer dans le même direction. Toutefois, pour que les marins puissent suivre les priorités du capitaine, encore faut-il qu’ils se sentent des membres à part entière de l’équipage. Sera-ce le cas sur le bateau de Drainville ou ne seront-ils que de simples exécutants?

C’est Saint-Exupéry qui disait : « Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose… Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le coeur de tes hommes et femmes le désir de la mer. » Bernard Drainville arrivera-il à créer « dans le coeur » des enseignants le désir d’enseigner?

Personne n’est contre la vertu. Les sept priorités sont nobles et nécessaires. Toutefois,ce n’est qu’une liste d’objectifs sans plan pour les atteindre Triste entrevue récemment avec Patrice Roy à RDI où M. Drainville n’a pu qu’admettre qu’il y réfléchissait et qu’il s’attellerait à la tâche à grand renfort de formules évasives.

On jugera cependant les bénéfices de ces orientations aux actions qui en découleront et aux améliorations qu’elles susciteront. Bernard Drainville entreprend un marathon et il rencontrera beaucoup d’adversité et de vents contraires. Espérons que lui et son équipe sauront faire preuve de persévérance, d’écoute, d’empathie et être rassembleurs, car sans ces qualités, cette réforme se dirige indubitablement vers un échec.

L’enseignement en mal d’amour

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, aura beau s’évertuer à établir des priorités pour pallier la pénurie de main-d’oeuvre en éducation, je suis d’avis que cette situation fort inquiétante doit être traitée en amont.

Selon les dernières données, près de 2600 emplois sont présentement vacants dans le réseau scolaire, dont 927 postes d’enseignants. De quoi s’interroger sur les raisons qui expliquent un tel abandon de la part des enseignants qui ont quitté leur emploi et de ceux qui sont en congé de maladie, une situation qui ne cesse de prendre de l’ampleur.

Des directions d’école, des éducateurs en service de garde et même des parents doivent être appelés en renfort dans les classes pour remplacer des enseignants qui s’absentent temporairement ou de façon prolongée. «On fait de l’occupationnel. On a quelqu’un qui vient s’occuper de la sécurité des élèves, mais il n’y a aucun enseignement concret qui se fait. C’est peut-être dur comme terme, mais ça devient une garderie», affirme Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE). 

D’autre part, les négociations en cours entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants semblent piétiner. L’un des écueils les plus patents concerne la lourdeur de la tâche accentuée depuis plusieurs années par une population d’élèves croissante éprouvant des besoins particuliers. Or, les ressources intermédiaires telles les psychologues, les travailleurs sociaux, les orthopédagogues, etc, manquent à l’appel si bien que les enseignants s’essoufflent et finissent par abandonner à regret leurs fonctions.

L’enseignement est en mal d’amour. Des profs d’expérience décrochent après 20 ans d’expérience, d’éventuels postulants à l’enseignement hésitent à se lancer dans une voie jonchée d’obstacles. L’enseignement souffre d’avoir perdu ses lettres de noblesse. Il est plus que temps que le MEQ, le minstre en tête, s’appliquent avec vigueur à les ennoblir à nouveau!

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