Effets collatéraux du mode de scrutin

18 novembre 2022

Dans l’état actuel des négociations, le Parti québécois, qui a fait élire 3 députés avec 14,6% du vote populaire, devrait se contenter d'un budget annuel de fonctionnement de 495 000 $, soit 7% de l’enveloppe budgétaire dédiée à cette fin. Par contre, l'opposition officielle libérale avec 20 députés et 14,3 % du vote recueilli aurait 4,4 millions $, soit 64% du budget, et Québec solidaire, qui a fait élire 11 députés avec 15,4 % du vote, aurait 1,9 million $, à savoir 28% de l’assiette budgétaire. Par ailleurs, sur le plan du temps de parole alloué à chaque parti d’opposition, dans l’hypothèse où le modèle proposé est mis en vigueur, pour chaque cycle de 100 questions, l'opposition libérale pourrait en poser 70, Québec solidaire 25 et le PQ 5.

Or, à la suite du scrutin du 3 octobre, de nombreuses voix de tous horizons se sont élevées pour dénoncer la distorsion flagrante entre le pourcentage de voix obtenus au suffrage et le nombre de députés élus, notamment eu égard au PQ, à savoir 14,6% du vote et 3 députés. De ce fait, les effets collatéraux d’un mode de scrutin inéquitable se répercutent inexorablement dans la proportion du budget de fonctionnement ainsi que que dans le temps de parole accordé aux partis d’opposition.

Nonobstant le fait que la réforme du mode de scrutin nécessite un processus de consultation générale, je suis d’avis que l’énoncé des règles établies pour l’attribution du budget de fonctionnement et le temps de parole accordé aux partis d’opposition pourrait être modifié rapidement par les chefs des quatre partis en tenant compte, cette foi, du pourcentage de votes obtenus lors du dernier scrutin. C’est une simple question d’équité!

vigile.quebec tribune libre 18 novemmbre 2022

Courte lune de miel pour Marie-Claude Nichols

17 novembre 2022

Le retour au bercail de la députée de Vaudreuil, Marie-Claude Nichols, n’aura pas fait long feu. En effet, moins de 24 heures après l’annonce du retour de la députée au sein du giron libéral, le caucus a refusé l’offre du chef intérimaire Marc Tanguay.

Rappelons que cette offre consistait à scinder le poste de troisième vice-président de l'Assemblée nationale en mandats de deux ans au lieu de quatre tel que prévu entre les députés Frantz Benjamin et Marie-Claude Nichols, une offre qui a a fait sursauter M. Benjamain qui est même allé jusqu’à envisager de quitter le caucus libéral.

Depuis l’éjection de Marie-Claude Nichols du caucus par l‘ex-chef du PLQ Dominique Anglade, beaucoup d’encre a coulé dans les médias. Une histoire qui contribue à éclabousser le PLQ, lui qui peine à se remettre de la pire défaite électorale de son histoire le 3 octobre.

Pour sa part, la députée de Vaudreuil, qui a appris le revirement de situation par les médias, a décidé d’attendre l’élection du futur chef du PLQ avant de décider si elle refait le saut au sein du caucus du PLQ… Comme le dit si bien le proverbe, « Chat échaudé craint l’eau froide ».

vigile.quebec tribune libre 16 novembre 2022
Le Devoir (version abrégée) 17 novembre 2022

Le français face au bilinguisme

17 novembre 2022

La nouvelle mouture de la loi 101 est claire : les grandes entreprises de juridiction fédérale de 50 employés et plus installées au Québec ont jusqu’au 1er décembre pour s’inscrire auprès de l’Office québécois de la langue française (OQLF), en vertu des nouvelles exigences découlant de la réforme de la langue française.

Or, parallèlement à cette réforme, Ottawa a entrepris, depuis 2019, une réforme de la loi sur les langues officielles au Canada qui seraient adoptée avant les vacances des Fêtes. Or, Air Canada, le Canadien Pacifique, le Canadien National et Via Rail ne sont toujours pas inscrits auprès de l’OQLF.

Les compagnies récalcitrantes se retrouvent donc devant deux scénarios : ou elles se rangent du côté de la loi fédérale qui prône le bilinguisme sur les lieux de travail, ou elles vont vers la loi 101 qui exige la connaissance du français en ces mêmes lieux de travail. Inutile d’être devin pour connaître le choix des transporteurs ferroviaires et aériens nommés ci-haut.

Québec se retrouve encore une fois relégué au second plan pour une question linguistique, à savoir le français ou le bilinguisme, la porte de sortie idéale pour les compagnies à dominance anglophone qui ne se bousculeront pas au portillon pour remplir les classes de français.

À mon avis, Québec fait face à un vice de procédure en ce sens que le projet de loi C-13 d’Ottawa, soit la réforme de la Loi sur les langues officielles au Canada, préconise le bilinguisme, et ne peut de la sorte être une alternative à la loi 101 qui, elle, exige l’utilisation du français pour les compagnies sises sur le territoire du Québec. En termes clairs, on ne peut pas comparer des tomates avec des oranges!

vigile.quebec tribune libre 16 novembre 2022

COP 27, un écran de fumée ?

15 novembre 2022

J’aime bien, quand j’aborde un sujet, savoir de quoi je parle. Aussi me suis-je permis de voyager quelques minutes sur la toile pour découvrir à quoi correspond le sigle COP. Et voici ce que j’ai obtenu : «  COP signifie « Conference of parties », les « parties » étant les signataires de l’Accord de Paris et de la Convention, à savoir 195 pays et l'Union européenne. Le double objectif de la COP est de faire le point sur l'application de la Convention et négocier des nouveaux engagements ».

Or, à cinq jours de la fin de la COP 27 qui se déroule en Égypte, certains signataires semblent s’engager sur un cul-de-sac eu égard à l’application de la convention de Paris en proposant de radier du texte de la Convention l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.

De plus, les pays en voie de développement insistent pour qu’un mécanisme compensatoire puisse être établi en raison des effets dévastateurs des changements climatiques sur leur territoire alors qu’ils comptent en réalité pour les pays les moins polluants. Une proposition qui est loin, pour l’instant, de faire l’unanimité.

En réalité, la COP 27, dans l’hypothèse où elle continue dans la direction où vont les discussions, se dirige littéralement dans le mur en ce qui concerne le double objectif des COP tels que définis par la Convention. Ce ne serait pas le premier camouflet infligé par les pays plus nantis envers les pays en voie de développement, la demande compensatoire traînant dans le placard des COP antérieures depuis plusieurs années.

Enfin, au rythme où vont les divergences fondamentales, la COP 27, à l’image de plusieurs qui l’ont précédée, risque d’aboutir malheureusement en écran de fumée…et toute cette saga aux frais de millions $ de contribuables de tous pays confondus!

vigile.quebec tribune libre 14 novembre 2022
 

Le PQ peut-il remonter la pente?

14 novembre 2022

N’eût été d’un mode de scrutin déficient à bien des égards, lors du dernier scrutin, le Parti Québécois (PQ) de Paul St-Pierre Plamondon, en récoltant quelque 14% du vote exprimé, aurait fait élire plus de trois députés.

Par ailleurs, il est indéniable que, plus la campagne avançait plus le PQ recueillait des intentions de vote dans les derniers sondages, à tel point qu’il a fini la course à égalité avec le Parti libéral du Québec (PLQ) et Québec solidaire (QS), soit autour de 14% des suffrages exprimés qui eux ont fait élire respectivement 21 et 11 députés.

Sur un autre plan, la saga menée par Paul St-Pierre Plamondon eu égard à l’obligation de prêter serment d’allégeance à Charles III a contribué sans contredit à sonner l’alarme entre les murs de l’Assemblée nationale à tel point que le ministre de la Justice, Simon Jolin Barrette, s’apprêterait à déposer un projet de loi à l’effet que le serment au roi deviendrait facultatif… ce qui est, à mon sens un petit pas dans la bonne direction.

D’un autre côté, aux yeux de plusieurs observateurs de la scène politique québécoise, le chef du PQ a été celui qui a mené la meilleure campagne électorale. Et parmi les faits d’armes que l’on peut lui attribuer, on ne peut passer sous silence le fait qu’il ait placé, dès le départ, l’indépendance du Québec au centre de sa campagne, une stratégie qui avait été reléguée dans le placard par plusieurs de ses prédécesseurs.

À mon sens, Paul St-Pierre Plamondon a réussi, à force de convictions et de détermination, à redonner un nouveau souffle à la cause de l’indépendance du Québec. La table est mise, ne reste plus qu’à remobiliser les « purs et durs » et à mobiliser ceux qui sont tentés par l’aventure emballante menant éventuellement à la souveraineté du Québec… Et 2026 pourrait causer de grandes surprises!

vigile.quebec tribune libre 12 novembre 2022
quebechebdo tribune libre 13 novembre 2022

Trump, candidat républicain à la présidentielle de 2024?

12 novembre 2022

Décidément, l’ex-président américain, Donald J Trump, semble décidé à briguer l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2024 et cela, même si plusieurs accusations pèsent contre lui, notamment son implication dans dans l’attentat du Capitole le 6 janvier 2021. Qu’à cela ne tienne, aux yeux de son conseiller Jason Miller, le républicain de 76 ans juge que la question de sa candidature «ne se pose même pas».

«Bien sûr que je me présente. Je vais le faire et je veux m’assurer que les gens savent que je suis gonflé à bloc et que nous devons remettre le pays sur les rails…Tout le monde sait que je vais me présenter, donc allons-y», clame Donald Trump.

Toutefois, même si son influence sur le parti républicain reste indéniable, Donald Trump sort fragilisé des élections de mi-mandat. En effet, la «vague» conservatrice tant espérée par ses soutiens n’a pas déferlé et, même si les résultats définitifs ne sont pas encore connus, les démocrates semblent avoir réussi à limiter la casse pourtant prévue par les derniers sondages.

Autre ombre au tableau, le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, réélu triomphalement, sort de cette élection auréolé de l’image de grand gagnant. La victoire de cette nouvelle vedette de la droite dure a conforté sa place de potentiel rival de l’ex-président pour l’investiture républicaine, une éventualité qui a fait sortir de ses gongs Donald Trump en affublant DeSantis du quolibet « Ron-la-Morale».

Par ailleurs, les élections de mi-mandat auront révélé une faille au sein des républicains modérés qui, dans certains États, auraient accordé leur vote aux candidats démocrates, le discours du président Biden sur la menace d’ébranler la démocratie américaine ayant produit un effet boomerang sur Donald Trump… Un scénario qui fragilise l’emprise de Trump sur ses troupes.

quebechebdo tribune libre 12 novembre

Le jour de la marmotte

10 novembre 2022

Depuis au moins deux décennies, la proportion de la facture assumée par le fédéral eu égard aux transferts en santé n'a cessé de diminuer, le féral finançant actuellement les frais en santé à la hauteur de 22%, une somme jugée insuffisante par les provinces et les territoires qui demandent qu’elle soit majorée à 35% sans conditions.

Or, le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, a posé les exigences du gouvernement Trudeau, à savoir que les provinces et territoires doivent accepter d'utiliser des indicateurs de santé communs, et créer un système de données sur la santé de «classe mondiale» pour le pays. C’est le scénario du jour de la marmotte, les années passent et rien ne change. Le gouvernement fédéral persiste et signe dans ses intentions de s’ingérer sans coup férir dans la santé, un champ de compétences provinciales.

Pendant ce temps-là, à Ottawa, Justin Trudeau se permet un amalgame carrément alambiqué en comparant les « largesses »  de François Legault eu égard aux chèques envoyés aux contribuables québécois pour mieux faire face à l’inflation aux montants demandés à Ottawa pour les soins en santé.

Depuis le temps que dure cette sempiternelle saga, il m’apparaît clair que les gouvernements fédéraux ne semblent pas vouloir bouger d’un iota sur leur position concernant les conditions rattachées aux transferts en santé aux provinces et territoires.

Enfin, du côté de François Legault, il devra peut-être admettre un jour que les négociations avec le fédéral conduisent inévitablement à un cul-de-sac et que le nationalisme dont il se fait le défenseur rencontrera inlassablement sur son chemin les contraintes obstructionnistes du fédéralisme.

vigile.quebec tribune libre 10 novembre 2022
Le Soleil (version numérique) 12 novembre 2022

Position laxiste de l’AQPF

9 novembre 2022

Non seulement les étudiants en sciences de l’éducation proposent de diminuer le degré de difficulté du Test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE), mais ils ont reçu l’appui de l’Association québécoise des professeurs de français (AQPF) qui réclame une « mise à jour » du TECFÉE, notamment la partie sur le code linguistique, cette partie comprenant des questions de choix de réponses sur les phénomènes grammaticaux, lexicaux et syntaxiques que les futurs professeurs devraient en principe maîtriser.

Par ailleurs, comment peut-on concevoir que la langue française, notre langue maternelle, puisse être perçue par des étudiants en sciences de l’éducation comme la « bête noire » de leur programme d’études? À preuve, dans certaines universités, près d’un futur professeur sur cinq doit retarder sa formation parce qu’il a échoué au TECFÉE que les futurs enseignants doivent réussir pour obtenir leur brevet d’enseignement.

Nonobstant le fait que la langue française comporte un certain degré de difficulté, j’en conviens, je conçois mal que l’enseignement de la grammaire et de la syntaxe soit pratiquement éliminé du curriculum de l’élève dès la quatrième secondaire où l’accent est davantage investi sur la littérature. Même scénario au Cégep. Dans ces circonstances, il n’est donc pas surprenant, pour des élèves qui ont très peu été initiés à soigner la qualité de leur français écrit, de frapper le mur lorsqu’ils sont confrontés au Test de certification en français écrit pour l’enseignement.

Conséquemment, il m’apparaît urgent que les contenus de cours en français, à partir de la quatrième secondaire jusqu’au cégep, intègrent des notions grammaticales et syntaxiques essentielles à l’apprentissage du français écrit. En agissant ainsi, le taux de réussite au TECFÉE ne pourra qu’être augmenté… et cela, sans avoir à opérer un nivellement par le bas.

quebechebdo tribune libre 9 novembre 2022
vigile.quebec tribune libre 10 novembre 2022

Partir dans la dignité

8 novembre 2022

Depuis l’éviction de la députée Marie-Claude Nichols du cabinet fantôme par Dominique Anglade, les astres étaient alignés pour que la première femme à la tête du PLQ, critiquée de toutes parts, décide de jeter l’éponge et de quitter la vie politique.

Toutefois, à sa défense,, si l’on jette un rapide coup d’oeil sur les mandats de ses deux prédécesseurs, à savoir Jean Charest dont le parti a été éclaboussé par les révélations de la Commission Charbonneau, et Philippe Couillard dont l’austérité a sérieusement ébranlé les colonnes du temple, notamment aux chapitres de la Santé et de l’Éducation, force est de constater que le défi de Dominique Anglade était titanesque. En bref, Dominique Anglade a hérité d’un parti usé dont la réputation était passablement ternie.

Dans ces circonstances, on ne peut blâmer Mme Anglade d’avoir voulu redorer limage du PLQ en proposant un virage significatif visant à remobiliser la base du parti. Vraisemblablement, la stratégie a échoué. La campagne électorale a été parsemée d’erreurs de logistique, notamment sur le plan de l’organisation. Or, malgré ce climat tendu au sein du parti, il faut reconnaître que Dominique Anglade n’a jamais baissé les bras tout en démontrant un dynamisme constant jusqu’à la dernière journée de la campagne électorale.

Je terminerai sur deux phrases de l’allocution au cours de laquelle Mme Anglade a fait part de sa démission : « Le PLQ doit opérer un renouvellement de son offre politique, mais aussi de sa façon de faire de la politique. Et on n’a pas le luxe d’être minés par des intrigues internes, dont les Québécois n’ont que faire ». « Les enjeux démographiques, culturels, socio-économiques et écologiques sont trop importants pour que l’opposition officielle soit déchirée. » À mes yeux, ce sont là des paroles rassembleuses qui clôturent avec sagesse une sortie dans la dignité.

vigile.quebec tribune libre 8 novembre 2022
Le Devoir 9 novembre 2022

Dilemme immigration vs poids démographique

8 novembre 2022

Le projet du premier ministre canadien, Justin Trudeau, d’accueillir 500 000 immigrants par année d’ici 2025 place le gouvernement du Québec face à un dilemme, à savoir s’il doit maintenir son seuil d’immigration à 50 000 par année et, par conséquent diminuer son poids démographie actuellement à 22,5% et le nombre de sièges du Québec à Ottawa, ou augmenter son seuil d’immigrants et risquer de multiplier les problèmes inhérents à l’intégration de ces nouveaux arrivants, notamment sur le plan linguistique.

Or, nonobstant le fait que la version officielle du seuil d’immigration maximum de François Legault soit de 50 000 par année, il semble que, dans les coulisses, le premier ministre jongle avec l’idée de consentir à l’accueil de plus de nouveaux arrivants à la condition que l’ensemble des immigrants au-delà des 50 000 premiers soient francophones, un scénario qui ne ferait pas l'unanimité au sein même du gouvernement.

En réalité, c’est le gouvernement fédéral qui détermine les objectifs nationaux et qui est responsable de l’admission des immigrants en vertu de l’accord Canada-Québec de 1991. D’autre part, le nombre de 500 000 nouveaux arrivants par année au Canada d’ici 2025 fait partie de la vision du pays multiculturel et bilingue de Justin Trudeau et contribue à son projet de construction nationale et identitaire.

Mais alors, dans ces circonstances, comment le Québec peut-il se sortir de ce dilemme? De 1971 à 2021, le poids démographique du Québec dans le Canada a diminué de 5,4%, passant de 27,9% à 22,5%. Le Québec peut-il se permettre d’augmenter cette décroissance et, par ricochet, de diminuer son nombre de sièges aux Communes? Le Québec a-t-il les moyens logistiques de suivre la parade? Des questions auxquelles François Legault devra rapidement apporter des réponses…

vigile.quebec tribune libre 8 novembre 2022