Une question de stratégie
À la lecture de l’article de Pierre JC Allard paru sur la tribune libre de Vigile en date du 25 juillet sous le titre « Le gambit du fou », j’ai été d’abord sidéré par le cruel réalisme des propos de l’auteur relativement au nœud gordien dans lequel nous engouffre Jean Charest par son côté de stratège machiavélique :
« La beauté de cette stratégie de diviser le vote francophone entre CAQ et PQ – tout en moussant une progression de QS qui à court terme est sans danger pour le Système – c’est qu’en aucun moment Charest n’a à se rendre sympathique, à justifier ses actions passées, à s’engager pour l’avenir ou à quémander des votes, toutes choses qu’il ferait mal. Il n’a qu’à être lui-même, à distribuer des embûches là où elles feront le plus de mal à ses adversaires les plus menaçants … et à jouer son rôle de politicien astucieux. Ce qu’il fera bien…Et je ne vois même pas une façon efficace et réaliste de contrer cette stratégie… »
Ensuite, je me suis dit qu’il doit bien exister une « contre-stratégie » qui puisse nous permettre d’embusquer notre astucieux politicien sur son propre territoire. Je ne prétends pas être un fin stratège…toutefois, mon petit côté « bélier » pointe les cornes toujours un peu, encore aujourd’hui, lorsqu’il se retrouve devant un mur qu’il l’empêche de continuer la route qu’il s’est tracée pour parvenir à ses fins.
C’est alors que je me suis arrêté sur une partie de l’extrait cité plus haut, à savoir « c’est qu’en aucun moment Charest n’a…à justifier ses actions passées, à s’engager pour l’avenir…toutes choses qu’il ferait mal. »
Dans l’éventualité d’un scrutin en septembre, pourquoi alors ne pas dénoncer la stratégie de Charest en mettant la lumière sur ce dont il ne veut pas parler, à savoir, en particulier, sa promptitude à déclencher « par hasard » des élections avant la reprise des travaux de la commission Charbonneau ou ses intentions à peine voilées de profiter d’un retour en classe perturbé en août qui lui permettraient de se proclamer comme le défenseur de l’ordre ?
En ce qui a trait à ses engagements pour l’avenir, il serait sans doute essentiel, entre autres, que notre « exploiteur de ressources naturelles » dépose sur la table les cartes dont il est censé disposer pour faire profiter les Québécois des avantages de son fameux Plan Nord qu’il vante à tout vent comme le grand coup du siècle alors que les critiques fusent de tous les milieux socio-économiques sur le fait que les retombées ne profiteront qu’aux multinationales.
En conséquence, nous devons profiter de toutes les tribunes pour opposer systématiquement le « politicien astucieux…ce qu’il fera bien » à ses politiques néolibérales scandaleuses et partisanes, bref à « toutes choses qu’il ferait mal ». En réalité, nous devons prendre le « fou » dans son propre piège en le traquant sans relâche…en termes stratégiques, en répondant à l’attaque par l’attaque !
vigile.net tribune libre 26 juillet 2012
Henri Marineau

