Le legs d’un grand-père à son petit-fils
Né à Sainte-Béatrix en 1981, Alexandre McCabe, un professeur de littérature du Campus Notre-Dame-de-Foy à Saint-Augustib-de-Desmaures en banlieue de Québec, s'est mérité le Prix du récit de Radio-Canada pour son texte intitulé "Chez la reine – Les exilés" que le jury, composés de Nathalie Petrowski, Fred Pellerin et Denis Truax, a sélectionné pour son "regard neuf, empreint tout à la fois de sobriété et de solennité, sur un événement charnière de l'histoire québécoise trop peu souvent abordé, le référendum de 1995."
À lui seul, l’extrait retenu par Didier Fessou dans sa chronique publiée dans Le Soleil du 24 juillet nous replonge avec réalisme et sensibilité dans le contexte des aspirations d’un vieil homme qui « voyait dans cette journée une occasion de dépasser enfin sa condition et de donner un sens à l’austérité de sa vie » :
«Ma cousine Sophie était sortie de sa chambre au moment où sa mère préparait la cafetière. ''T'en veux-tu, toé?'' Elle avait fait signe que non en attrapant une galette aux dattes encore chaude. ''Je m'en vais voter.'' S'en était suivie une scène que sans fin j'ai ressassée tant elle m'apparaissait porteuse d'une vérité sur mon grand-père que je ne pouvais exprimer sans la décrire. Ma cousine, qui allait aux urnes pour la première fois, avait ajouté : ''Je sais pas encore de quel bord.'' La réponse n'avait pas tardé. ''Si tu vas là pour voter 'non', t'es aussi ben de rester icitte.''
«Il n'y avait ni autorité ni machisme dans cette phrase. Mon grand-père, qui se berçait, le regard absent rivé au sol, s'était arrêté, avait relevé doucement la tête et avait prononcé ces mots sans sourciller, avec une tendresse contenue dans la voix. Il s'était ensuite raclé la gorge comme si ses paroles lui avaient demandé un effort. Tout son corps trahissait une émotion vive. Dans ses yeux humides sourdait son passé. Le chantier, la drave, l'étable, la terre. Une vie entière de privations et de labeur. Condamné, qu'il avait été, à servir les autres et à faire vivre tant bien que mal sa famille.
«Je crois que mon grand-père voyait dans cette journée une ultime occasion de déjouer le sort, de dépasser enfin sa condition et de donner un sens à l'austérité de sa vie. Il n'imposait rien à sa petite-fille, il l'exhortait à mettre fin à son exil et à celui dont elle avait hérité. Cet appel était le plus inestimable legs qu'il allait me laisser.»
Nous serons bientôt appelés à déposer notre bulletin de vote dans l’urne et, même si l’enjeu n’a pas la même envergure que le référendum de 1995, l’intégrité de ce récit nous invite à « déjouer le sort » en choisissant d’investir dès maintenant pour 2016 par un vote authentique en faveur d’Option nationale, le seul parti qui nous permettra de « mettre fin à notre exil »!
quebechebdo 25 juillet 2012
Henri Marineau

