Femmes en otages
Devant les caméras du monde entier, Najiba, une Afghane de 22 ans, a été exécutée sauvagement par un mari qui l’accusait d’adultère. Selon des données colligées par le groupe Human Rights Watch, quelque 400 femmes et filles croupissent dans les prisons afghanes pour de tels «crimes moraux», soit la moitié des détenues et ce, 11 ans après la chute des talibans…une situation scandaleuse qui démontre l’inefficacité chronique de l’aide internationale.
Et pourtant, les représentants du groupe Human Rights Watch ont publié récemment un rapport percutant sur l’immensité des progrès à accomplir en matière d’amélioration de la condition féminine. En effet, à partir d’entrevues effectuées dans trois prisons afghanes auprès de femmes, mineures et majeures, l’organisation a constaté que leurs histoires rimaient avec mariages forcés ou à un trop jeune âge, sévices physiques, viols, prostitution, enlèvements et menaces de mort. Ces femmes ont abouti en prison pour avoir tenté de fuir la violence domestique. En tournant le dos à ce sort familial, elles sont tombées dans les pièges tendus par un système pervers.
À Tokyo, le 8 juillet, la communauté internationale a décidé d’allonger 16 milliards de dollars pour parfaire la reconstruction d’un pays ravagé par la guerre, après le départ des troupes de l’OTAN en 2014, tout en brandissant ses conditions, au nombre desquelles, la garantie que beaucoup plus sera fait au chapitre toujours désolant des droits des femmes.
À mon sens, quoique le soutien financier soit indispensable, les 80 nations prêtes à ouvrir leurs coffres devraient exiger davantage, à savoir la modification des lois perpétuant ce système archaïque et surtout la cohérence de la part du président Hamid Karzaï, qui, au début mars 2012, a donné son appui à l’autorité religieuse suprême, le Conseil des oulémas, au moment où il affirmait que « l’homme est fondamental et la femme secondaire ».
quebechebdo 10 juillet 2012
Henri Marineau

